Tรฉlรฉcharger le fichier pdf d’un mรฉmoire de fin d’รฉtudes
ETIOPATHOGENIE
Lโhyperoxalurie primitive de type 1 est la consรฉquence dโun dรฉficit ou dโun dรฉfaut dโactivitรฉ dโune enzyme pรฉroxymale hรฉpatique, lโalanine-glyoxylate aminotransfรฉrase (AGT), une protรฉine de 392 acides aminรฉs. Cette enzyme a pour rรดle de catalyser la transamination intra pรฉroxymale du glyoxylate en glycine avec lโalanine comme donneur dโamine. Cette transamination se fait ร lโaide du phosphate de pyridoxine qui agit comme co-facteur. Le gรจne codant pour lโAGT est localisรฉ sur le chromosome 2 (2q37.3) et est constituรฉ de 11 exons. De nombreuses mutations (plus de 178) ont รฉtรฉ dรฉcrites avec une frรฉquence trรจs variables selon les populations [3].
Dans lโhyperoxalurie primitive de type 1, soit lโAGT est produite par les peroxysomes en quantitรฉ insuffisante, soit elle est dรฉlocalisรฉe dans la mitochondrie ce qui la rend inefficace. Ainsi le glyoxylate non mรฉtabolisรฉ sera oxydรฉ en oxalate ou rรฉduit en glycolate รฉliminรฉs en excรจs dans les urines (Figure 1) [1,3,4]. Filtrรฉ par les glomรฉrules, lโoxalate est sรฉcrรฉtรฉ par les tubules et รฉliminรฉ sous forme dโoxalate de calcium insoluble dans lโurine. Lโexcrรฉtion urinaire normale dโoxalate est infรฉrieure ร 0,5 mmol/1,73m2/24h. En cas dโhyperoxalurie primitive, elle est gรฉnรฉralement supรฉrieure ร 1 mmol/1,73m2/24h. A cette concentration, lโurine est sursaturรฉe en oxalate de calcium ce qui favorise la formation de complexes et de cristaux dโoxalate de calcium au sein des lumiรจres tubulaires [8]. Les cristaux insolubles peuvent se lier ร la surface des cellules tubulaires, permettant lโagrรฉgation des cristaux en lithiases urinaires. Les cristaux peuvent รชtre incorporรฉs par les cellules tubulaires ou migrer dans lโinterstitium rรฉnal (nรฉphrocalcinose). La progression de lโinflammation et de la fibrose interstitielle liรฉes ร la nรฉphrocalcinose et aux lithiases urinaires, ainsi quโร leurs รฉventuelles complications (infection et obstruction urinaire) conduisent ร lโinsuffisance rรฉnale progressant vers un stade terminal [8]. Lorsque le DFG devient infรฉrieur ร 30-40 ml/min/1.73mยฒ, lโexcrรฉtion urinaire dโoxalate devient insuffisante de telle sorte que la concentration plasmatique dโoxalate augmente et peut rapidement atteindre le seuil de sursaturation de lโoxalate de calcium. Alors que la concentration plasmatique normale dโoxalate se situe entre 1 et 6 ยตmol/l, des niveaux supรฉrieurs ร 30 ยตmol/l peuvent รชtre atteints [1,3,8]. Des dรฉpรดts dโoxalate de calcium systรฉmiques apparaissent alors et constituent lโoxalose proprement dite. Ces dรฉpรดts extra-rรฉnaux concernent essentiellement la rรฉtine, le muscle cardiaque, la paroi des vaisseaux, les os, les articulations, la peau, la thyroรฏde et le systรจme nerveux central [1,3,8,12].
Lโhyperoxalurie primitive de type 2 est causรฉe par un dรฉficit en glyoxylate rรฉductase-hydroxypyruvate rรฉductase (GRHPR), qui catalyse la rรฉduction du glyoxylate en glycolate et hydroxypyruvate en D-glycรฉrate. La GRHPR a une large distribution tissulaire, mais elle est principalement intrahรฉpatique, prรฉsent essentiellement dans le cytosol des hรฉpatocytes et dans une moindre mesure dans les mitochondries. Lorsqu’il y a une carence en GRHPR, la lactate dรฉshydrogรฉnase mรฉtabolise le glyoxylate accumulรฉ en oxalate et l’hydroxypyruvate en l-glycรฉrate (Figure 1) [1,3,4,11].
SIGNES
TDD :
Hyperoxalurie primitive de type 1 dans sa forme commune (numรฉro OMIM 259900) :
Lโhyperoxalurie primitive de type 1 peut se manifester ร tout รขge. Lโรขge mรฉdian des premiers symptรดmes est de 5 ร 6 ans avec des extrรชmes de la naissance ร plus de 60 ans [1,4].
Circonstances de dรฉcouverte
– Fortuite ร lโoccasion dโun bilan urinaire
– Recherche systรฉmatique : devant toute lithiase urinaire associรฉe ou non ร une nรฉphrocalcinose ; dans une famille oรน un cas a รฉtรฉ diagnostiquรฉ
– Complications : infection ou obstruction des voies urinaires ; insuffisance rรฉnale chronique terminale ; rรฉcidive aprรจs transplantation rรฉnale [1,3,4,8,11,13].
Prรฉsentation clinique
Tant que le DFG est supรฉrieur ร 40 ml/mn/1,73mยฒ, les symptรดmes sont presque toujours en rapport avec une lithiase urinaire : coliques nรฉphrรฉtiques, hรฉmaturie macroscopique, pyurie, obstruction des voies urinaires et รฉmission de calcul รฉventuellement [1,4]. A ce stade, lโASP peut mettre en รฉvidence des lithiases radio-opaques trรจs denses souvent bilatรฉrales de nombre, de taille et de siรจge variables quelques fois associรฉs ร une nรฉphrocalcinose trรจs รฉvocatrices de la maladie [4]. En dessous de 40 ml/mn/1,73mยฒ, une rรฉtention systรฉmique dโoxalate de calcium se produit intรฉressant en dehors des reins, les parois des vaisseaux sanguins et les os (Figure 2A). L’oxalose peut รฉgalement affecter les articulations, la rรฉtine (Figure 2B), la peau (Figure 2C), la moelle osseuse, le cลur et le systรจme nerveux central. Le dรฉveloppement de la cardiomyopathie et des troubles de la conduction, des maladies vasculaires avec des nรฉcroses distales frรฉquentes, de la rรฉtinopathie, de la synovite ou d’une importante maladie osseuse remodelante avec fractures spontanรฉes et rรฉsistance ร lโรฉrythropoรฏรฉtine sont autant de complications sรฉvรจres conduisant ร une mortalitรฉ prรฉcoce [1,3,4,11]. Les diffรฉrents dรฉpรดts dโoxalate de calcium dรฉpendant du rรฉseau artรฉriel sont rรฉsumรฉs dans le Tableau 1.
investigations complรฉmentaires
Recherche de consanguinitรฉ parentale
Lโhypothรจse dโune maladie autosomique rรฉcessive devant des lithiases urinaires rรฉcidivantes et une nรฉphrocalcinose doit faire rechercher rigoureusement une consanguinitรฉ parentale [1].
Biologie
โข Oxalรฉmie
Les valeurs d’oxalate sรฉrique restent normales jusqu’ร ce que le dรฉbit de filtration glomรฉrulaire tombe en dessous d’environ 45 ml/min/1,73mยฒ. Compte tenu de la large gamme de valeurs, il n’y a pas de seuil fiable pour รฉtablir le diagnostic. Pour des valeurs supรฉrieures ร 50 ฮผmol/l, la maladie doit รชtre suspectรฉe et des valeurs supรฉrieures ร 100 ฮผmol/l sont trรจs รฉvocatrices dโhyperoxalurie primitive [11].
โข Oxalurie des 24 heures
Lโoxalurie est la premiรจre รฉtape du diagnostic de l’hyperoxalurie primitive. L’oxalurie supรฉrieure ร 45 mg/jour (> 0,5 mmol/1,73mยฒ/jour) dans au moins deux รฉchantillons d’urine sur 24 heures est typique dโune hyperoxalurie primitive, une fois que les causes dโhyperoxaluries secondaires ont รฉtรฉ exclues (cf diagnostic diffรฉrentiel). Les รฉchantillons supรฉrieurs ร 80-90 mg/jour sont trรจs รฉvocateurs dโhyperoxalurie et ne nรฉcessitent pas souvent un deuxiรจme dosage [1,4,11].
โข Glycolaturie des 24 heures
Des taux รฉlevรฉs de glycolate urinaire sont typiques dโhyperoxalurie primitive de type 1 mรชme si leur spรฉcificitรฉ diagnostique et leur sensibilitรฉ sont faibles. Des taux de glycolate urinaire supรฉrieurs ร 45 mg/jour (> 0,5 mmol/1,73 mยฒ/jour) sont souvent retrouvรฉs dans lโhyperoxalurie primitive de type 1 [1,11].
โข Oxalurie/Crรฉatinurie ou Glycolaturie/Crรฉatinurie sur un รฉchantillon
Chez les nourrissons et les jeunes enfants, chez lesquels la collecte dโurine est difficile, un รฉchantillon isolรฉ le matin peut suffir en faisant le rapport entre les concentrations urinaires dโoxalate ou de glycolate et de crรฉatinine. Ces rรฉsultats doivent รชtre interprรฉtรฉs en fonction de valeurs de rรฉfรฉrence pour l’รขge du patient (Tableau 2) [1,4,11].
Formes cliniques
1. Autres formes cliniques de lโhyperoxalurie primitive de type 1 [1,11,12] :
a. Une forme particuliรจrement grave de lโenfant dont les premiers symptรดmes apparaissent gรฉnรฉralement durant la premiรจre annรฉe de vie. A ce stade de la vie, lโimmaturitรฉ de lโappareil urinaire est telle que lโimportance de la production hรฉpatique dโoxalate ne peut รชtre rรฉsolue par lโexcrรฉtion urinaire.
Ainsi sโinstalle une insuffisance rรฉnale dont la progression est extrรชmement rapide aboutissant au stade terminal vers lโรขge de 3 ans dans 80% des cas.
b. Une forme marquรฉe par la survenue rรฉpรฉtรฉe de lithiases urinaires associรฉe ร une altรฉration progressive de la fonction rรฉnale durant lโenfance ou lโadolescence.
c. Une forme tardive rรฉvรฉlรฉe ร lโรขge adulte avec รฉmission de nombreux calculs.
d. Une forme infraclinique chez des sujets appartenant ร une famille oรน un cas index a รฉtรฉ identifiรฉ.
2. Hyperoxalurie primitive de type 2 (numรฉro OMIM, 260000)
Prรฉsentation clinique
Les manifestations cliniques sont beaucoup moins sรฉvรจres et se limitent souvent ร une lithiase urinaire rรฉcidivante. Les infections urinaires, la nรฉphrocalcinose ainsi que lโinsuffisance rรฉnale sont plus rares que dans lโhyperoxalurie primitive de type 1 [1,4,11].
Investigations complรฉmentaires
๏ผ Dosage de L-glyceraturie
Mรชme si ce nโest toujours pas le cas, lโaugmentation de la L-glycรฉraturie est trรจs spรฉcifique ร lโhyperoxalurie primitive de type 2 [1,3,4,11].
๏ผ Mesure de lโactivitรฉ enzymatique du GRHPR
La preuve de lโexistence dโune hyperoxalurie primitive de type 2 peut รชtre obtenue en mesurant lโactivitรฉ du GRHPR aprรจs une biopsie hรฉpatique mais aussi au niveau des globules rouges et des cellules mononuclรฉes du sang [1,4].
๏ผ Etude gรฉnรฉtique
Tant quโelle est possible, lโanalyse gรฉnรฉtique est prรฉfรฉrable et peut constituer un apport inestimable dans la recherche de cette maladie. Le gรจne codant pour le GRHPR est localisรฉ au niveau du chromosome 9 et comporte 9 exons. Une trentaine de mutations ont รฉtรฉ rapportรฉes dans la littรฉrature et dont les plus frรฉquentes sont Gly165Asp et delG codon 35 [1,3,4].
En dehors de ces examens que nous venons dโรฉnumรฉrer, aucune autre investigation ne permet de faire la distinction entre lโhyperoxalurie primitive de type 1 et lโhyperoxalurie primitive de type 2.
3. Hyperoxalurie primitive de type 3 (numรฉro OMIM, 613616) :
L’hyperoxalurie primitive de type 3 est la moins grave et peut รชtre silencieuse ou limitรฉe ร la formation de calculs, voire s’amรฉliorer au fil du temps.
Alors que l’hyperoxalurie persiste dans l’hyperoxalurie primitive de type 3, la nรฉphrocalcinose et l’insuffisance rรฉnale chronique sont rares et l’oxalose systรฉmique n’a pas encore รฉtรฉ rapportรฉe [1,3,11].
Evolution
En raison du handicap secondaire ร lโatteinte ostรฉoarticulaire et aux nombreuses complications possibles, lโรฉvolution de lโatteinte systรฉmique est responsable dโune altรฉration progressive de la qualitรฉ de vie. Ainsi lโoxalose intรจgre le groupe des maladies ร expression rรฉnale les plus graves, tant en termes de morbiditรฉ que de mortalitรฉ. Cela est particuliรจrement vrai dans les pays en dรฉveloppement du fait de la frรฉquence accrue en cas de consanguinitรฉ, du retard diagnostique et de lโabsence de possibilitรฉs thรฉrapeutiques adaptรฉes [1,11].
DIAGNOSTIC
Diagnostic positif
Le diagnostic dโhyperoxalurie primitive doit รชtre envisagรฉ sur des arguments cliniques et radiologiques notamment lโassociation de lithiases rรฉnales gรฉnรฉralement bilatรฉrales et rรฉcidivantes – nรฉphrocalcinose – insuffisance rรฉnale. Lโinterrogatoire concernant les antรฉcรฉdents familiaux permet de retrouver une consanguinitรฉ parentale. Les arguments diagnostiques complรฉmentaires sont :
โข Cristallurie : Oxalate de calcium monohydratรฉ (whewellite) avec un volume cristallin โฅ 200/mmยณ
โข Oxalurie > 0,5 mmol/1,73mยฒ/24h ou Oxalurie/Crรฉatinurie > 0,10 mmol/mmol
โข Glycolaturie pour le type 1 et la L-glycรฉraturie pour le type 2
โข Mutations du gรจne AGXT (Nombre > 178), du gรจne GRHPR (Nombre : 30) ou du gรจne codant pour HOGA (Nombre : 19)
โข Diagnostic prรฉnatal
Pour lโhyperoxalurie primitive, il nโexiste pas ร ce jour de marqueur biologique ou รฉchographique spรฉcifique permettant de faire un diagnostic antรฉnatal. Dรจs la 10-12รจme semaine dโamรฉnorrhรฉe, on peut rรฉaliser un prรฉlรจvement de villositรฉs choriales ou une ponction de liquide amniotique vers la 16รจme semaine dโamรฉnorrhรฉe afin de rechercher une mutation gรฉnรฉtique [1,2,3,4,11,12,13].
Diagnostic diffรฉrentiel
Lithiases et/ou nรฉphrocalcinoses
Les principales causes de lithiases et/ou de nรฉphrocalcinoses sont รฉnumรฉrรฉes dans le tableau 4 ainsi que leurs particularitรฉs diagnostiques [16].
PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE
Buts
– Augmenter en permanence la solubilitรฉ de lโoxalate de calcium
– Rรฉduire ou au mieux arrรชter la production hรฉpatique dโoxalate
– Prรฉvenir et/ou traiter les complications de la maladie rรฉnale chronique V.2 Moyens et indications
Traitement conservateur
๏ง Mesures hygiรฉno-diรฉtรฉtiques – Hydratation
Afin de diluer les urines en permanence et dโassurer une solubilisation de lโoxalate de calcium, un apport hydrique abondant (environ 2 ร 3L/mยฒ/24h), bien rรฉparti sur les 24h est nรฉcessaire. Cependant, il faut รฉviter dโalcaliniser les urines car cela peut favoriser la prรฉcipitation du phosphate et aggraver ainsi le tableau. Le pH doit alors รชtre maintenu entre 6,2 et 6,8. Un apport hydrique par sonde nasogastrique, par gastrotomie ou par voie i.v. peut รชtre nรฉcessaire chez les jeunes enfants.
Les autres moyens du traitement ne seront efficaces que si cette hydratation est bien conduite au prรฉalable [1,2,3,4,8,11].
– Diรฉtรฉtique
La limitation des aliments riches en oxalate sโavรจre inutile dans lโhyperoxalurie primitive car cet oxalate exogรจne est nรฉgligeable devant la surproduction endogรจne dโoxalate. Mais cependant, il est conseillรฉ de rรฉduire les apports en chocolat, thรฉ, rhubarbe, oseilles, รฉpinards etc, notamment au stade 5 de la maladie rรฉnale chronique. Il est รฉgalement conseillรฉ dโรฉviter toute supplรฉmentation en vitamine C car ce dernier peut รชtre mรฉtabolisรฉ directement en oxalate. En revanche lโapport en calcium ne doit pas รชtre restreint car il se lie ร lโoxalate en formant des complexes insolubles qui sont รฉliminรฉs par la suite par voie intestinale [1,3,4,11].
๏ง Inhibiteurs de la cristallisation
– Citrate de potassium : il forme des complexes avec le calcium, ce qui diminue la prรฉcipitation d’oxalate de calcium et lโaciditรฉ urinaire. Une dose quotidienne de citrate de potassium de 0,1 ร 0,15 g/kg est recommandรฉe. En cas d’insuffisance rรฉnale, le citrate de potassium doit รชtre remplacรฉ par le citrate de sodium.
– Orthophosphate: il peut รชtre administrรฉ ร des doses de 30-40 mg/kg/jour.
– Magnรฉsium : il inhibe la minรฉralisation et rรฉduit en outre l’absorption d’oxalate lorsqu’il est administrรฉ avec de la nourriture. La dose recommandรฉe est de 500 mg/jour/mยฒ [1,11].
L’utilisation d’analogues de la vitamine D peut avoir un effet nรฉfaste sur ces patients, car augmente l’absorption du calcium et, par consรฉquent, la sursaturation en oxalate de calcium [11].
๏ง Pyridoxine
Indiquรฉe dans lโhyperoxalurie primitive de type 1, la pyridoxine doit รชtre testรฉe systรฉmatiquement et de maniรจre prรฉcoce car elle permet de rรฉduire lโoxalurie dans un tiers des cas. La dose initiale recommandรฉe est de 5 mg/kg/j pouvant รชtre augmentรฉe par pallier de 5 mg/kg tous les mois jusquโร une dose maximale de 20 mg/kg/j. Elle est considรฉrรฉe comme efficace si elle permet une rรฉduction de plus 30% de lโoxalurie. Les patients porteurs des mutations G170Arg et Phe152Ile rรฉpondent gรฉnรฉralement bien ร la pyridoxine et prรฉsente un meilleur pronostic rรฉnal [1,3,4,11].
๏ง Diurรฉtiques
Le furosรฉmide permet dโaugmenter le dรฉbit urinaire mais prรฉsente malheureusement un effet calciurรฉtique. En revanche, Les thiazidiques (en combinaison avec le citrate de potassium) peuvent รชtre un complรฉment utile rรฉduisant la calciurie tout en augmentant le volume urinaire [1,11].
๏ง Oxalobacter formigenes
La colonisation intestinale avec Oxalobacter formigenes, une bactรฉrie anaรฉrobie saprophyte qui dรฉgrade l’oxalate, a montrรฉ des rรฉsultats prometteurs dans des modรจles de rats atteints dโhyperoxalurie et dans certaines รฉtudes pilotes sur des patients. Dans ces modรจles de rats avec des rรฉgimes ร forte teneur en oxalate, Oxalobacter formigenes rรฉduit l’oxalurie de maniรจre trรจs significative. Il a รฉgalement รฉtรฉ observรฉ que Oxalobacter formigenes interagit avec la muqueuse colique, favorisant l’excrรฉtion – sรฉcrรฉtion d’oxalate du sang vers l’intestin [11].
Prise en charge urologique
La prise en charge urologique est trรจs complexe dans lโhyperoxalurie primitive en raison de la prรฉsence concomitante d’une nรฉphrocalcinose. Le traitement par lithotripsie implique le risque d’appliquer des ondes de choc aux zones de nรฉphrocalcinose. La chirurgie ouverte nโest pas non plus recommandรฉe en raison du risque de dรฉgรขts parenchymateux pouvant altรฉrer la fonction rรฉnale. Ainsi, la prise en charge par urรฉtรฉroscopie est gรฉnรฉralement le traitement de choix lorsquโelle est accessible. A dรฉfaut de celle-ci, la pose de sonde double J permet de soulager les patients souffrant de coliques nรฉphrรฉtiques rรฉpรฉtรฉes et de prรฉserver leur fonction rรฉnale [1,3,11].
Epuration extra-rรฉnale
Au stade 5 de la MRC, la plupart des mesures thรฉrapeutiques prรฉcitรฉes deviennent inefficaces et lโรฉpuration extra-rรฉnale doit รชtre envisagรฉe mรชme si plusieurs auteurs rapportent que la dialyse nโest pas trรจs efficace pour maitriser la surproduction hรฉpatique dโoxalate. En effet, malgrรฉ le fait que lโoxalate soit une petite molรฉcule facilement filtrable, la quantitรฉ d’oxalate produite par le foie peut รชtre significativement plus รฉlevรฉe (350-600 mg/dl par jour) que la capacitรฉ de clairance de lโhรฉmodialyse conventionnelle (80-180 mg/dl chez lโadulte), rรฉsultant en un dรฉpรดt quotidien d’oxalate de calcium de 180 ร 360 mg/jour. Les membranes de grande surface, de type polysulfone ou de type triacรฉtate de cellulose ร haute permรฉabilitรฉ permettent une meilleure รฉpuration de lโoxalate. Idรฉalement, les concentrations sรฉriques doivent รชtre maintenues en dessous de 30 ฮผmol/l afin de limiter la progression de lโoxalose. De ce qui est rapportรฉ dans la littรฉrature, il semble que pour atteindre l’รฉquilibre en hรฉmodialyse, les sรฉances devraient รชtre รฉtendues ร 13 – 15 heures, ce qui reste impossible [1,3,4,11].
Pour ce qui concerne la dialyse pรฉritonรฉale, elle peut รชtre intรฉressante si combinรฉe ร lโhรฉmodialyse quotidienne notamment chez lโenfant. Cette association permet gรฉnรฉralement une รฉpuration efficace de lโoxalate mรชme si elle est responsable dโune moins bonne qualitรฉ de vie du fait de la lourdeur du traitement [1].
Transplantation dโorgane
Afin dโรฉviter toute forme de dialyse qui nโest trรจs adaptรฉe ร lโhyperoxalurie primitive, la transplantation dโorgane doit รชtre envisagรฉe dรจs le stade 3B de la maladie rรฉnale chronique [2].
o Rรฉnale
En dehors des patients porteurs de mutations pyridoxo-sensibles, la transplantation rรฉnale isolรฉe est contre-indiquรฉe en raison du risque accru de rรฉcidive sur le transplant rรฉnal [1,4,11]. Pour ces sujets porteurs de mutations pyridoxo-sensibles, une transplantation rรฉnale isolรฉe associรฉe ร une supplรฉmentation ininterrompue de pyridoxine peut รชtre envisagรฉe [1].
o Hรฉpatique
Si rรฉalisรฉe suffisamment tรดt, la greffe hรฉpatique permet de corriger de faรงon dรฉfinitive le dรฉficit enzymatique et de prรฉvenir lโoxalose systรฉmique. Cependant, il convient de bien dรฉfinir le moment idรฉal pour rรฉaliser cette greffe รฉtant donnรฉ le risque non nรฉgligeable inhรฉrent ร cette intervention [4].
o Combinรฉe hรฉpatique et rรฉnale
Afin de remplacer l’organe biochimiquement dรฉfectueux (foie) et l’organe endommagรฉ sur le plan physiopathologique (rein), la transplantation combinรฉe foie-rein sโest rรฉvรฉlรฉe รชtre le seul moyen efficace au stade dโinsuffisance rรฉnale non terminale. Avec cette greffe combinรฉe, la production dโoxalate se normalise immรฉdiatement mais lโhyperoxalurie persiste jusquโร ce que tout lโoxalate accumulรฉ ait รฉtรฉ รฉliminรฉ et par consรฉquent les rรฉsultats sont dโautant plus satisfaisants que la fonction rรฉnale rรฉsiduelle est encore importante [4,5,17]. La greffe combinรฉe foie-rein reprรฉsente les deux tiers de lโensemble des indications pรฉdiatriques de greffe combinรฉe en Europe. En 2000, 98 transplantations combinรฉes ont รฉtรฉ rapportรฉes, avec une survie moyenne des greffons de 65% ร 10 ans [1,17].
Une Transplantation hรฉpatique et rรฉnale simultanรฉe semble รชtre la stratรฉgie la plus logique pour les patients atteints de maladie rรฉnale chronique stade 4 et les patients prรฉsentant le stade 5 avec un stockage d’oxalate systรฉmique non encore significatif [2,5].
Pour les patients prรฉsentant le stade 5 de la maladie rรฉnale chronique avec une oxalose avancรฉe, les chances de reprise de fonction et la survie du greffon rรฉnal sont compromises en raison de lโexposition de ce dernier ร lโรฉlimination massive et brutale dโoxalate dรจs le dรฉclampage vasculaire. Ainsi, le risque de lithiases rรฉnales et de nรฉphrocalcinose est malheureusement transposรฉ au greffon rรฉnal. Pour ces patients, une procรฉdure sรฉquentielle en trois temps (transplantation hรฉpatique dans un premier temps, puis dialyse jusqu’ร ce que lโoxalate ait รฉtรฉ suffisamment รฉliminรฉ du corps : oxalรฉmie < 50 ยตmol/l, suivie de la transplantation rรฉnale) pourrait รชtre une bonne alternative [1,2,5]. ร ce jour, en raison de l’expรฉrience limitรฉe, il n’y a aucune preuve qui appuie cette approche, mais il existe une forte justification biochimique. Par consรฉquent, mรชme dans les pays dรฉveloppรฉs, il est recommandรฉ de discuter de la stratรฉgie de transplantation avec des experts et de collecter des informations dans de grandes bases de donnรฉes [2].
Perspectives
Il existe des projets de recherche fondamentale passionnants, y compris le dรฉveloppement de molรฉcules chaperonnes capables de stabiliser l’AGT mutante, la transplantation d’hรฉpatocytes en utilisant des cellules provenant soit d’un foie normal, soit de cellules hรฉpatiques du patient virales transduites ex vivo pour exprimer l’AGT. Ces approches thรฉrapeutiques sont actuellement dรฉveloppรฉes chez des souris knock-out transgรฉniques humanisรฉes ou dans des lignรฉes de cellules de mammifรจres transformรฉes, mais pas encore accessibles aux humains [2].
Lโutilisation de Pyridoxamine capable de chรฉlater les prรฉcurseurs de lโoxalate ainsi que la thรฉrapie gรฉnique ont permis dโobtenir des rรฉsultats encourageants mรชme si elles prรฉsentent quelques limites [1].
|
Table des matiรจres
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Epidรฉmiologie
II. Etiopathogรฉnie
III. Signes
III.1 Type de description
III.2 Formes cliniques
III.3 Evolution
IV. Diagnostic
IV.1 Positif
IV.2 Diffรฉrentiel
V. Prise en charge
V.1 Buts
V.2 Moyens et indications
V.2.1 Traitement conservateur
V.2.2 Prise en charge urologique
V.2.3 Epuration extra-rรฉnale
V.2.4 Transplantation dโorganes
V.2.5 Perspectives
DEUXIEME PARTIE
I. Cas clinique
II. Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Tรฉlรฉcharger le rapport complet