Définition
Les cellulites cervico-faciales ou CCF représentent un groupe d’infections qui se développent au niveau des espaces cellulo-adipeux remplissant les loges entourant la mandibule et le maxillaire [2]. Elles sont le plus souvent d’origine dentaire [15]. Les CCF odontogènes se caractérisent au départ par un abcès ostéo-sous périosté qui diffuse dans un second temps aux tissus cellulo-graisseux de la face, mais également aux tissus profonds musculaires des voies aérodigestives supérieures [16].
Facteurs favorisants
Des conditions d’ordre général peuvent modifier considérablement l’équilibre de la flore buccale et favoriser l’apparition de la cellulite. Aussi, les cellulites peuvent survenir chez des patients « en bonne santé » mais le plus souvent chez des patients avec des facteurs de risque. Les facteurs de risque les plus fréquemment rencontrées sont les pathologies (diabète, dénutrition, obésité, infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine ou VIH), les traitements médicamenteux (antiinflammatoires, antibiothérapies inadaptées), ainsi que d’autres facteurs comme la grossesse, la mauvaise hygiène buccodentaire, la toxicomanie, le tabagisme, l’alcoolisme, et l’âge [10].
La C-Réactive Protéine (CRP)
La CRP est une des protéines de la phase aiguë de l’inflammation, dont le niveau augmente dans le sang au cours d’une infection ou inflammation de l’organisme [29]. Le taux sanguin de CRP augmente rapidement dès la 6ème heure après le début de l’inflammation. En moyenne, elle est franchement pathologique 24 heures après le début de l’inflammation et se normalise rapidement après sa disparition (de 7 à 14 jours). Le retour de la CRP à une valeur usuelle permet de juger de l’efficacité du traitement [10]. Aussi, son augmentation est un signe d’alerte pour les médecins qui adaptent alors la surveillance et le traitement de leur patient selon les valeurs obtenues. Son taux a une bonne corrélation avec l’état infectieux du patient et permet de différencier les affections bactériennes des affections virales [28].
Modifications du traitement
La modification de l’antibiothérapie est nécessaire pour les raisons suivantes [47] : Le retour des résultats des prélèvements bactériologiques initiaux montre que les bactéries ne sont pas sensibles aux antibiotiques utilisés ; Persistance du syndrome infectieux mis en évidence par les résultats des données biologiques (hyperleucocytose et augmentation de la CRP). Echec clinique et/ou bactériologique par apparition d’une complication infectieuse (surinfection, infection d’un autre site). Cela peut être dû à la persistance du micro-organisme du fait de l’inadéquation entre les antibiotiques utilisés et la sensibilité de la bactérie, d’une concentration insuffisante d’antibiotique au site de l’infection (modification des propriétés pharmacocinétiques), d’une localisation métastatique ignorée (endocardite, ostéite), ou encore par acquisition d’une résistance précoce par la bactérie. Apparition d’effets indésirables causés par les antibiotiques (réactions allergiques, complications locales). Les mesures qui peuvent être entreprises reposent alors sur un changement de classes d’antibiotiques ou association avec d’autres classes d’antibiotiques, ou bien une modification de la posologie. Les modifications sont nécessaires pour [47] :
Un élargissement du spectre bactérien ;
Une adaptation selon le poids et la fonction rénale du patient ;
Une adaptation selon les propriétés pharmacologiques de l’antibiotique utilisé (exemple : L’antibiotique doit-il être bactéricide ? Sa diffusion estelle suffisante au site d’infection ? Son action est-elle modifiée par un effet inoculum ?)
Une meilleure observance du traitement en termes de prise (posologie et voie d’administration) et d’accessibilité (coût du médicament).
Répartition de la population selon la prise en charge médicamenteuse reçue à l’hôpital
Le traitement antibiotique reçu par les patients au cours de l’hospitalisation est reparti comme suit :
Pénicilline G + Métronidazole chez 70% des patients (N=35)
Pénicilline G + Métronidazole + Gentamycine chez 30% des patients (N=15).
Après amélioration des signes de gravité, le traitement est relayé par des antibiotiques per os : Amoxicilline + Métronidazole. La durée du traitement antibiotique a été de 10 jours en moyenne. En complément à ce traitement antibiotique, un antalgique a été également administré au patient pour soulager la douleur provoquée par l’inflammation et diminuer la température des patients fébriles. Quarante-quatre patients (88%) ont reçu du paracétamol (injectable ou per os) toutes les 6 heures puis à la demande. Le reste (c’est-à-dire 6 patients) ont reçu du néfopam injectable pour diminuer la douleur, à cause de leur état ictérique. Selon l’état clinique du patient, d’autres médicaments ont aussi été prescrits chez certains patients. Douze patients (24%) qui ont présenté une tuméfaction très importante ont reçu du Solumédrol® injectable (AIS) lors de leur admission, et 2 patients (4%) ont reçu de la vitamine K1 à cause d’une hémorragie importante au cours du drainage. Cinq autres patients (10%) ont reçu d’autres médicaments comme des pastilles anti-douleurs contre les maux de gorge, du chlorure de potassium à cause d’une hypokaliémie, de l’oméprazole injectable et du métoclopramide en raison d’une gastralgie et de vomissements importants.
Dysphagie
Le délai de disparition de ce signe montre une moyenne de 3,54 jours. Parmi les 12 patients atteints de dysphagie totale à l’entrée de l’hôpital, un a été transféré au service des urgences de l’HJRA et un autre est décédé. Un patient a présenté une dysphagie totale pendant l’hospitalisation et il n’a pas répondu favorablement au traitement.
Profil épidémiologique
Dans notre étude, il est constaté que les cellulites cervico-faciales se manifestent à tout âge, avec des extrémités allant de 4 ans à 71 ans, mais principalement chez les sujets jeunes d’une trentaine d’années. Cela concorde aux résultats d’autres études [1,7,27] où toutes les tranches d’âge sont représentées et qui montrent un âge moyen situé entre la deuxième et la troisième décade. Cela peut s’expliquer par le fait que les patients de cette catégorie d’âges sont plus susceptibles de présenter les facteurs favorisants de la cellulite [44]. La prédominance masculine est retrouvée dans la présente étude. Elle comporte 64% d’hommes sur 36% de femmes, ce qui fait un sexe ratio de 1,78. Ce résultat s’aligne à ceux trouvés par plusieurs auteurs [44,52]. L’explication serait fournie par la haute incidence de l’alcoolotabagisme chez les sujets de sexe masculin [1] et une meilleure réponse immunitaire chez la femme [43].
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens
Les AINS bloquent la dégradation de l’acide arachidonique cellulaire par la voie cyclo-oxygénase, s’opposant ainsi à la production de thromboxane A2 et de prostaglandines qui jouent un rôle important dans le chimiotactisme cellulaire. Ils agissent sur les quatre signes cardinaux de l’inflammation et masquent ainsi l’infection, favorisant donc son évolution. Ils freinent aussi la migration et l’activité phagocytaire des polynucléaires et des macrophages [55]. Soixante-dix pourcent (70%) des patients ont consommé de l’AINS avant leur hospitalisation. Cela peut démontrer l’incrimination des AINS comme facteur favorisant l’apparition de la cellulite devant une infection dentaire limitée à l’os. De nombreuses études corroborent ce fait avec 52% de cas pour Rakotoarison en 2008 [3] et 48% pour Haitami en 2016 [44]. Cependant, l’étude de Nicot et al en 2014 montre que la prise d’AINS n’est pas liée à la sévérité de l’infection, même si elle peut être à l’origine de son aggravation [48].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I. GENERALITES SUR LES CELLULITES CERVICO-FACIALES ODONTOGENES
I.1. Définition
I.2. Epidémiologie
I.3. Physiopathologie
I.4. Clinique
I.5. Examens complémentaires
II. MODALITES DE PRISE EN CHARGE DES CELLULITES ODONTOGENES
II.1. Traitement médical
II.2. Traitement chirurgical
II.3. Traitement étiologique
III. CRITÈRES D’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE AU COURS D’UNE CELLULITE CERVICO-FACIALE
III.1. Efficacité clinique
III.2. Efficacité paraclinique
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
I. METHODE
I.1. Type de l’étude
I.2. Période et durée de l’étude
I.3. Population d’étude
I.4. Les variables à étudier
I.5. Mode de saisie et analyse des résultats
I.6. Considérations éthiques
I.7. Limites de l’étude
II. RESULTATS
II.1. Répartition des patients selon leur profil démographique
II.2. Répartition des patients selon les facteurs favorisants
II.3. Répartition des patients selon le traitement reçu avant hospitalisation
II.4. Répartition des patients selon leur état à l’entrée
II.5. Répartition de la population selon la prise en charge médicamenteuse reçue à l’hôpital
II.6. Répartition de la population selon l’issue de l’hospitalisation
II.7. Répartition de la population selon la durée d’hospitalisation
II.8. Evolution des paramètres cliniques et biologiques au cours de l’hospitalisation
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Profil épidémiologique
II. Facteurs favorisants
II.1. Mauvais état bucco-dentaire
II.2. La toxicomanie
II.3. La grossesse
II.4. Les antécédents généraux
II.5. Les médicaments reçus
III. Traitement avant hospitalisation
IV. Etat du patient à l’entrée
IV.1. Signes cliniques
IV.2. Stade d’évolution de la cellulite
IV.3. Données biologiques
V. Prise en charge médicamenteuse
VI. Issue du traitement hospitalier
VII. Durée d’hospitalisation
VIII. Evolution des paramètres cliniques et paracliniques
VIII.1. Paramètres cliniques
VIII.2. Paramètres biologiques
IX. Suggestions pour la prise en charge
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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