Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
Variables à mesurer
Qualitatives :
– Sexe
– Niveau et domaine d’étude
– Orientation sexuelle
– Statut
– Ressenti sur les connaissances et le niveau d’information
– Moyens d’informations
– Connaissances sur les IST et les préservatifs masculins et féminins
– Modalités d’utilisation des préservatifs masculins
– Utilisation du préservatif féminin
– Pratiques sexuelles
– Modalités de recours au dépistage
– Raisons pour lesquelles le préservatif masculin n’est pas utilisé
– Rapports non protégés au cours de leur vie
– Prise de risques chez les jeunes
– Perception du risque chez les jeunes
– Utilisation des réseaux sociaux dans le but de faire des rencontres à caractère sexuel
– Participation à des événements à risque
– Sensation de vulnérabilité chez les jeunes
– Honte d’acheter des préservatifs masculins
– Influence du remboursement et de la prescription des préservatifs masculins
Quantitatives :
– Age : année
– Age moyen du premier rapport : année
– Nombre moyen de partenaires
– Durée couple / célibat : mois
Recueil de données
• Outil de recueil de données et modalités de recueil :
L’outil de recueil qui a été choisi pour réaliser cette étude est un questionnaire anonyme créé via GoogleForms et diffusé sur les réseaux sociaux pendant 3 mois, le but étant de recueillir un maximum de réponses de jeunes avec des profils différents. Les réponses ont été recueillies grâce aux partages du questionnaire via les utilisateurs des réseaux sociaux.
Le questionnaire se décompose en plusieurs parties (annexe 1) :
– Un questionnaire pour recueillir les caractéristiques de la population (9 questions) : sexe, âge, lieu de résidence, niveau d’étude, domaine d’étude, le ressenti sur les connaissances en matière d’IST et sexualité, les niveaux et moyens d’informations reçues
– Un questionnaire commun à tous les jeunes qui porte sur leurs connaissances en matière d’IST et d’utilisation des préservatifs masculins et féminins. (15 questions)
– 4 questionnaires portant sur les comportements sexuels, les modalités d’utilisation des préservatifs masculins et féminins et les modalités de recours au dépistage, chez :
o Les célibataires ayant eu 1 seul partenaire sexuel (26 questions)
o Les célibataires ayant eu plus de 2 partenaires sexuels (30 questions)
o Les jeunes en couple ayant eu 1 seul partenaire (29 questions)
o Les jeunes en couple ayant eu plus de 2 partenaires sexuels (36 questions)
Les jeunes n’ayant jamais eu de partenaire sexuel, n’ont répondu qu’à la partie du questionnaire de connaissance.
Le questionnaire a été décomposé de cette manière après une phase test et des réajustements, afin que les questions correspondent au profil de chaque jeune, qu’ils puissent se sentir concernés et répondre en fonction de leur situation. La majorité des questions sont à choix multiples, certaines à choix uniques.
A la fin du questionnaire, après que les réponses aient été envoyées, il a été mis à disposition un document reprenant les questions de la partie questionnaire de connaissances avec les réponses exactes et leurs explications dans le but de faire une première action de rappels et/ou de prévention (annexe 2).
• Analyse statistique :
Les données ont été recueillies sur le logiciel Excel avec un codage spécifique afin de pouvoir analyser les réponses. Des variables qualitatives et quantitatives ont été mesurées.
L’analyse descriptive (pourcentages, moyennes) a été réalisé à partir d’Excel. Des tests de comparaisons entre les données qualitatives ont été réalisé à partir du logiciel XL Stat grâce au test du Khi 2 avec un risque alpha fixé à 5%.
Pratiques, comportements sexuels et modalités d’utilisation des préservatifs masculins (externes) et féminins (internes) chez les jeunes
Seuls les jeunes ayant déjà eu 1 ou plusieurs partenaires sexuels avaient répondu à cette partie de l’enquête (n=211). Plusieurs sous-groupes ont été réalisé.
61% des jeunes déclaraient avoir eu 2 partenaires sexuels (n=140) ou plus au moment de l’enquête contre 31% qui déclaraient n’en avoir eu qu’un seul (n=71).
Les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel (n=71) :
– Déclaraient avoir utiliser le préservatif masculin lors de leur première fois avec leur partenaire actuel à 86%
– 87% déclaraient l’avoir utilisé comme moyen de contraception, 90% comme moyen de prévention contre les IST
– 44% avaient eu recours aux tests de dépistage avant d’avoir des rapports non protégés, 14% après avoir eu des rapports non protégés, 8% en continuant d’avoir des rapports protégés et 32% déclaraient n’en avoir jamais fait.
Les jeunes en couple ayant eu 2 partenaires ou plus (n=84) avec leur partenaire actuel :
– Déclaraient à 82% avoir utilisés le préservatif masculin pour la première fois avec leur partenaire actuel.
– 72% déclaraient l’avoir utilisé comme moyen de contraception, 77% comme moyen de prévention contre les IST.
– 18% d’entre eux utilisaient toujours le préservatif masculin, 73% ne l’utilisaient plus et 8% d’entre eux ne l’avaient jamais utilisé.
– 56% d’entre eux avaient eu recours aux tests de dépistage avant d’avoir des rapports non protégés, 19% après avoir eu des rapports non protégés et 25% n’en avaient jamais fait.
Prises de risques et perception des risques chez les jeunes
Il existait une différence significative (p-value = 0,020*) entre le nombre de partenaires chez les jeunes en couple sexuellement actif (n=138) et les jeunes célibataires sexuellement actif (n=73). Les célibataires avaient plus de partenaires sexuels que les jeunes en couple.
56% des jeunes sexuellement actifs (n=211) ne se sentaient pas vulnérables face aux IST et 64% d’entre eux ne pensaient pas avoir pris de risque au cours de leur vie sexuelle.
Les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus au cours de la vie (n=140) ne se sentaient pas plus vulnérables face aux IST que les jeunes ayant eu 1 seul partenaire (n=71). En revanche, ils pensaient significativement (p-value = 0,036*) avoir pris plus de risques au cours de leur vie sexuelle.
Les jeunes ayant eu plus de 2 partenaires ou plus déclarant avoir déjà eu des rapports non protégés (n=67) ne se sentaient pas plus vulnérables face aux IST et ne pensaient pas avoir pris plus de risques que les jeunes ayant eu plus de 2 partenaires ou plus déclarant ne pas avoir eu de rapports non protégés au cours de leur vie (n=73)
La confiance envers le partenaire a été la principale évoquée par les jeunes (52%) pour la non-utilisation du préservatif masculin sans connaître le statut sérologique du partenaire. Il n’existait pas de différences significatives entre les femmes et les hommes ou entre les jeunes ayant eu 1 seul partenaire et ceux en ayant eu 2 ou plus.
Il existait des différences significatives entre les hommes (n=40) et les femmes (n=171) sur :
– Le fait de ne pas avoir de préservatif sur soi au moment du rapport (hommes)
– Le fait de ne pas y penser sur le moment (hommes)
– Le fait de ne pas réussir à jouir (hommes)
Il existait des différences significatives entre les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel (n=71) et ceux ayant eu 2 partenaires ou plus (n=140) sur :
– Le fait de ne pas avoir de préservatif sur soi au moment du rapport ( 2 partenaires)
– Le fait d’être en soirée avec consommation d’alcool et/ou de drogues ( 2 partenaires)
– Le fait de ne pas sentir concernés par cette situation (1 seul partenaire)
78% des jeunes (n=211) ont déjà participé à des soirées avec consommation massive d’alcool et/ou de drogues.
18% des jeunes (n=211) déclaraient avoir toujours un préservatif masculin sur eux lorsqu’ils sortaient, 30% en avaient parfois un et 52% déclaraient ne jamais en avoir.
5. Remboursement et prescription des préservatifs masculins (externes)
Pour 46% des jeunes sexuellement actifs (n=211) le remboursement du préservatif masculin n’était pas une incitation à l’utiliser d’avantage et 53% d’entre eux n’iraient pas chez un professionnel de santé pour se faire prescrire des préservatifs masculins.
Biais et limites de l’étude
Il existe dans cette étude certains biais de sélection. En effet, la population n’est pas représentative de la population générale. Les femmes sont bien plus représentées que les hommes (89% contre 11%), ce qui peut être expliqué en partie par le fait que le questionnaire ait été diffusé à partir du réseau de l’enquêteur (femme, étudiante en santé, de 23 ans) avec une population majoritairement féminine, bien qu’il ait été largement partagé par la suite, mais on peut également s’interroger sur l’implication et l’intérêt des hommes dans cette problématique, qui pourrait expliquer un faible taux de réponses de leur part. De plus, la population présente un niveau d’instruction plus élevée que dans la population générale, en effet 95% ont un niveau scolaire entre BAC+1 et BAC+5 ou plus, et parmi eux, 57% sont dans les domaines médicaux ou paramédicaux, ce qui peut laisser penser qu’ils ont un niveau de connaissances plus élevé sur les IST et les méthodes de prévention que la population générale. De plus, les enquêtes KABP (Knowledge, Attitudes, Beliefs and Practices face au VIH) conduites entre 1994 et 2010 par les pouvoirs de santé publique français, confirmaient qu’au plus le diplôme était élevé, au plus les répondants avaient un meilleur score de connaissance (16). Enfin, un des derniers biais identifiés, est le fait que la population est majoritairement hétérosexuelle (95%) or les hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) sont considérés comme une population plus à risque. (17)
Appréciation des connaissances des jeunes
En ce qui concerne le niveau de connaissances des jeunes au sujet des IST et des méthodes de prévention, les résultats montrent que les jeunes ont des connaissances erronées et de fausses croyances alors que 90% estiment avoir des connaissances suffisantes à propos de ces sujets. L’information et la connaissance sont l’une des clés pour avoir une sexualité libre et sans risque, en effet, les jeunes ne peuvent pas avoir un comportement adapté s’ils n’ont pas les bases nécessaires pour se protéger. C’est d’ailleurs pour cela, que la stratégie nationale de santé sexuelle 2017-2030 lancée par le gouvernement, axe sa campagne sur l’information et l’éducation (14).
Il existe notamment des lacunes sur les IST elles-mêmes. Pour les jeunes, le SIDA, les chlamydioses, l’herpès, la syphilis et l’HPV sont les IST qui existent encore majoritairement de nos jours (à respectivement 99%, 86%, 88%, 92% et 85%) en revanche, la gonorrhée qui est en forte recrudescence, l’hépatite B et les mycoplasmes sont des IST beaucoup moins présentes (à respectivement 60%, 46% et 54%). En effet, cela se traduit par 70% des jeunes qui déclarent ne pas connaître ces 8 IST, qui sont les plus fréquentes dans la population générale. De plus, 33% d’entre eux pensent que les IST ont diminué au cours des dernières années. Cela montre qu’il y a un défaut d’information au sujet des IST, les jeunes ne savent pas contre quoi ils se protègent et n’ont pas idée de la fréquence et de la répartition des IST dans la population. En revanche, ils savent que les IST sont souvent asymptomatiques et qu’il est possible d’en guérir seulement certaines. Les conséquences que peuvent avoir les IST sont plutôt bien connues, sauf pour les grossesses extra-utérines, l’augmentation du risque de contamination par la VIH et la transmission de la mère à l’enfant au cours de la grossesse et de l’accouchement.
En ce qui concerne les modes de contamination, pour les jeunes ils sont essentiellement liés aux rapports anaux, vaginaux et oraux mais pas par les caresses et frottements intimes or la syphilis secondaire, l’herpès, les condylomes, les chlamydias et la gonorrhée se transmettent par caresses sexuelles avec un risque élevé (18). Les autres modes de contamination sont moins connus et il existe de fausses-croyances à ces sujets (notamment pour la salive). Les enquêtes KABP révélaient qu’entre 1994 et 2010 le score des connaissances certaines sur les modes de transmissions étaient en baisse chez les 18-30 ans (16). Les résultats laissent à penser que sur la dernière décennie ces connaissances ne se sont pas améliorées.
Renforcer les connaissances sur les modes de contaminations et les sécrétions/liquides biologiques pouvant transmettre les IST, pourrait permettre aux jeunes de mieux comprendre l’intérêt de se protéger, à quel moment se protéger et identifier des situations à risque. Ceci est d’autant plus important que 53% ne savent pas quand utiliser un préservatif masculin (externe) au cours d’un rapport sexuel.
L’utilisation des préservatifs masculins (externes) est reconnue comme étant la méthode principale de prévention contre les IST. Les préservatifs féminins (internes) également, bien qu’ils ne soient que très peu utilisés et que leurs modalités d’utilisation soient peu connues des jeunes. En effet, en ce qui concerne les préservatifs féminins seul 7% des jeunes sexuellement actifs en avaient déjà utilisés et parmi eux 71% n’étaient pas satisfaits. Pour 54% de ceux qui ne les avaient jamais utilisés, l’aspect et la forme était la raison principale de non-utilisation et 32% ne savaient pas les utiliser. Le préservatif masculin reste donc la méthode de prévention principale chez les jeunes.
Le dépistage est reconnu comme étant le deuxième moyen de prévention chez les jeunes mais qu’à 78%, ce qui laisse penser que l’intérêt du dépistage en tant que prévention n’est pas évident chez une partie des jeunes alors que les indications de dépistage semblent assez bien connues. L’étude KABP de 2010 montraient que les 2 moyens considérés comme les plus efficaces par les répondants étaient le préservatif masculin et le dépistage (16), ce qui est en corrélation avec les réponses des jeunes.
Les vaccins quant à eux sont reconnus à 49% comme étant un moyen de prévention alors que la vaccination contre l’hépatite B et l’HPV ont montré leur grande efficacité. Malgré cela, la couverture vaccinales des jeunes restent très insuffisantes (17). L’existence de médicaments, notamment de la PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition), qui peut être prescrite et remboursée au travers d’une Recommandation Temporaire d’Utilisation (RTU) en France depuis 2016, est très peu connue des jeunes ; ce qui peut s’expliquer par le fait qu’elle ne soit essentiellement proposée qu’à des populations considérées à risque (HSH, consommateurs de drogue…) (19). La digue dentaire est également très peu connue. 9% d’entre eux ont tout de même de fausses croyances en ce qui concerne les méthodes de prévention (pilule, stérilet, retrait).
Il semble donc essentiel de renforcer l’intérêt des jeunes pour les méthodes de prévention autre que les préservatifs et notamment pour le dépistage qui est facilement accessible, permet d’être pris en charge précocement si besoin, de protéger ses partenaires et de limiter la propagation des IST. Les campagnes vaccinales auprès des jeunes doivent également être renforcées mais il faut aussi que les fausses-croyances cessent d’être véhiculées. Cela passe par des campagnes d’informations et de prévention, des séances d’éducation à la sexualité et des entretiens avec des professionnels de santé.
Pour les jeunes, la source principale d’information au sujet de la sexualité, de la contraception et des IST, est les interventions en milieu scolaire (71%). En effet, la loi Aubry du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, a rendu obligatoire l’« information et l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène » (20). Les jeunes ayant répondu à l’enquête ont théoriquement bénéficié de cette loi au cours de leur scolarité, pourtant leur niveau de connaissances reste insuffisant et ne leur permet pas d’avoir une sexualité sans risque. Dans les faits, l’éducation à la sexualité est dispensée de manière inégale et non satisfaisante sur l’ensemble du territoire (21). D’après le baromètre réalisé par le Haut Conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes (HCE), 25% des écoles déclaraient n’avoir mis en place aucune action d’éducation à la sexualité et seul 10 à 21% des élèves recevraient le nombre de séances d’éducation à la sexualité prévues par la loi (22,23). Ceci peut remettre en cause l’intérêt et l’efficacité de ces séances dispensées en milieu scolaire. Le contenu et la manière d’aborder ces sujets permettent-ils aux jeunes de se sentir concernés et d’assimiler les connaissances qui leurs seront utiles pour leur vie sexuelle ? Le milieu scolaire est-il adapté pour ces séances ? La formation des personnes qui délivrent l’information est-elle suffisante ? Le baromètre du HCE révélait que les personnels de l’Éducation nationale sont très peu formés à l’éducation à la sexualité et lorsque celle-ci est intégrée aux enseignements, elle est largement concentrée sur les sciences (reproduction) (23).
La seconde source d’information des jeunes est internet (56%), outil devenu incontournable de nos jours. En effet, il existe de nombreux sites d’informations officiels mis en place par Santé Publique France comme http://www.onsexprime.fr/, https://www.choisirsacontraception.fr/ ou encore http://www.info-ist.fr/index.html, qui permettent de répondre à l’ensemble des questions que peuvent se poser les jeunes, de manière simple et didactique. La promotion plus large de ces sites internet pourrait permettre aux jeunes de s’informer de manière efficace et autonome sur la sexualité, les IST, les méthodes de prévention et la contraception. Mais pourquoi ne pas se servir des sites et réseaux sociaux, très fréquentés par les jeunes, pour mettre en place des actions de prévention supplémentaires ? Ou encore faire de ces sites, des applications disponibles sur smartphone ?
Enfin la troisième source d’informations des jeunes est les professionnels de santé (53%), qui ont un rôle primordial en termes de prévention en santé. Il existe notamment pour les jeunes filles de 15 à 17 ans inclus, une 1ère consultation de contraception et de prévention des infections sexuellement transmissibles à 46 euros remboursée pouvant être effectuée aussi bien par les sages-femmes que les médecins (24,25), mais qu’en est-il des jeunes hommes ? Pourquoi ne pas généraliser et promouvoir ces consultations par les professionnels de santé à l’ensemble des jeunes entrant dans la vie sexuelle et affective ? Ces consultations privées, sous le secret professionnel et chez un professionnel avec qui les jeunes ont souvent établi une relation de confiance, permettraient sans doute aux jeunes de pouvoir mieux s’exprimer et aux professionnels de cibler au mieux leurs besoins.
La stratégie nationale de santé sexuelle, à travers ses objectifs, a pour but de répondre à certaines des problématiques soulevées ici, de développer plus largement l’information et l’éducation des jeunes, et pas seulement en milieu scolaire, promouvoir l’utilisation des sites internet ainsi que de renforcer la formation des professionnels de santé (14). Dans cette stratégie, a également été inclus, l’instauration d’un service sanitaire pour tous les étudiants en santé dans le but de promouvoir la santé, et dont une des thématiques est l’éducation à la sexualité (26). Or, la formation et les connaissances des étudiants sont-elles suffisantes pour aller diffuser une information dans les établissements scolaires ? Bien que 57% des jeunes ayant répondu au questionnaire soit dans le domaine de la santé, nous remarquons que les connaissances restent parfois insuffisantes. Il existe tout de même dans le cadre du service sanitaire une formation supplémentaire des jeunes dans les thématiques qu’ils doivent aborder auprès des jeunes des établissements scolaires, mais cette formation suffit-elle à pallier le manque de connaissances ? Pour les jeunes, les lieux et les professionnels de santé chez qui ils peuvent trouver des informations et avoir recours à des tests de dépistage sont les médecins généralistes (94%), les gynécologues (94%), les sages-femmes (83%), les Centres de Planification et d’Éducation Familial (CPEF ou Planning Familial) (90%) et les Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic (CeGIDD) (95%). Cela montre l’importance des professionnels de santé et de leur formation dans cette thématique, mais également des instances mises en place par le gouvernement, qui semblent être très bien connues des jeunes. Cela montre aussi que les jeunes savent vers qui se tourner s’ils en ont besoin. Enfin, ils savent que les CeGIDD mis en place depuis 2016, les CPEF et les associations sont des lieux où ils peuvent facilement avoir accès à des préservatifs masculins gratuits. Le rapport du Conseil National du SIDA et des hépatites virales (CNS) de 2017 relevait une relative méconnaissance des structures dédiées à la santé sexuelle. Pour les jeunes du rapport du CNS, il s’agissait surtout des cabinets médicaux, du planning familial et des associations de lutte contre le SIDA ou LGBT, loin devant les CeGIDD et structures hospitalières (22), alors que pour les jeunes répondants à l’enquête ici, les CeGIDD semblaient être les plus connus en 2019. En revanche, 42% des jeunes au moment du questionnaire ne savaient pas que les préservatifs masculins pouvaient être remboursés sur prescription médicale, ce qui peut s’expliquer par la mise en place récente de cette mesure (décembre 2018) (27) mais peut-être également par le manque de diffusion de l’information auprès des jeunes et des professionnels de santé.
Pratiques et comportements sexuels : identification des freins et leviers à l’utilisation des préservatifs masculins (externes) et féminins (internes)
Les conduites sexuelles à risque sont définies notamment par le fait d’avoir des relations sexuelles avec des partenaires multiples, des rapports non protégés, des pratiques sexuelles anales ou orales.
Les pratiques sexuelles les plus répandues chez les jeunes ayant répondu sont la pénétration vaginale (99%), les caresses et frottements intimes (97%), la fellation (88%) et le cunnilingus (80%). Ils déclarent se protéger significativement pour la pénétration vaginale, l’anulingus et la pénétration anale. En revanche pour la fellation, le cunnilingus et les caresses et les frottements intimes, le taux de protection est très faible (respectivement à 17%, 8% et 9,5%). Dans les faits, la quasi-totalité des jeunes n’ont des rapports que partiellement protégés (lorsqu’ils se protègent), ce qui contribue très certainement à entretenir la propagation de certaines IST transmissibles par ces voies-là.
Si les caresses et frottements intimes ne sont pas reconnus par les jeunes comme étant un mode de contamination, en revanche les rapports oraux le sont. Les jeunes s’exposent donc à des risques d’être contaminés en connaissance de causes lors de certaines pratiques sexuelles.
De même, 40% des jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, déclarent s’exposer à des rapports non protégés systématiquement et 43% ne font pas des tests de dépistage systématiquement avant d’avoir un rapport non protégé. Il ressort également dans l’enquête que les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, ont significativement plus recours aux pratiques anales que les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel. Les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, sont de par leurs partenaires multiples et leurs pratiques, une population plus à risque, bien qu’en réalité, la majorité des jeunes s’exposent à des risques. Mais ont-ils vraiment conscience des risques qu’ils prennent ? 56% des jeunes interrogés ne se sentent pas vulnérables face aux IST, en revanche 64% d’entre eux pensent avoir pris des risques au cours de leur vie sexuelle, ce qui montre qu’ils ont une certaine conscience des risques auxquels ils s’exposent.
Le dictionnaire Larousse définit le risque comme étant un « danger, inconvénient, plus ou moins probable auquel on est exposé » ou encore comme le « fait de s’engager dans une action qui pourrait apporter un avantage mais qui comporte l’éventualité d’un danger ». On peut supposer que le caractère probabiliste de la survenue du danger induit chez les jeunes ce sentiment d’invulnérabilité et cette prise de risque, dans l’esprit « ça n’arrive qu’aux autres ». Cependant pour de nombreux auteurs, les conduites à risques sont influencées par la personnalité de l’individu et permettrait à l’individu de se construire, de sentir exister et traduisent souvent un mal-être. Elles traduisent aussi la recherche de sensations et de nouveautés. Elles feraient partie du processus normal du développement de l’individu. Les prises de risque seraient donc une phase « normale » du développement des jeunes. (28–31)
En ce qui concerne les raisons de la non-utilisation du préservatif masculin par les jeunes, lorsqu’ils ne connaissent pas le statut sérologique de leur partenaire, la raison principale évoquée est la confiance envers le partenaire (52%). Il n’existe pas de différence significative entre les hommes et les femmes, ni entre les jeunes ayant eu 1 partenaire ou les jeunes ayant eu 2 partenaires ou plus. La confiance est définie dans le dictionnaire Larousse comme étant le « sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre », mais comment se fier entièrement à quelqu’un en matière de sexualité lorsqu’on ne connaît pas le statut sérologique de son partenaire, sachant que la majorité des IST sont asymptomatiques ? Sur quels critères de « confiance » les jeunes se basent-ils ? L’enquête KABP de 2010 montrait que les croyances en l’efficacité des stratégies centrées sur le choix et la communication avec le partenaire telles que « poser des questions à son/sa partenaire sur sa vie sexuelle passée » et de « choisir correctement ses partenaires » restaient partagées par près de 50% des répondants (16). Cette tendance semble perdurer au fil des années. De plus, cette enquête révèle également que 15% des répondants pensaient que « quand on s’aime, on n’a pas besoin de préservatif » ou encore que le « le préservatif, ça crée des doutes sur le partenaire ». (16) La confiance envers le partenaire est un frein à l’utilisation du préservatif masculin sur lequel il semble difficile d’agir.
La seconde raison évoquée est le fait que les jeunes n’ont pas de préservatif masculin sur eux, cela concerne significativement plus les hommes que les femmes et plus les jeunes ayant eu 2 partenaires ou plus au cours de leur vie sexuelle. 18% des jeunes déclarent avoir toujours un préservatif masculin sur eux lorsqu’ils sortent, 30% en ont parfois un et 52% déclarent ne jamais en avoir. Inciter les jeunes à toujours sortir avec un préservatif sur eux peut-être une solution simple pour réduire ce risque.
|
Table des matières
I. Introduction
II. Méthode et matériel
1. Protocole d’étude
2. Population étudiée
3. Variables à mesurer
4. Recueil de données
III. Résultats
1. Description de la population
2. Connaissances de la population
3. Pratiques, comportements sexuels et modalités d’utilisation des préservatifs masculins (externes) et féminins (internes) chez les jeunes
4. Prises de risques et perception des risques chez les jeunes
5. Remboursement et prescription des préservatifs masculins (externes)
IV. Analyse et discussion
1. Biais et limites de l’étude
2. Appréciation des connaissances des jeunes
3. Pratiques et comportements sexuels : identification des freins et leviers à l’utilisation des préservatifs masculins (externes) et féminins (internes) chez les jeunes
4. Remboursement et prescription des préservatifs masculins (externes) : impact chez les jeunes
V. Conclusion
VI. Bibliographie
Télécharger le rapport complet