Huile essentielle
Selon sa profession, chacun des auteurs définira l’HE d’une manière différente. Elle peut être un ensemble de molécules pour un chimiste, un arôme pour un parfumeur ou encore la quintessence ou l’esprit d’un végétal pour un alchimiste. En réalité, une HE est l’ensemble de tout cela, car il s’agit d’un produit parfumé et volatil, composé de molécules sécrétées par certains arbres et certaines plantes qui lui confèrent un parfum spécifique. Nous retenons deux définitions :
– La première définition: elles sont des mélanges de divers produits issus d’une espèce végétale; ces mélanges passant avec une certaine proportion d’eau lors d’une distillation effectuée dans un courant de vapeur d’eau.
– La seconde définition: la 8ème édition de la Pharmacopée française définit les HE comme « des produits de composition généralement assez complexes renfermant les produits volatils contenus dans les végétaux et plus ou moins modifiés au cours de la préparation » [43].
Comment définir une huile essentielle
Chaque HE est composée d’un assemblage complexe de plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, de molécules aromatiques qui agissent en synergie et leur confèrent parfums distinctifs et propriétés thérapeutiques spécifiques. Pour définir une HE, il faut donner :
– Le nom latin qui précise l’espèce botanique et évite les confusions. Par exemple : Lavandula officinalis : lavande officinale, lavande vraie ; Lavandula latifolia : lavande aspic
– En précisant la partie ou organe dont est tirée l’HE (racine, feuille, Fleur, graine..). D’une manière générale, les différents organes agissent différemment :
* Les racines agissent sur le système nerveux,
* Les graines et fleurs sur le système digestif total,
* Les feuilles sur la respiration et le cœur.
d’où l’intérêt de connaître la partie de la plante utilisée pour être plus efficace.
– En précisant son mode d’obtention (distillation à la vapeur d’eau ou expression)
– En précisant le chémotype, principe actif caractéristique (effets physiologiques majeurs)
Exemple : les thyms de Provence ou d’Espagne sont plus riches en phénol (thymol et carvacrol) donc plus efficaces, mais plus toxiques [48,51].
Partie de la plante utilisée
Les HE n’existent quasiment que chez les végétaux supérieurs. Les genres capables d’élaborer les constituants qui composent les HE sont répartis dans un nombre limité de familles (Apiaceae, Asteraceae, Cupressaceae, Lamiaceae, Lauraceae, Myrtaceae, Poaceae, Rutaceae, etc.). Les HE peuvent être accumulées dans tous les types d’organes végétaux, par exemple des fleurs (Oranger, Rose, Lavande) mais aussi des feuilles (Citronnelle, Eucalyptus, Laurier noble) et, bien que cela soit moins habituel, dans des écorces (Cannelier), des bois (Bois de rose, Camphrier, Santal), des racines (Vétiver), des rhizomes (Curcuma, Gingembre), des fruits secs (Anis, Badiane), des graines (Muscade). Si tous les organes d’une même espèce peuvent renfermer une HE, la composition de cette dernière (qualitative et quantitative) peut varier selon sa localisation dans la plante. Prenons pour exemple l’Oranger amer Citrus aurantium L. ssp amara. Sa feuille donne l’HE de petit grain bigarade, sa fleur donne l’HE de néroli et le zeste de ses fruits donne l’essence d’Orange amère. La biosynthèse et l’accumulation des molécules aromatiques sont généralement associées à la présence de structures histologiques spécialisées (cellules à essence, poils, poches sécrétrices, canaux sécréteurs …), souvent localisées sur ou à proximité de la surface de la plante [46,52,61].
Identification et analyses chromatographiques
L’analyse des HE, l’identification des constituants, la recherche d’éventuelles falsifications peuvent se faire à l’aide de techniques telles que la chromatographie en phase gazeuse sur phases stationnaires polaires, apolaires ou chirales, couplée avec une détection par spectrométrie de masse ou IRT (Infrarouge à Transformée de Fourier). L’analyse isotopique, par exemple la mesure des rapports 13C/12C, D/H10 ou 18O/16O, peut aussi contribuer à la recherche de fraudes. Cependant, en routine et selon les référentiels classiques (Pharmacopée, ISO, AFNOR), l’évaluation de la qualité des HE est réalisée par la mesure d’un certain nombre d’indices et d’analyses chromatographiques simples :
Indices physiques : densité relative, indice de réfraction, angle de rotation optique, point de solidification, résidu d’évaporation, solubilité dans l’alcool …
Indices chimiques : indice d’acide, indice d’esters, indice de peroxyde…
Analyses chromatographiques: chromatographie sur couche mince, chromatographie en phase liquide à haute performance dans le cas des furocoumarines dans les HE de Citrus, chromatographie en phase gazeuse (Pharmacopée, ISO, AFNOR) : c’est la méthode de choix qui permet de réaliser le profil chromatographique de l’HE.
Le profil chromatographique d’une HE, réalisé dans des conditions précises, permet d’obtenir une estimation reproductible des teneurs en différents composés caractéristiques de l’échantillon par la méthode de normalisation. Toutefois, cette estimation est basée sur les pourcentages relatifs des aires des pics des constituants et ne constitue donc pas un dosage au sens strict de chacun des constituants. Dans le cas d’un produit fini contenant une HE parmi d’autres composants, le dosage des constituants à prendre en compte repose sur la méthode d’étalonnage nécessitant l’injection d’une solution de référence contenant chacun de ces constituants à des concentrations connues. Ces contrôles, prévus par la Pharmacopée française, concourent tous à assurer la sécurité de la santé publique et à garantir l’efficacité constante des HE. Ils sont réalisés par les laboratoires pharmaceutiques et reposent en général sur des mesures d’indices physico-chimiques et sur la détermination du profil chromatographique en phase gazeuse (CPG) et une spectrométrie de masse (SM). Un bulletin de contrôle doit ainsi accompagner chaque HE achetée pour le préparatoire. Suivant les bonnes pratiques de préparations officinales, les bulletins de contrôle seront archivés et répertoriés dans le registre des entrées des matières premières dans lequel sera également inscrit le numéro de lot interne du produit et sa libération (validation/acceptation) pour assurer sa traçabilité au sein même de l’officine.
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Table des matières
INTRODUCTON
I. DEFINITIONS ET HISTORIQUE
1.1 – Huile essentielle
1.2 – Phytothérapie
1.3 – Aromathérapie
II. HUILES ESSENTIELLES
2.1 – Matières premières végétales
2.1.1- Comment définir une huile essentielle
2.1.2- Dénomination botanique
2.1.3 – Conditions de la production de la plante
2.1.4 – Partie de la plante utilisée
2.1.5 – Précision du chémotype (chimiotype)
2.2 – Composition chimique d’une huile essentielle
2.3 – Classification des huiles essentielles
2.4 – Caractères physico-chimiques et organoleptiques
2.5 – Identification et analyses chromatographiques
2.6 – Mode d’obtention des huiles essentielles
2.6.1- Entrainement à la vapeur d’eau
2.6.1.1 – Entrainement à la vapeur d’eau proprement dit
2.6.1.2 – Hydro-distillation
2.6.1.3 – Distillation à vapeur saturée
2.6.2 – Expression à froid
2.6.3 – Entraînement avec des solvants
2.6.4 – Extraction par enfleurage
2.6.5 – Extraction par CO2 supercritique
2.6.6 – Extraction par micro-onde
2.6.7 – Macération
2.7 – Propriétés des huiles essentielles
2.7.1 – Propriété anti-infectieuse
2.7.2 – Propriété anti-inflammatoire et anti-histaminique
2.7.3 – Propriété anxiolytique, hypnotique et calmante
2.7.4 – Propriété antispasmodique
2.7.5 – Propriété expectorante
2.7.6 – Propriété analgésique et anesthésique
2.7.7 – Autres propriétés
2.8 – Voies d’administration des huiles essentielles
2.8.1 – La voie orale
2.8.2 – La voie rectale
2.8.3 – La voie vaginale
2.8.4 – La voie cutanée
2.8.5 – La voie pulmonaire
2.8.6 – Autres
2.9 – Maturation d’une huile essentielle
2.10 – Conditions de conservation et de stockage
2.11 – Qualité d’une huile essentielle
2.12 – Conseil d’achat d’une huile essentielle
2.13 – Toxicité des huiles essentielles et précautions d’emploi
2.13.1- Toxicité des huiles essentielles
2.13.2 – Précautions d’emploi
III. AROMATOGRAMME ET INDICE AROMATIQUE
3.1- L’aromatogramme
3.1.1 – Définition
3.1.2 – Historique
3.1.3 – Principales techniques
3.1.4 – Valeur de l’aromatogramme
3.1.5 – Interprétation de l’aromatogramme
3.1.6 – Limites de l’aromatogramme
3.2 – L’indice aromatique
3.2.1 – Définition
3.2.2 – Signification de l’indice aromatique
3.2.3 – Classification des huiles essentielles
IV – PRINCIPALES HUILES ESSENTIELLES ET LEURS UTILISATIONS
4.1- Principales huiles essentielles
4.2 – Méthodes d’utilisation
4.2.1 – Le bain
4.2.2 – Le massage
4.2.3 – L’inhalation
4.2.4 – La vaporisation
4.2.5 – La compresse
4.3 – Différentes utilisations
4.3.1 – L’appareil O.R.L
4.3.2 – L’appareil digestif
4.3.3- L’appareil circulatoire
4.3.4 – Troubles gynécologiques et urinaires
4.3.5 – Troubles nerveux
4.3.6 – Troubles cutanés
4.3.7 – Douleurs
4.3.8 – Premiers soins
4.3.9 – Soins esthétiques
4.4 – Huiles végétales utilisées en aromathérapie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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