Le cancer du sein constitue le 2ème cancer le plus fréquent dans le monde après le cancer broncho-pulmonaire. Il s’agit du 1er cancer chez la femme touchant 1,67 millions de nouveaux-cas en 2012. Son incidence est plus élevée dans les pays développés alors que le taux de mortalité est plus élevé dans les pays en voie de développement où le cancer du sein est la 1ère cause de décès par cancer chez la femme. Il constitue un problème de santé publique mondial et il reste plus préoccupant dans les pays en voie de développement.
A Madagascar, l’absence de registre du cancer rend difficile l’évaluation réelle du poids du cancer du sein sur la population. Selon les données estimatives du GLOBOCAN, le cancer du sein serait le 2 ème cancer le plus fréquent et causant le plus de décès chez la femme après le cancer du col utérin [2]. Selon la littérature malgache, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers chez la femme et dans la population en générale et il est souvent diagnostiqué à un stade tardif de la maladie [3-6]. La mammographie, le standard pour le dépistage du cancer du sein n’est pas encore incluse dans la politique nationale de lutte contre le cancer [7]. L’insuffisance des moyens techniques et des techniciens de santé ont longtemps été un obstacle dans la prise en charge du cancer : d’où l’ouverture de plusieurs centres d’oncologie et d’anatomopathologie dans le pays ainsi que le renforcement d’effectif dans les services de chirurgie et de gynécologie [7]. Cependant, beaucoup de personnes atteintes du cancer du sein sont encore perdues de vue dès l’annonce du diagnostic ou même en cours de traitement, à cela s’ajoute un coût élevé du traitement .
CADRE DE L’ETUDE
Type et période d’étude
Nous avons effectué une étude rétrospective et descriptive allant du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2016.
Lieu de l’étude
L’étude a été menée dans le Service Oncologie du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Tambohobe, Fianarantsoa. Ce Service a ouvert ses portes en janvier 2011. Ce service comprend :
❖ Neuf lits d’hospitalisation dont 3 lits pour femmes, 3 lits pour hommes et 3 lits réservés à l’oncologie pédiatrique.
❖ Trois lits d’hospitalisation de jour pour les patients venant pour une chimiothérapie ambulatoire.
❖ Les personnels soignants comprennent :
o Deux médecins
o Trois infirmiers généralistes
o Un agent d’appui .
Force et limites
A notre connaissance, il s’agit de la première étude sur le cancer du sein à Fianarantsoa. Les limites de l’étude résident dans le fait qu’il s’agit d’une étude rétrospective et que certains variables n’ont pas été précisés.
Epidémio-clinique
Age de la population d’étude
Dans la littérature malgache, de 1995 jusqu’en 2014, l’âge moyen au diagnostic du cancer du sein variait de 47,5 ans à 50,73 ans [3, 5, 6, 8-10]. Au Ghana comme au Nigéria, l’âge moyen au diagnostic était de 49,19 ans et 48 ans respectivement [11, 12]. Au Maroc, l’âge moyen au diagnostic était de 49, 5 ans à Casablanca et 50 ans à Rabat [13]. Au Japon, l’âge moyen au diagnostic était de 57,6 ans et en Chine, l’âge médian au diagnostic était de 49 ans [14,15]. Dans les pays occidentaux, l’âge moyen ou l’âge médian au diagnostic variaient de 60,7 ans à 63,3 ans [16, 17]. Dans notre étude, l’âge moyen au diagnostic était de 52,83 ans et l’âge médian était à 53 ans. Le cancer du sein touche donc une population plus jeune à Madagascar comparé aux pays occidentaux et rejoint ce qui est retrouvé en Afrique et en Asie. La faible espérance de vie de la population africaine en serait la cause. Selon l’OMS, l’espérance de vie de la population malgache est de 65,5 ans contre 79,3 ans aux Etats-Unis et 82,4 ans en France en 2015 [18]. La présence de cancer du sein familial, les seins denses à la mammographie, une ménarche précoce, la nulliparité et l’âge de la première grossesse tardive sont des facteurs de risque chez les femmes entre 40 à 49 ans [19]. Dans notre étude, 9,62% des patientes avaient un antécédent familial de cancer du sein, les autres facteurs hormonaux n’étaient pas notés. L’exploration des facteurs de risque de cancer du sein chez les sujets jeunes à Fianarantsoa serait utile pour mieux axer les mesures de prévention. Les facteurs hormonaux endogènes peuvent aussi influencer sur la survenue de cancer du sein en préménopause. Une étude comparant le taux des hormones endogènes chez les femmes américaines prémenopausées d’origine africaine et caucasienne avait retrouvé que le taux d’œstradiol et celui d’IGF-1 sont plus élevés alors que le taux du Sex hormone blinding globulin (SHBG) est plus bas chez les américaines d’origine africaine que caucasienne .
Répartition selon la profession
A Antananarivo et à Mahajanga, le cancer du sein touche surtout les couches sociales les plus défavorisées comme dans notre étude où les sans emplois et la profession libérale touchaient 64% des patientes [5, 8]. Nous réitérerons ici l’importance d’une couverture sociale quant à la prise en charge des cancers du sein d’autant plus que cette maladie touche surtout des femmes en pleine activité physique. Au Maroc, le financement de la prise en charge des cancers est fourni par l’Etat ainsi que par les mobilisations nationales et internationales ; ainsi, les personnes à faible revenu bénéficient d’une prise en charge gratuite de sa maladie.
Notion de cancer du sein familial
La présence d’un cancer du sein chez la famille du 1er degré augmente de 1,80 fois le risque de cancer du sein [22]. Ces cancers du sein familiaux sont principalement liés à la mutation des gènes BRCA1 et BRCA2 [23]. Dans notre étude, 5 patientes sur les 52 avaient un antécédent familial de cancer du sein soit 9,62% des cas. Pour Rakotonirina, les patientes qui avaient un antécédent familial de cancer du sein étaient de 10,70% et pour Mamonjisoa, ce taux était de 22,66% [9, 10]. Au Nigéria, les antécédents familiaux de cancer du sein étaient à 7,2% des cas [11]. Pour Hill, 6 à 19% des femmes atteintes de cancer du sein avaient un antécédent familial de cette maladie [24]. Aussi, toute femme avec un antécédent familial de cancer du sein devrait être sensibilisée pour se faire un dépistage régulier de cette maladie. Il serait aussi intéressant d’établir le profil des mutations géniques à BRCA1 et BRCA2 à Madagascar pour mieux cibler le dépistage et optimiser le diagnostic précoce puisque ce sont généralement des cancers de haut grade, triple négatif donc de mauvais pronostic .
Circonstances de découverte
Dans notre étude, la présence de symptômes était la principale circonstance de découverte du cancer du sein constituée dans 86 % des cas par les tuméfactions mammaires. Aucune de nos patientes n’a été diagnostiquée au décours d’un dépistage ou à cause d’un signe lié à une localisation métastatique. Pour Mamonjisoa, Malalanirivo et Rakotonirina, la tuméfaction mammaire est aussi le mode de révélation le plus fréquent et dans ces 3 études, aucune patiente n’a été découverte au cours d’un dépistage [8-10]. En Afrique sub-saharienne, le dépistage du cancer du sein est quasiinexistant parce que l’accès à la mammographie est limité et le coût élevé d’un dépistage de masse empêche la mise en place d’un dépistage de masse gratuit [25]. Les femmes malgaches qui viennent en consultation pour un cancer du sein n’ont donc pas pratiqué de dépistage d’autant plus qu’il n’existe pas de dépistage organisé et subventionné à Madagascar.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. PATIENTS ET METHODE
I.1. Cadre de l’étude
I.2. Patients
I.3. Variables analysés
I.4. Analyse des données
II. RESULTATS
II.1.Epidémiologie
II.2.Clinique
II.3. Paraclinique
II.4. Stadification
II.5.Traitement
III. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES