A l’instar des régions nord du pays (St-Louis, Matam) considérées comme occupant la position peu enviable d’avant-garde à la désertification, les régions du sud (Ziguinchor, Sédhiou, Kolda..) naturellement favorisées au plan éco climatique, sont également touchées par la dégradation des ressources au cours de ces dernières décennies. En effet, ces régions qui ont toujours constitué notre « jardin d’Eden » « le grenier » de l’économie Nationale, ne sont pas épargnées de la dégradation générale des conditions de base d’un développement durable. Elles sont confrontées de nos jours aux problèmes liés à la gestion des ressources naturelles en raison des conditions climatiques qui se dégradent.
La dégradation des ressources dans notre milieu d’étude (Communauté Rurale de Djibidione) est accentuée d’une part, par la crise politique de la région et d’autre part, par une population en majorité rurale, à croissance rapide, dont les activités agricoles empiètent largement sur les espaces boisés et détériorent les sols par les pratiques non adaptées au contexte du climat (défrichement par le feu, suppression des jachères..). Le déficit pluviométrique enregistré depuis au moins trois décennies et dont les effets cumulatifs ont des répercussions sur l’environnement physique notamment l’intrusion saline dans les eaux du marigot, ont entrainé la détérioration de la qualité des sols et du couvert végétal. Cela va se répercuter sur les activités humaines particulièrement l’agriculture, l’élevage, la pêche.
A cela, s’ajoutent des feux de brousse qui parachèvent la dégradation, détruisant chaque année où ils passent, le stock de matière organique nécessaire à l’entretien du sol, hypothéquant ainsi la régénération naturelle des ressources ligneuses. En effet, la dégradation dont les conséquences néfastes sont durement ressenties dans le vécu quotidien des populations, se manifeste par d’énormes pertes de terres, par la salinisation avant d’occasionner la régression du couvert végétal, et d’éprouver les productions rurales. La précarité socio économique dans laquelle vivent les populations rurales de la région en général et de la Communauté Rurale de Djibidione en particulier, en est la conséquence ultime. Les interventions effectuées ça et là, en vue de renverser la situation ou de ramener son intensité à un niveau acceptable, se sont avérées peu efficaces. Les caractères sectoriels et éphémères, leur réalisation sans implication de populations censées être les premières bénéficiaires, semblent constituer les principaux défauts qui ont handicapé l’efficacité de telles interventions. En tout état de cause, la promotion du développement durable, basée sur la gestion conservatrice des ressources naturelles, est inconcevable en dehors d’une approche globale participative. Le secteur socio économique n’est pas épargné de cette situation, car avec l’insécurité qui a prévalu en Casamance depuis plus de vingt(20) ans, la délocalisation de services techniques a contribué à une situation de difficultés de gestion des archives voir leur déperdition. C’est ainsi en ce qui concerne la situation agricole au niveau de la CR, la mission n’a pas été à mesure de disposer des données fiables. Il en est même pour la faune pour laquelle les opérations de recensements ont été suspendues depuis l’avènement de la crise en Casamance. En plus l’abandon des villages, la perte du bétail, l’écoulement des produits locaux, la salinisation des sols, la présence des mines etc constituent des contraintes aux progrès socio-économiques de la communauté.
Le cadre physique
Présentation du milieu d’étude
La présentation de ce milieu révèle un univers physique qui porte, les stigmates d’un passé climatique moins favorable. Ce milieu physique est déterminé par ses éléments constitutifs que sont le climat, les sols, le relief, la végétation, la géologie, l’hydrologie. Dans ce milieu vit une communauté humaine qui à travers de multiples et diverses activités socioéconomiques l’exploite et le façonne. La communauté rurale de Djibidjone est située dans l’arrondissement de Sindian, au nord du Département de Bignona, dans la région de Ziguinchor. Elle appartient à un ensemble appelé le « Fogny » dont la capitale historique est Bignona. Elle est limitée au nord par la république de Gambie, au Sud par la communauté rurale de Suelle, à l’Est par la communauté rurale de Sindian et Oulampane et à l’Ouest par les communautés rurales de Djinaky, Suelle et Diouloulou. Avec 164,1Km2 soit près de 30 % de la superficie de l’arrondissement de Sindian (547 Km2 ), la CR de Djibidione est située à 13° 04’ 00’’ Nord et 16° 16’ 00’’ Ouest. Pour ce qui est la toponymie du nom Djibidione, il viendrait de « djibil dionn » qui veut dire en Diola « venez légalement ». En effet, la population de Djibidione demandait à tous ceux qui voudraient se rendre à Djibidione de venir légalement. C’est à partir de là qu’avait pris naissance le nom Djibidione. La Communauté Rurale de Djibidione présente des traits éco géographiques homogènes. Du Nord au Sud, elle est localisée dans le domaine soudano-guinéen. Cependant une analyse profonde de ses traits ou paramètres tant du point de vue de la configuration physique que celui des activités économiques, permet de distinguer des milieux différents.
Un milieu plus élevé du Continental Terminal, constituée de plateaux et de terrasses formant des bassins versants présentant des sols favorables aux grandes cultures céréalières du plateau….Cette partie abrite l’essentiel d’une population de forte densité. Le relief de la communauté est généralement plat avec des plateaux encaissants des vallées et des bas fonds à vocation rizicole, fruitière et arachidière. Comparée à d’autres localités du Sénégal, la Communauté Rurale (CR) est dotée de ressources naturelles importantes et bénéficie d’une pluviométrie relativement abondante 1300mm/an.
Les données géologiques
La géomorphologie de la région selon Viellefon (1974) peut s’expliquer sommairement par une série de transgression et régression. Ces phénomènes ont permis les uns, la construction de terrasses sableuses et le remplissage de la zone par des sédiments sablo vaseux qui façonnent les chenaux de marée, les autres, les creusements de vallées en foncées en « doigt de gants » dans le bas plateau du Continental Terminal et le découpage ont mis en place lors des périodes de transgressions intermédiaires. Ces différentes formations dont l’origine date de la fin du Tertiaire et le début du Quaternaire constituent le relief actuel de la Communauté de la Rurale.
Le Relief
Le relief de la Communauté Rurale comme celui de la région en général se caractérise par sa monotonie. Le niveau est sensiblement celui de la mer une petite portion côtière est constituée de basses terres et se trouve à moins d’un mètre par rapport au niveau de la mer, ce qui facilite l’intrusion marine en cet endroit. Au niveau du Continental Terminal, le relief est plat avec des plateaux qui abritent l’habitat humain et des bas fonds à vocation rizicole, représentent des espaces agricoles.
Le climat
Le cadre géographique dans le quel est contenu notre domaine d’étude correspond à un climat sub-guinéen.
Les facteurs généraux
Ils sont déterminés par des mécanismes généraux qui résultent de la circulation atmosphérique générale. Le climat de la localité est du type tropical sub-guinéen caractérisé par une alternance de masse d’air d’origine et de caractère contrasté, une pluviométrie irrégulière, des températures élevées, un ensoleillement significatif et une humidité relativement assez forte. La zone est soumise à l’influence de deux masses d’air principales que sont les flux d’alizé et de Mousson caractérisé par une saison des pluies (Juin à octobre) qui alterne avec une saison sèche Novembre à Mai.
Les éléments du climat
Les vents
L’étude des vents porte sur les données recueillies au niveau de la station de Ziguinchor. Elle fournit quotidiennement les données sur la vitesse et la direction dominante des vents. La direction mensuelle des vents permet d’opposer la situation en saison sèche et celle qui prévaut pendant la saison des pluies. Ainsi, dans la partie Sud où se trouve notre communauté, l’année éolienne se divise en deux périodes : De Novembre à Juillet, la région sud du pays est caractérisée par une prédominance des Alizés de secteur Nord- Est et Ouest D’Août à Septembre, elle est caractérisée par une prédominance de mousson de secteur SudOuest et Ouest. Cependant, nous notons deux périodes de transition : fin Octobre et début Novembre. Cette période marque la fin de la saison des pluies et le début de la saison sèche. La deuxième va de fin Avril au début du mois de Mai : ceci annonce le plus souvent la fin de la saison sèche et le début de la saison des pluies ou hivernage.
La pluviométrie
L’analyse de la pluviométrie de la communauté rurale de Djibidione de 1982- 2011 montre une évolution fluctuante d’une année à une autre, elle se situe entre 817mm à1946 mm. Toutefois, les précipitations de Juin et Novembre sont souvent insignifiantes et sont surtout enregistrées en fin et en début de ces mois respectifs. En effet, c’est durant cette période que la communauté rurale, tout comme le reste de la région enregistre l’essentiel de ces précipitations. Cette saison est appelée hivernage.
En outre, l’évolution interannuelle des précipitations dans cet espace géographique, nous permet de distinguer trois phases ; La première phase allant de 1999 à 2008 est marquée par une précipitation assez abondante avec un cumul annuel qui dépasse1500mm/an. Elle est considérée comme humide de la période étudiée. La deuxième phase de 1982 à 1992 est caractérisée par des séquences sèches qui prédominent les quantités de précipitations enregistrées, sont parfois inférieures à 1000mm /an (1982 : 898,1mm ; 1983 : 817, 9mm ; 1992 : 968, 8mm) En fin, la dernière phase débute à la fin des années 2000 à nos jours, elle est marquée par une reprise progressive de la pluviométrie dans la communauté par les séquences d’années humides commencent à être régulières atteignant même 1732 mm en 2008.
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Table des matières
Introduction
Bilan et synthèse des travaux antérieurs
Problématique
Première partie: Le cadre physique et humain
Chapitre 1 Le cadre physique
Chapitre II : Etats des Ressources Naturels
Chapitre III Le cadre humain et économique
Deuxième partie : Les difficultés de la conservation des ressources naturelles
Chapitre I : La dégradation des ressources naturelles
Chapitre II : Les impacts de la dégradation des ressources naturelles
Troisième partie : Les stratégies et perspectives de développement
Chapitre I Les stratégies et perspectives de développement
Chapitre II : Les perspectives de développement
Conclusion générale
Bibliographie
Annexe