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Absorption et transport
Les provitamines A sont surtout absorbées intactes au niveau du jéjunum et de la partie haute de l’iléon. Elles y subissent leur conversion en rétinol.
Par contre, l’absorption de la vitamine A se fait au tiers moyen de l’iléon. Les rétinyl-esters sont hydrolysés en rétinol par une hydrolase pancréatique et par une hydrolase de la bordure en brosse de l’entérocyte.
L’absorption du rétinol mettrait en jeu un transporteur saturable et est favorisée par les lipides et les sels biliaires.
A l’intérieur de la cellule intestinale, ce rétinol est réestérifié en palmitate de rétinol, incorporé aux chylomicrons et excrété dans la lymphe puis capté par le foie.
Pour le sujet sain, 80% des composés vitaminiques A et 50% des provitamines A de l’aliment sont absorbés par l’intestin (2)
Mise en réserve
La vitamine A est stockée principalement dans le foie, plus précisément dans les cellules réticulo-endothéliales de Küpffer sous forme d’ester de rétinol (palmitate de rétinol).
Le foie contient 90% de la vitamine A totale de l’organisme. 30 à 60% des quantités absorbées chaque jour sont mises en réserve dans le foie qui est donc l’organe privilégié de la régulation du statut en vitamine A et de la mise en réserve à la distribution tissulaire. (14)
Le rétinol est séparé du palmitate sous l’action d’une rétinyl-ester-hydrolase. Le rétinol ainsi libéré rejoint le pool des molécules de rétinol. Il peut alors se lier à la R.B.P cytoplasmique, (Retinol-Binding-Protein plasmatique) et amené aux sites de stockage. Ce stockage se fait sous forme d’ester de rétinol après action de la rétinol acyl-transférase sur le rétinol.
Transport plasmique
Le complexe rétinol- RBP est secrété dans la circulation sanguine où il se lie à la préalbumine ou transthyrétine qui prévient sa filtration glomérulaire.
Le rétinol est alors internalisé dans des cellules cibles, reconnues spécifiquement par un récepteur à la R.B.P. La R.B.P plasmatique est remise en circulation puis dégradée ou recyclée. Ce rétinol sera lié à une protéine intra-cellulaire de transport « RBP cytoplasmique » spécifique de l’organe qui le transporte jusqu’aux cellules cibles de l’action de cette vitamine (13). La concentration plasmatique de vitamine A dépend alors, non seulement de l’apport exogène et de la résorption, mais aussi de la ration suffisante en protéines.
Métabolites d’excrétion de la vitamine A
Les métabolites proviennent de l’oxydation successive conduisant à des dérivés glucuronidés et à des composés polaires à courte chaîne sans activité biologique et éliminés par voie urinaire
Vitamine A et mécanisme de la vision
Diverses fonctions métaboliques de la vitamine A sont encore mal connues. Celle de la participation à la fonction visuelle est mieux explorée et la mieux établie. (18),(19)
Le pourpre rétinien des cônes et des bâtonnets de la rétine (rhodopsine et iodopsine) est une chromoprotéine dans laquelle une apoprotéine (opsine pour les cônes, photopsine pour les bâtonnets) est combinée au 11 cis-rétinal qui en constitue le groupe prosthétique. Dans l’obscurité, (adaptation) le pourpre rétinien est élaboré à partir de ses deux composants. A l’inverse, une irradiation lumineuse, même de courte durée, aboutit à la séparation en apoprotéine et all-trans-rétinal. Finalement, le pigment visuel se resynthétisera après réisomérisation du all-trans-rétinal en 11 cis. En cas d’irradiation lumineuse prolongée, l’all-trans-rétinal va se réduire en all-trans-rétinol et participer à nouveau à un échange circulatoire.
Ce métabolisme sera, après réisomérisation et réoxydation en 11 cis-rétinal, à nouveau disponible pour la synthèse du pourpre rétinien.
Autres rôles de la Vitamine A
Elle est une vitamine de croissance et un facteur de régénération tissulaire. Elle aide la peau et les muqueuses à se maintenir en bon état. Elle joue également un rôle dans le système de défense immunitaire de l ’ homme, dans la lutte contre les maladies infectieuses.
CADRE DE L’ÉTUDE: LA COMMUNE URBAINE DE FIANARANTSOA I
Situation, relief et climat
La commune urbaine de Fianarantsoa I se trouve dans la province de Fianarantsoa. Elle est entourée par la sous-préfecture de Fianarantsoa II. Sa superficie est de 109 Km2. Elle comporte 7 arrondissements et 50 Fokontany. ( 27)
L’altitude est de 1200 à 1352m. Le relief est accidenté. Il est surtout marqué par la vallée de Tsiandanitra à l’est, les chaînons de Tanambao et Tsaramandroso et Kianjasoa au centre, la plaine de Mahazengy au sud, et par la vallée de Mandranofotsy à l’ouest. La sous-préfecture est traversée par deux petits cours d’eau: le Tsiandanitra à l’est, et le Mandranofotsy au sud et à l’Ouest.
Le climat, de type tropical, alterne deux saisons bien distinctes:
• la saison chaude et pluvieuse va de novembre à avril. La température maximale peut atteindre 30C.
• La saison fraîche et humide pendant laquelle la température peut diminuer jusqu’à 6C s’étend de Mai à Octobre.
Infrastructure économique
Les 2/3 de la population résident dans le milieu urbain. Les occupations des habitants se répartissent comme suit:
• 20% travaillent dans l’administration,
• 28% dans le secteur privé,
• 32% sont ouvriers ou manœuvres,
• 5% font du commerce,
• et 15 % s’occupent de l’agro-pastoral,
Les gens qui travaillent dans le secteur agricole utilisent la technique traditionnelle. Leurs principales productions sont : le riz, le manioc, la patate douce, le haricot, le maïs et les produis maraîchers. L’éxiguité de la sous-préfecture a fait qu’il n’y a eu de possibilité d’extension que sur les pentes qui deviennent de plus en plus arides à cause de l’érosion.
L’élevage ne se fait que dans les périphéries. Il s’agit surtout de bovins, porcins et volailles.
Sur le plan de l’artisanat, on trouve dans le milieu rural la fabrication de pots en argile.
Infrastructure routière
La sous-préfecture de Fianarantsoa I est traversée par deux routes nationales: la RN 7 reliant Antananarivo et Tuléar et la RN 4 allant de Fianarantsoa à Ikalamavony .
Les routes de la sous-préfecture sont praticables pendant toute l’année.
Données démographiques
En 1999, la commune comptait 118.954 habitants ( 27). On y rencontre les 18 ethnies de Madagascar ainsi que des étrangers tels que les Français, Chinois, Comoriens etc…
La densité démographique est de 3.716 habitants /km2. La taille du ménage est de 6,3 (27 )
Données socio-culturelles
Dans la commune urbaine de Fianarantsoa I, il existe :
• 58 EPP dont 26 publiques et 32 privées
• 18 CEG dont 04 publiques et 14 privés
• 02 Lycées d’enseignement général, 03 lycée d’enseignement technique
• 01 Université.
Infrastructure sanitaire
Outre le centre hospitalier régional (CHR), la commune urbaine de Fianarantsoa I dispose de 27 centres de santé de base (CSB) 1dont 17 formations sanitaires publiques et 10 privées. 77,8% des CSB sont tenus par des médecins.
OBJECTIFS
Les objectifs de cette étude sont de:
• Evaluer l’ampleur de la carence en vitamine A des enfants d’âge préscolaire (12 à 71 mois ) dans la commune urbaine de Fianarantsoa 1, en 1998.
• En déterminer les principaux facteurs de risque
• Proposer des mesures de lutte contre la carence en vitamine A dans la commune urbaine de Fianarantsoa I.
COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS.
COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
Evaluation de la prévalence de la carence en vitamine A :
Chez les mères :
Chez les femmes, qu’elles soient allaitantes ou enceintes, le taux de l’héméralopie était de 11,2% dans la commune urbaine de Fianarantsoa 1. En nous référant aux critères adoptés par l’OMS, ce taux est nettement supérieur au seuil proposé par l’OMS (³ 1%) pour conclure que la carence en vitamine A constitue un problème de santé publique.
D’après le Enquête Démographique et Sanitaire de 1997 (8) 0,8% des femmes enceintes avaient le problème de cécité nocturne dans la province de Fianarantsoa. Ainsi, on note une grande différence entre notre résultat et les données de l’EDS. Nous pensons que cet écart peut être dû soit:
– au caractère subjectif de l’indicateur héméralopie (32)qui dépend beaucoup de la compréhension du terme héméralopie par le sujet enquêté.
– à la composition de notre échantillon, lequel inclut également les femmes allaitantes. Dans ce cas, l’héméralopie serait fortement prévalente chez les mères allaitantes du commune de Fianarantsoa I.
Un taux élevé d’héméralopie (1O%) a également pu être trouvé chez les femmes du Gharb au Maroc(33) où la déficience en Vitamine A constitue un problème de santé publique.
Chez les enfants de 12 à 71 mois :
La prévalence de la carence en vitamine A, dans le commune urbaine de Fianarantsoa I, selon les différents indicateurs, est résumée dans le tableau XVII.
Les facteurs de risque de carence en vitamine A
La faiblesse des effectifs des enfants sévèrement carencés en vitamine A ne nous a pas permis d’utiliser les test de corrélation entre la rétinolémie des enfants et certains paramètres: sexe, parité, profession des parents, lieu de résidence… Néanmoins, il apparaît clairement que quelques facteurs influent sur le statut en vitamine A des enfants.
L’âge de l’enfant
Dans notre zone d’étude, la carence en vitamine A, particulièrement la forme sévère, frappe surtout les enfants en bas âge, de moins de 35 mois. En effet, pendant cette période de croissance rapide, les besoins en vitamine A sont chez l’enfant, très élevés. Les maladies infectieuses et diarrhéiques sont également fréquentes pendant cette période (15) (36). La pratique des soins des enfants tient ainsi une place importante pour leur bon état nutritionnel: pratique optimale de l’allaitement maternel, aliment de sevrage ayant une bonne densité calorique et en micronutriments, alimentation active des enfants… Une évaluation faite dans 10 commune de la région de Fianarantsoa et d’Antananarivo montre cependant que la pratique de soins aux enfants est encore assez faible (37 ).
Une étude effectuée dans la commune d’Arivonimamo, a également identifié une tranche d’âge à risque pareille à la nôtre: 9 à 35 mois (15).
Dans d’autres pays, la carence en vitamine A frappe surtout les enfants plus âgés: 36 à 72 mois dans la communauté rurale éthiopienne (38).
Le niveau d’instruction des mères
D’après nos résultats, la fréquence de la carence en vitamine A de l’enfant diminue quand le niveau d’étude de la mère augmente. En effet, nous pensons que les mères à faible niveau d’instruction ont beaucoup plus de difficultés à prodiguer les soins adéquats à leur enfant.
Ce fait a été déjà rapporté en Afrique, dans le milieu rural malien, où une enquête sur le niveau de connaissance des mères indique que 2% seulement des mères établissent une liaison entre héméralopie et alimentation (32).
Revenu du ménage
Dans notre étude, la profession du chef de famille est l’indicateur utilisé pour apprécier le pouvoir d’achat du ménage. Comparés aux enfants des agriculteurs, ceux des salariés ainsi que ceux des chefs de familles qui exercent une profession libérale, sont beaucoup plus exposés à la carence en vitamine A. Selon l’enquête MADIO (39) en 1998, le revenu mensuel moyen d’un employé est de 291.000 Fmg. Dans notre étude, tous les ménages ont consommé quotidiennement du riz. Le ménage est composé, en moyenne, de 5 personnes. Ainsi, plus du tiers du revenu du ménage serait destiné uniquement à l’achat de riz. Les possibilités pour acheter des produits animaux, qui sont les principales sources de vitamine A, se trouvent alors très réduites, d’où leur vulnérabilité vis-à-vis de la carence en vitamine A.
Quant aux ménages d’agriculteurs qui vivent à la périphérie de la commune de Fianarantsoa I, nous pensons qu’ils produisent déjà une partie de leur besoin en riz et en produits de basse-cour. Leur disponibilité en aliments riches en vitamine A est ainsi meilleure par rapport au groupe précédent.
Le lien entre pouvoir d’achat et carence en vitamine A a été également observé au cours d’une enquête alimentaire réalisée en Tunisie (40), où la consommation de rétinol et de bêta-carotène croissait avec le revenu.
Habitudes alimentaires :
Le régime alimentaire de la population est monotone. Le riz, consommé par tous les ménages, apparaît comme l’aliment de base. Les brèdes représentent la source de vitamine A la plus fréquemment consommée par le plus grand nombre d’enfants de la commune urbaine de Fianarantsoa I.
Ce profil alimentaire nous amène à émettre les remarques suivantes:
• la faible consommation d’aliments riches en rétinol relève certes de la faiblesse du pouvoir d’achat des ménages mais également de la tradition qui consiste à réserver la consommation des aliments protidiques pour les grandes festivités (exhumation, noces…)
• il y a une certaine discordance entre la disponibilité de la région de Fianarantsoa en certains produits alimentaires (fruits, bœufs, porcs, volailles…) et leur faible consommation par les ménages. Il s’agit là d’un reflet de l’ignorance par les mères de famille de la valeur nutritionnelle de ces aliments.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES
I.1. RAPPELS SUR LA VITAMINE A
I.1.1.Définition
I.1.2. Propriétés physico-chimiques
I.1.3. Métabolisme de la Vitamine A
I.1.4. Vitamine A et Mécanisme de la Vision
I.1.5. Autres rôles de la Vitamine A
I.1.6. Principales sources de vitamine A et de β -carotène
I.1.7.Besoins quotidiens et apports recommandés
I.2. SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE DE L’AVITAMINOSE A DANS LE MONDE ET À MADAGASCAR
I.2.1. Dans le monde
I.2.2. A Madagascar
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE L’AVITAMINOSE A DANS LA COMMUNE DE FIANARANTSOA I
II.1.CADRE DE L’ÉTUDE: LA COMMUNE URBAINE DE FIANARANTSOA I
II.1.1. Situation, relief et climat
II.1.2. Infrastructure économique
II.1.3. Infrastructure routière
II.1.4. Données démographiques
II.1.5. Données socio-culturelles
II.1.6 Infrastructure sanitaire
II. 2. OBJECTIFS
II. 3. MÉTHODOLOGIE
II. 3.1 Echantillonnage
II.3.2. Variables utilisées
II.3.2. Analyse des données
II.4. RESULTATS
II. 4.1. Caractéristiques de l’échantillon
II.4.2. Prévalence de la carence en vitamine A
II.4.3. Les facteurs de risque de carence en vitamine
II.4.4. Habitudes alimentaires
TROISIEME PARTIE: COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
III.1 COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
III.1.1 Evaluation de la prévalence de la carence en vitamine A
III.1.2 Les facteurs de risque de carence en vitamine
III.2.2. Promotion de la pratique optimale d’ l’allaitement maternel
III.2.3. Promotion de la disponibilité et de la consommation d’aliments riches en vitamines A
III.2.4. Amélioration du pouvoir d’achat des ménages vulnérables
CONCLUSION
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