PRINCIPE D’UNE CELLULE SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE

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Cellule photovoltaïque à haut rendement

Principe d’une cellule solaire photovoltaïque

L’effet photovoltaïque se manifeste sur une jonction p-n éclairée [12]. Les photons d’énergie suffisante créent des paires électron/trou qui sont spatialement séparées par l’action du champ électrique présent dans la jonction. Quand un porteur minoritaire photo-généré atteint la zone de déplétion, il est attiré par le champ électrique vers la zone où il deviendra porteur majoritaire. Si l’émetteur et la base de la jonction sont connectés ensemble, un courant circule alors dans le circuit et une puissance peut être produite et récupérée.
Nous qualifions alors l’efficacité de conversion énergétique d’une cellule solaire par le ratio de la puissance électrique produite par celle-ci sur l’énergie lumineuse reçue par unité de temps. Cette efficacité est fonction du matériau semiconducteur utilisé, via son énergie de bande interdite ! et de l’énergie ℎ des photons incidents. Si ℎ ≥ ! le photon est absorbé et converti en énergie électrique et l’excès d’énergie ℎ − ! est perdu en dissipation thermique. Si le photon possède une énergie inférieure à EG, il n’est pas absorbé. Une cellule est donc intrinsèquement limitée par la propension du matériau de la jonction p-n à absorber le spectre lumineux. Pour le silicium, composant près de 90% des cellules aujourd’hui, le rendement maximum atteignable est proche de 31% pour une illumination naturelle de 1000 W/m2 (dit 1 soleil ou 1X) [13].

La cellule photovoltaïque à concentration (CPV)

Pour augmenter cette efficacité, une solution technologique consiste à utiliser des cellules solaires multi-jonctions. Dans ce cas, le rendement théorique monterait à 69,9% pour 1000W/m² et atteindrait 86,8% à la concentration maximale [14]. L’idée fondatrice de ce type de structure consiste à diviser le spectre solaire en plusieurs zones d’absorption de longueurs d’onde. Une sous-cellule capte les photons correspondant à une zone spécifique du spectre solaire. Sur la figure 1.3 nous représentons l’irradiance spectrale AM1.5 correspondant au rayonnement ayant subi des absorptions dans l’atmosphère (ozone, etc.) et illuminant les cellules solaires à la surface de la terre. Dans ces structures, l’énergie de bande interdite de chacun des matériaux décroit de la première cellule, en face avant, à la dernière, en face arrière (substrat de germanium dans l’exemple donné ici) réduisant ainsi au minimum les pertes dues à la thermalisation des porteurs chauds et de la transmission des photons de basse énergie. Les sous-cellules sont connectées en série et l’ensemble agit comme un filtre en énergie passe-bas de photons. Au final, une plus grande partie du spectre solaire est captée et l’essentiel des photons composant la lumière du soleil est absorbé et converti en énergie électrique.

Voies d’amélioration vers les cellules à 4 jonctions

Limite de la cellule à triple jonctions

L’augmentation significative de l’efficacité de la cellule solaire va avec l’association de différents matériaux semiconducteurs. Leur intégration suppose généralement des étapes de croissance par épitaxie prenant en compte trois aspects :
– Le choix des matériaux avec des largeurs de bande interdite complémentaires à définir pour obtenir le meilleur rendement ;
– L’accommodation des réseaux de mailles pour limiter les contraintes et défauts dans les dispositifs (diminuant les performances électriques) ;
– Le coût de revient et la vitesse du procédé de fabrication à réduire pour améliorer l’intérêt économique au niveau industriel de la technologie.
Prenons l’exemple d’une cellule triple jonctions Ge/GaInAs/InGaP où il faut atteindre un compromis entre l’adéquation des énergies de bande interdite et le faible écart du paramètre de maille. La figure 1.6 met en avant des désaccords de maille de 4% en passant du Ge au GaInAs puis au InGaP ce qui engendre des densités non négligeables de dislocations et une dégradation des performances en agissant comme autant de centres de recombinaison pour les porteurs [17]. Une manière de résoudre partiellement cela est d’ajouter une couche tampon (buffer layer) dont la composition varie graduellement (cellules dites lattice-matched), ou par marches (cellules dites lattice-mismatched ou metamorphic), afin de concentrer les dislocations pour limiter leur propagation dans les couches voisines [18]. Il est également impossible de connecter directement les sous-cellules entre elles puisque les 5 diodes présentes dans la structure (n-p/n-p/n-p) seraient bloquées. Des diodes tunnel intermédiaires (fortement dopées) sont utiles pour résoudre cette difficulté. Elles permettent aux porteurs de transiter par effet tunnel d’une sous-cellule à l’autre [19].

Objectif de la thèse pour le développement du collage GaAs/InP
Présentation de la structure SmartCell
Etat de l’art
Jusqu’en 2013, les records mondiaux d’efficacité ont été obtenus avec des cellules triple jonctions, sans dépasser les 44,4% de Sharp (figure 1.4) [21]. Ces cellules sont généralement constituées d’un seul empilement avec une ingénierie fine de croissance par épitaxie et un coût élevé. Les concepts de cellule à 4 jonctions, reprenant le même principe d’une croissance unique de matériaux, sont d’autant moins viables pour une exploitation industrielle CPV [22], [23]. Mais des avancées ont été réalisées avec des cellules par croissance inversée (inverted solar cell) c’est-à-dire avec une épitaxie à partir de la cellule au plus grand gap, pour reporter l’empilement sur une embase métallique [24]. C’est surtout en 1997 qu’une approche neuve a été proposée en utilisant le collage direct [25]. Le principe de cette brique technologique sera détaillé dans la suite du manuscrit et constitue le cœur de l’étude. Il s’agit ici d’user du collage pour empiler deux blocs de sous cellules épitaxiées comme, par exemple, 2 jonctions InGaP/GaAs (substrat GaAs) reportées sur 2 jonctions InGaAsP/InGaAs (substrat InP) [17]. En s’affranchissant de l’épitaxie au milieu du dispositif, cette technique permet de confiner les défauts cristallins près de la zone de collage. Celle-ci doit être électriquement et optiquement transparente. De plus, si les substrats et les films sont séparables, la réutilisation des substrats est envisageable pour réduire le coût de production de la cellule solaire.

SmartCell

La cellule SmartCell développée dans le cadre de la collaboration SOITEC – CEA LETI – Fraunhofer ISE est formée de 4 jonctions GaInAs/GaInAsP/GaAs/GaInP et a repoussé plusieurs fois le record mondial (figure 1.8). Au moment de cette rédaction, elle atteint 46% d’efficacité en reprenant les principes du paragraphe précédent [26], [27]. Deux structures épitaxiées à faible rugosité de surface sont assemblées par collage direct après des nettoyages spécifiques. Le procédé Smart CutTM appliqué aux matériaux III-V est utilisé pour démonter et réutiliser les substrats de croissance InP et GaAs afin de rendre le procédé économique. L’objectif est ainsi de combiner de manière simple et rapide des structures de grande qualité cristalline pour obtenir les meilleures performances de chaque sous-cellule. D’après les simulations du Fraunhofer ISE, un rendement de 50% est atteignable si l’interface de collage présente peu de défauts. En effet, la tension en circuit ouvert (VOC) de l’édifice total doit correspondre à la somme des tensions de chacune des sous-cellules. Si des défauts sont présents, ils agissent comme autant de centres recombinants au passage des porteurs et diminuent d’autant la tension VOC et donc l’efficacité du dispositif. Comme nous le détaillerons dans les chapitres 3, 4 et 5, le travail de thèse étudiera cette interface de collage GaAs sur InP, au coeur de la nouvelle structure, pour comprendre les mécanismes électriques qui régissent sa conduction et pour les optimiser.
Motivation et stratégie pour l’étude du collage de jonction
Résistance d’interface de collage
Si nous revenons à la représentation classique du modèle avec simple diode de la cellule solaire, nous pouvons qualifier celle-ci par une résistance série totale résumant toutes les pertes possibles des couches émettrices et interfaces de l’empilement (contact et collage). Typiquement, l’interface de collage est la source majeure de résistance série avec une valeur de l’ordre de 10 mΩ.cm² [27]. Il est donc primordial, d’optimiser son comportement électrique pour qu’il soit ohmique et avec la plus faible résistance série. La perte de puissance par effet joule à l’interface de collage doit être négligeable devant la puissance photogénérée de la diode SmartCell, ce qui revient à une chute de potentiel négligeable de la tension de circuit-ouvert VOC (pour open-circuit voltage). La figure 1.9 (b) indique une valeur de VOC de 4,227 V pour un courant de court-circuit ou short-circuit current ISC de 337,9 mA, soit une densité JSC=6,5 A.cm-2 ramenée à la surface (5,2 mm²). En termes de résistance, nous devons donc suivre la condition suivante : ! »# ≪ ! »   ! », soit, avec les valeurs précédentes : ≪=4,227=0,65. !⟹≤1  . !(eq. 1.1)
Oxyde de GaAs
Les réactions thermodynamiques du GaAs, et ses dérivés oxydés, sont plus documentés que pour l’InP. Comme nous pouvons le voir sur la figure 2.6 (a), le Ga2O3 est l’oxyde le plus stable au détriment de l’As2O3 (énergie libre de formation de -238 kcal/mol contre -136 kcal/mol) [24]. Le mécanisme d’oxydation du GaAs en surface libre peut être envisagé comme (figure 2.6 (b)) :
1. A température ambiante, l’oxyde est formé de couches mixtes amorphes, Ga2O3 et Ga2O3 + As2OX (As2O3 et As2O5) [25] ;
2. Jusqu’à 400°C, cet état persiste. L’oxydation du gallium provoque l’accumulation d’arsenic à l’interface oxyde/GaAs. Le mécanisme perdure avec la montée en température car la ségrégation du gallium sous forme oxydée diminue la diffusivité de l’arsenic. Dans le même temps, de 300°C à 450°C, un processus de désorption fait disparaître l’oxyde d’arsenic (As2O3 et As2O5) à la surface (forme As2 et/ou As4) [25] ;
3. Entre 450°C et 500°C, différentes phases polycristallines sont envisageables (γ-Ga2O3 puis β-Ga2O3). L’arsenic, sous forme de microcristaux présents à l’interface GaAs/oxyde, peut entraver l’oxydation ;
4. Au dessus de 500°C, la structure cristalline de l’oxyde de Ga mieux ordonnée permet un meilleur chemin pour la diffusion d’As qui peut ainsi s’évacuer de l’interface. L’oxyde prédominant est le Ga2O3 [25]. Mais des 450°C, et jusqu’à probablement 600°C, son mécanisme de désorption est aussi à envisager [26], [27].
L’effet de la température est à deux niveaux : activer les mécanismes de diffusions, et donc augmenter le taux d’oxydation, puis éviter la formation d’une couche continue d’arsenic [28]. Les gammes précédemment présentées peuvent toutefois varier selon la préparation de surface et le type d’oxyde généré (thermique, radicalaire, plasma, anodique,…) [29]. Reste que les éléments arsenic, au voisinage de l’interface et non uniformément distribués, sont sources d’une grande densité de pièges. Ils constituent un des principaux verrous technologiques dans la gestion des surfaces oxydées de GaAs. Il faut également prendre en compte un phénomène de fragmentation. Une précédente étude ellipsométrique a ainsi mis en avant la relation empirique entre l’épaisseur du film d’oxyde et sa capacité de fragmentation pour des températures de 560 à 630°C [30]. Typiquement, plus le film est fin, plus il est instable thermodynamiquement et tendra à se rompre. Les îlots générés multiplient ainsi la surface active, capable de se désorber, accélérant d’autant ce mécanisme. L’épaisseur typique du film est de 20 Å mais peut aller jusqu’à 34 Å après un recuit de 2h à 350°C en atmosphère oxygène [25].
Propriétés chimiques
Une surface est formée par un ensemble de liaisons chimiques insatisfaites. Elles correspondent à autant de lacunes énergétiques, décrites par l’énergie de surface. Pour la minimiser, les atomes de surface se lient deux à deux pour satisfaire une partie de leurs liaisons pendantes. C’est la reconstruction de surface. Une surface réelle n’est pas idéalement plate. Elle contient des terrasses (surface stable du cristal) et des marches mono-atomiques (hauteur égale au paramètre de maille). Pour une surface (100) zinc-blende, deux types de marches sont possibles : type A, avec des éléments III présents aux extrémités, et type B avec des éléments V. Nos substrats sont dans cette deuxième configuration [12]. Elle se traduit par une densité d’états intrinsèques qui se situe autour de 1013 cm-2.eV-1 pour le GaAs [31] et l’InP [32].
Nous verrons dans la partie 2.2, l’intérêt des préparations de surfaces pour réduire la quantité de défauts à l’interface des collages. Ces préparations, notamment chimiques, agissent avant tout sur la densité des états de surface des matériaux III-V. Ils peuvent représenter autant de centres de recombinaisons pièges, potentiellement préjudiciables pour le comportement électrique de l’empilement. Mais, typiquement, après passivation avec une chimie soufrée, cette densité chute
à quelques 1011 cm-2.eV-1 pour les deux matériaux [32], [33], ce qui rend l’influence de ce paramètre négligeable.
Bilan
Dans cette partie, nous avons présenté certaines des propriétés du GaAs et de l’InP, comme leur gap direct et leur forte mobilité, qui en font des matériaux intéressants pour les applications microélectroniques, optoélectroniques et de puissance. Aux dopages considérés, nous avons pu voir que leur faible résistance électrique les rendait compatibles pour l’application SmartCell visée. Nos calculs, en accord avec les spécifications fournisseurs, donnent des résistances surfaciques négligeables par rapport à celle visée pour le collage direct (d’au maximum 10-4 Ω.cm² contre 10-3 Ω.cm² respectivement).
Nous avons pu ensuite considérer les mécanismes métallurgiques activés avec la température. Il s’agit d’un sujet délicat notamment du côté de l’InP où la décomposition en surface débute dès 345°C et où nous avons observé des dégradations importantes après un recuit à une température de 600°C. Nous nous sommes ensuite concentrés sur les formes oxydées des composés III-V. Après une revue exhaustive de la bibliographie sur le sujet, nous proposons une vision phénoménologique synthétique. L’InP tend ainsi à former un oxyde stable d’InPO4. A température ambiante, et sous forme native, celui-ci co-existe d’abord avec l’In2O3 et d’autres composés. Puis, après différentes étapes d’évaporations et de diffusions, la montée en température permet le retrait de l’In2O3 (jusqu’à environs 460°C) et ensuite de l’InPO4. D’une manière similaire, le GaAs tend à former le Ga2O3 qui coexiste d’abord avec l’As2O3 et As2O5 à température ambiante. Ceux-ci se désorbent jusqu’à 450°C, température à partir de laquelle l’oxyde de gallium s’ordonne mais commence aussi à se désorber (jusqu’à 600°C). A cette occasion, nous avons découvert un mécanisme de fragmentation qui sera mis en évidence dans nos collages. Nous verrons que ces aspects serviront de base de compréhension pour envisager l’optimisation de l’empilement.
Enfin, nous avons annoncé l’intérêt de la préparation de surface de matériaux III-V en présentant la notion de densités d’état de surface. Ce paramètre peut détériorer la conductivité du collage mais peut être rendu négligeable après un nettoyage adapté. La partie suivante, sur le procédé de collage, va permettre d’illustrer cet aspect ainsi que les trois caractéristiques étudiées dans cette partie 1 : les propriétés électriques des matériaux, leurs mécanismes d’oxydation et leurs comportements mécaniques.
Collage direct conducteur
Principe du collage direct
Le collage direct permet de combiner des matériaux aux propriétés électroniques complémentaires tout en limitant les désaccords de mailles et les dislocations produits avec l’épitaxie. Un empilement pertinent peut ainsi être obtenu avec un procédé sans ajout de matière supplémentaire, peu couteux et à échelle industrielle. Son intérêt certain pour l’intégration de substrats innovants est particulièrement illustré dans le cas du silicium sur isolant ou SOI (pour silicon on insulator) [34]. Il s’agit d’un empilement d’un film mince de silicium d’épaisseur allant de 0,01 à 1,5 µm sur une couche de matériaux isolant (généralement un oxyde de silicium). Cette couche enterrée permet une isolation verticale limitant les effets parasites induits par la présence du substrat.
Les 3 étapes majeures du procédé sont résumées sur la figure 2.7 (a). Le principe repose d’abord sur une étape de préparation des surfaces pour retirer tout oxyde natif de mauvaise qualité et d’éventuelles contaminations particulaire et métallique (cf. partie 2.2). Une fois les surfaces mises face à face dans un milieu donnée (cf. partie 2.3), le collage est provoqué en appliquant une simple pression pour localement chasser l’air entre les deux plaques. Une onde se diffuse alors du point de contact initial à toute la surface en quelques secondes (figure 2.7 (b)). A température ambiante, ce collage est de faible énergie et peut être typiquement classé en deux catégories [34]:
– Les surfaces présentent des liaisons polaires (par exemple –OH) de type dipôle-dipôle (dépendant de la différence d’électronégativité des surfaces). Des liaisons hydrogènes s’établissent entre les deux substrats et le collage est dit hydrophile car il a une affinité avec l’eau ;
– Dans le cas contraire, le collage est dit hydrophobe et est assuré par les forces de Van Der Waals et n’a donc pas d’affinité avec l’eau.
Enfin, un recuit en température permet de consolider ce contact en formant des liaisons de types covalentes, plus fortes que les deux précédentes. Une reconstruction cristallographique peut aussi avoir lieu (cf. partie 2.4).
Le collage hydrophile pourrait être difficile à gérer avec des couches d’eau, encapsulées et montées en température, qui généreraient des oxydes à l’interface. Le collage hydrophobe pourrait être plus intéressant mais, dans ce cas, il faudrait s’accommoder, à température ambiante, de faibles forces de liaisons (inversement proportionnelle au carrée de la distance entre les plaques et dont la portée est donc limitée). A l’opposé, dans le cas hydrophile, la force attractive due aux molécules H2O engendre des énergies de liaisons de l’ordre de 0,1 à 0,4 eV [34]. A titre de comparaison, après recuit, les liaisons covalentes du Si-Si sont autour de 1,9 eV. Dans ce cas, Ventosa a proposé le modèle du collage dit par aspérités où, à température ambiante, les surfaces sont en contact via quelques points et sont séparées par une couche d’eau faisant office de liaison hydrogène [35]. Avec une montée en température, typiquement jusqu’à 200°C, les points de contacts adhèrent et augmentent la surface de contact : les liaisons hydrogènes avec groupes silanol (Si-OH) se transforment en liaisons siloxanes (Si-O-Si) covalentes, et par nature, plus fortes. L’eau générée vient s’ajouter à l’eau déjà présente à l’interface par adsorption mais elle est évacuée pour des recuits supérieurs à 350°C. Bien que différent, ce mécanisme peut servir de premier repère et base de compréhension de notre collage III-V.
Enfin, à ces forces attractives, il faut ajouter une force répulsive due à la topologie (aspérités) des surfaces mises en contact. Pour des rugosités trop importantes, les matériaux n’adhèrent pas. Dans le cas du Silicium, il est préférable que la rugosité soit inferieure à 0,45 nm RMS pour que le collage ait une tenue mécanique suffisante [35]. On peut s’attendre à une valeur similaire à ne pas dépasser dans le cas des matériaux III-V.
Préparation de surfaces
Vue générale
L’état de surface des matériaux III-V est mal maitrisé et nombre de publications traitant de leur nettoyage sont contradictoires. Classiquement, ce nettoyage vise à réduire les contaminations éventuelles suivantes :
– contamination particulaire pouvant engendrer des défauts mécaniques de collage ;
– contamination métallique, liée au procédé ou l’environnement et pouvant dégrader les performances électriques ;
– contaminations organiques pouvant empêcher le collage direct en limitant les liaisons Van Der Waals ou hydrogènes.
Nous proposons ici une lecture ciblée des publications qui nous semblent les plus pertinentes. Une préparation idéale doit être unique pour les deux matériaux et permettre de retirer l’oxyde natif de la surface et de la passiver avant collage (indispensable pour traiter les plaques dans le procédé). Cette étape doit aboutir à un collage présentant peu de défauts et avec une bonne conduction électrique (cf. partie 3.2.2 du chapitre 1). Dans ce sens nous les classons dans les deux catégories de collages précédemment introduites : hydrophile ou hydrophobe. Les traitements usuels pour le silicium (Caro, RCA, etc.) sont inapplicables sur les III-V car ils engendrent une forte gravure des substrats et peuvent dégrader la rugosité de surface [3]. Ils ont été néanmoins considérés pour déterminer la limite de collage en termes de rugosité.
Pour un collage hydrophile, de nombreux nettoyages sont possibles. L’acide fluorhydrique (ou HF) est identifié pour retirer l’oxyde natif des deux III-V et laisser une surface au comportement hydrophile pour l’InP. Il permet de retirer efficacement l’oxyde natif et de laisser une surface avec une rugosité de 1 à 2 Å RMS [37]. Dans cette configuration, et précédé de la chimie soufrée H2SO4 pour le GaAs, Horng et al. ont montré des résistivités électriques intéressantes (de l’ordre de la dizaine de mΩ.cm2) pour les collages GaAs/InP [38]. Pour l’arséniure de gallium justement le (NH4)OH est aussi un nettoyage adapté pour retirer l’oxyde et laisser une surface au comportement compatible et à la rugosité faible [19], [39]. Après un recuit de 550°C, les interfaces observables sont en partie reconstruites et présentent peu de défauts. Malheureusement, cette option n’est pas applicable pour l’InP. Enfin, l’intérêt de la chimie (NH4)2S a été démontré dans plusieurs études que ce soit en hétérostructures InP/GaAs [40] ou homostructures [41] en ramenant les résistances d’interface à quelques mΩ.cm2 (cf. figure 2.5). Il a été prouvé qu’elle permet de passiver l’état des surfaces en formant des liaisons de surface S-[42], [43].
Peu de candidats sont identifiés dans la littérature concernant le collage hydrophobe. Le HF est testé sur le GaAs pour former un collage InP/GaAs affichant une performance de quelques dizaines de mΩ.cm2 [44]. Dans ce cas, la surface du GaAs est hydrophobe et celle de l’InP hydrophile ce qui n’est pas pertinent pour obtenir un collage dépourvu d’eau. De même le HCl est utilisé pour préparer la surface du GaAs pour des collages aux résistances proches de l’état de l’art [40], [45]. Mais il ne peut pas être envisagé pour les deux semiconducteurs car il est handicapé par deux points. D’abord la vitesse de gravure semble trop importante, notamment sur l’InP (supérieure à 12 μm/min) [46] ce qui le rend difficile à manipuler et peut provoquer une rugosité de surface incompatible pour le collage. Ensuite, à notre connaissance la passivation de surface avec des liaisons chlore ou hydrogène ne semble pas vérifiée ce qui freine son utilisation pour le procédé de collage.
Dans la suite de l’étude nous utilisons une préparation hydrophile disponible et standard pour l’industrie microélectronique. Nous y faisons référence avec comme « traitement A », capable de retirer et passiver les surfaces des matériaux III-V.
Préparation de surfaces hydrophobes
Au début des travaux, notre intérêt s’est porté d’abord sur les préparations de surfaces désoxydantes et passivantes pour obtenir des surfaces au comportement hydrophobe. Dans le cas InP, l’acides chlorhydrique (HCl) permet de décomposer les couches superficielles d’oxydes natifs du matériau (In2OX & InPOX sont indiqués) en phases solubles de type InCl3, H2O et en gaz PH3 [46], [47] et ce même à une concentration très faible (solution aqueuse à 0,01 de HCl pendant 2 minutes [48]). Mais la gravure du matériau se poursuit avec la décomposition de l’InP toujours en phase InClX, soluble dans l’eau, et en PH3 gazeux [49]. Avec ce mécanisme, l’acide chlorhydrique peut fortement dégrader l’état de surface du substrat. Pire, cela ne semble pas empêcher une réoxydation très rapide une fois le substrat remis à l’air (film d’oxyde de 0,6 à 0,9 nm), signe d’un faible effet passivant [47]. Dans le cas du GaAs, la situation est moins catastrophique : il a été montré qu’un bain HF dilué à 50% de 2 s suffit à retirer un oxyde natif de 1,3 nm et laisser une surface de rugosité autour de 2-3 Å RMS avec un comportement hydrophobe [50]. Le fluor se lie au gallium pour former des composés GaF, GaF2 et GaF3 laissant une surface riche en arsenic [51]. Par contre, faute d’étude sur le sujet, la tenue de la passivation dans le temps reste un point à éclaircir.
Pour statuer et comprendre l’influence des solutions HCl et HF, nous avons réalisé des tests sur surface standard de substrat 100 mm GaAs et InP. Des mesures de rugosité de surface et d’angle de goutte (cf. partie 3 sur les techniques de caractérisation) sont présentées sur la figure 2.8. Pour l’option HCl sur InP, ce sont des concentrations de 0 ; 0,1 ; 3,7 et 5 % qui servent de préparation de surface. Pour l’option HF sur GaAs, nous avons préféré tester l’option accessible du HF vapeur, meilleur en termes d’uniformité de surface, en faisant varier le temps d’exposition. Les résultats sont comparés à des valeurs de référence (0% et 0 min) pour des plaques provenant directement du fournisseur. Leur fort caractère hydrophobe (angle de goutte supérieur à 65°) s’explique par leur contamination en hydrocarbures. A l’inverse, pour les deux options de nettoyage envisagées, ce paramètre fluctue entre 30 et 40° pour l’InP et 45 et 55° pour le GaAs, ce qui traduit une nature hydrophobe beaucoup moins prononcée. De plus, aux valeurs d’angles les plus élevées (i.e. les plus intéressantes) correspondent les rugosités les plus élevées, dépassant un seuil des 3 Å RMS. Nous verrons, dans la partie 2.2.4 sur les chimies rugosifiantes, que le collage des matériaux est alors impossible. En dessous de ce seuil, l’hydrophobie n’est pas assez importante et les surfaces se chargent d’une quantité d’eau qui n’est plus négligeable.

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Table des matières

 Chapitre 1
1 CONTEXTE ENERGETIQUE
1.1 P
RODUCTION DENERGIE
1.2 L’ENERGIE SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE
1.3 VISION ECONOMIQUE
2 CELLULE PHOTOVOLTAÏQUE A HAUT RENDEMENT
2.1 P
RINCIPE DUNE CELLULE SOLAIRE PHOTOVOLTAÏQUE
2.2 LA CELLULE PHOTOVOLTAÏQUE A CONCENTRATION (CPV)
2.3 P
ERFORMANCES DES CELLULES A TRIPLES JONCTIONS
2.4 VOIES DAMELIORATION VERS LES CELLULES A 4 JONCTIONS
3 OBJECTIF DE LA THESE POUR LE DEVELOPPEMENT DU COLLAGE GAAS/INP
3.1 P
RESENTATION DE LA STRUCTURE SMARTCELL
3.2 MOTIVATION ET STRATEGIE POUR LETUDE DU COLLAGE DE JONCTION
Chapitre 2
1 PROPRIETES DES MATERIAUX III-V
1.1 P
ROPRIETES DE L’INP ET DU GAAS A TEMPERATURE AMBIANTE
1.2 PROPRIETES ELECTRIQUES DE L’INP ET DU GAAS
1.3 PROPRIETES MECANIQUES
1.4 PROPRIETES METALLURGIQUES
1.5 PROPRIETES CHIMIQUES
1.6 BILAN
2 COLLAGE DIRECT CONDUCTEUR
2.1 P
RINCIPE DU COLLAGE DIRECT
2.2 PREPARATION DE SURFACES
2.3 MISE EN CONTACT DES SUBSTRATS
2.4 RECUIT DE CONSOLIDATION
2.5 PERFORMANCES ELECTRIQUES
2.6 RESUME
3 TECHNIQUES DE CARACTERISATION
3.1 C
ARACTERISATIONS DE SURFACES
3.2 CARACTERISATIONS DINTERFACES
3.3 SYNTHESE
4 CONCLUSION
Chapitre 3
1 L’HETEROJONCTION GaAS/InP
1.1 C
OMPORTEMENT ELECTRIQUE DU COLLAGE
1.2 HETEROJONCTION INP/GAAS IDEALE
1.3 HETEROJONCTION REELLE
1.4 RESUME ET STRATEGIE DETUDE
2 CONTACTS ELECTRIQUES
2.1 I
NTERFACE METAL/SEMICONDUCTEUR IDEALE
2.2 MOTIVATION
2.3 PRINCIPE DEXTRACTION DE LA RESISTANCE DE CONTACT METAL/SEMICONDUCTEUR
2.4 CHOIX DU TYPE DE CONTACT
2.5 CARACTERISATION ELECTRIQUE DE CONTACTS GE
2.6 COMPREHENSIONS DES CONTACTS GE
2.7 SYNTHESE
3 VEHICULES DE TEST I(V) POUR LA CARACTERISATION DE L’INTERFACE DE COLLAGE
3.1 E
TAT DE LART
3.2 DISPOSITIF « TRAITS DE SCIE »
3.3 P
ROCEDES DE REALISATION
3.4 AUTRES DISPOSITIFS
3.5 BILAN DE LETUDE ET CHOIX DU MOTIF DE TEST
4 CONCLUSION
Chapitre 4
1 COLLAGE HETEROSTRUCTURE
1.1 C
OLLAGE HYDROPHILE A
1.2 C
OLLAGE HYDROPHILE B
1.3 B
ILAN
2 COLLAGE HOMOSTRUCTURE
2.1 S
TRATEGIE DETUDE
2.2 CARACTERISATIONS PRELIMINAIRES
2.3 MORPHOLOGIE DINTERFACE
2.4 COMPOSITION CHIMIQUE
2.5 COMPORTEMENT MECANIQUE
2.6 COMPORTEMENT ELECTRIQUE
2.7 RESUME ET RECOMMANDATIONS
3 COLLAGE AVEC OXYDE
3.1 P
RINCIPE ET MOTIVATION DU COLLAGE AVEC OXYDE CONTROLE
3.2 OXYDES DE SURFACE
3.3 QUALITE DES SURFACES OXYDEES
3.4 PERFORMANCES DU COLLAGE GAAS/OXYDE/INP
3.5 S
YNTHESE
4 CONCLUSION
Chapitre 5
1 MODELES D’INTERFACE HOMOGENE
1.1 P
RELIMINAIRES
1.2 SIMULATION
1.3 CONDUCTION A TRAVERS UN OXYDE
1.4 TEST EN TEMPERATURE
1.5 BILAN
2 MODELE D’INTERFACE HETEROGENE
2.1 P
ROTOCOLE
2.2 ANALYSE I(V) EN TEMPERATURE
2.3 MODELE DINTERFACE HETEROGENE
2.4 RESUME
3 CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Chapitre 6 et Annexe
1 SUR LA CARACTERISATION
1.1 S
IMULATION DU CONTACT METAL/III-V
1.2 C
ARACTERISATION ELECTRIQUE
1.3 SPECTROSCOPIE INFRAROUGE A TRANSFORMEE DE FOURIER (FTIR)
2 SUR LE DOPAGE
3 FICHIERS DE SIMULATION
3.1 M
OTIF C-TLM
3.2 M
OTIF « TRAITS DE SCIE »
3.3 M
ODELES DINTERFACE HOMOGENE AVEC CHARGE
3.4 MODELE DINTERFACE HOMOGENE AVEC OXYDE
3.5 MODELE DINTERFACE HETEROGENE

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