Intoxication
L’intoxication, d’après Ybert et Juvain (1997), désigne l’ensemble des troubles dus à l’introduction volontaire ou non, dans l’organisme d’une ou de plusieurs substances toxiques. Selon Fabre et Truhaut, une intoxication est «une pénétration dans l’organisme d’une dose relativement élevée d’une substance étrangère susceptible d’entraîner des atteintes de survenue brutale » (Viala et Botta, 2005). De ces mêmes auteurs, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit une intoxication comme « un état pathologique lié à l’exposition à un toxique ». En résumé une intoxication peut être considérée comme l’ensemble des troubles engendrés par l’exposition à un produit à une dose toxique. Cette notion de dose doit être obligatoirement présente dans la définition. En effet il n’y a que des différences quantitatives entre un poison, un médicament, voire un aliment.
Intoxication par les produits industriels
Les intoxications par les produits industriels sont surtout liées aux activités professionnelles et nécessitent une protection des sujets exposés et le respect par ces derniers de certaines mesures d’hygiène avant pendant et après l’exposition (Bismuth et coll., 2000). L’exposition aux produits industriels entraîne des accidents toxiques qui peuvent être cutanés par l’action directe de caustique, par pénétration cutanée et sensibilisation, par diffusion à partir de cette voie dans l’organisme. Il peut aussi s’agir d’accidents dus à l’inhalation de poussières (plomb, fumées d’oxyde de zinc, de monoxyde de carbone), à l’ingestion par mégarde dans un conditionnement proscrit (bouteilles de boissons, boîtes de conserves alimentaires) (Bismuth et coll, 2000). Les intoxications en milieu de travail comptent 6% de l’ensemble des intoxications rapportées au Canada. Des valeurs un peu plus élevées sont retrouvées en France (17%), aux USA (8,8%) en rapport peut être avec un plus haut niveau d’industrialisation (Jaeger et Flesh, 1999). Au Sénégal les produits industriels sont responsables de 4,6% des cas d’intoxications aiguës (Diop, 2005).
Prise en charge des intoxications
La prise en charge des intoxications se déroule classiquement en trois grandes étapes que sont le diagnostic, le traitement et la prévention.
Diagnostic Selon Wiseman et Henry (1998), le diagnostic des intoxications comporte trois volets que le clinicien s’efforcera de mettre toujours en parallèle. Ce sont l’anamnèse, le diagnostic clinique, les diagnostics biologique et toxicologique.
– l’anamnèse : Lors de la découverte de l’intoxiqué, l’interrogatoire de ce dernier et/ou de son entourage, la recherche de l’ensemble des prescriptions récentes et la recherche d’emballages ou de récipients vides ou contenant un reste de produit, bref la recherche de produits suspects en général constitue une première démarche étiologique pour le clinicien. Cette démarche doit permettre d’affirmer l’intoxication, d’aider à identifier le ou les toxiques en cause et leur voie d’absorption, et de préciser, si possible, les doses absorbées, l’heure de l’intoxication et ses circonstances (Jaeger et Flesh, 1999).
– Diagnostic clinique : Les manifestations cliniques d’une intoxication ne sont pas toujours spécifiques, bien au contraire, certains symptômes sont souvent communs à plusieurs types d’intoxication, ce qui ne facilite pas à priori, le diagnostic clinique. Toutefois, certains signes ou symptômes permettent de se faire une idée, ou de s’orienter vers une telle ou telle classe d’agents toxiques qui leur sont associés (Jaeger et Flesh, 1999). Cet ensemble de symptômes et de signes est défini sous le terme de toxidrome et il aide à orienter l’examen clinique vers une classe particulière de toxique. Les toxidromes ou syndromes toxiques recouvrent donc un ensemble de symptômes qui résultent de l’action toxicodynamique des xénobiotiques. Ces symptômes représentent une constellation de signes cliniques, biologiques et / ou électro cardiographiques. Ils représentent le tableau clinique caractéristique mais non spécifique d’une intoxication. Il peut s’agir d’une intoxication aiguë suite à la prise d’un médicament ou d’une drogue mais aussi d’un sevrage (Hachelal et coll., 2006). L’intérêt de la connaissance du toxidrome réside dans l’aide au diagnostic, dans l’indication d’antidote et la surveillance des intoxications aiguës qu’il procure. Cependant certains toxiques ou certaines situations (poly intoxications ou complications) ne s’accompagnent pas de toxidromes définis. Les principaux toxidromes sont représentés par les syndromes sympathomimétique ou adrénergique, de myorelaxation, opioïde, anticholinergique, cholinergique et sérotoninergique (Hachelal et coll, 2006 ; Bourillon, 2008).
Exsanguino- transfusion
Elle permet la correction des hémolyses et les méthémoglobinémies massives, provoquées par le chlorate de sodium, le nitrobenzène, l’aniline, l’hydrogène arsénié. Son utilisation en pratique est exceptionnelle (Descotes et coll., 1992).
Antagonistes non compétitifs
Un antagoniste non compétitif s’oppose aux effets d’un substrat en se fixant sur un autre site de fixation. La pralidoxime en est un pour les pesticides organophosphorés inhibiteurs des cholinestérases par fixation sur le site estérasique (cationique) de l’enzyme. L’antidote qu’est la pralidoxime, les déplace par fixation sur le site anionique de l’enzyme. Elle est généralement utilisée en association avec l’atropine pour corriger les effets toxiques dus à l’excès d’acétylcholine au niveau des terminaisons nerveuses (Vale, 1999; Baert, 2003; Bertrand et coll., 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre 1 : Généralités sur les intoxications
I. Définitions
I.1 Intoxication
I.2 Toxique
II. Classification des intoxications
II.1 Classification selon le mode de survenue
II.1.1 Intoxication aiguë
II.1.2 Intoxication subaiguë
II.1. 3 Intoxication à long terme
II.2 Classification selon le produit en cause
II.2.1 Intoxications médicamenteuses
II.2 .2 Intoxications par les produits domestiques
II.2.3 Intoxications par les produits industriels
II.2.4 Intoxications par les plantes
III. Mécanisme d’action des toxiques
III.1 Action sur les enzymes
III.2. Interférence avec le transport de l’oxygène
III.3. Action sur les coenzymes
III.4. Action sur les lipides
IV. Prise en charge des intoxications
IV.1 Diagnostic
IV.2 Traitement
IV.2.1 Traitement symptomatique
IV.2.2 Traitement de décontamination
IV.2.3 Traitement épurateur
IV.2.4 Traitement antidotique
IV.3 Prévention
Chapitre 2 : Le pharmacien d’officine face à une intoxication
I. Pharmacien et intoxication médicamenteuse
II. Pharmacien et intoxication aux produits domestiques
III. Pharmacien et intoxication par les produits phytosanitaires
IV. Pharmacien et intoxication alimentaire
V. Pharmacien et intoxication par les plantes et champignons
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. Cadre de l’étude
II. Matériels et Méthodes
II.1-Type d’étude
II.2-Population d’étude
II.2.1-Critères d’inclusion
II.2.2-Critères d’exclusion
II.3- Echantillonnage
II.4- Procédure de collecte de données
III-Résultats
III.1 – Pharmaciens enquêtés
III.1.1- Répartition des pharmaciens selon la fonction et le sexe
III.1.2-Répartition des pharmaciens selon leur l’ancienneté
III.2- Formation en toxicologie
III.3- Connaissance relative à un toxique
III.4- Connaissance relative à une intoxication
III.5- Produits responsables d’intoxications rencontrées par les Pharmaciens
III.6-Délai entre l’intoxication et le moment où le pharmacien a été sollicité
III.7-Circonstances des intoxications
III.8 – Prise en charge des cas d’intoxication
III.9 -Connaissance des antidotes
III.9.1 Connaissance relative à un antidote
III.9.2 Disponibilité des antidotes dans les officines
III.9.3 Disponibilité des produits pouvant être utilisés comme antidotes
III.10 – Connaissance de structures prenant en charge les Intoxications
III.11- Connaissance du numéro vert du Centre Anti-Poison
III.12-Besoins de renforcer les capacités pour une meilleure connaissance des intoxications
IV- Discussion
Conclusion
Références bibliographiques
Annexe
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