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Variables ร mesurer
Qualitatives :
– Sexe
– Niveau et domaine dโรฉtude
– Orientation sexuelle
– Statut
– Ressenti sur les connaissances et le niveau dโinformation
– Moyens dโinformations
– Connaissances sur les IST et les prรฉservatifs masculins et fรฉminins
– Modalitรฉs dโutilisation des prรฉservatifs masculins
– Utilisation du prรฉservatif fรฉminin
– Pratiques sexuelles
– Modalitรฉs de recours au dรฉpistage
– Raisons pour lesquelles le prรฉservatif masculin nโest pas utilisรฉ
– Rapports non protรฉgรฉs au cours de leur vie
– Prise de risques chez les jeunes
– Perception du risque chez les jeunes
– Utilisation des rรฉseaux sociaux dans le but de faire des rencontres ร caractรจre sexuel
– Participation ร des รฉvรฉnements ร risque
– Sensation de vulnรฉrabilitรฉ chez les jeunes
– Honte dโacheter des prรฉservatifs masculins
– Influence du remboursement et de la prescription des prรฉservatifs masculins
Quantitatives :
– Age : annรฉe
– Age moyen du premier rapport : annรฉe
– Nombre moyen de partenaires
– Durรฉe couple / cรฉlibat : mois
Recueil de donnรฉes
โข Outil de recueil de donnรฉes et modalitรฉs de recueil :
Lโoutil de recueil qui a รฉtรฉ choisi pour rรฉaliser cette รฉtude est un questionnaire anonyme crรฉรฉ via GoogleForms et diffusรฉ sur les rรฉseaux sociaux pendant 3 mois, le but รฉtant de recueillir un maximum de rรฉponses de jeunes avec des profils diffรฉrents. Les rรฉponses ont รฉtรฉ recueillies grรขce aux partages du questionnaire via les utilisateurs des rรฉseaux sociaux.
Le questionnaire se dรฉcompose en plusieurs parties (annexe 1) :
– Un questionnaire pour recueillir les caractรฉristiques de la population (9 questions) : sexe, รขge, lieu de rรฉsidence, niveau dโรฉtude, domaine dโรฉtude, le ressenti sur les connaissances en matiรจre dโIST et sexualitรฉ, les niveaux et moyens dโinformations reรงues
– Un questionnaire commun ร tous les jeunes qui porte sur leurs connaissances en matiรจre dโIST et dโutilisation des prรฉservatifs masculins et fรฉminins. (15 questions)
– 4 questionnaires portant sur les comportements sexuels, les modalitรฉs dโutilisation des prรฉservatifs masculins et fรฉminins et les modalitรฉs de recours au dรฉpistage, chez :
o Les cรฉlibataires ayant eu 1 seul partenaire sexuel (26 questions)
o Les cรฉlibataires ayant eu plus de 2 partenaires sexuels (30 questions)
o Les jeunes en couple ayant eu 1 seul partenaire (29 questions)
o Les jeunes en couple ayant eu plus de 2 partenaires sexuels (36 questions)
Les jeunes nโayant jamais eu de partenaire sexuel, nโont rรฉpondu quโร la partie du questionnaire de connaissance.
Le questionnaire a รฉtรฉ dรฉcomposรฉ de cette maniรจre aprรจs une phase test et des rรฉajustements, afin que les questions correspondent au profil de chaque jeune, quโils puissent se sentir concernรฉs et rรฉpondre en fonction de leur situation. La majoritรฉ des questions sont ร choix multiples, certaines ร choix uniques.
A la fin du questionnaire, aprรจs que les rรฉponses aient รฉtรฉ envoyรฉes, il a รฉtรฉ mis ร disposition un document reprenant les questions de la partie questionnaire de connaissances avec les rรฉponses exactes et leurs explications dans le but de faire une premiรจre action de rappels et/ou de prรฉvention (annexe 2).
โข Analyse statistique :
Les donnรฉes ont รฉtรฉ recueillies sur le logiciel Excel avec un codage spรฉcifique afin de pouvoir analyser les rรฉponses. Des variables qualitatives et quantitatives ont รฉtรฉ mesurรฉes.
Lโanalyse descriptive (pourcentages, moyennes) a รฉtรฉ rรฉalisรฉ ร partir dโExcel. Des tests de comparaisons entre les donnรฉes qualitatives ont รฉtรฉ rรฉalisรฉ ร partir du logiciel XL Stat grรขce au test du Khi 2 avec un risque alpha fixรฉ ร 5%.
Pratiques, comportements sexuels et modalitรฉs dโutilisation des prรฉservatifs masculins (externes) et fรฉminins (internes) chez les jeunes
Seuls les jeunes ayant dรฉjร eu 1 ou plusieurs partenaires sexuels avaient rรฉpondu ร cette partie de lโenquรชte (n=211). Plusieurs sous-groupes ont รฉtรฉ rรฉalisรฉ.
61% des jeunes dรฉclaraient avoir eu 2 partenaires sexuels (n=140) ou plus au moment de lโenquรชte contre 31% qui dรฉclaraient nโen avoir eu quโun seul (n=71).
Les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel (n=71) :
– Dรฉclaraient avoir utiliser le prรฉservatif masculin lors de leur premiรจre fois avec leur partenaire actuel ร 86%
– 87% dรฉclaraient lโavoir utilisรฉ comme moyen de contraception, 90% comme moyen de prรฉvention contre les IST
– 44% avaient eu recours aux tests de dรฉpistage avant dโavoir des rapports non protรฉgรฉs, 14% aprรจs avoir eu des rapports non protรฉgรฉs, 8% en continuant dโavoir des rapports protรฉgรฉs et 32% dรฉclaraient nโen avoir jamais fait.
Les jeunes en couple ayant eu 2 partenaires ou plus (n=84) avec leur partenaire actuel :
– Dรฉclaraient ร 82% avoir utilisรฉs le prรฉservatif masculin pour la premiรจre fois avec leur partenaire actuel.
– 72% dรฉclaraient lโavoir utilisรฉ comme moyen de contraception, 77% comme moyen de prรฉvention contre les IST.
– 18% dโentre eux utilisaient toujours le prรฉservatif masculin, 73% ne lโutilisaient plus et 8% dโentre eux ne lโavaient jamais utilisรฉ.
– 56% dโentre eux avaient eu recours aux tests de dรฉpistage avant dโavoir des rapports non protรฉgรฉs, 19% aprรจs avoir eu des rapports non protรฉgรฉs et 25% nโen avaient jamais fait.
Prises de risques et perception des risques chez les jeunes
Il existait une diffรฉrence significative (p-value = 0,020*) entre le nombre de partenaires chez les jeunes en couple sexuellement actif (n=138) et les jeunes cรฉlibataires sexuellement actif (n=73). Les cรฉlibataires avaient plus de partenaires sexuels que les jeunes en couple.
56% des jeunes sexuellement actifs (n=211) ne se sentaient pas vulnรฉrables face aux IST et 64% dโentre eux ne pensaient pas avoir pris de risque au cours de leur vie sexuelle.
Les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus au cours de la vie (n=140) ne se sentaient pas plus vulnรฉrables face aux IST que les jeunes ayant eu 1 seul partenaire (n=71). En revanche, ils pensaient significativement (p-value = 0,036*) avoir pris plus de risques au cours de leur vie sexuelle.
Les jeunes ayant eu plus de 2 partenaires ou plus dรฉclarant avoir dรฉjร eu des rapports non protรฉgรฉs (n=67) ne se sentaient pas plus vulnรฉrables face aux IST et ne pensaient pas avoir pris plus de risques que les jeunes ayant eu plus de 2 partenaires ou plus dรฉclarant ne pas avoir eu de rapports non protรฉgรฉs au cours de leur vie (n=73)
La confiance envers le partenaire a รฉtรฉ la principale รฉvoquรฉe par les jeunes (52%) pour la non-utilisation du prรฉservatif masculin sans connaรฎtre le statut sรฉrologique du partenaire. Il nโexistait pas de diffรฉrences significatives entre les femmes et les hommes ou entre les jeunes ayant eu 1 seul partenaire et ceux en ayant eu 2 ou plus.
Il existait des diffรฉrences significatives entre les hommes (n=40) et les femmes (n=171) sur :
– Le fait de ne pas avoir de prรฉservatif sur soi au moment du rapport (hommes)
– Le fait de ne pas y penser sur le moment (hommes)
– Le fait de ne pas rรฉussir ร jouir (hommes)
Il existait des diffรฉrences significatives entre les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel (n=71) et ceux ayant eu 2 partenaires ou plus (n=140) sur :
– Le fait de ne pas avoir de prรฉservatif sur soi au moment du rapport (๏ณ 2 partenaires)
– Le fait dโรชtre en soirรฉe avec consommation dโalcool et/ou de drogues (๏ณ 2 partenaires)
– Le fait de ne pas sentir concernรฉs par cette situation (1 seul partenaire)
78% des jeunes (n=211) ont dรฉjร participรฉ ร des soirรฉes avec consommation massive dโalcool et/ou de drogues.
18% des jeunes (n=211) dรฉclaraient avoir toujours un prรฉservatif masculin sur eux lorsquโils sortaient, 30% en avaient parfois un et 52% dรฉclaraient ne jamais en avoir.
5. Remboursement et prescription des prรฉservatifs masculins (externes)
Pour 46% des jeunes sexuellement actifs (n=211) le remboursement du prรฉservatif masculin nโรฉtait pas une incitation ร lโutiliser dโavantage et 53% dโentre eux nโiraient pas chez un professionnel de santรฉ pour se faire prescrire des prรฉservatifs masculins.
Biais et limites de lโรฉtude
Il existe dans cette รฉtude certains biais de sรฉlection. En effet, la population nโest pas reprรฉsentative de la population gรฉnรฉrale. Les femmes sont bien plus reprรฉsentรฉes que les hommes (89% contre 11%), ce qui peut รชtre expliquรฉ en partie par le fait que le questionnaire ait รฉtรฉ diffusรฉ ร partir du rรฉseau de lโenquรชteur (femme, รฉtudiante en santรฉ, de 23 ans) avec une population majoritairement fรฉminine, bien quโil ait รฉtรฉ largement partagรฉ par la suite, mais on peut รฉgalement sโinterroger sur lโimplication et lโintรฉrรชt des hommes dans cette problรฉmatique, qui pourrait expliquer un faible taux de rรฉponses de leur part. De plus, la population prรฉsente un niveau dโinstruction plus รฉlevรฉe que dans la population gรฉnรฉrale, en effet 95% ont un niveau scolaire entre BAC+1 et BAC+5 ou plus, et parmi eux, 57% sont dans les domaines mรฉdicaux ou paramรฉdicaux, ce qui peut laisser penser quโils ont un niveau de connaissances plus รฉlevรฉ sur les IST et les mรฉthodes de prรฉvention que la population gรฉnรฉrale. De plus, les enquรชtes KABP (Knowledge, Attitudes, Beliefs and Practices face au VIH) conduites entre 1994 et 2010 par les pouvoirs de santรฉ publique franรงais, confirmaient quโau plus le diplรดme รฉtait รฉlevรฉ, au plus les rรฉpondants avaient un meilleur score de connaissance (16). Enfin, un des derniers biais identifiรฉs, est le fait que la population est majoritairement hรฉtรฉrosexuelle (95%) or les hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) sont considรฉrรฉs comme une population plus ร risque. (17)
Apprรฉciation des connaissances des jeunes
En ce qui concerne le niveau de connaissances des jeunes au sujet des IST et des mรฉthodes de prรฉvention, les rรฉsultats montrent que les jeunes ont des connaissances erronรฉes et de fausses croyances alors que 90% estiment avoir des connaissances suffisantes ร propos de ces sujets. Lโinformation et la connaissance sont lโune des clรฉs pour avoir une sexualitรฉ libre et sans risque, en effet, les jeunes ne peuvent pas avoir un comportement adaptรฉ sโils nโont pas les bases nรฉcessaires pour se protรฉger. Cโest dโailleurs pour cela, que la stratรฉgie nationale de santรฉ sexuelle 2017-2030 lancรฉe par le gouvernement, axe sa campagne sur lโinformation et lโรฉducation (14).
Il existe notamment des lacunes sur les IST elles-mรชmes. Pour les jeunes, le SIDA, les chlamydioses, lโherpรจs, la syphilis et lโHPV sont les IST qui existent encore majoritairement de nos jours (ร respectivement 99%, 86%, 88%, 92% et 85%) en revanche, la gonorrhรฉe qui est en forte recrudescence, lโhรฉpatite B et les mycoplasmes sont des IST beaucoup moins prรฉsentes (ร respectivement 60%, 46% et 54%). En effet, cela se traduit par 70% des jeunes qui dรฉclarent ne pas connaรฎtre ces 8 IST, qui sont les plus frรฉquentes dans la population gรฉnรฉrale. De plus, 33% dโentre eux pensent que les IST ont diminuรฉ au cours des derniรจres annรฉes. Cela montre quโil y a un dรฉfaut dโinformation au sujet des IST, les jeunes ne savent pas contre quoi ils se protรจgent et nโont pas idรฉe de la frรฉquence et de la rรฉpartition des IST dans la population. En revanche, ils savent que les IST sont souvent asymptomatiques et quโil est possible dโen guรฉrir seulement certaines. Les consรฉquences que peuvent avoir les IST sont plutรดt bien connues, sauf pour les grossesses extra-utรฉrines, lโaugmentation du risque de contamination par la VIH et la transmission de la mรจre ร lโenfant au cours de la grossesse et de lโaccouchement.
En ce qui concerne les modes de contamination, pour les jeunes ils sont essentiellement liรฉs aux rapports anaux, vaginaux et oraux mais pas par les caresses et frottements intimes or la syphilis secondaire, lโherpรจs, les condylomes, les chlamydias et la gonorrhรฉe se transmettent par caresses sexuelles avec un risque รฉlevรฉ (18). Les autres modes de contamination sont moins connus et il existe de fausses-croyances ร ces sujets (notamment pour la salive). Les enquรชtes KABP rรฉvรฉlaient quโentre 1994 et 2010 le score des connaissances certaines sur les modes de transmissions รฉtaient en baisse chez les 18-30 ans (16). Les rรฉsultats laissent ร penser que sur la derniรจre dรฉcennie ces connaissances ne se sont pas amรฉliorรฉes.
Renforcer les connaissances sur les modes de contaminations et les sรฉcrรฉtions/liquides biologiques pouvant transmettre les IST, pourrait permettre aux jeunes de mieux comprendre lโintรฉrรชt de se protรฉger, ร quel moment se protรฉger et identifier des situations ร risque. Ceci est dโautant plus important que 53% ne savent pas quand utiliser un prรฉservatif masculin (externe) au cours dโun rapport sexuel.
Lโutilisation des prรฉservatifs masculins (externes) est reconnue comme รฉtant la mรฉthode principale de prรฉvention contre les IST. Les prรฉservatifs fรฉminins (internes) รฉgalement, bien quโils ne soient que trรจs peu utilisรฉs et que leurs modalitรฉs dโutilisation soient peu connues des jeunes. En effet, en ce qui concerne les prรฉservatifs fรฉminins seul 7% des jeunes sexuellement actifs en avaient dรฉjร utilisรฉs et parmi eux 71% nโรฉtaient pas satisfaits. Pour 54% de ceux qui ne les avaient jamais utilisรฉs, lโaspect et la forme รฉtait la raison principale de non-utilisation et 32% ne savaient pas les utiliser. Le prรฉservatif masculin reste donc la mรฉthode de prรฉvention principale chez les jeunes.
Le dรฉpistage est reconnu comme รฉtant le deuxiรจme moyen de prรฉvention chez les jeunes mais quโร 78%, ce qui laisse penser que lโintรฉrรชt du dรฉpistage en tant que prรฉvention nโest pas รฉvident chez une partie des jeunes alors que les indications de dรฉpistage semblent assez bien connues. Lโรฉtude KABP de 2010 montraient que les 2 moyens considรฉrรฉs comme les plus efficaces par les rรฉpondants รฉtaient le prรฉservatif masculin et le dรฉpistage (16), ce qui est en corrรฉlation avec les rรฉponses des jeunes.
Les vaccins quant ร eux sont reconnus ร 49% comme รฉtant un moyen de prรฉvention alors que la vaccination contre lโhรฉpatite B et lโHPV ont montrรฉ leur grande efficacitรฉ. Malgrรฉ cela, la couverture vaccinales des jeunes restent trรจs insuffisantes (17). Lโexistence de mรฉdicaments, notamment de la PrEP (Prophylaxie Prรฉ-Exposition), qui peut รชtre prescrite et remboursรฉe au travers dโune Recommandation Temporaire dโUtilisation (RTU) en France depuis 2016, est trรจs peu connue des jeunes ; ce qui peut sโexpliquer par le fait quโelle ne soit essentiellement proposรฉe quโร des populations considรฉrรฉes ร risque (HSH, consommateurs de drogueโฆ) (19). La digue dentaire est รฉgalement trรจs peu connue. 9% dโentre eux ont tout de mรชme de fausses croyances en ce qui concerne les mรฉthodes de prรฉvention (pilule, stรฉrilet, retrait).
Il semble donc essentiel de renforcer lโintรฉrรชt des jeunes pour les mรฉthodes de prรฉvention autre que les prรฉservatifs et notamment pour le dรฉpistage qui est facilement accessible, permet dโรชtre pris en charge prรฉcocement si besoin, de protรฉger ses partenaires et de limiter la propagation des IST. Les campagnes vaccinales auprรจs des jeunes doivent รฉgalement รชtre renforcรฉes mais il faut aussi que les fausses-croyances cessent dโรชtre vรฉhiculรฉes. Cela passe par des campagnes dโinformations et de prรฉvention, des sรฉances dโรฉducation ร la sexualitรฉ et des entretiens avec des professionnels de santรฉ.
Pour les jeunes, la source principale dโinformation au sujet de la sexualitรฉ, de la contraception et des IST, est les interventions en milieu scolaire (71%). En effet, la loi Aubry du 4 juillet 2001 relative ร l’interruption volontaire de grossesse et ร la contraception, a rendu obligatoire lโยซ information et lโรฉducation ร la sexualitรฉ dans les รฉcoles, les collรจges et les lycรฉes ร raison d’au moins trois sรฉances annuelles et par groupes d’รขge homogรจne ยป (20). Les jeunes ayant rรฉpondu ร lโenquรชte ont thรฉoriquement bรฉnรฉficiรฉ de cette loi au cours de leur scolaritรฉ, pourtant leur niveau de connaissances reste insuffisant et ne leur permet pas dโavoir une sexualitรฉ sans risque. Dans les faits, lโรฉducation ร la sexualitรฉ est dispensรฉe de maniรจre inรฉgale et non satisfaisante sur lโensemble du territoire (21). Dโaprรจs le baromรจtre rรฉalisรฉ par le Haut Conseil ร lโEgalitรฉ entre les hommes et les femmes (HCE), 25% des รฉcoles dรฉclaraient nโavoir mis en place aucune action dโรฉducation ร la sexualitรฉ et seul 10 ร 21% des รฉlรจves recevraient le nombre de sรฉances dโรฉducation ร la sexualitรฉ prรฉvues par la loi (22,23). Ceci peut remettre en cause lโintรฉrรชt et lโefficacitรฉ de ces sรฉances dispensรฉes en milieu scolaire. Le contenu et la maniรจre dโaborder ces sujets permettent-ils aux jeunes de se sentir concernรฉs et dโassimiler les connaissances qui leurs seront utiles pour leur vie sexuelle ? Le milieu scolaire est-il adaptรฉ pour ces sรฉances ? La formation des personnes qui dรฉlivrent lโinformation est-elle suffisante ? Le baromรจtre du HCE rรฉvรฉlait que les personnels de lโรducation nationale sont trรจs peu formรฉs ร lโรฉducation ร la sexualitรฉ et lorsque celle-ci est intรฉgrรฉe aux enseignements, elle est largement concentrรฉe sur les sciences (reproduction) (23).
La seconde source dโinformation des jeunes est internet (56%), outil devenu incontournable de nos jours. En effet, il existe de nombreux sites dโinformations officiels mis en place par Santรฉ Publique France comme http://www.onsexprime.fr/, https://www.choisirsacontraception.fr/ ou encore http://www.info-ist.fr/index.html, qui permettent de rรฉpondre ร lโensemble des questions que peuvent se poser les jeunes, de maniรจre simple et didactique. La promotion plus large de ces sites internet pourrait permettre aux jeunes de sโinformer de maniรจre efficace et autonome sur la sexualitรฉ, les IST, les mรฉthodes de prรฉvention et la contraception. Mais pourquoi ne pas se servir des sites et rรฉseaux sociaux, trรจs frรฉquentรฉs par les jeunes, pour mettre en place des actions de prรฉvention supplรฉmentaires ? Ou encore faire de ces sites, des applications disponibles sur smartphone ?
Enfin la troisiรจme source dโinformations des jeunes est les professionnels de santรฉ (53%), qui ont un rรดle primordial en termes de prรฉvention en santรฉ. Il existe notamment pour les jeunes filles de 15 ร 17 ans inclus, une 1รจre consultation de contraception et de prรฉvention des infections sexuellement transmissibles ร 46 euros remboursรฉe pouvant รชtre effectuรฉe aussi bien par les sages-femmes que les mรฉdecins (24,25), mais quโen est-il des jeunes hommes ? Pourquoi ne pas gรฉnรฉraliser et promouvoir ces consultations par les professionnels de santรฉ ร lโensemble des jeunes entrant dans la vie sexuelle et affective ? Ces consultations privรฉes, sous le secret professionnel et chez un professionnel avec qui les jeunes ont souvent รฉtabli une relation de confiance, permettraient sans doute aux jeunes de pouvoir mieux sโexprimer et aux professionnels de cibler au mieux leurs besoins.
La stratรฉgie nationale de santรฉ sexuelle, ร travers ses objectifs, a pour but de rรฉpondre ร certaines des problรฉmatiques soulevรฉes ici, de dรฉvelopper plus largement lโinformation et lโรฉducation des jeunes, et pas seulement en milieu scolaire, promouvoir lโutilisation des sites internet ainsi que de renforcer la formation des professionnels de santรฉ (14). Dans cette stratรฉgie, a รฉgalement รฉtรฉ inclus, lโinstauration dโun service sanitaire pour tous les รฉtudiants en santรฉ dans le but de promouvoir la santรฉ, et dont une des thรฉmatiques est lโรฉducation ร la sexualitรฉ (26). Or, la formation et les connaissances des รฉtudiants sont-elles suffisantes pour aller diffuser une information dans les รฉtablissements scolaires ? Bien que 57% des jeunes ayant rรฉpondu au questionnaire soit dans le domaine de la santรฉ, nous remarquons que les connaissances restent parfois insuffisantes. Il existe tout de mรชme dans le cadre du service sanitaire une formation supplรฉmentaire des jeunes dans les thรฉmatiques quโils doivent aborder auprรจs des jeunes des รฉtablissements scolaires, mais cette formation suffit-elle ร pallier le manque de connaissances ? Pour les jeunes, les lieux et les professionnels de santรฉ chez qui ils peuvent trouver des informations et avoir recours ร des tests de dรฉpistage sont les mรฉdecins gรฉnรฉralistes (94%), les gynรฉcologues (94%), les sages-femmes (83%), les Centres de Planification et dโรducation Familial (CPEF ou Planning Familial) (90%) et les Centres Gratuits dโInformation, de Dรฉpistage et de Diagnostic (CeGIDD) (95%). Cela montre lโimportance des professionnels de santรฉ et de leur formation dans cette thรฉmatique, mais รฉgalement des instances mises en place par le gouvernement, qui semblent รชtre trรจs bien connues des jeunes. Cela montre aussi que les jeunes savent vers qui se tourner sโils en ont besoin. Enfin, ils savent que les CeGIDD mis en place depuis 2016, les CPEF et les associations sont des lieux oรน ils peuvent facilement avoir accรจs ร des prรฉservatifs masculins gratuits. Le rapport du Conseil National du SIDA et des hรฉpatites virales (CNS) de 2017 relevait une relative mรฉconnaissance des structures dรฉdiรฉes ร la santรฉ sexuelle. Pour les jeunes du rapport du CNS, il sโagissait surtout des cabinets mรฉdicaux, du planning familial et des associations de lutte contre le SIDA ou LGBT, loin devant les CeGIDD et structures hospitaliรจres (22), alors que pour les jeunes rรฉpondants ร lโenquรชte ici, les CeGIDD semblaient รชtre les plus connus en 2019. En revanche, 42% des jeunes au moment du questionnaire ne savaient pas que les prรฉservatifs masculins pouvaient รชtre remboursรฉs sur prescription mรฉdicale, ce qui peut sโexpliquer par la mise en place rรฉcente de cette mesure (dรฉcembre 2018) (27) mais peut-รชtre รฉgalement par le manque de diffusion de lโinformation auprรจs des jeunes et des professionnels de santรฉ.
Pratiques et comportements sexuels : identification des freins et leviers ร lโutilisation des prรฉservatifs masculins (externes) et fรฉminins (internes)
Les conduites sexuelles ร risque sont dรฉfinies notamment par le fait dโavoir des relations sexuelles avec des partenaires multiples, des rapports non protรฉgรฉs, des pratiques sexuelles anales ou orales.
Les pratiques sexuelles les plus rรฉpandues chez les jeunes ayant rรฉpondu sont la pรฉnรฉtration vaginale (99%), les caresses et frottements intimes (97%), la fellation (88%) et le cunnilingus (80%). Ils dรฉclarent se protรฉger significativement pour la pรฉnรฉtration vaginale, lโanulingus et la pรฉnรฉtration anale. En revanche pour la fellation, le cunnilingus et les caresses et les frottements intimes, le taux de protection est trรจs faible (respectivement ร 17%, 8% et 9,5%). Dans les faits, la quasi-totalitรฉ des jeunes nโont des rapports que partiellement protรฉgรฉs (lorsquโils se protรจgent), ce qui contribue trรจs certainement ร entretenir la propagation de certaines IST transmissibles par ces voies-lร .
Si les caresses et frottements intimes ne sont pas reconnus par les jeunes comme รฉtant un mode de contamination, en revanche les rapports oraux le sont. Les jeunes sโexposent donc ร des risques dโรชtre contaminรฉs en connaissance de causes lors de certaines pratiques sexuelles.
De mรชme, 40% des jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, dรฉclarent sโexposer ร des rapports non protรฉgรฉs systรฉmatiquement et 43% ne font pas des tests de dรฉpistage systรฉmatiquement avant dโavoir un rapport non protรฉgรฉ. Il ressort รฉgalement dans lโenquรชte que les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, ont significativement plus recours aux pratiques anales que les jeunes ayant eu 1 seul partenaire sexuel. Les jeunes ayant eu 2 partenaires sexuels ou plus, sont de par leurs partenaires multiples et leurs pratiques, une population plus ร risque, bien quโen rรฉalitรฉ, la majoritรฉ des jeunes sโexposent ร des risques. Mais ont-ils vraiment conscience des risques quโils prennent ? 56% des jeunes interrogรฉs ne se sentent pas vulnรฉrables face aux IST, en revanche 64% dโentre eux pensent avoir pris des risques au cours de leur vie sexuelle, ce qui montre quโils ont une certaine conscience des risques auxquels ils sโexposent.
Le dictionnaire Larousse dรฉfinit le risque comme รฉtant un ยซ danger, inconvรฉnient, plus ou moins probable auquel on est exposรฉ ยป ou encore comme le ยซ fait de sโengager dans une action qui pourrait apporter un avantage mais qui comporte lโรฉventualitรฉ dโun danger ยป. On peut supposer que le caractรจre probabiliste de la survenue du danger induit chez les jeunes ce sentiment dโinvulnรฉrabilitรฉ et cette prise de risque, dans lโesprit ยซ รงa nโarrive quโaux autres ยป. Cependant pour de nombreux auteurs, les conduites ร risques sont influencรฉes par la personnalitรฉ de lโindividu et permettrait ร lโindividu de se construire, de sentir exister et traduisent souvent un mal-รชtre. Elles traduisent aussi la recherche de sensations et de nouveautรฉs. Elles feraient partie du processus normal du dรฉveloppement de lโindividu. Les prises de risque seraient donc une phase ยซ normale ยป du dรฉveloppement des jeunes. (28โ31)
En ce qui concerne les raisons de la non-utilisation du prรฉservatif masculin par les jeunes, lorsquโils ne connaissent pas le statut sรฉrologique de leur partenaire, la raison principale รฉvoquรฉe est la confiance envers le partenaire (52%). Il nโexiste pas de diffรฉrence significative entre les hommes et les femmes, ni entre les jeunes ayant eu 1 partenaire ou les jeunes ayant eu 2 partenaires ou plus. La confiance est dรฉfinie dans le dictionnaire Larousse comme รฉtant le ยซ sentiment de quelquโun qui se fie entiรจrement ร quelquโun dโautre ยป, mais comment se fier entiรจrement ร quelquโun en matiรจre de sexualitรฉ lorsquโon ne connaรฎt pas le statut sรฉrologique de son partenaire, sachant que la majoritรฉ des IST sont asymptomatiques ? Sur quels critรจres de ยซ confiance ยป les jeunes se basent-ils ? Lโenquรชte KABP de 2010 montrait que les croyances en lโefficacitรฉ des stratรฉgies centrรฉes sur le choix et la communication avec le partenaire telles que ยซ poser des questions ร son/sa partenaire sur sa vie sexuelle passรฉe ยป et de ยซ choisir correctement ses partenaires ยป restaient partagรฉes par prรจs de 50% des rรฉpondants (16). Cette tendance semble perdurer au fil des annรฉes. De plus, cette enquรชte rรฉvรจle รฉgalement que 15% des rรฉpondants pensaient que ยซ quand on sโaime, on nโa pas besoin de prรฉservatif ยป ou encore que le ยซ le prรฉservatif, รงa crรฉe des doutes sur le partenaire ยป. (16) La confiance envers le partenaire est un frein ร lโutilisation du prรฉservatif masculin sur lequel il semble difficile dโagir.
La seconde raison รฉvoquรฉe est le fait que les jeunes nโont pas de prรฉservatif masculin sur eux, cela concerne significativement plus les hommes que les femmes et plus les jeunes ayant eu 2 partenaires ou plus au cours de leur vie sexuelle. 18% des jeunes dรฉclarent avoir toujours un prรฉservatif masculin sur eux lorsquโils sortent, 30% en ont parfois un et 52% dรฉclarent ne jamais en avoir. Inciter les jeunes ร toujours sortir avec un prรฉservatif sur eux peut-รชtre une solution simple pour rรฉduire ce risque.
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Table des matiรจres
I. Introduction
II. Mรฉthode et matรฉrielย
1. Protocole dโรฉtude
2. Population รฉtudiรฉe
3. Variables ร mesurer
4. Recueil de donnรฉes
III. Rรฉsultatsย
1. Description de la population
2. Connaissances de la population
3. Pratiques, comportements sexuels et modalitรฉs dโutilisation des prรฉservatifs masculins (externes) et fรฉminins (internes) chez les jeunes
4. Prises de risques et perception des risques chez les jeunes
5. Remboursement et prescription des prรฉservatifs masculins (externes)
IV. Analyse et discussionย
1. Biais et limites de lโรฉtude
2. Apprรฉciation des connaissances des jeunes
3. Pratiques et comportements sexuels : identification des freins et leviers ร lโutilisation des prรฉservatifs masculins (externes) et fรฉminins (internes) chez les jeunes
4. Remboursement et prescription des prรฉservatifs masculins (externes) : impact chez les jeunes
V. Conclusionย
VI. Bibliographieย
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