Problematique de la conservation de la mangrove a tobor

Au sens large du mot, la mangrove est définie comme étant « l’ensemble des formations végétales, arborescentes ou buissonnantes, qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales » (Marius, 1985). Désignant à l’origine des formations végétales de certaines plaines littorales, elle caractérise aujourd’hui tout un écosystème de côtes à deltas et des embouchures des fleuves des régions tropicales. Il s’agit donc d’une formation végétale adaptée plus ou moins salée, qu’on appelle palétuviers et dont les espèces les plus caractéristiques se distinguent l’une par ses racines échasses (Rhizophora), l’autre par ses racines aériennes (les pneumatophores) ou (Avicennia). La mangrove constitue donc une formation végétale spécifique. Elle renferme une faune riche et variée, constituée d’espèces permanentes et saisonnières.

Situées au Sénégal pour l’essentiel entre les latitudes 12°20 et 16°20 N et les longitudes 16°20 et 16°30 Ouest, les mangroves du Sénégal sont les plus septentrionales de type atlantique, sur la côte Ouest africaine. Elles sont « toutes des mangroves d’estuaires ou de deltas situées aux débouchés des fleuves Casamance, Saloum (et son affluent le Sine) et Sénégal » (CSE, 2008). Deux formations végétales caractérisent les mangroves du Sénégal. Il s’agit selon Marius (1985), «des palétuviers et des marais halophytes dénommés localement « tannes herbeuses» ou « tannes herbues » par opposition aux « tannes vives » qui sont des étendues sur-salées dépourvues de végétation ».

En Casamance, la mangrove est localisée dans les bras où prédomine de manière exclusive l’influence de la mer. Cette localisation résulte, selon Vieillefon (1977), « de l’évolution géologique de la Casamance qui a mis en place deux grandes régions géomorphologiques distinctes : le bassin continental (Moyenne et Haute Casamance) formé par le plateau du Continental terminal à la surface plane, relié aux talwegs du fleuve Casamance et de ses affluents et le bassin maritime (Basse Casamance) où l’influence marine est permanente ». Cette partie estuarienne est occupée par de multiples marigots, dont celui de Tobor, bordé de palétuviers anastomosés en laissant des îles de toutes tailles et entretenues par les courants de marées. Selon Marius (1985), « la zone estuarienne est ainsi entièrement remblayée par des vases sur plus de la moitié de sa largeur ». Selon toujours lui, « cette organisation du paysage régit la répartition spatiale des zones humides dans le bassin de la Casamance jusqu’à la limite de la remontée de l’eau salée. Elle s’étire donc de l’océan au Soungrougrou en passant par les bas plateaux de Bignona, Ziguinchor et Oussouye ». La mangrove est donc développée à l’arrière des cordons littoraux, dans des milieux tidaux à nombreux chenaux de marées, très disséqués, dans lesquels la sédimentation est faible et sous un climat à saison sèche marquée. Il en résulte que « le milieu est plus ou moins caractérisé par la présence en arrière de formations à palétuviers et de zones supra- tidales non atteintes par les marées quotidiennes, de formations nues ou recouvertes d’une végétation herbacée halophyte » (Vieillefon, 1977). Elle forme donc d’importants peuplements le long des affluents de la Casamance (CSE, 2008).

Ces écosystèmes particuliers, jadis très répandus en Casamance et procurant aux populations locales vivant aux bords de ces milieux, des ressources forestières et halieutiques importantes, ont connu ces dernières années des régressions inquiétantes liées à la fois, aux actions anthropiques et naturelles dont les effets se font encore ressentir en Casamance et à Tobor en particulier (Walou, 2012). Cependant, depuis 2006, des actions de conservation de la mangrove sont de plus en plus d’actualité, accompagnées d’une politique de réhabilitation favorisée probablement, par l’amélioration des conditions pluviométriques notées depuis le début des années 2000.

PROBLEMATIQUE

CONTEXTE

La mangrove est un écosystème riche et varié et très convoité par les populations riveraines. C’est pourquoi, (Guissé et al, 2007) disent qu’elle est « la principale source de revenus des populations et est une composante principale de la sécurité alimentaire des habitants côtiers à cause de ses nombreuses utilités ». Car, elle constitue, depuis des années, l’une des sources de revenus des populations locales. L’importance de cet écosystème et la diversité des domaines d’activités, donnent à la mangrove, un enjeu économique important. C’est à ce propos qu’écrit (Doyen A, 1985) : « la mangrove possède une valeur scientifique, mais aussi culturelle, éducative, touristique et socio-économique ». En Casamance, la mangrove est localisée dans les bras de mer où prédomine de manière exclusive, l’influence de la mer (PADERCA, 2009). Trois facteurs essentiels conditionnent l’existence et le développement de la mangrove. Il s’agit principalement selon Marius (1985), du climat, de l’étendue du domaine intertidal et de la salinité. La zone alluviale fluviomarine de la Casamance couvre environ 250.000 ha entre l’océan et les plateaux de Bignona, Oussouye, et Ziguinchor qui se poursuive en Gambie au nord et en Guinée Bissau au sud (Marius, 1985). Elle pénètre largement à l’intérieur des plateaux, soit par la Casamance, dont le lit majeur atteint plus de 10 km de large, à l’amont de Ziguinchor, soit par plusieurs de ses affluents : le Soungrougrou, Bignona, Diouloulou, et Baïla, sur la rive droite, Guidel, Nyassia et Kamobeul sur la rive gauche (Marius, 1985). Tous ces cours d’eau sont soumis à l’influence de la marée sur la majeure partie de leurs cours (Vieillefon, 1977). Le marnage relativement important sur les côtes de la Casamance à cause certainement de la faiblesse de la pente du fleuve, est un facteur qui a favorisé l’installation de la mangrove dans la zone (Vieillefon, 1977). Cependant, depuis quelques années, cette zone a connu un recul important de sa mangrove, lié aux facteurs naturels et anthropiques. Estimée, en 1980 et 1993 à respectivement 150.000 ha et 70.000 ha par la Commission Régionale d’Aménagement du Territoire (CRAT), elle n’était en 2004, estimée qu’à 65.000 ha par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Le processus de dégradation observé, lié en partie aux grandes périodes de sécheresse des années 1968, 1972, 1977, 1980 et 1983), a rendu très incertain, l’avenir de cet écosystème multifonctionnel et aux usages multiples. En effet, la mangrove, constituant un véritable enjeu de développement, sa conservation est de plus en plus constatée partout dans le monde. C’est à ce propos que des campagnes de reboisements ont été initiées à Tobor depuis 2006 par des ONG comme OCEANIUM, IDEE CASAMANCE, le Conseil Municipal de Tobor (ex Conseil Rural) a initié un Projet de Gestion de l’Ecosystème Mangrove de Tobor (PGIEM) , le Collectif villageois de Tobor et les organisations communautaires comme la Fédération Régionale des Groupements de Promotion Féminine de la région de Ziguinchor, accompagnées par les populations locales. En plus du fleuve Casamance, l’écosystème de la mangrove de Tobor est occupé par des cours d’eau permanents parmi lesquels on peut citer le marigot de Tobor, le marigot d’Affiniam et le marigot de Baghagha et par de nombreux cours d’eau alimentés par la remontée des eaux du fleuve (Lambal, 2012). La salinité des cours d’eau varie en fonction des saisons. Très salés en saison sèche, ils deviennent moindres en saison des pluies grâce aux apports d’eaux douces qui proviennent des versants (PADERCA).

Aujourd’hui, cette mangrove en pleine régénérescence fait face d’une part, aux variations climatiques qui se traduisent, entre autre, par la sécheresse et la salinisation des terres. Et d’autre part, par les actions anthropiques, comme la coupe abusive du bois de mangrove, la pisciculture, l’ostréiculture, la récolte de miel de mangrove, la cueillette des mollusques, le ramassage de bois, la pêche, la prolifération des rizières en zone de mangrove. Et surtout aux aménagements de la zone liés à des fins économiques comme l’ostréiculture, la pisciculture, la récolte du sel, l’apiculture etc.…

La mangrove de Tobor fait également face aux déchets chimiques des usines de transformation de la région de Ziguinchor qui se déversent chaque jour sur le fleuve. A Tobor, la route nationale numéro 4 (RN4), coupe la zone de mangrove en deux et empêche l’eau du côté Est d’atteindre le côté Ouest, favorisant ainsi la forte salinisation du sol à cause de l’évaporation rapide de l’eau (Walou, 2011).

LA REVUE DOCUMENTAIRE

Jusqu’à une période récente, l’étude des mangroves était l’apanage des botanistes. Les aspects floristiques et forestiers guidaient les recherches de ces derniers. La naissance de l’écologie comme discipline a permis l’exploration des zones humides et des mangroves en particulier. C’est vers les années 1960-1970 que la mangrove acquiert une plus grande importance. C’est ainsi qu’elle a été considérée comme écosystème riche et fragile Cormier Salem (1992). En Casamance, la mangrove a fait l’objet de plusieurs études dans le passé dont la plupart sont sectorielles. Cormier Salem (1990) a consacré une grande partie de ses études dans cette zone sur les aspects socio-économiques, en s’intéressant à la pêche et à la cueillette et surtout à l’aménagement de cet écosystème. Au plan biophysique, les recherches de Claude Marius (1985) et Vieillefon (1977), ont apporté des données de base sur la localisation, la composition, les types de sols et le fonctionnement de la mangrove. Ces études ont aussi fait l’objet d’une étude comparative entre les différentes mangroves du Sénégal. Bjorn, Luis Drude de Lacerda and El Hadj Salif Diop à travers leur document intitulé : mangrove ecosystem studies in Latine America and Africa, ont donné les caractéristiques des mangroves de l’Amérique Latine et celles de l’Afrique de l’ouest.

Pour avoir une idée sur les causes de dégradation des mangroves, nous avons consulté des documents d’études menées par le PADERCA (Projet d’Appui au Développement Rural en Casamance) et IDEE CASAMANCE (Intervenir pour le Développement Ecologique et l’Environnement en Casamance). En effet, ces documents datant respectivement de juin 2004 et juillet 2008, identifient les causes et les conséquences de la dégradation de la mangrove. Egalement, Bah, (2006), stipule que la culture du riz constitue l’une des principales causes de la dégradation de la mangrove. Coly, B, (2001), quant à lui, montre que la dégradation de la rive droite du fleuve Casamance est due en grande partie à la disparition de la mangrove, qui est un agent antiérosif. Toujours dans les causes de dégradation de la mangrove, Goudiaby, M (1989), lui, présente les techniques d’exploitation des huîtres et leurs impacts négatifs sur la mangrove. Egalement, Dieng, S.D (2010), a fait une étude sur les modes d’exploitations des ressources naturelles et une approche sur l’état actuel de la mangrove de Siganar. Sarr, J, (1998) montre d’abord en quelques phrases, l’impact négatif de la dégradation de la mangrove vis-à-vis de la population de Mar, avant de donner les stratégies d’une meilleure conservation de ces ressources.

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Table des matières

INTRODUCTION
I-DEFINITION DES MOTS
II-PROBLEMATIQUE
III-METHODOLOGIE
IV-LA REVUE DOCUMENTAIRE
PREMIERE PARTIE : LE CADRE PHYSIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
CHAPITRE II : LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUE
DEUXIEME PARTIE : L’ECOSYSTEME MANGROVE DE TOBOR
CHAPITRE III : PRESENTATION DE L’ECOSYSTEME
CHAPITRE IV : LES FACTEURS DE DEGRADATION ANTERIEUR
TROISIEME PARTIE : LA CONSERVATION DE LA MANGROVE
CHAPITRE V : LES STRATEGIES DE CONSERVATION
CHAPITRE VI : LES DIFFICULTES RENCONTREES
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

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