Prise en charge du goitre endémique
Rappel : Anatomie et physiologie de la glande thyroïde
Anatomie
La glande thyroïde, en forme de bouclier (thuréos=bouclier et eidos= forme) ; occupe une position médiane dans la région cervicale antérieure, contre le larynx et la partie supérieure de la trachée. Elle est formée de deux lobes reliés par l’isthme, d’où nait parfois un petit lobe supplémentaire appelé pyramide de la luette. Son poids normal est de 15 à 25 grammes, avec des dimensions moyennes de 4×3×3 cm. Elle a des relations étroites avec les parathyroïdes, situées entre la face interne des lobes et la trachée ; et avec les nerfs récurrents qui passent dans l’angle formé par la face interne des lobes et la trachée.
La vascularisation artérielle est assurée par les artères thyroïdiennes : supérieure branche de la carotide externe, et inférieure branche de l’artère sous clavière. Alors que les veines émerEpidémiologie du goitre endémique dans les régions de Marrakech Tensift Alhaouz et Tadla Azilal gent de l’intérieur de la glande vers la veine jugulaire interne et le tronc veineux brachiocéphalique.
L’énervation est assurée par les fibres sympathiques et parasympathiques du système nerveux autonome.
Physiologie de la glande thyroïde
La thyroïde a pour fonction de capter l’iode circulant pour synthétiser les hormones thyroïdiennes.
L’unité fonctionnelle pour cette synthèse est le follicule thyroïdien. La thyroïde contient également un second type cellulaire : cellules « C » ou cellules claires qui synthétisent la calcitonine.
L’iode
L’iode est un oligo-élément présent dans l’organisme à l’état de trace (15 à 20 mg chez l’adulte). Les besoins nutritionnels en cette matière sont très faibles, puisqu’ils s’expriment en microgrammes. Cependant, ils sont plus élevés chez le nourrisson en fonction de son poids, l’enfant en croissance et chez la femme enceinte et allaitante.
L’alimentation constitue la principale source de l’iode dans l’organisme. Les aliments les plus naturellement riches en iode sont les poissons et les crustacés de l’eau de mer. L’iode est également présent dans tous les légumes et fruits cultivés sur des sols ayant une teneur suffiEpidémiologie
du goitre endémique dans les régions de Marrakech Tensift Alhaouz et Tadla Azilal sante en ce micronutriment, ainsi que dans les produits laitiers, les oeufs, la volaille et la viande des animaux dont l’alimentation en renferme suffisamment.
Le sel gemme (provenant des mines sous forme de roches) ne contient pas du tout l’iode, alors que le sel marin en contient, mais en quantité incapable de répondre aux besoins de l’organisme.
L’élimination de l’iode s’effectue par les urines et pour une faible part dans les matières fécales.
Biosynthèse des hormones thyroïdiennes
Le seul rôle connu de l’iode dans l’espèce humaine est de constituer un élément essentiel dans la composition des hormones thyroïdiennes : thyroxine (T4) et la tri-iodothyrosine(T3). Les étapes de cette synthèse sont résumées dans le tableau XII.
Effets physiologiques des hormones thyroïdiennes
A concentration physiologique, les hormones thyroïdiennes ont un effet anabolique. Elles favorisent ainsi la croissance et le développement, en particulier au niveau du système nerveux et du squelette. Elles ont aussi un effet métabolique : fourniture de substrat et production de la chaleur par thermogénèse.
–Au niveau du coeur, elles ont un effet chronotrope et inotrope.
–Au niveau du tissu adipeux, elles ont un effet catabolique en stimulant la lipolyse.
–Au niveau du muscle, elles augmentent la dégradation des protéines.
–Au niveau de l’os, elles assurent la promotion de la croissance et du développement squelettique normal.
–Au niveau du système nerveux elles proumouvoient du développement cérébral normal.
–Au niveau du tube digestif, elles régulent le transit avec augmentation de l’absorption des glucides.
–Autres : stimulation de la formation des récepteurs LDL et effet calorigénique par augmentation de la consommation de l’oxygène dans les tissus métaboliquement actifs.
Régulation de la fonction thyroïdienne
La biosynthèse des hormones thyroïdiennes est contrôlée principalement par deux facteurs : L’axe thyréotrope et l’iode.
– L’axe hypothalamo-hypophysaire : la TRH stimule la synthèse et la libération de la TSH qui a de nombreux effets sur la glande thyroïde : elle entraine l’augmentation de son poids et de sa vascularisation, de la captation de l’iodure, de l’iodation de la thyroglobuline, de la synthèse de la thyroglobuline et des HT et de la desiodation des iodothyrosines.
Les hormones thyroïdiennes ont un effet de rétrocontrôle négatif sur la sécrétion de TRH et TSH.
–L’iode : L’impératif des quantités similaires des HT, quel que soit l’apport iodé, sousentend que l’ion iodure contrôle la production thyroïdienne. Cette activité de contrôle se fait à plusieurs niveaux dans la cellule thyroïdienne. En cas de carence en iode, la fonction thyroïdienne se trouve, inversement, directement stimulée. Il existe aussi un effet indirect : la carence Epidémiologie du goitre endémique dans les régions de Marrakech Tensift Alhaouz et Tadla Azilal iodée marquée et prolongée aboutit à une diminution du taux des HT circulantes, ce qui stimule la production de TSH.
–Autres facteurs : Le couple TRH/TSH et l’iode constituent les deux principaux acteurs de régulation de la fonction thyroïdienne. D’autres signaux extracellulaires sont toutefois capables de moduler la biologie de la cellule thyroïdienne. Il s’agit par exemple de neurotransmetteurs qui sont émis par les terminaisons axonales des nerfs du système neurovégétatif destiné à la thyroïde.
Les troubles dus à la carence iodée
Introduction
Le terme de « TDCI » ou « IDD » est utilisé actuellement pour nommer tous les effets de la carence en iode. Le goitre endémique n’en constitue que l’aspect extrême et le sommet visible de l’iceberg des TDCI.
Le spectre des troubles dus à la carence iodée
Le spectre des TDCI dépend de l’intensité de la carence iodée et donc de l’hypothyroïdie qui en résulte, mais aussi de l’âge du sujet atteint.
Evaluation des troubles dus à la carence iodée
Pour évaluer l’importance des TDCI dans une population en vue de leur contrôle, l’OMS, l’ICCIDD et l’UNICEF recommandent essentiellement deux types d’indicateur d’évaluation : la taille de la glande thyroïde et le dosage de l’iode urinaire. Cependant, les dosages de la TSH et de la thyroglobuline peuvent également être utilisés, mais vu leurs couts élevés, ils ne sont pas de pratique courante.
Taille de la thyroïde
La méthode traditionnelle pour déterminer la taille de la thyroïde est l’inspection et la palpation. Mais dans des zones d’endémie légère à modérée, la sensibilité et la spécificité de la palpation diminuent et l’utilisation de l’échographie est préférable.
Epidémiologie du goitre endémique dans les régions de Marrakech Tensift Alhaouz et Tadla Azilal.
La taille de la glande thyroïde augmente progressivement en réponse à la déficience iodée, mais elle nécessite des mois, voire des années, pour retrouver sa taille initiale après correction de cette déficience. Pendant cette période, la taille de la thyroïde n’est pas le bon indicateur parce qu’elle ne représente pas l’état actuel du statut en iode. Cependant, c’est un bon indicateur pour juger la sévérité des TDCI, et l’efficacité d’un programme d’iodation du sel à long terme.
Dosage de l’iode urinaire
C’est un indicateur sensible aux changements récents de la consommation iodée, étant donné que la majeure partie de l’iode absorbé est éliminée dans les urines. Il peut changer d’un jour à l’autre et au cours de la même journée.
Dosage des éléments de sang
La TSH et la thyroglobuline peuvent être utilisées comme indicateur de surveillance.
Le taux de la TSH est le meilleur test diagnostique pour déterminer l’hypothyroïdie chez le nouveau né, ce taux reflète directement la disponibilité des HT dans le sang, et par conséquent le statut en iode.
Le taux de la thyroglobuline présent dans le sang varie en raison inverse de l’apport en iode dans tous les groupes d’âge.
Le dosage des HT (T3 et T4) n’est pas préconisé pour des besoins de surveillance.
Le tableau XIV récapitule les indicateurs d’évaluation des TDCI et la sévérité de la carence iodée en fonction de chaque indicateur.
Goitre endémique
Introduction
Le goitre, ou hypertrophie de la glande thyroïde, est la manifestation la plus fréquemment décrite et la plus évidente de la carence iodée. Le terme endémique signifie que plus de 5% des enfants en âge scolaire ont un goitre.
Etiologies
Carence iodée
Cette notion repose sur d’innombrables enquêtes épidémiologiques, de même que sur des données expérimentales chez l’animal. La démonstration ultime a été apportée par les nombreuses études d’intervention démontrant que la prévalence du goitre régresse en cas de suppléance iodée.
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Table des matières
Introduction
Population et méthodes
I- Population
1-Province d’Alhaouz
2-Province d’Azilal
3-Echantillonnage
II- Méthodes
1-Collecte des données
2-Définitions et normes utilisées
Résultats
I- Description de la population
1-Alhaouz
2-Azilal
II- Prévalence du goitre
III- Etude clinique
1-Grade et type du goitre
2-Les signes de dysthyroïdie
3-Les signes de compression
IV-Le profil socio-épidémiologique du goitre
1-Le milieu de résidence
1-1-Prévalence du goitre selon le milieu de résidence
1-2-Distribution des stades du goitre selon le milieu de résidence
2-Distribution selon le sexe
3-Distribution selon l’âge
4-Distribution selon les habitudes alimentaires dans la province d’Azilal
Discussion
I- Rappel
1-Anatomie de la glande thyroïde
2-Physiologie de la glande thyroïd
2-1-L’iode
2-2-Biosynthèse des hormones thyroïdiennes
2-3-Effets physiologiques des hormones thyroïdiennes
2-4-Régulation de la fonction thyroïdienne
II- Les troubles dus à la carence iodée
1-Introduction
2-Le spectre des troubles dus à la carence iodée
3-Evaluation des troubles dus à la carence iodée
3-1-La taille de la thyroïde
3-2-L’iode urinaire
3-3-Le dosage des éléments du sang
III- Le goitre endémique
1-Introduction
2-Etiologies
2-1-La carence en iode
2-2-Les facteurs goitrigènes
3-Physiopathologie du goitre endémique
4-Prévalence du goitre
4-1-La situation au Maroc
4-2-La situation mondiale
5-Etude clinique
5-1-Description du goitre
5-1-1-Grade du goitre
5-1-2-Type du goitre
5-2-La fonction thyroïdienne
5-2-1-L’hypothyroïdie
5-2-2-L’hyperthyroïdie
6-Profil socio-épidémiologique du goitre
6-1-Milieu de résidence
6-2-Sexe
6-3-Age
6-4-Habitudes alimentaires
IV- Dosage de l’iode urinaire
1-Situation au Maroc
2-Situation mondiale
V- Prise en charge du goitre endémique
1-Traitement curatif
1-1-Traitement médical
1-2-Traitement chirurgical
1-3-Traitement par iode 131
2-Prévention
2-1-Sel iodé
2-2-Pain iodé
2-3-Eau iodé
2-4-Huile iodée
2-5-Alimentation diversifiée
3-Statut actuel du programme du sel iodé
VI- Evolution du goitre endémique
1-Sans traitement
2-Avec suppléance iodée
2-1-Evolution favorable
2-2-Complications de la suppléance iodée
Conclusion
Résumés
Annexes
Bibliographie
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