Depuis toujours, l’homme a éprouvé le besoin de connaître la nature de la maladie qui l’affecte et de trouver le remède approprié pour la prévenir et la guérir. Dans cette perspective, il a souvent recours aux services d’un tiers pouvant être le tradi praticien ou le praticien conventionnel. La maladie apparaît aujourd’hui, à bien des égards, comme un handicap qui fait perdre du temps et de l’argent. La tentation est alors grande de limiter cette perte en utilisant la solution de l’automédication .
L’automédication est un phénomène de société dont la tendance est à l’extension. Les raisons qui la motivent et les facteurs qui la conditionnent sont nombreux et variés. Ses répercussions peuvent être désastreuses lorsqu’elle n’est pas canalisée. Dans la plupart des pays développés des dispositions ont été prises pour éviter ses excès qui sont préjudiciables à la santé. Ce n’est pas le cas dans la majorité des pays en développement, où la faiblesse des moyens d’éducation de la population et les problèmes socio-économiques exacerbent les risques et dangers du phénomène de l’automédication.
GENERALITES SUR L’AUTOMEDICATION
L’AUTOMEDICATION
Etymologiquement l’automédication se décompose de la manière suivante :
– un préfixe grec « auto » qui veut dire soi – même ;
– un terme latin « medicatio » qui a rapport au médicament.
Deux (2) notions fondamentales interviennent à ce niveau :
– La faculté à effectuer soi –même l’acte thérapeutique
– Le médicament.
DEFINITION
L’automédication se définit comme la prise de médicaments sans avis médical. Elle comporte trois étapes : un auto diagnostic, une auto prescription et une auto consommation. Selon PIERRE et PIERRE, l’automédication se définit comme « le fait de prendre des médicaments sans que ceux- ci n’aient été prescrits par un médecin ou un infirmier et sans avoir au préalable pris conseil auprès d’un médecin ou d’un infirmier. » [38] Pour QUENEAU et DECOUSUS, l’automédication est définie « comme la prise d’un ou de plusieurs médicaments en l’absence de prescription médicale actuellement destinée au malade ».[42] Pour BRECKLER, c’est «l’utilisation par des personnes à leur propre initiative, de spécialités d’automédication délivrées sans ordonnances ».[9] Selon HERXEIMER : « Pratiquer l’automédication c’est prendre un médicament de sa propre initiative ».[18] Pour POUILLARD l’automédication est : « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’AMM, avec la possibilité d’assistance ou de conseils de la part des pharmaciens. » Cette définition est celle retenue par le Comité Permanent des Médecins Européens.[39] Enfin selon une source de la Direction Générale de la Santé (France), « l’automédication est le fait de prendre des médicaments sans avis médical direct ».[12] Toutes ces définitions sont très proches les unes des autres. La souffrance (symptôme, signe, maladie), le médicament et le comportement en constituent les composantes. On pourrait sur la base de l’expérience distinguer deux modalités de l’automédication :
– l’automédication active ou directe : elle est la plus courante et correspond à la définition classique du concept . L’individu fait son auto diagnostic , prend la décision de se soigner et se traite lui- même ;
– l‘automédication passive ou indirecte où l’individu subit la prise du médicament sous l’action ou l’influence d’un tiers. Il en devient alors un récepteur. C’est le cas des enfants par exemple.
PRATIQUE DE L’AUTOMEDICATION
Quelle qu’en soit la modalité, les facteurs suivants sont évoqués pour justifier le comportement d’automédication : la commodité, le coût, la gestion du temps, les rapports malade – médecin, l’accès aux médicaments.
* La commodité est reliée à la difficulté d’accès au médecin .Le malade prend la décision de se soigner avec « ce qu’il a sous la main ». Il peut éventuellement aller voir le pharmacien dans son officine. Alors il obtient non seulement le médicament adapté à sa situation pathologique mais aussi un « avis » gratuit.
* Le coût : le traitement par automédication coûte moins cher qu’une consultation suivie de la prescription.
* La gestion du temps : l’automédication permet une meilleure utilisation du temps, un gain de temps lors de la rémission précoce des symptômes quand ils sont traités de façon anticipée. Cela permet de ne pas interrompre les activités professionnelles génératrices de revenus financiers. De plus, en cas de pathologie chronique, il suffit de recycler les vieilles ordonnances ou les anciennes boîtes de médicaments. C’est plus rapide que d’aller voir un médecin. Enfin une affection reconnue par le patient ne nécessite pas de consultation médicale, mais le conseil d’un tiers
* les rapports malade- médecin, dans une moindre mesure : le malade développe quelques fois un complexe d’infériorité. Il perçoit le médecin comme dominateur, différent.
* l’accès aux médicaments est facilité par la vente illicite, les médicaments génériques, l’armoire à pharmacie, la responsabilité du pharmacien impliquée dans la délivrance sans contrôle de certains produits soumis aux règles de délivrance.
L’automédication est une pratique dangereuse lorsqu’elle intervient de façon inconsidérée, en raison des risques inhérents aux médicaments et des conséquences que de tels risques entraînent.
RISQUE THERAPEUTIQUE
Le risque thérapeutique se définit comme les effets nocifs pouvant découler de l’utilisation des médicaments. On en distingue plusieurs types qui sont brièvement décrits .
Le risque rénal
Il est caractérisé par une néphrite interstitielle chronique évoluant vers une insuffisance rénale irréversible pouvant se compliquer de nécrose papillaire. Cette néphropathie est de mécanisme toxique. Les principaux produits responsables sont :
– le paracétamol :
– certains A.I.N.S : ils peuvent être à l’origine de néphrites interstitielles aiguës immuno – allergiques.
Le risque digestif
Il existe surtout avec les A.I.N.S. Ces derniers favorisent les hémorragies digestives et sont contre-indiqués en cas d’ulcère gastro – duodénal. Le risque augmente avec la voie orale, la prise de comprimés en dehors des repas, les fortes doses, les traitements prolongés.
Les associations d’antalgiques contenant de l’acide acétyl salycilique (finidol®, sédaspir®) exposent aux mêmes risques. Le dextropropoxyfène peut provoquer des troubles dyspeptiques.
Le risque hépatique
Il est lié à l’ingestion de doses massives de paracétamol. Il se caractérise par une nécrose hépatique de mécanisme toxique, parfois mortelle.
Le risque cutané
On distingue des rashs bénins, des érythèmes pigmentés fixes, du prurit simple.
Le risque allergique
Les sulfamides, la quinine, le paracétamol et mêmes les antibiotiques peuvent comporter un tel risque.
Les autres complications
Les chocs anaphylactiques.
CONSEQUENCES DE L’AUTOMEDICATION
L’automédication peut entraîner des effets néfastes plus ou moins importants liés aux risques ci-dessus. Ils résultent souvent d’une méconnaissance des médicaments utilisés, d’une mauvaise interprétation des symptômes ou de l’application d’un traitement inadapté. On distingue :
La mauvaise tolérance ; les effets secondaires
Ce sont les effets indésirables qui surviennent au cours ou après l’administration d’un médicament. Ils varient en fonction de la dose, de la physiologie, du sexe, du poids, de l’âge, de la constitution génétique. Les effets secondaires peuvent être classés en trois catégories.
– Les effets liés à l’effet pharmacodynamique principal du médicament qui est utilisé en thérapeutique. On distingue les hémorragies survenant chez les malades atteints de thromboses et soumis à un traitement anticoagulant ; ou encore les altérations de l’épithélium digestif provoquées par les antimitotiques dont l’action s’exerce sur toutes les cellules en voie de multiplication, aussi bien néoplasiques que normales.
– Les effets liés à l’un ou l’autre des effets pharmacodynamiques accessoires du produit, inutiles au but thérapeutique poursuivi. En exemple on peut citer la destruction de la flore intestinale normale par les antibiotiques dits « à large spectre», utilisés à fortes doses et de façon prolongée : en raison de l’effet antimicrobien peu sélectif de ces médicaments, une pullulation de germes résistants survient avec les conséquences que cela implique.
– Les effets apparaissant fortuitement chez certains malades ou chez certaines catégories de malades : on peut donner le cas de la quinine qui entraîne des démangeaisons ou celui des antihistaminiques qui entraînent la somnolence.
L’interaction médicamenteuse
Ce sont les modifications des effets d’un médicament par un autre administré au malade simultanément ou antérieurement. Les conséquences peuvent être particulièrement dangereuses :
– augmentation du risque d’ulcère avec les salicylées et les A.I.N.S. ;
– diminution de l’efficacité des contraceptifs oraux lorsqu’ils sont associés aux barbituriques ;
– augmentation des effets hypnotiques des barbituriques lorsqu’ils sont associés avec l’alcool éthylique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR L’AUTOMEDICATION
I L’AUTOMEDICATION
1. DEFINITION
2. PRATIQUE DE L’AUTOMEDICATION
3. RISQUE THERAPEUTIQUE
3.1. Le risque rénal
3.2. Le risque digestif
3.3. Le risque hépatique
3.4. Le risque cutané
3.5. Le risque allergique
3.6. Les autres complications
4. CONSEQUENCES DE L’AUTOMEDICATION
4.1. La mauvaise tolérance ; les effets secondaires
4.2. L’interaction médicamenteuse
4.3. Les intoxications médicamenteuses
4.4. La pharmaco dépendance et la toxicomanie
4.5. Les résistances
4.6. L’aggravation des symptômes
5. PHENOMENES INDUITS PAR L’AUTOMEDICATION
5.1. L’inobservance des médicaments
5.2. L’abus des médicaments
6. ETUDES REALISEES SUR LE THEME DE L’AUTOMEDICATION
II. LE MEDICAMENT
1. MEDICAMENT OFFICIEL
1.1. Les médicaments magistraux
1.2. Les médicaments officinaux
1.3. Les médicaments spécialisés
2. MEDICAMENT GENERIQUE
3. MEDICAMENT TRADITIONNEL
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
CHAPITRE I : CADRE ET METHODE DE L’ ETUDE
I. CADRE DE L’ETUDE. : LE TOGO
1. BREF APERÇU
2. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
3. DONNEES SANITAIRES
3.1 L’organisation du système national de santé
3.2 Les données épidémiologiques
3.3 La politique et les programmes de santé
3.4 Le budget national de la santé
3.5 Les infrastructures et le personnel de Santé
II. SITE DE L’ETUDE : LOME- COMMUNE
1. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
2. DONNEES SANITAIRES
III. BUT ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
IV. MATERIEL ET METHODE D’ETUDE
1. PRINCIPALES VARIABLES ETUDIEES
2. POPULATION ETUDIEE
3. ECHANTILLONNAGE : METHODE ET TECHNIQUE
3.1. Choix du district
3.2. Choix des quartiers (Choix aléatoire)
3.3. Taille et composition de l’échantillon
4. OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES
4.1 Le questionnaire
4.2 Le guide d’entretien au personnel de santé
4.3 La fiche d’exploitation documentaire
4.4 La fiche d‘observation
5. DEROULEMENT DE L’ENQUETE
5.1. Les difficultés rencontrées au niveau de la population
5.2. Les difficultés rencontrées au niveau du personnel médical
5.3. L’analyse des données
6. LIMITES DE L’ETUDE
CHAPITRE II : PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
I. PRESENTATION
1. CONSTATS GENERAUX DE L’AUTOMEDICATION
1.1. Fréquence globale de l’automédication
1.2. Automédication et situation professionnelle
1.2. Automédication et âge
1.4. Automédication et sexe
1.5. Automédication et niveau d’instruction
2. SYMPTOMES, SIGNES ET CIRCONSTANCES DE L’AUTOMEDICATION
3. MEDICAMENTS LES PLUS SOUVENT UTILISES EN AUTOMEDICATION
3.1. Monographie des molécules les plus utilisées
4. PROVENANCE DES MEDICAMENTS UTILISES
5. RAISONS POUSSANT A L’AUTOMEDICATION
6. FACTEURS FAVORISANT L’AUTOMEDICATION
7. OPINIONS DES CONSOMMATEURS
II. DISCUSSIONS
1. CONSTATS GENERAUX SUR L’AUTOMEDICATION
1.1. Automédication et situation socio- professionnelle
1.2. Automédication et age
1.3. Automédication et sexe
1.4. Automédication et niveau d’instruction
2. SYMPTOMES, SIGNES ET CIRCONSTANCES DE L’AUTOMEDICATION
3. MEDICAMENTS LES PLUS SOUVENT UTILISES EN AUTOMEDICATION
4. PROVENANCE DES MEDICAMENTS UTILISES
5. RAISONS POUSSANT A L’AUTOMEDICATION
6. FACTEURS FAVORISANT L’AUTOMEDICATION
7. OPINION DU PERSONNEL MEDICAL SUR L’AUTOMEDICATION
III. RECOMMANDATIONS
1- CONSOMMATEURS
2- PROFESSIONNELS DE LA SANTE
2-1- les pharmaciens
2-2- Le personnel médical et para médical
3- POUVOIRS PUBLICS
CONCLUSION