La mortalité maternelle ou les « décès en couche » représente un grave problème de santé publique dont la réduction a été un des objectifs du développement durable (ODD 3) pour l’année 2030 tant les chiffres étaient inquiétants et le nombre de décès enregistrés très souvent évitables. Ces décès sont parfois dus à de sévères hémorragies, des infections, l’hypertension, des complications au moment de l’accouchement ou encore des avortements effectués dans de mauvaises conditions. Les causes sus-citées de la mortalité maternelle auraient pu être évitées ou bien traitées ce qui accentue sa gravité [1]. En 1990, environ 385 décès maternels étaient recensés pour 100000 naissances vivantes dont 99% des décès étaient observés dans les pays en voie de développement où les prestations des services de soins sont souvent très insuffisantes [2]. Même si en 2015, la mortalité maternelle a baissé globalement, avoisinant 216 décès maternels pour 100000 naissances vivantes dans le monde ; il est de 239 dans les pays en développement et de 536 en Afrique subsaharienne alors qu’elle n’est que de 12 décès maternels pour 100000 naissances vivantes dans les pays développés. Cet écart saisissant démontre à la fois, les efforts importants que l’Afrique subsaharienne doit fournir pour relever le défi visant la réduction de la mortalité maternelle reconduite dans les objectifs du développement durable (ODD) pour 2030, fixé à moins de 70 décès maternels pour 100000 naissances vivantes et les lacunes des services de santé en Afrique qui doivent être comblées [2, 3]. Au Sénégal, pays d’Afrique subsaharienne, la mortalité maternelle a baissé de 540 à 316 décès maternels entre 1990 et 2015. Ces progrès encourageants restent très insuffisants et doivent interpeler sur les moyens à mettre en œuvre pour pallier à ce problème de santé publique [2]. Les solutions passent entre autre par : l’amélioration de la qualité des services de santé, la lutte contre toutes les causes de mortalité maternelle, d’incapacités qui leur sont inhérentes et le renforcement des systèmes de santé répondant aux besoins et aux priorités des femmes et des jeunes filles [1]. C’est dans ce dernier volet que s’inscrit, la planification familiale. De par sa définition, elle entend permettre aux populations de choisir la taille de leur famille, de choisir ou non d’avoir un enfant par le biais de l’espacement ou la limitation des naissances dans le but entre autre de promouvoir la santé de la mère et de l’enfant. Ce faisant, le dividende démographique est aussi renforcé car la croissance économique est assurée grâce à l’augmentation de la population d’âge actif, la diminution du nombre de jeunes dépendants et l’absence de population vieillissante [4].
GENERALITES
Définition
La contraception est définie par l’Organisation mondiale de la sante comme étant «l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter » [7]. L’encyclopédie Larousse quant à elle la définit comme une méthode visant à éviter, de façon réversible et temporaire, la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde ou, s’il y a fécondation, la nidation de l’œuf fécondé [8]. En d’autres termes, un moyen utilisé pour empêcher la survenue d’une éventuelle grossesse est une contraception. Il faut cependant préciser que certaines méthodes contraceptives peuvent être irréversibles.
Intérêts
La contraception permet le contrôle des naissances et le choix de la reproduction. Elle favorise également l’autonomie, le bien-être des femmes ainsi qu’une meilleure prise en charge des enfants. De même, qu’il est constaté une réduction de la pauvreté et un développement économique liés à son utilisation [4].
Rappels
Historique
Il semblerait que la contraception existe depuis des temps reculés voire immémoriaux. Cela indique que l’être humain a voulu très tôt contrôlé cet état naturel qu’est la procréation en la rationalisant grâce à des méthodes contraceptives. Ceci, dans un objectif de survie, d’ajustement de l’environnement du groupe ou de la famille pour leur plein épanouissement [9]. D’aussi loin que l’humanité se rappelle, des incantations, des talismans et amulettes auraient été utilisés comme contraceptifs. Ces techniques dites ‘’psychologiques’’ remontent effectivement à des temps immémoriaux de même que le coït interrompu [9]. Dans l’antiquité, des méthodes mécaniques, chimiques et même des dispositifs intra-utérins font office de contraceptifs [9]. Les méthodes mécaniques antiques étaient des manœuvres expulsives du sperme ainsi que des pessaires (ou pessus un terme médical désignant tout type de médicament devant être introduit dans le vagin ou dans l’anus) tels que de la fiente de crocodile en Egypte, du miel, des huiles, de l’ouate… dans le but de faire barrière. La vessie de chèvre faisait office de préservatif en ces temps-là [9]. Les méthodes chimiques antiques sont des pessaires qui associent plusieurs produits. En Égypte antique des papyri ont traversé le temps pour nous livrer certaines recettes qui étaient les prémices des spermicides actuels. Dans le Papyrus « Kahun » on retrouve la préparation suivante : « Des épines d’acacia finement broyées, mélangées à des dattes et du miel et étendues sur un tampon de fibre introduit profondément dans le vagin. » La recherche biologique a montré que les épines d’acacia renferment une sorte de latex (gomme arabique) qui s’enrichit en acide lactique au fur et à mesure du processus de fermentation. Cet acide entre dans la composition de certains spermicides modernes [10]. Le Papyrus « Ebers », dans l’ordonnance 783, prescrit :
– « Début des préparations qui doivent être préparées pour les femmes ;
– Faire qu’une femme cesse d’être enceinte pendant un, deux ou trois ans ;
– Extrait d’acacia (fruit non mûr d’acacia ou partie de l’acacia), caroube, dattes.
Ce sera finement broyé dans un vase « hnw » de miel.
Un tampon vaginal en sera imbibé et appliqué dans son vagin [11]. Les premiers dispositifs intra-utérins étaient des tampons occlusifs en laine (principe qui sera à la base du diaphragme), pour fermer le col de l’utérus, étudié par Soranos, brillant gynécologue de l’Antiquité. Au moyen-âge et plus tard dans les temps modernes, les préservatifs masculins sont faits en Chine et au Japon en écaille souple de tortue et en papier de soie huilée. En 1564, le chirurgien anatomiste Gabriel Fallopio, plus connu sous le nom de Gabriel Fallope met au point un fourreau de lin qui est « à la mesure du gland » et imbibé de décoctions d’herbes astringentes (« Condom » ou « Redingote anglaise). Condom (préservatif) vient du verbe latin condere qui signifie cacher, protéger. Le préservatif a fini par se banaliser et a été commercialisé lors de la révolution française [12]. Anthony Van Leeuwenhoek, développe les premiers essais de spermicides modernes après ses nombreuses découvertes en 1677 dont les « animacules » ou larves d’hommes qui seront appelés plus tard les spermatozoïdes. Il était un savant néerlandais, précurseurs de la biologie cellulaire. La cape cervicale a été la première protection pour les femmes. Elle fut mise au point en 1830 par le gynécologue allemand, Frederik A. Wilde [12]. Le latex fut découvert en 1839 par Charles Goodyear (référence aux pneus Goodyear), le premier préservatif en caoutchouc voit le jour. Son entretien nécessitait lavage, séchage et enfin poudré de talc. Ce n’est qu’en 1870 qu’apparaît le premier préservatif sur le marché. Quelques noms évocateurs de marques de préservatifs : le crocodile, le rival protecteur, le voluptueux, le bibi chatouilleur, le porc épic, le velouté, le cristallin. A partir de 1882 avec l’invention par Mr Hesse, de deux obturateurs vaginaux nommés pessaires : le petit pessaire -la cape- et le grand pessaire-le diaphragme font leur apparition. En 1908, K. Kafka, gynécologue, donnera à la cape sa forme actuelle qui sera en métal ou en celluloïd. Pr Gustav Gunther, grâce à ses recherches sur les spermicides, aboutissent à leur commercialisation en 1906 [12]. Kiasuku Ogino, médecin japonais, en 1924 met au point la méthode Ogino basée sur le calcul de la période de fécondité (entre le 12ème et le 16ème jour du cycle) en insistant sur l’abstinence à cette période [12]. Suit la méthode Knauss, du nom de son inventeur, repérant à l’aide de la température le moment de l’ovulation. Des milliers de femmes utilisent ce calendrier Ogino et des milliers de bébé Ogino comme on les appelle naîtront ; les échecs étant d’environ 40%. En 1928, Ernst Gräfenberg, médecin, chercheur et sexologue allemand invente le premier stérilet, un anneau d’argent, fil d’argent enroulé en spirale. Le stérilet prendra par la suite des formes différentes jusqu’à celle qu’on lui connait maintenant (triangle, rond, boucle, T…) et utilisera différents matériaux (or, argent, plastique, nickel, cuivre…) [12].
Législation
Dans le précédant point traitant de l’histoire de la contraception nous avons volontairement dissocié les lois relatives à la contraception et l’histoire de cette dernière. Il semblait plus facile en se focalisant uniquement sur l’aspect historique (jusqu’à nos jours) des méthodes contraceptives, de cerner que tous les principes actuels de contraception étaient déjà connus universellement et depuis les temps les plus anciens utilisant des moyens existants de façon peut-être empirique mais plus certainement raisonnée [9]. Ainsi, nous pouvons à présent, apprécier plus aisément la législation autour de la contraception.
➤ Aspects religieux
Les premières lois en rapport avec la contraception vont dans le sens de l’interdit. Il s’agit des lois divines. Ceci, parce que à la base les trois religions monothéistes partagent un même héritage et des préceptes communs que sont le respect de la vie et l’incitation à la procréation [9]. Si le judaïsme a une éthique assez conservatrice mais vécue humainement, la procréation reste un devoir sacré. Ainsi, mariage, procréation, sexualité, plaisir et amour sont indissociables et prépondérants. La femme seule peut utiliser la contraception après deux à quatre enfants. Sont admis selon le degré de religiosité, différentes méthodes contraceptives. La stérilisation est acceptée et pratiquée lorsque la santé de la mère est en danger [9]. Dans l’islam, s’agissant du rapport charnel, l’éminent savant Ibn al-Qayyîm ‘rahimahullâh’ a expliqué que l’enseignement du Prophète ‘sallallahu ‘alayhi wa sallam’ le concernant est le plus parfait, car il en fait le moyen :
– de préserver la santé ;
– de se procurer du plaisir ;
– et d’atteindre les objectifs qu’il vise.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Définition
I.2. Intérêts
I.3. Rappels
I.3.1. Historique
I.3.2. Législation
II. PRINCIPES GENERAUX DE LA CONTRACEPTION
II.1. Critères de qualité d’une méthode contraceptive
II1.1. L’efficacité
II.1.2. L’innocuité
II.1.3. La réversibilité
II.1.4. La tolérance
II.1.5. L’acceptabilité
II.2. Critères d’éligibilité à la contraception
II.3. Choix d’un contraceptif
III. CONTRACEPTION FEMININE
III.1. Contraceptions naturelles
III.1.1. Méthode de la glaire
III.1.2. Méthode des températures
III.1.3. Méthode Ogino-Knauss ou méthode du calendrier
III.1.4. Méthode sympto-thermique
III.1.5. Méthode des jours fixes
III.1.6. Méthode des deux jours
III.1.7. Méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (MAMA)
III.2. Contraception hormonale
III.2.1. Contraceptifs oraux combines : les oestroprogestatifs
III.2.2. Contraceptifs progestatifs
III.2.3. Contraceptifs injectables
III.2.4. L’implant
III.2.5. Patch
III.2.6. L’anneau vaginal
III.3. Dispositifs intra-utérins
III.3.1. Dispositif intra utérin au cuivre (DIUc)
III.3.2. Dispositif ou système intra-utérin au lévonorgestrel (SIUL)
III.4. Contraception d’urgence
III.4.1. Le dispositif intra-utérin (DIU) au cuivre
III.4.2. Les contraceptions hormonales d’urgence
III.5. Méthode des barrières
III.5.1. Méthodes des barrières mécaniques
III.5.2. Méthode des barrières chimiques
III.6. Contraception chirurgicale volontaire : la stérilisation
III.6.1. Définition
III.6.2. Techniques
IV. CONTRACEPTION MASCULINE
IV.1. Contraception naturelle : coït interrompu
IV.2. Méthode de la barrière mécanique
IV.3. Contraception chirurgicale volontaire : vasectomie
V. EPIDEMIOLOGIE
V.1. Epidémiologie descriptive
V.1.1. Monde
V.1.2. Afrique
V.1.3. Sénégal
V.2. Epidémiologie analytique
V.2.1. Les facteurs personnels
V.2.2. Les ressources
V.2.3. Les besoins
CONCLUSION