La commune de Mbadakhoune se localise dans la région de Kaolack dans le bassin arachidier. Elle est l’une des 4 communes que compte l’arrondissement de Mbadakhoune. Elle couvre une superficie de 106,63km2 et compte 11704 hts (recensement 2013). Elle est située entre 14°6 et 14°17 de latitude nord et entre 15° 56 et 16°40 de longitude ouest Elle est limitée :
– A l’est par la commune de Ngathie Naoudé
– A l’ouest par la commune de Khelcom
– Au nord par la commune de Guinguinéo
– Au sud par le bras de mer le Saloum et la commune de Latmingué
Le relief est dominé par des plaines et quelques rares plateaux. C’est un milieu peu accidenté avec un climat soudanien caractérisé par une saison sèche assez longue (6à 7 mois) et une saison des pluies qui peut durer 4 à 5 mois. Les températures sont assez élevées pendant la saison sèche, surtout au mois de mars et avril pouvant dépasser 40°c. Les minimas sont enregistrés aux mois de décembre et janvier où les températures peuvent descendre jusqu’à 20°C.
Les sols dior dominent dans la commune. Nous rencontrons également les sols deck-dior au centre et les sols deck. Les tannes sont surtout présents au sud de la commune près du bras de mer le Saloum. La végétation est essentiellement composée par la strate arborée, arbustive et herbacée. Elle est bien fournie en saison pluvieuse. Dans la commune, nous rencontrons beaucoup de mares surtout au centre où nous dénombrons 45 mares. Du point de vue humain et économique, la commune de Mbadakhoune est essentiellement peuplée de sérère et de peuls qui pratiquent l’agriculture et l’élevage. A cela s’ajoutent d’autres activités comme le commerce du sel au sud de la commune mais également l’artisanat.
La synthèse bibliographique
Dans la littérature, il existe une panoplie d’information sur l’érosion des sols, principalement le mécanisme, les facteurs qui l’influencent, les conséquences qui en découlent ainsi que les méthodes d’analyse. L’érosion des sols est la forme de dégradation la plus connue à travers le monde. L’ampleur de ses manifestations et la gravité des dégâts associés à son expression, ont depuis longtemps retenu l’attention des chercheurs. Clark et al (1986) estime que l’érosion mondiale aurait passé, de son apparition à nos jours, de 16.4.10 tonnes par an à 91.1 10 tonnes par an. Les connaissances acquises jusqu’ici sur l’érosion résultent des recherches scientifiques ardues à l’issue desquelles de nombreux facteurs sont énumérés comme causes, manifestations et conséquences du phénomène. Eaton .D (1996) estime qu’il s’agit d’une composante d’un processus naturellement enclenché, mais entretenu et aggravé par l’action anthropique qui provoque la fragilisation des milieux naturels. En effet, selon la FAO (1994), l’érosion représente l’ensemble des phénomènes qui contribuent, sous l’action d’un agent d’érosion (notamment l’eau) à modifier les formes de relief que sont les sommets de plateau, les rebords de plateau, les talus, les corniches, les terrasses, les versants). Cette modification se fait par ablation de matières (sols, roches) mais aussi par accumulation de matière arrachée (Domingo, 1996). Du point de vue des facteurs, l’érosion des sols se fait sentir généralement lorsque les eaux de pluie ne peuvent plus s’infiltrer dans le sol. Ce refus des sols d’absorber les eaux en excédent apparait soit lorsque l’intensité des pluies est supérieure à l’infiltrabilité de la surface du sol, soit lorsque la pluie arrive sur une surface partiellement ou totalement saturée par une nappe (INRA et IFEN, 2002). Les facteurs mis en cause pour expliquer l’érosion des sols au Sénégal sont nombreux. Parmi ceux-ci, on peut citer la fragilité des sols sénégalais démontrée depuis longtemps (Dubois, 1946 ; Maignien, 1965). Certains auteurs mettent l’accent sur les effets dévastateurs de la sécheresse (Bovien et al, 1986 ; Barry et al, 1988 ; Sène et Perez, 1994 ; Ndione, 1999), par contre d’autres placent tout simplement l’homme et ses activités au cœur de la destruction du capital foncier (surtout les terres cultivables) considérant les facteurs naturels comme de simples catalyseurs (Dancette et al, 1985 ; Diop et al, 1986).
L’évolution des précipitations au cours des trois dernières décennies est inséparable de la dégradation progressive des terres. Elle a été marquée partout d’abord par l’assèchement progressif du pays. Mais cet assèchement ne s’est pas fait de manière homogène. Nous avons vu une irrégularité croissante de la pluviométrie et une inégale répartition des quantités de pluie, la pluviométrie annuelle tombant parfois en une ou deux très grosses pluies. Certaines théories de climatologie indiquent en revanche l’existence d’un cycle de sécheresse de 10 à 20 ans, suivi d’un autre cycle de plus grande pluviométrie (Ndione, 1998). Si l’indice d’agressivité du climat est directement lié à la pluviométrie moyenne annuelle (Albergel et al, 1989), au Sénégal, l’agressivité du climat augmente du nord au sud du pays. Les effets secondaires du climat sont particulièrement importants sur l’érodibilité des sols. Du point de vue biogéographique, la végétation a également un rôle déterminant. L’importance du couvert végétal a été mise en évidence depuis les années 70 par des études de l’ORSTOM mais également grâce aux études de Roose(1967) dans le bassin arachidier. En moyenne, la forêt, qu’elle soit brûlée ou mise en défens, protège quarante fois mieux le sol contre l’érosion que la jachère naturelle. De plus, il faut noter que, par exemple, si la quantité d’éléments emportés par ruissellement est impressionnante, les pertes en carbone sont entièrement compensées par l’apport en litière sous savane ou forêt. Pour les cultures, si la plante cultivée couvre bien le sol, les pertes en terre ne dépassent guère 2 à 4t /ha/an, mais en cas de semis trop tardifs ou peu denses, l’érosion atteint 8 à 18t/ha. Dès que le couvert végétal disparait, la structure du sol se dégrade et le ruissellement s’intensifie jusqu’à atteindre 15 à 40% de la pluviosité annuelle (Roose, 1967). Du point de vue pédologique, à l’exception des sols ferralitiques, isohumiques à Gley en Casamance, les ressources pédologiques du Sénégal sont de faible aptitude culturale, 36% des sols sont pauvres et connaissent des facteurs limitant n’autorisant que des rendements faibles (CSE et al, 1996). Selon ces auteurs, la combinaison des cartes des sols avec celle des précipitations montre que le nord du pays serait moins touché par l’érosion hydrique, par contre beaucoup plus par l’érosion éolienne car les sols sont sableux, et de faible stabilité structurale La toposéquence joue également un rôle important dans la connaissance de l’érosion des sols. En général, plus on remonte la pente, plus la fertilité décroit (Roose, 1967) .
Les systèmes de production agricole influent les sols par rapport à l’érosion. Dans le bassin arachidier, les principales cultures sont l’arachide et le mil pratiquées surtout pendant l’hivernage. Mais aussi étendues que soient les superficies cultivées en mil ou en arachide, les systèmes de culture s’avèrent plus dangereux pour le potentiel naturel des sols, compte tenu des pertes de terres qu’ils engendrent par le biais des différentes formes d’érosion (Perez, 1994). La généralisation des cultures attelée a entrainé une homogénéisation des techniques de culture basées sur l’utilisation des machines agricoles. La culture du mil commence vers la fin de la saison sèche au mois de mars par le nettoyage des parcelles. Les résidus de récoltes et autres herbes non consommées par les animaux en divagation pendant la saison sèche, sont ratissés et brûlés. Cette pratique provoque une dénudation du sol très exposés à l’érosion jusqu’à l’arrivée des premières pluies souvent très érosives (Dacosta, 1992). Les labours très fréquents en début d’hivernage occupent une place très importante dans les systèmes de production agricole, expliquant ainsi le taux d’équipement des paysans relativement élevé, surtout dans le centre et le sud du bassin arachidier. On peut retenir les travaux de (Kite et al, 1991) cité par (CSE et al, 1996) que 33% des paysans de la région de Kaolack utilise la traction animale. Or, le passage répété des machines ouvre la voie à l’érosion hydrique et éolienne provoquant la déstructuration de l’horizon superficiel et la redistribution de la texture (Fauck, 1956 ; Fournier, 1960 ; Pierce.F.J et Lal.R, 1994). Il est démontré aussi que l’érosion aratoire du au seul travail du sol et de la gravité peut excéder largement l’érosion hydrique sur les pertes en terres (Govers et al, 1999), notamment sur les pentes convexes (Lewis, 1999). Elle augmente exponentiellement avec la pente et accentue considérablement la variabilité spatiale de l’aptitude des sols (Turkelboom et al, 1997). C’est une forme de dégradation qui favorise l’érosion car elle anéantit le couvert végétal, fragmente les agrégats et tasse la surface du sol, provoquant du coup l’accroissement des risques d’encroûtement et la réduction de l’infiltrabilité. Elle est pratiquement inconnu des paysans, mais plusieurs fois signalée par les chercheurs qui observent une érosion supérieure après labours (Lal, 1975 ; Roose, 1977). En effet selon certains auteurs, le dynamisme de l’érosion aratoire est inhérent à l’extension rapide des défrichements (Monimeau, 1992 ; Castanier, 1993).
Le cadre physique de la commune de Mbadakhoune
La géologie
La commune de Mbadakhoune fait partie du bassin sénégalo-mauritanien. Les couches géologiques sont dominées par le Continental Terminal daté du pliocène et d’une couche de calcaires et de marnes mise en place à l’éocène. Le Continental Terminal, composé de formations détritiques, est essentiellement dominé par un faciès à grès hétérométriques, argileux, bariolé et azoïque. Des lentilles de sable, des argiles kaoliniques et des passes de gravillons ferrugineux composent localement le matériel (Michel, 1973). Le quaternaire ancien est marqué par une alternance de phases sèches et humides. Lors des périodes sèches, il y a eu un creusement des lits des cours d’eau et la formations de vastes glacis (SalI, 1982). Pendant les périodes humides, le matériau des glacis a été altéré et d’une phase d’aplanissement auraient résulté les plateaux subhorizontaux actuellement couverts de cuirasse ferrugineuse (Ange, 1991). Au quaternaire récent, le niveau de la mer a connu d’importantes variations, le modelé d’aplanissement a été incisé par un réseau hydrographique peu dense et peu hiérarchisé. De nouveaux glacis se sont mis en place, et sur les plateaux il y a une altération des formations ferrugineuses indurées. Des pseudos – cuesta se sont mis en place en bordure des plateaux par suite du recul des versants à cuirasse affleurant. Pendant l’Inchirien, le secteur Ouest du Bao bôlon a abrité un erg alors que des placages éoliens ont recouverts les glacis d’épandage (Bertrand, 1972 ; Sali, 1982).
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Objectifs
Méthodologie de recherche
Première partie : présentation du milieu
Chapitre I : cadre physique
Chapitre II : les aspects démographiques
Chapitre III : les aspects économiques
Deuxième partie : l’érosion et ses conséquences
Chapitre I : les facteurs d’érosion
Chapitre II : les conséquences de l’érosion
Troisième partie : les stratégies et les impacts de la lutte contre l’érosion
Chapitre I : les stratégies de lutte contre l’érosion
Chapitre II : Les impacts socioéconomiques et environnementaux
Conclusion générale
Références bibliographiques
Table des matières