Prise en charge médicale pure non complexe mais complexe sur le plan psycho-sociale

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Epidémiologie

Selon l’assurance maladie, au 15 mai 2020, 4 personnes sur 5 souffriront de lombal-gies communes au cours de leur vie et plus de 50% de la population française a eu au moins un épisode de mal de dos dans les 12 derniers mois (3). Les lombalgies aiguës se situent au 2nd rang des motifs de consultation et les lombalgies chroniques au 8ème rang. La lombalgie ne devient chronique que dans 3 à 6% des cas (5).
A l’échelle européenne, 43% des travailleurs européens disent avoir souffert du dos au cours des 12 derniers mois, selon la 6ème enquête européenne sur les conditions de travail (Euro-found), il s’agit du problème de santé le plus rapporté (6).
La lombalgie chronique peut altérer la qualité de vie des patients avec des risques de désin-sertion professionnelle et sociale. En effet, les syndromes dépressifs sont souvent associés à la lombalgie chronique. En France, les lombalgies chroniques ont une prévalence de 21,3% dans les pathologies mentales. Pour certains, le syndrome dépressif est un facteur de risque tandis que pour d’autre c’est la conséquence de la lombalgie. Ces conséquences sur l’état mental peuvent provoquer des conduites à risque et notamment un abus médicamenteux (7).

Coûts socio-économiques

Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), organisme de référence dans les domaines de la santé au travail et de la prévention des risques professionnels, les lombalgies représentent 20% des accidents du travail et 7% des maladies professionnelles (8).
La durée moyenne des accidents du travail dus à des lombalgies est de 2 mois, elle a quasiment triplé en 40 ans. Pour les maladies professionnelles, la durée moyenne des arrêts est d’un an et leur coût moyen est de 44 000 euros. Au total, on peut donc en déduire que près de 11.5 millions de journées de travail sont perdues du fait des accidents du travail (soit ¼ des arrêts de travail pour accident du travail) et maladies professionnelles liés aux lombal-gies.
Elles représentent 1/3 des arrêts de plus de 6 mois et sont la 3ème cause d’admission en inva-lidité. En terme de coût, au total, les lombalgies en lien avec le travail représentent pour la branche accident du travail / maladie professionnelle uniquement, plus d’un milliard d’euros par an. Dans la plupart des cas une lombalgie se guérit mais elle peut également se chronici-ser, et c’est les lombalgies chroniques qui représentent la première cause d’inaptitude médi-cale chez les salariés de moins de 45 ans.
L’évaluation du coût global est d’autant plus complexe qu’elle doit prendre en compte les coûts directs (consultations médicales, consommation de médicaments, frais pharmaceu-tiques, explorations complémentaires) et les coûts indirects (arrêts de travail, pertes des cotisations sur les personnes en arrêt de travail). La lombalgie représenterait 1% du Produit Intérieur Brut (PIB) dans certains pays.
C’est en raison des coûts qu’elles engendrent sur le plan économique, social et médical qu’il est important de prévenir ces lombalgies, autant les aigües que les chroniques.

Recherches préalables et apprentissage de la méthode

Avant de débuter le travail de recherche, un certain nombre de prérequis ainsi qu’une démarche rigoureuse ont été nécessaires.
Nous avons étudié avec soin la méthodologie des études qualitatives, aidées par le livre Initiation à la recherche qualitative en santé et de nombreux autres documents cités par la suite (11). La recherche bibliographique concernant notre sujet a eu lieu tout au long de notre travail en parallèle de la collecte et de l’analyse des données. En effet, en vue de ne pas démarrer la recherche avec trop d’a priori, la bibliographie a dû être réalisée tout au long de l’étude. Ceci est une des spécificités de la méthodologie qualitative.
Chacune des deux chercheuses a tenu un carnet de bord durant toute la durée de l’étude, permettant de consigner par écrit des pensées, extraits de documents ou de lec-tures, servant de fil conducteur au processus de recherche.

Population

L’échantillonnage s’est fait de manière raisonnée c’est-à-dire que les participants sélectionnés sont tous considérés comme typiques de la population cible. Cette technique d’échantillonnage permet de garantir la validité externe. Nous avions établi au préalable des variables puis des classes de variables pour tenter de recruter des participants pour chaque variable identifiée.
La population étudiée était celle des médecins généralistes installés ou remplaçants des Alpes de Haute Provence et du Vaucluse, en particulier là où les chercheurs ont exercé en tant qu’interne sans spécificité de sexe, d’âge ou de cadre de vie (urbain, semi-rural ou rural). Les critères d’inclusion à l’étude étaient en premier lieu la volonté des médecins gé-néralistes. Les critères de non-inclusion étaient l’absence de consentement, les personnes non francophones.
Le nombre de participants à inclure n’a pas été déterminé en amont pour rester con-forme à la méthode qualitative. Les médecins généralistes ont été contactés par téléphone, SMS ou par demande directe lors d’une rencontre. La question de recherche n’était pas dévoilée, seul le grand thème était annoncé, pour éviter une réflexion au préalable des médecins interrogés. Les médecins savaient donc qu’ils seraient interrogés sur la lombalgie.

Recueil des données

Plusieurs techniques pour recueillir les données existent, les principales étant la réali-sation d’entretiens individuels, de focus groups et d’observation. La méthode de recueil choisie pour l’élaboration de ce travail a été la réalisation d’entretien individuel semi-dirigé. Celui-ci permet une analyse des représentations et des expériences, mais également d’aborder plus facilement les émotions, les expériences, le ressenti de la personne interrogée. La collecte de données se déroule en interrogeant les participants en face à face par des techniques de conversation. Le fait d’être en face à face permet d’établir une certaine intimité, propice à la liberté de paroles, permettant d’aborder des sujets plus sensibles, intimes. Le but est de parler librement, sans influence de la part de l’enquêteur sur les données recueillies. L’entretien est structuré par un guide préétabli, reprenant la liste de questions ouvertes ou de sujet à aborder (10) (12) (13).
Nous avons choisi cette méthode car elle permet de s’intéresser aux causes et aux logiques qui guident les comportements des individus. L’individualité étant nécessaire puisqu’aucune interaction entre les participants n’était recherchée.
Le guide d’entretien (annexe n°1) a permis de définir les grands thèmes à aborder pendant l’entretien tout en gardant une certaine souplesse notamment sur l’ordre des ques-tions. Ce guide a pu être modifié au fil des entretiens, il a d’ailleurs été testé au préalable sur un médecin externe à l’étude. Etant donné que nous réalisions des entretiens semi-dirigés, les questions devaient être les plus ouvertes possibles.
Le guide d’entretien est composé de plusieurs parties. Tout d’abord la partie intro-ductive qui comporte l’explication de notre sujet, la demande d’autorisation d’enregistrement audio, puis quelques questions sur la personne interrogée (âge, durée d’installation…). Ensuite, il se poursuit par une question « brise-glace » suivit de questions ouvertes, sans connotation positive ou négative associée, pour ne pas influencer la personne interviewée. Des questions de relance peuvent être préparées si la personne n’aborde pas les sujets inhérents à l’étude de manière spontanée. Chaque question correspond à un seul thème. Enfin, le guide d’entretien prévoit une partie remerciement.
Tout ce guide a dû être écrit comme il devait être dit à l’oral, mais comme dit précédem-ment il était flexible c’est-à-dire que les questions pouvaient être posées dans n’importe quel ordre notamment pour suivre le cheminement de la personne interrogée.
Les entretiens ont été enregistrés grâce à un téléphone portable après accord des participants et avec respect de l’anonymat. Pour cela les caractéristiques socio-démographiques des médecins généralistes interrogés ont été relevées avant chaque début d’entretien donc non enregistrées. Le lieu des entretiens était variable (cabinet du médecin, domicile….) mais il devait être rassurant, accueillant pour permettre une ambiance décon-tractée et propice à la discussion.
La fin de l’étude s’est faite à saturation théorique des données c’est-à-dire lorsque les entretiens n’ont plus apporté aucune donnée nouvelle. La saturation des données a 2 rôles :
 Elle indique à quel moment le chercheur doit arrêter la collecte de données
 Elle permet de généraliser les résultats à l’ensemble de la population auquel le groupe analysé appartient (14)

Analyse des données

L’analyse des données s’est inspirée de la méthode de théorisation ancrée adaptée par P. Paillé de la grounded theory décrite par B. Glaser et A. Strauss. En effet, il existe une différence entre ces 2 méthodes, la théorisation ancrée comme l’indique le nom a un objec-tif de théorisation, et est donc moins précise que la grounded theory. L’analyse par théorisa-tion ancrée s’appuie “sur des données recueillies dans le cadre d’une recherche qualitative dont l’une des caractéristiques majeures est la simultanéité de la collecte et de l’analyse, du moins au cours des premières étapes, contrairement aux façons de faire plus habituelles où la collecte de données est effectuée en une seule occasion et suivie de l’analyse de l’en-semble du corpus. L’analyse débute donc en même temps que la collecte des données” (15).
Les enregistrements audio des entretiens ont donc été retranscrit mot pour mot pour constituer le verbatim sur Microsoft Word®. Le langage non verbal (rires, pauses, si-lences,…), les hésitations ont également été retranscrits afin de faciliter la compréhension du texte. L’anonymisation des entretiens s’est faite en codant chaque entretien par une lettre et un numéro. Chaque retranscription était relue par l’enquêteur n’ayant pas participé à l’entretien pour être le plus précis possible.
Ces verbatims ont ensuite permis de faire l’analyse par théorisation ancrée, cette analyse était réalisée à la fin de chaque entretien. Elle consistait en un codage ligne par ligne sous la forme de mots-clés c’est-à-dire résumer, dégager, renommer les propos tout en évi-tant de répéter le verbatim. Ceci a été réalisé avec le logiciel Microsoft Word®. Ensuite l’étape suivante consistait en la catégorisation, c’est-à-dire un codage axial regroupant les codages initiaux en catégorie. Il peut se dégager ainsi des “codes centraux” et des “codes de réserve” (16). Chacune de ces étapes d’analyse des données a été réalisée par les deux en-quêtrices pour assurer la triangulation des données et ainsi éviter le biais d’interprétation. Ainsi après chaque entretien, les codes étaient ré-exploités, confrontés les uns aux autres lors d’une mise en commun des données interprétées individuellement par chacune des deux enquêtrices, aboutissant au codage final dans un logiciel Microsoft Excel®. Puis par la suite il a permis l’émergence d’un modèle explicatif à l’aide du logiciel Microsoft Word®.

Cadre éthique et légal

Les participants ont consenti librement à leur participation en toute connaissance de cause. Toutes les données ont été conservées de façon anonyme. L’anonymisation s’est faite par numérotation des participants lors du travail de retranscription. Toutes les informations permettant de reconnaître quiconque (noms, prénoms, lieu,…) ont été remplacées. A l’issu de ce travail de thèse, les fichiers audio seront détruits.
Selon la Loi Jardé, notre thèse n’a pas pour objectif de développer des connaissances biologiques et médicales, nous avons donc pu nous passer d’un avis auprès du Comité de Protection des Personnes (CPP). Notre étude ne relève pas du Règlement Général sur la Pro-tection des Données (RGPD) et n’a nécessité aucune démarche particulière auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL).

Facteurs limitants de la prévention

D’après les médecins généralistes, plusieurs éléments sont à l’origine d’une préven-tion primaire non optimale, notamment des travailleurs saisonniers ne permettant pas l’intervention en prévention primaire.
E5 : « Il faudrait intervenir en formation pour euh les techniques d’appui, de poids, de se pencher en avant, de soulever et c’est des gens qui euh malheureusement sont bien sou-vent que des saisonniers, saisonnières donc qui rentrent, qui échappent à tout ça quoi, voi-là.»
Un manque de connaissances par les médecins généralistes est souligné concernant l’ergonomie du travail.
E6 : « C’est plus par manque de connaissance, ‘fin je fais de la petite prévention ouais « faite attention quand vous vous baisser, au port de charge, etc. »
Enfin les patients exposés à des facteurs de risque de lombalgie n’ont souvent pas de forma-tion. E5 : « Et ça y a un gros déficit en formation en ergonomie du travail des postures chez les gens qui travaillent avec leur dos. »

Dépister les facteurs de risque de lombalgie et de chronicité ainsi que les conséquences

L’interrogatoire est qualifié par les médecins généralistes d’important, notamment il permet d’évoquer tous les thèmes qui vont suivre, consacrés au dépistage des facteurs de risque, important pour élaborer la suite de la prise en charge.
Lors de l’interrogatoire sont alors évoqués les facteurs de risque de lombalgie et les facteurs de risque de passage à la chronicité.
E8 : « L’interrogatoire de la personne est important. »
Justement, lors des entretiens, il a été demandé aux médecins généralistes s’ils con-naissaient les recommandations de l’Assurance Maladie concernant les lombalgies com-munes, sorties en 2019 qui parlent notamment du dépistage des facteurs de risque de chro-nicité, sur les 13 médecins interrogés, 6 connaissaient ces recommandations.
Ceux qui les connaissent essaient au maximum de les appliquer tout en s’adaptant aux pa-tients. E5 : « Tu essaies de les mettre en application en fonction de la négociation que tu peux me-ner avec le patient. »
E10 : « On lit tout ça après y a une réalité de terrain que vous apprendrez. Il faut arriver à… L’intérêt toujours, c’est l’intérêt de votre malade […] C’est-à-dire qu’y a des fois où il faut durcir le ton, y a des fois il faut être à contre-courant de certaines recommandations. »
Pour d’autres, ils les ont lu mais ne les connaissaient pas par coeur.
E4 : « J’utilise pas parce que euh enfin j’utilise pas, j’utilise pas, en gros ça fait partie des signes qu’on, que je suis d’habitude donc effectivement j’ai pas retenu le système des dra-peaux. »
Un des médecins pensait que les drapeaux rouges faisaient aller plus vite aux examens com-plémentaires alors que le but était l’inverse.
E6: « Après je trouve que y en a certains quand même euh qui finalement, j’ai l’impression qu’ils vont plus pousser à des examens complémentaires que ce qu’on dit de faire. »
Concernant les facteurs de risque, les médecins ont une facilité à les aborder par la connaissance antérieure, le suivi de leur patient.
E1 : « Après, c’est des gens qu’on connait, c’est l’avantage de la médecine générale, c’est que souvent bon, c’est rare les gens qui arrivent pour la première consultation pour ça, que tu connais pas du tout avant. […] Tu connais les gens, tu connais leur caractère, tu connais leur travail, tu connais un peu dans leur famille. »

Impacter positivement par la kinésithérapie

Une partie des médecins interrogés pensent que la kinésithérapie joue un rôle sur le plan psychologique.
E1 : « La kiné […] psychologiquement ça leur fait du bien aussi. »
Un des médecins faisait appel aux kinésithérapeutes pratiquant la méthode McKenzie pour l’aider à évoquer l’aspect psychologique.
E6: « En fait quand ça devient un peu trop gros aussi même si pour moi y a que le coté en effet psychologique qui rentre en compte j’hésite pas à les envoyer à ce moment-là encore plus chez le kiné Mackenzie. »

Difficulté à expliquer l’aspect psychologique

Plusieurs médecins exprimaient une difficulté à expliquer aux patients ayant des lombalgies d’origine psychosomatique leur provenance.
E7 : « C’est pas simple à dire hein aux gens euh, aux gens justement qui ont, qui ont plutôt des douleurs euh, alors je vais te dire psychosomatique, c’est pas psychosomatique, les douleurs ils les ont mais les ressentent probablement plus fortes qu’elles le sont réelle-ment.»
Pour prouver cette origine, certains médecins la justifiaient au patient par des examens complémentaires et s’appuyaient même parfois sur l’avis d’un spécialiste.
E1 : « Quand tu les connais tu leur dit, tu leur dit euuuh après, ‘fin à un moment c’est dans votre tête quoi enfin vous pouvez pas avoir mal au dos alors que vous avez rien quoi bon après souvent il faut quand même faire des examens. »
E7 : « C’est vrai que quand on a une imagerie qui est normale et un rhumato qui dit « Non mais euh ça va aller » c’est quand même beaucoup plus de force pour dire « Bon allez euh le dos ça va euh ça va aller. », plus de force que de dire « Non non mais c’est rien. ».»

Gérer par les médecins généralistes seuls

Un bon nombre de médecins généralistes évoquait faire une « psychothérapie » eux-mêmes, avoir un rôle d’écoute chez certains de leur patients devant le manque d’accès aux spécialités ou parfois lorsque c’est transitoire.
E8 : « Alors des fois, souvent je fais appel à moi parce que vous avez des gens euh, vous sa-vez comment c’est hein le CMP (Centre Médico-Psychologique) euuuh hein, on n’arrive pas forcé… C’est pas qu’ils sont pas présents mais on n’arrive pas forcément à les trouver euh à les contacter donc ben je oui je fais appel à moi. »
E10 : « Donc on n’a pas l’accès au psychologue, on n’a pas l’accès au psychiatre donc ça veut dire que ça incombe au médecin généraliste de faire de la psychothérapie. […] Je le fais la psychothérapie, faut le faire sur un nombre de patient très limité, que vous avez sélec-tionné avec qui vous savez que vous allez pouvoir apporter un soutien mais ça va être, c’est quelque chose d’extrêmement chronophage. »
E7 : « Parfois si c’est juste le gars qui est justement lombalgique chronique qui a un petit coup de mou ben parfois le simple fait de discuter ou de réorienter sur les projets parce que souvent ils perdent un peu le projet et ça « c’est bon ma vie est foutu j’arrive plus à faire » simplement nous en consultation on peut, ben on peut réexpliquer et euh et du coup re-donner un peu d’élan ‘fin voilà parfois. »
Alors que d’autres médecins ne se sentent pas compétent et orientent les patients.
E13 : « Mon rôle c’est pas de les prendre en charge moi je suis pas compétente pour ça, c’est de, c’est de les amener à se dire que ce serait pas mal d’aller voir un psychologue quoi, éventuellement si c’est vraiment lourd je peux les envoyer sur le CMP. »
Certains médecins font remonter les difficultés à adresser au psychologue devant l’aspect financier.
E10 : « Et l’accès au psychologue est pas remboursé en France et vous savez qu’on est dans un système de santé où les gens sont très attachés à ce que ça leur coûte rien donc y a beaucoup de gens que vous voulez orienter en disant « Tu aurais besoin d’un travail de psy-chothérapie et ce travail de psychothérapie te ferait beaucoup de bien » et ils vont te dire « Non mais attend 40 euros ou 60 euros la séance moi je les ai pas quoi ». »
E13 : « Un psychologue souvent ça n’est pas pris en charge par la sécurité sociale, c’est pris en charge par quelques mutuelles mais pas toutes. Il faut avoir un bon niveau voilà et c’est juste quelques séances qui sont prises en charge. »
Les facteurs de risque de chronicité sont donc nombreux et parfois difficile à maitriser. Nous allons voir dans la prochaine partie comment les médecins soulagent leurs patients.

Soulager le patient

Certains médecins interrogés ont souligné le rôle de prescription du médecin généra-liste et notamment la difficulté de ne pas céder à la demande du patient. Soulager le patient se fait à la fois sur le plan de la douleur mais aussi sur le plan psychologique comme nous l’avons vu précédemment.

Soulager sur le plan de la douleur

Dans la lombalgie aiguë, quasiment tous les médecins généralistes déclaraient pres-crire des antalgiques en première intention et de manière systématique.
E10 : « On va commencer par faire une prise en charge qu’on essaie d’être le plus médical léger, c’est-à-dire un antalgique, généralement on part sur du paracétamol d’accord ou on passe du paracétamol avec un palier 2 doux sur un laps de temps qui est relativement défini c’est-à-dire généralement c’est 3 semaines – 1 mois pour avoir une visibilité. »
Certains prescrivent également des antalgiques plus optionnels tels que les décontractu-rants, les ceintures lombaires voir les thérapeutiques alternatives telles que la photo-bio-modulation.
E10 : « … Les décontracturants musculaires bah on les met pas de façon systématique. »
E12 : « Alors je sais plus si je lui ai mis une ceinture ou pas parce que depuis qu’une an-cienne interne est passée ici je mets des ceintures de soutien lombaire alors que j’en met-tais jamais avant. »
E11 : « Et alors nous ici, on a une particularité mais qui est pas encore développée mais on fait de la lumière froide sur tout ce qui est sciatique et lumbago donc on peut leur proposer cette alternative-là, on peut essayer de l’acupuncture, on peut essayer euh des autres al-ternatives à la médecine traditionnelle. »
La prescription est à adapter à chaque patient avec parfois une escalade thérapeutique mais pour certains médecins il y avait peu d’intérêt à majorer les traitements antalgiques.
E10 : « On essaie de pas être trop stéréotypé, c’est-à-dire que le mec qui a mal au dos c’est pas systématiquement anti-inflammatoire, antalgique, décontracturant, on essaie de modu-ler, d’abord aux antécédents du patient, aux thérapeutiques, aux effets croisés, à l’âge, aux risques de comorbidités ou d’effets secondaires. »
E11 : «Bah souvent c’est des gens auxquels vous donnez des paliers 1, des paliers 2, des morphiniques et ça passe pas quoi, on finit au versatis euh et ça marche pas. »
E12 : « D’augmenter les traitements ça va pas servir à grand-chose il faut plutôt essayer de, surtout de continuer à bouger. »
Un médecin trouvait que la kinésithérapie permettait de diminuer les antalgiques.
E7 : « Je pense que une kiné bien faite euh ça sauve la vie, souvent, en rééducation bien sûr, ça sauve la vie souvent, ça épargne beaucoup de traitement, d’anti-inflammatoire et sur-tout euh ben de récidive, de gravité, de complication. »

Soulager sur le plan psychologique

Devant une part psychologique importante, certains médecins instaurent des traite-ments par antidépresseurs ou anxiolytiques selon le patient.
E7 : « Fin voilà parfois on peut aussi gérer simplement certains coups durs ou autres avec bon un peu d‘anxiolytique ou prise en charge d’une dépression, ‘fin voilà antidépresseur temporairement ou autre on peut gérer. »
E11 : « Souvent et même des fois, quand on est dépassé et qu’on n’arrive pas à les soulager physiquement euh on finit par donner des antidépresseurs, parce qu’il y une part psycholo-gique qui est énorme. »

Eduquer le patient

Une grande majorité des médecins interrogés nous ont évoqué l’importance de l’éducation, en donnant des explications sur plusieurs thèmes. Certains ont également signi-fié leur limite face à l’éducation surtout par un manque de connaissance. Pour pallier à ce manque, certains ont confié s’aider du kinésithérapeute.

Expliquer

Expliquer c’est important mais cela prend du temps, beaucoup nous ont dit ne pas le faire ou le faire trop brièvement car ça demandait des consultations trop longues. Plusieurs thèmes sont abordés dans ce temps d’explication.

Expliquer la maladie

Plusieurs médecins nous ont rapporté l’importance d’expliquer la lombalgie aux pa-tients et pour cela ils ont différentes méthodes d’explication, en dessinant, par des modéli-sations de colonne vertébrale ou en donnant des chiffres pour expliquer que c’est une pa-thologie fréquente.
E6 : « Euuh, je leur explique, je leur fait un dessin de leur colonne vertébrale. »
E7 : « Je leur explique que tout le haut du corps repose sur la 5ème lombaire d’un point de vue osseux et que donc qu’il faut faire attention et qu’une bouteille d’eau ici elle pèse 1 kg et ici elle pèse 10kg, donc porter plutôt près du corps. Je leur explique qu’il faut pas faire de mouvement brusque si on veut soulever un truc mais plutôt prendre un dixième de plus et penser à verrouiller le dos. »

Expliquer les imageries

Les patients sont souvent demandeurs d’une imagerie du rachis lombaire, la plupart des médecins tentaient alors de donner une explication sur l’intérêt de l’imagerie qui parfois n’est pas toujours justifiée et dans ces cas-là certains ont constaté un manque de compré-hension des patients du refus de réaliser une imagerie.
E10 : « C’est-à-dire que quand vous avez 40 malades et que le mec il a mal, il dit « j’ai mal au dos, vous pouvez pas me faire une petite radio ? ». Bon des fois quand on est bien, on est punchi on dit, on lui explique, des fois quand on n’a pas le temps on lui dit « Fait ta radio casses-toi et tu me la ramèneras. ». »

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Définition
1.2 Epidémiologie
1.3 Coûts socio-économiques
1.4 Objectif de notre étude
2 Matériel et méthodes
2.1 Type d’étude
2.2 Recherches préalables et apprentissage de la méthode
2.3 Population
2.4 Recueil des données
2.5 Analyse des données
2.6 Cadre éthique et légal
3 Résultats
3.1 Généralités
3.2 Résultats des entretiens des médecins généralistes
3.2.1 Prévenir
3.2.1.1 Prévenir semble difficile
3.2.1.2 Prévention à cibler
3.2.1.3 Prévention : intervention d’une multitude d’acteurs
3.2.1.4 Facteurs limitants de la prévention
3.2.2 Dépister les facteurs de risques de lombalgie et de chronicité ainsi que les conséquences
3.2.2.1 Mode de vie
3.2.2.2 Alimentation, sédentarité et surpoids
3.2.2.3 Profession
3.2.2.3.1 Facteurs déclenchants
3.2.2.3.2 Facteurs de risque de chronicité
3.2.2.4 Facteurs psychologiques
3.2.2.4.1 L’aborder
3.2.2.4.2 Type de patients
3.2.2.4.3 Impacter positivement par la kinésithérapie
3.2.2.4.4 Difficulté à expliquer l’aspect psychologique
3.2.2.4.5 Gérer par les médecins généralistes seuls
3.2.3 Soulager le patient
3.2.3.1 Soulager sur le plan de la douleur
3.2.3.2 Soulager sur le plan psychologique
3.2.4 Eduquer le patient
3.2.4.1 Expliquer
3.2.4.1.1 Expliquer la maladie
3.2.4.1.2 Expliquer les imageries
3.2.4.1.3 Expliquer les limites de la chirurgie
3.2.4.1.4 Expliquer les facteurs de risques et conseils préventifs
3.2.4.2 Modifier le comportement du patient
3.2.4.2.1 Efficacité ou inefficacité
3.2.4.2.2 Observance difficile à contrôler
3.2.4.3 Se sentir limité
3.2.4.3.1 La formation des médecins
3.2.4.3.2 Education appuyée par campagne Assurance Maladie
3.2.4.3.3 Education renforcée par la kinésithérapie
3.2.4.3.4 Education, un nouvel outil à disposition
3.2.5 Prescrire des examens complémentaires
3.2.5.1 Quand prescrire ?
3.2.5.2 Examens complémentaires limités par délai
3.2.5.3 Doute sur l’interprétation des imageries
3.2.5.4 Limité la prescription d’examens complémentaires par la kinésithérapie
3.2.5.5 Porte d’entrée dans la chronicité
3.2.6 Travailler en équipe
3.2.6.1 Accès difficile
3.2.6.2 Communication difficile
3.2.6.3 Différents acteurs
3.2.6.4 Prescrire de la kiné
3.2.7 Gérer les arrêts et la reprise du travail
3.2.7.1 Conséquence sur patient et médecin
3.2.7.2.1 La relation avec le médecin du travail
3.2.7.2.2 Aménager le poste
3.2.7.2.2.1 Limité par employeur
3.2.7.2.2.2 Limité par le patient
3.2.7.2.3 Se reconvertir
3.2.7.2.4 MDPH
3.2.7.2.5 Inaptitude
3.2.7.3 Médecin conseil
3.2.7.4 Médico-social
3.2.8 S’ajuster à l’autre dans la relation médecin-patient
3.2.8.1 Se sentir en difficulté
3.2.8.1.1 Prise en charge médicale pure non complexe mais complexe sur le plan psycho-sociale
3.2.8.1.2 Sentiment d’impuissance
3.2.8.2 Prendre en compte le patient
3.2.8.2.1 Lombalgie prétexte
3.2.8.2.2 Volonté de reconnaissance
3.2.8.2.3 Motivation
3.2.8.2.4 Capacité de compréhension et acceptation
3.2.8.2.5 Mode de vie / COVID
3.2.9 Suggestion
3.2.9.1 La kinésithérapie et les écoles du dos
3.2.9.2 Faciliter le travail multidisciplinaire
3.2.9.3 Prévention primaire
3.2.9.3.1 Au travail
3.2.9.3.2 En sport
3.2.9.3.3 Via les campagnes télévisées
3.2.9.4 Créer un ROSP
4 Discussion
4.1 Comparaison des résultats
4.1.1 S’ajuster au patient
4.1.2 Prise en charge des facteurs de risque de chronicité de la lombalgie
4.1.2.1 Aspect psychologique
4.1.2.2 Attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos
4.1.2.3 Comportement douloureux inapproprié
4.1.2.4 Problèmes liés au travail
4.1.2.5 Application des outils de dépistage
4.1.3 Prévention primaire
4.1.4 Travail Multidisciplinaire
4.2 Critique de l’étude et validité
4.2.1 Force
4.2.1.1 Intérêt de l’étude
4.2.1.2 Validité externe
4.2.1.3 Validité interne
4.2.2 Limites
4.3 Les perspectives d’amélioration
5 Conclusion
6 Bibliographie

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