La peau est un organe à part entière, complexe et cible de nombreuses pathologies allant des plus bénignes au plus complexes. Le pharmacien d’officine est très souvent sollicité par ses patients pour des problèmes de peau ; de par sa proximité, sa disponibilité et la gratuité de ses conseils; il est quotidiennement confronté à cette demande : « Docteur, qu’est-ce que cela peut être ? Que pouvez-vous me conseiller? ».
Les affections dermatologiques font donc partie des pathologies courantes en officine et dont la prise en charge peut aller d’un simple conseil à une consultation spécialisée. Le rôle du pharmacien n’est en aucun cas de poser un diagnostic, il doit savoir reconnaitre les pathologies dermatologiques les plus fréquentes et prodiguer les conseils nécessaires pour une meilleure prise en charge. Dans ce travail, nous avons voulu faire le point sur les affections dermatologiques les plus rencontrées en officine afin de proposer des conseils et des traitements appropriés pour chaque affection.
RAPPELS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES DE LA PEAU
Origine de la peau
La peau est l’organe le plus extérieur de l’organisme qui a un rôle d’information et donc d’éventuelle protection et qui permet aussi une connexion directe avec le système nerveux central (37).
Structure de la peau
La peau est un organe complexe et indispensable à la vie.
Elle est formée de trois strates à partir de l’extérieur :
1- une partie superficielle externe qui constitue l’épiderme
2- une partie interne plus épaisse constituant le derme
3- l’hypoderme, la partie la plus interne .
L’épiderme
L’épaisseur totale de l’épiderme est de 100µm. Il est constamment en renouvellement et le temps de renouvellement de ces cellules épidermiques pour migrer de la couche basale vers la surface est de quatre semaines environ. L’épiderme est un épithélium pavimenteux stratifié et kératinisé formé de quatre couches:
– La couche basale qui est la plus interne, frontière avec le derme et qui est germinative, c’est à dire produit les cellules kératinocytes (80%)
– La couche spineuse
– La couche granuleuse
– La couche cornée la plus externe : les kératinocytes qui naissent dans la couche profonde de l’épiderme (couche basale) migrent progressivement vers la surface en subissant des modifications (aplatissement) et en fabriquant des protéines du groupe des kératines. Il s’agit là du processus de kératinisation.
Le processus de la kératinisation aboutit à la formation de la couche externe (cornée) qui est une couche très mince (15µm) et très résistante, faite de cellules appelées les cornéocytes qui sont des cellules mortes, plates, empilées en de nombreuses couches et éliminées régulièrement par desquamation. L’épiderme renferme d’autres cellules épidermiques telles que les mélanocytes qui élaborent un pigment noir appelé la mélanine responsable de la coloration noir de la peau et les cellules dendritiques dites de Langerhans qui sont originaires de la moelle osseuse. L’épiderme est une véritable barrière entre l’extérieur et l’intérieur de l’organisme. Cette barrière est renforcée, d’une part par l’existence à la surface de la peau d’un film invisible fait d’un mélange de sueur et de sébum (film hydrolipidique) et d’autre part, par un « mortier gras » intercellulaire composé surtout de sphingolipides à acide linoléique. Cependant, cette barrière laisse passer les molécules, surtout lipophiles .
Le derme
Le derme est une zone conjonctive faite de l’interaction des fibroblastes et de la matrice extracellulaire. Il s’agit des macromolécules synthétisées et dégradées par les fibroblastes qui sont capables de secréter le collagène, de nature polypeptidique : l’élastine et des mucopolysaccharides qui sont très hydrophiles. L’épaisseur du derme est de 20.000 µm. Il contient de nombreux vaisseaux sanguins et lymphatiques contrairement à l’épiderme et permet la nutrition de celui-ci par diffusion. Il contient aussi des fibres nerveuses, des récepteurs sensoriels, des follicules pileux, des glandes sébacées et des glandes sudoripares. Le derme intervient dans la régulation de l’inflammation par les mastocytes qui assurent le stockage et le transport de l’histamine (38).
L’hypoderme
L’hypoderme est un tissu adipeux sous-cutané d’épaisseur et de distribution variable selon le sexe et l’âge .
Les annexes cutanées
Les glandes sudoripares
Deux types de glandes sudoripares sont décrits (figure 2):
*Les glandes sudorales eccrines qui siègent dans les paumes et les plantes des pieds et des plis, et synthétisant une sueur aqueuse et salée. Elles interviennent dans la thermorégulation et dans l’hydratation de la peau.
*Les glandes sudorales apocrines, annexées aux follicules pileux dans les creux axillaires et la région génitale, synthétisant une sueur grasse et possédant un rôle d’odorant par les phéromones. La sueur comprend 99% d’eau, des sels minéraux avec essentiellement du chlorure du sodium et des déchets. Le rôle de l’innervation neurovégétative pour les sueurs localisées est sympathique par contre celle des sueurs généralisées est parasympathique .
Les glandes sébacées
Les glandes sébacées sont le plus souvent annexées aux follicules pileux et forment ainsi les follicules pilo-sébacés . Elles se retrouvent aussi dans d’autres endroits hors des follicules pileux, notamment sur le front, sur les pommettes et sur le nez. Ces glandes secrètent le sébum qui est un mélange d’acides gras, de triglycérides, de cires, de cholestérol et de débris cellulaires servant à lubrifier le poil et à apporter à la couche cornée l’hydratation et l’imperméabilité. Elles jouent ainsi un rôle dans l’hormonologie générale .
Le poil
Formé d’une tige constituée de cellules kératinisées et d’une racine. La racine est implantée dans l’épaisseur du derme par le bulbe pileux ou follicule pileux avec la glande sébacée. Le muscle lisse arrecteur ou horripilateur déclenche le redressement du poil (« chair de poule ») sous contrôle de l’alpha sympathique .
La vascularisation
La vascularisation est très importante dans le derme par contre dans l’épiderme n’y a aucune vascularisation. Les artères de la peau suivent un trajet sous-cutané puis aboutissent à des plexus vasculaires dermiques arborisés de façon parallèle à la surface épidermique. Ces plexus vasculaires sont constitués de shunts artério veineux qui assurent la nutrition cutanée, régulent la température corporelle et permettent l’afflux des éléments du processus inflammatoire. La régulation vasculaire est sous contrôle neurovégétatif
*Le système parasympathique assure un tonus artériel basal.
*Le système alpha sympathique assure une vascularisation adaptative selon la quantité d’entrée
*Le système beta sympathique permet le retour au tonus basal .
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Table des matières
INTRODUCTION
I.RAPPELS ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES DE LA PEAU
I.1. Origine de la peau
I.2. Structure de la peau
I.2.1.L’épiderme
I.2.2..Le derme
I.2.3.L’hypoderme
I.3. Les annexes cutanées
I.3.1. Les glandes sudoripares
I.3.2. Les glandes sébacées
I.3.3. Le poil
I.3.4. Les ongles
I.4. La vascularisation
I.5. Rôles de la peau
I.5.1.Rôle de protection
I.5.2. Rôle dans la thermorégulation
I.5.3. Rôle d’information
I.5.4. Rôle d’élimination
I.5.5. Rôle d’absorption
I.5.6. Rôle endocrinien
I.5.7. Rôle dans l’expression de l’équilibre endobiogénique
II.QUELQUES GENERALITES SUR LES AFFECTIONS MYCOSIQUES
II.1. Généralités sur les mycoses
II.1.1.Définition
II.1.2. Formes cliniques
II.2. Physiopathologie
II.2.1 .Facteurs locaux
II.2.2. Système nerveux végétatif
II.2.3. Système endocrinien
II.3. Dysfonctionnements émonctoriels
II.4.La peau comme expression des déséquilibres endobiogénique
III.PRISE EN CHARGE DES AFFECTIONS MYCOSIQUES
III.1. Généralités sur le drainage
III.2. Définition du drainage
III.3. Les plantes de drainage
III.4. Traitement phytothérapique
III.4.1 .Principes du traitement endobiogénique
III.4.2.Les éléments phytothérapiques de traitement
III.4.3. Exemples de traitement phytothérapique antimycosique
III.5. Traitement allopathique
III.5.1.Dermatophytoses de la peau glabre
III.5.2. Candidoses buccales
III.5.3. Candidose vaginale
IV .QUELQUES MONOGRAPHIES DE PLANTES ANTI MYCOSIQUES
IV.1. Ribes nigrum. L
IV.1.1. Dénomination et synonymes
IV.1.2.Situation botanique
IV.1.3. Description botanique
IV.1.4.Composition chimique
IV.1.5.Usages traditionnels
IV.1.6. Propriétés pharmacologiques
IV.1.6.1. L’activité anti-inflammatoire
IV.1.6.2 .Activité analgésique
IV.1.6.3 .Effets indésirables et Toxicité
IV.1.6.4.Contre-indications
IV.1.6.5.Emploi thérapeutique
IV.2. Grand plantain : Plantago major
IV.2.1.Classification
IV.2.2. Description botanique
IV.2.3. Composition chimique
IV.2.4.Propriétés pharmacologiques
IV.2.5. Usage traditionnel
IV.2.6 .Proprietés cliniques issues de la pharmacologie
IV.2.7. Modes et formes galéniques
IV.2.8. Propriétés thérapeutiques sur l’angle endobiogénique
IV.2.9. Indication en phytothérapie clinique
IV.3. Noyer commun : Juglans regia
IV.3.1. Classification
IV.3.2. Description botanique
IV.3.3. Composition chimique
IV.3.4. Propriétés pharmacologiques
IV.3.5. Usage traditionnel
IV.3.6. Propriétés thérapeutiques sous l’angle endobiogénique
IV.3.7. Indications en phytothérapie clinique
IV.4. Romarin, Rosmarinus officinalis
IV.4.1. Classification
IV.4.2. Description botanique
IV.4.3. Composition chimique
IV.4. 3.1. Huile essentielle
IV.4.3.2. Feuille et rameaux fleuries
IV.4.4. Propriétés pharmacologiques
IV.4.5. Usage traditionnel
IV.4.6. Propriétés cliniques issues de la pharmacologie
IV.4.7. Propriétés thérapeutiques sous l’angle endobiogénique
IV.4.8. Indications en phytothérapie clinique
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES