Prise en charge décentralisée de l’infection à VIH/SIDA au Sénégal

Malgré les progrès notables réalisés ces dernières années en matière de traitement et de prévention, l‟infection par le VIH / SIDA continue de poser un véritable problème de santé publique au niveau mondial. En effet, d‟après l‟ONUSIDA, 1,6 millions de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH en Afrique subsaharienne en 2012, ce qui porte à 25 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH / SIDA , soit 70,8% du total mondial de 35,3 millions de personnes vivant avec le VIH, et trois quarts (75%) de tous les décès dus au SIDA.

Au Sénégal, les premiers cas de SIDA ont été déclarés à l‟OMS en 1986 et la principale voie de transmission est hétérosexuelle. [54]. L‟épidémie du VIH au Sénégal est de type concentré, avec une prévalence faible (0,7 %) dans la population générale mais élevée chez les personnes vulnérables qui sont les professionnelles du sexe (19,8 %), les hommes ayant des rapports sexuels avec d‟autres hommes (21,4).

Elle se caractérise aussi par une féminisation avec une prévalence de 0.4 % chez les hommes et 0.9 % chez les femmes. [37] En Afrique, les difficultés d‟accès aux antirétroviraux initialement liées au coût élevé de ces molécules, ont été nettement réduites grâce à des initiatives nationales et internationales. Le Sénégal est le premier pays de l‟Afrique subsaharienne à avoir initié un programme gouvernemental de dispensation gratuite d‟antirétroviraux (ARV). Ce programme dénommé « Initiative Sénégalaise d‟Accès aux Antirétroviraux » (ISAARV) a été crée en 1998, avec à la clé de nombreux travaux scientifiques ayant eu un impact très positif sur la prise en charge en Afrique [31]. Il sera décentralisé en 2002 avec comme objectif de mettre sous ARV 7000 PVVIH en 2006. C‟est ainsi que le nombre de sites de prise en charge est passé de 8 à 101 entre 2002 et 2010 et le nombre de PVVIH sous trithérapie de 1855 à 12249 entre 2004 et 2010 selon les données de la division de lutte contre le SIDA (DLSI) du ministère de la santé et de la prévention (MSP). [37; 31]. La ville religieuse de Touba qui compte plus de 800 000 habitants permanents recensés, constitue la seconde agglomération du Sénégal après la capitale. Chaque année, il abrite le grand Magal qui est l‟un des événements religieux le plus important de la sous-région. De plus, de nombreux ziarra et autres cérémonies drainent une forte mobilisation humaine, source de promiscuité. C‟est ainsi que la prise en charge des PVVIH a été initiée à l‟Etablissement Public de Santé Hospitalier (EPSH1) Touba Ndamatou depuis juin 2005.Ce qui justifie cette étude rétrospective dans la cohorte de l‟EPSH1 Touba Ndamatou dont l‟objectif est d‟évaluer les particularités épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutives de l‟infection à VIH/SIDA.

RAPPELS SUR L’INFECTION A VIH/SIDA

DEFINITION

L‟infection à VIH est une maladie d‟origine virale causée par le virus de l‟immunodéficience humaine (VIH) qui est un rétrovirus appartenant à la famille des lentivirus dont deux types ont été identifiés à ce jour (VIH1et VIH2). Elle est la conséquence d‟un déficit profond de l‟immunité cellulaire qui est source de nombreuses infections opportunistes. Le SIDA constitue le stade évolutif terminal de la maladie.

EPIDEMIOLOGIE

REPARTITION MONDIALE DE L’INFECTION A VIH/SIDA

En Afrique subsaharienne

L‟Afrique subsaharienne (Afrique du sud, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Nigeria, Zambie, Zimbabwe) supporte encore une part démesurée du poids de l‟épidémie mondiale de VIH. Bien que le nombre des nouvelles infections ait été réduit, le nombre total de personnes vivant avec le virus continue d‟augmenter. En 2012, ce nombre a atteint 25 millions, soit 70,8 % du total mondial de 35,3 millions. En Afrique subsaharienne, le nombre de femmes séropositives est plus élevé que le nombre d‟hommes vivant avec le VIH et les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont jusqu‟à huit fois plus susceptibles d‟être infectées par le VIH que les hommes. Les rapports sexuels non protégés avec des partenaires multiples demeurent le facteur de transmission du VIH le plus important dans cette région, mais aussi les hommes ayant des rapports sexuels avec d‟autres hommes. La consommation de drogues injectables apparaît comme un nouveau facteur de transmission du VIH en Afrique subsaharienne. Cependant, l’Afrique subsaharienne reste la région la plus largement touchée par le VIH et représente 70,8 % du total des PVVIH, 69,6 % des nouvelles infections et 75 % des décès dus au sida en 2012.

En Asie

L‟épidémie est apparue plus récemment en Asie qu‟en Afrique et seul un petit nombre de pays de la région a mis en place un système de surveillance. En Asie du Sud et du Sud-est, l‟épidémie se développe de façon explosive dans plusieurs régions, notamment en Inde, au Cambodge, au Vietnam et au Myanmar. [64] Cependant, les épidémies du VIH semblent pour la plupart s‟être stabilisées dans les pays d‟Asie en 2012 avec 4,78 millions [3,55 millions–6,4millions] le nombre de personnes vivant avec le VIH, en Asie de l‟Est et du Sud. En 2009, la prévalence chez les adultes était à 1,3 % [0,8 %–1,4 %] et l‟incidence du virus est tombée à 0,1 %. Mais cette dernière a augmenté de 25 % dans les pays où la consommation de drogues injectables est le principal mode de transmission du virus tel que le Bangladesh, le Pakistan entre 2001 et 2009. Présentement, cette région continue d‟afficher un niveau épidémique du VIH relativement faible comparée au reste du monde.

En Europe Orientale et Asie-centrale 

L‟augmentation de la prévalence du VIH est la plus forte au niveau régional. Ainsi d‟après les dernières estimations de L‟ONU/SIDA, le nombre de personnes vivant avec le VIH a presque triplé depuis 2000 en Europe orientale et Asie centrale et atteint un total estimé à 1,3 million [1million– 1,7 million] en 2012, contre 760 000 [670 000–890 000] en 2001. Cependant, l‟épidémie de l‟infection à VIH a connu une flambée dans cette région parmi les personnes qui consomment des drogues injectables, les professionnelles du sexe et leurs partenaires sexuels et dans une moindre mesure, les hommes ayant des rapports sexuels avec d‟autres hommes.

PHYSIOPATHOLOGIE

AGENTS PATHOGENES

Le Virus d‟Immunodéficience humaine (VIH) est un virus à ARN faisant partie du sous-groupe des lentivirus. Son matériel génétique est constitué par deux molécules d‟ARN identiques et il possède une enzyme spécifique : la transcriptase inverse. Deux types sont actuellement connus :
➨ le VIH-1 le plus commun de par sa répartition mondiale, découvert en 1983 à l‟Institut Pasteur de Paris par l‟équipe du professeur Luc Montagnier ;
➨ le VIH-2 surtout présent en Afrique de l‟Ouest, isolé en 1985 par des équipes françaises et américaines en collaboration avec l‟équipe du Professeur Souleymane Mboup du Sénégal.
➨ Le VIH 1 proche des virus de chimpanzés africains. Il est constitué de trois groupes différents : M, N, O. Le groupe M dominant au sein duquel existe une grande diversité génétique : sous-types A à K (sous-type B dominant en Europe et aux Etats Unis, sous-type C dominant dans le monde – Afrique subsaharienne), le groupe N est proche du virus SIV et groupe O rare surtout localisé en Afrique de l‟Ouest. Au sein de ces trois groupes, on détermine des sous-types définis par une lettre A, B, C, D, E, F, G, H, I, J ; le sous-type européen et américain est le sous-type B.
➨ Le VIH-2 est proche des virus des singes mangabey
➨ Son mode de réplication nécessite comme pour les autres rétrovirus, une rétro transcription de l‟ARN viral en molécule d‟ADN, grâce à la reverse transcriptase .

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Table des matières

INTRODUCTION
I/ DEFINITION
II/ EPIDEMIOLOGIE
1/ REPARTITION MONDIALE DE L‟INFECTION A VIH/SIDA
1.1. En Afrique subsaharienne
1.2. En Asie
1.3. En Europe Orientale et Asie-centrale
III/ PHYSIOPATHOLOGIE
1/ AGENTS PATHOGENES
2/ STRUCTURE DU VIH
3/ LA REPLICATION VIRALE
3.1. Les cellules cibles
3.2. Les étapes de la réplication virale
3.3. Les conséquences de la réplication virale
4/LES RÉPONSES IMMUNES A LA REPLICATION VIRALE
4.1. Réponses immunes humorales
4.2. Réponses immunes cellulaires
IV/LES MODES DE TRANSMISSION
1/LA TRANSMISSION SEXUELLE
2/LA TRANSMISSION PAR LE SANG ET SES DERIVES
3/LA TRANSMISSION MERE-ENFANT
V/ DEPISTAGE
1/ LES METHODES INDIRECTES
1.1. Les méthodes immuno-enzymatiques de type ELISA
1.2. Les tests de confirmation
1.3. Les tests rapides
2/ LES METHODES DIRECTES
2.1. La détection de l‟antigène du virus
2.2 La réaction de polymérisation en chaîne (PCR)
VI/ HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION A VIH
1/ PHASE DE PRIMO-INFECTION
2/PHASE ASYMPTOMATIQUE
3/ PHASE SYMPTOMATIQUE MINEURE DE L‟INFECTION à VIH
4/PHASE SYMPTOMATIQUE MAJEURE : SIDA
VII/ PRISE EN CHARGE DE L’INFECTION A VIH/SIDA
1/ LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOCIALE
2/LA PRISE EN CHARGE VACCINALE
3/ PRISE EN CHARGE MEDICALE
3.1. Bilan de base
3.2. Prise en charge des infections opportunistes (IO)
3.3. Traitement de l‟infection à VIH par les ARV
VIII/ LA PREVENTION
1/GENERALITES
3/ La PEC des accidents d‟exposition au sang et ses dérivés (AES)
4/ PRISE EN CHARGE DES ACCIDENTS PAR VOIE SEXUELLE
CONCLUSION

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