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LE CENTRE HOSPITALIER NATIONAL DALAL JAMM
Le Centre Hospitalier National Dalal Jamm (CHNDJ) est l’une des dernières nées des structures sanitaires du système de santé du Sénégal (Fig. 3). Le système de santé du Sénégal se présente sous forme d’une pyramide de trois niveaux.
Niveau central : le ministère de la santé
Il regroupe outre le cabinet du ministre, le secrétariat général, les directions et leurs services rattachés.
Niveau intermédiaire : la région médicale
Le Sénégal compte 14 régions médicales. La région médicale dont l’aire d’intervention correspond à celle de la région administrative, assure la coordination, la supervision, l’inspection et le contrôle des structures sanitaires publiques et privées de la région. Elle organise la collaboration technique entre les structures régionales de santé et les assiste dans leur tâche d’administration, de gestion et de planification.
Le CHNDJ, hôpital de niveau 3 qui, en dehors des soins hospitaliers de qualité qui y sont administrés quotidiennement, a pour vocation l’enseignement, la recherche médicale et la formation des étudiants en médecine et des médecins en spécialisation. Il s’agit d’une structure sanitaire de référence qui se situe au niveau intermédiaire de la pyramide sanitaire du Sénégal. Le Centre Hospitalier National Dalal Jamm (CHNDJ) est situé à la périphérie de la ville de Dakar, dans le département de Guédiawaye, dans la commune d’arrondissement de Golf Sud. Créé en 2011, il est construit sur un terrain de 10 hectares avec un bâtiment principal bâti sur une surface de 26 750 m2.
Il a été inauguré le 22 juillet 2016 par le Président de la République. Il s’agit d’un hôpital universitaire ayant une capacité d’accueil actuelle de 300 lits pouvant atteindre 500 lits. Le CHNDJ a pour principal mission de permettre aux citoyens quelque soient leur pouvoir d’achat et leur niveau de vie, d’accéder à des soins de qualité et créer un environnement de travail propice à la recherche et à l’enseignement. Il est constitué de :
– 4 services de Médecine (Médecine interne-Rhumatologie, Néphrologie, Cardiologie, Hématologie Clinique) ;
– 4 services de Chirurgie (Chirurgie viscérale, Orthopédie-Traumatologie, Oncologie chirurgicale et Urologie-Andrologie) ;
– un pôle mère-enfant avec un service de Gynécologie-Obstétrique et un service de Pédiatrie.
– des services transversaux : Anesthésie-Réanimation, Urgences et Tri, Radiothérapie, les services d’aide au diagnostic constitués des Laboratoires et de l’Imagerie et un service de Consultations Externes avec des consultations prestataires spécialisées (Neurologie, Pneumologie, Dermatologie, Odonto-stomatologie, ORL, Ophtalmologie) ;
– les services administratifs et de maintenance.
Les travaux pour la construction de l’hôpital financés par l’Etat du Sénégal et ses partenaires ont coûté près de 51 milliards de FCFA.
Niveau périphérique : le district sanitaire
Le Sénégal compte 69 districts sanitaires qui constituent une subdivision sanitaire proche des populations. Le district sanitaire est l’unité opérationnelle la plus périphérique de la pyramide sanitaire.
Il s’y applique la médecine dans son aspect quadridimensionnel : curatif, préventif, social et éducatif. Le district sanitaire est constitué d’un ou de plusieurs centre de santé et englobe un réseau de postes de santé eux- même supervisant les cases de santé et les maternités rurales.
PRINCIPALES AFFECTIONS ORTHOPEDIQUES
Epidémiologie des affections orthopédiques
La décennie 2000-2010, consacrée par l’OMS aux maladies des os et des articulations, représentait un effort international pour la lutte contre les maladies orthopédiques et traumatologiques. Son premier objectif était l’amélioration des connaissances des praticiens sur ces maladies et leurs conséquences. C’est ainsi que le profil épidémiologique de ces pathologies, leurs conséquences en termes de morbidité individuelle et d’impact socio-économique sont de mieux en mieux connus à travers le monde, même si le chemin à parcourir est encore assez long dans plusieurs pays.
En France, ces affections orthopédiques justifient 15% des actes médicaux. Le niveau de connaissance de ces maladies a connu des progrès considérables au cours des dernières années, notamment au cours de la décennie mondiale des os.
Principales affections orthopédiques
Pathologies dégénératives (exemple : Arthrose) :
L’arthrose est une chondropathie dégénérative. L’OMS et les sociétés savantes internationales, notamment l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (AAOS) se sont accordées dès 1994 sur une définition commune encore peu précise qui permet de poser les bases pour les études cliniques futures. Ainsi, cette définition de l’OMS stipule : ‘’l’arthrose est la résultante de phénomènes mécaniques et biologiques qui déstabilisent l’équilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage et de l’os sous-chondral. L’arthrose touche tous les tissus de l’articulation diarthrodiale et se manifeste par des modifications morphologiques, biochimiques, moléculaires et biomécaniques des cellules de la matrice cartilagineuse conduisant à un ramollissement, une fissuration, une ulcération et une perte du cartilage articulaire, une sclérose de l’os sous-chondral avec production d’ostéophytes et de kystes souschondraux’’. En France, sa prévalence générale relevée par des dépistages radiologiques systématiques est de 52% chez les adultes pour une seule localisation [54]. Dans les tranches d’âge les plus élevées, cette prévalence atteint 85%. Dans la tranche d’âge 65-75 ans, chez les femmes, l’arthrose du rachis lombaire est présente dans 64% des cas, celle de la main (interphalangiennes distales) 76%, du genou 35%, de la hanche 10%.
Aux Etats-Unis, la prévalence radiologique de l’arthrose (en incluant les formes minimes à sévères) est estimée à 29,9% aux mains, 20,66% aux pieds, 3,8% aux genoux, et 1,3% aux hanches. En Afrique du Nord, au Maroc, la prévalence de l’arthrose est de 47,8%. Dans une étude rétrospective sur cinq ans menée au Bénin, 26% des patients ont consulté pour arthrose. Elle atteint plus l’homme que la femme mais après la ménopause avec un sex-ratio de deux femmes pour un homme.
L’arthrose peut toucher toutes les articulations, cependant certaines articulations sont plus fréquemment concernées par rapport à d’autres. En effet, l’atteinte des genoux, des hanches et des doigts est plus importante comparée à l’atteinte des coudes, des chevilles et des épaules. Sur le plan clinique, elle se manifeste par une douleur articulaire de type mécanique qui est une douleur de sollicitation. Il s’agit d’une douleur survenant à l’effort ou lors de mise en charge. Elle n’apparaît, au début, que pour des efforts importants (sportifs notamment) et entrave peu les gestes courants de la vie quotidienne. Elle se produit après un certain temps d’utilisation de l’articulation, et se manifeste donc plus volontiers en fin de journée que le matin. Elle est calmée par le repos. Cette douleur évolue par crise sur fond peu ou pas douloureux parfois associée à une raideur et une déformation à un stade tardif, et parfois à un épanchement articulaire.
A la paraclinique, la biologie n’est pas utile au diagnostic. La radiographie standard de l’articulation atteinte suffit à poser le diagnostic. Les signes cardinaux sont (Fig. 4) :
– un pincement articulaire longtemps localisé ;
– une hypercondensation sous-chondrale ;
– associé à des géodes ;
– une ostéophytose implantée à la jonction os-cartilage.
Pathologies malformatives
Ce sont des pathologies congénitales de l’appareil locomoteur comme la scoliose dorso-lombaire, les déformations du genou (genou valgum et varum), de la cheville (pied bot…)
Pathologies infectieuses
Elles vont toucher isolément ou de façon combinée les parties molles, les os et les articulations.
Les infections des parties molles
Abcès chaud : l’abcès chaud est une collection de pus dans une cavité néo-formée. L’abcès sous cutané est douloureux, induré, tendu et habituellement la peau en regard est érythémateuse. Sa taille est souvent de 1 à 3 cm, mais peut parfois être beaucoup plus grande. Plus tard, l’abcès mûrit, la peau en regard s’affine et une collection devient palpable ; plus tard, l’abcès pointe, la peau sus-jascente devient mince et la tumeur est fluctuante (Fig. 9). L’abcès peut alors s’évacuer spontanément (fistulisation). Il n’existe pas toujours de cellulite, de lymphangite, d’adénopathies locales, de fièvre ni d’hyperleucocytose associées.
Le diagnostic est habituellement évident lors de l’examen clinique ; la mise en culture est recommandée principalement pour identifier le SARM (Staphylocoque Auréus Résistant à la Méthicilline).
Les affections rappelant les principaux abcès cutanés sont l’hydradénite suppurée et le kyste épidermique rompu. Les kystes épidermoïdes (souvent appelés à tort kystes sébacés) s’infectent rarement ; cependant leur rupture libère de la kératine dans le derme, provoquant une réaction inflammatoire exubérante, rappelant parfois cliniquement une infection. La culture de ces kystes après leur rupture isole rarement des agents pathogènes.
Le traitement associe une incision-drainage et parfois une antibiothérapie. Les antibiotiques sont considérés comme non nécessaires, sauf en cas de signes d’infection systémique, de cellulite, d’abcès multiples, d’immunodépression ou d’abcès de la face, dans un territoire drainé par le sinus caverneux. Dans ces cas, un traitement empirique doit être démarré avec un médicament actif contre le SARM (par exemple : trimétoprime/ sulfaméthoxazole, clindamycine ou en cas d’infection sévère, avec la vancomycine) en attendant les résultats de la culture bactérienne.
Phlegmon : c’est l’inflammation du tissu conjonctif. Il peut être superficiel ou profond (Fig. 10). Il est presque toujours aigu et d’origine microbienne. Un traitement en urgence s’impose. Les germes responsables de l’infection sont : staphylocoque doré ou le streptocoque. La porte d’entrée peut être une infection (angine ou une plaie) mal prise en charge ou insuffisamment traitée.
Le traitement instauré en urgence, repose sur les antibiotiques et sur la chirurgie qui consiste à drainer le pus et enlever les tissus nécrosés.
Mycétomes : maladie infectieuse, bactérienne ou fongique, le mycétome affecte la peau et/ou les tissus mous (Fig. 11). L’atteinte osseuse et/ou des articulations est une complication évolutive grave qui conditionne le pronostic fonctionnel et esthétique.
Les infections ostéo-articulaires
L’ostéomyélite
– L’ostéomyèlite aiguë : elle touche aussi bien l’enfant que l’adulte.
Le mécanisme de l’infection de l’os peut être le plus souvent le fait d’une infection hématogène ; mais parfois elle peut se faire par une inoculation directe ou une infection par contiguïté. Les germes en cause sont : le staphylocoque (dans 90% des cas), mais aussi le streptocoque, l’hémophilus et les bacilles à gram négatif.
Les localisations préférentielles sont représentées par l’épiphyse des os longs chez le nourrisson, la métaphyse chez l’enfant. En fait, n’importe quel os peut être intéressé, mais, selon l‘adage, elle atteint préférentiellement les os «loin du coude et près du genou».
Le tableau clinique est à début brutal avec une douleur intense localisée et une impotence fonctionnelle totale. Il n’y a pas d’inflammation locale ni d’épanchement articulaire et la mobilisation passive est normale. Il existe une fièvre à 39° avec frissons et asthénie. La douleur est métaphysaire, atroce, sus articulaire, transfixiante dite de «fracture sans fracture» avec une articulation sous-jacente libre.
Les examens complémentaires retrouvent une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, une VS˃30 mm à la première heure et une CRP positive. Les hémocultures, les radiographies du membre et pulmonaire, l’ECBU et les dosages des antistaphylolysines sont des examens systématiques.
Les radiographies osseuses, normales au début, vont montrer ensuite une ostéolyse avec périostose (Fig. 12). La scintigraphie osseuse met en évidence une hyperfixation localisée.
Si le traitement est précoce et adapté, la régression est complète en 15 jours à 21 jours ; sinon l’évolution se fait vers des complications telles :
– L’abcès sous-périosté associant à des signes inflammatoires locaux, la persistance d’une VS élevée, une altération de l’état général et une ostéolyse mal limitée (Fig. 13).
– L’ostéomyèlite chronique (OMC) : survient plusieurs mois ou années après l’épisode initial, caractérisée par la persistance d’une douleur, d’une inflammation localisée, d’une VS élevée et d’un écoulement par une fistule avec à la radiographie la présence d’un séquestre osseux (Fig. 14).
Le traitement associe une antibiothérapie mise en route dès que les prélèvements ont été effectués. Il s’agit d’une bithérapie bactéricide par voie IV, puis per os, empirique visant le staphyloccoque puis adaptée à l’antibiogramme, poursuivie au moins 4 semaines après la normalisation de la VS et de la CRP (plusieurs mois en cas d’atteinte chronique). Une immobilisation plâtrée sera posée pendant au moins 3 semaines. La chirurgie est indiquée en cas de complications notamment un abcès sous-périosté, un abcès sous-cutané ou une OMC.
L’ostéo-arthrite : c’est une infection de l’épiphyse ou de la métaphyse
propagée à l’articulation. Elle a deux origines principales :
– une atteinte primitive de la synoviale puis une diffusion de l’infection au cartilage épiphysaire et à la métaphyse dans les formes graves ;
– une atteinte secondaire à une ostéomyélite, mécanisme le plus fréquent. Le germe arrive dans l’articulation soit directement lorsque la métaphyse est intra-articulaire comme au niveau de l’extrémité supérieure du fémur (Fig. 15), du radius et de l’humérus, soit après avoir traversé le cartilage de croissance uniquement chez le nourrisson. En effet, ceci n’est possible qu’au cours des premiers mois de la vie car les réseaux vasculaires épiphysaires et métaphysaires ne sont pas encore séparés.
L’ostéo-arthrite doit être recherchée par un dépistage systématique chez un enfant infecté. Le réveil d’une douleur à la mobilisation d’une articulation doit faire suspecter le diagnostic d’ostéo-arthrite. Devant une impotence fonctionnelle plus ou moins douloureuse d’un membre ou encore la réduction de la gesticulation, voire les gémissements du nourrisson ou du jeune enfant lors de l’habillage ; il faut examiner attentivement les articulations. Devant une douleur articulaire chez le plus grand enfant, l’examen clinique recherche une augmentation de la chaleur locale et du volume de l’articulation. La douleur est exacerbée par la palpation et la mobilisation active et passive.
Le bilan biologique montre une hyperleucocytose avec une VS, une CRP et un taux de fibrinogène augmentés. Le dosage des oroso-mucoïdes est souvent perturbé et semble être plus spécifique d’une infection articulaire.
La ponction articulaire est indispensable pour confirmer l’atteinte articulaire et identifier le germe par la bactériologie. Le traitement sera débuté rapidement après le prélèvement sans attendre le résultat. Il faudra y ajouter des hémocultures et des prélèvements bactériologiques au niveau des portes d’entrée éventuelles. L’imagerie mettra en évidence à :
la radiographie standard : la présence d’un flou des parties molles péri-articulaires, un élargissement de l’interligne articulaire, un refoulement des reliefs graisseux péri-capsulaires et plus tardivement apparaissent : des zones d’ostéolyse épiphysaire, un décollement sous-périosté et des géodes épiphysaires.
l’échographie : un épanchement liquidien et de rechercher un décollement périosté dans les métaphyses adjacentes.
la scintigraphie osseuse n’a pas d’intérêt pour le diagnostic de l’infection d’une articulation superficielle. Par contre, l’atteinte des sacro-iliaques reste une bonne indication pour un diagnostic précoce et se traduit par une hyperfixation au niveau de l’articulation infectée.
Le scanner dont la principale indication est le diagnostic et la surveillance des ostéo-arthrites sacro-iliaques.
Type et période d’étude
Nous avons réalisé, sur une durée de quinze (15) mois, du 01er Mars 2017 au 30 Juin 2018, une étude rétrospective, descriptive, monocentrique incluant tous les patients reçus en consultation d’Orthopédie au Centre Hospitalier National Dalal Jamm.
– Ont été inclus dans l’étude, tous les patients ayant consulté pour une affection orthopédique au CHNDJ durant la période d’étude ;
– N’ont pas été inclus dans l’étude, les patients ayant présenté des affections non orthopédiques après explorations complémentaires et les patients qui présentaient des affections traumatologiques récentes de moins de 3 semaines.
Au total, cinq cent trente-six (536) patients enregistrés ont été retenus pendant la période d’étude.
Méthodologie
Collecte des données
Pour la collecte des données, nous avons utilisé le registre de consultation et les dossiers médicaux. Pour chaque observation incluse, ont été étudiées :
– Les données socio-démographiques :
. Age
. Genre
. Provenance
– Le diagnostic retenu :
. Délai au diagnostic réparti en moins de 3 mois, 3-12 mois, plus d’un an.
. Cadres nosologiques
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I-PRÉSENTATION DU DÉPARTEMENT DE GUÉDIAWAYE
II-LE CENTRE HOSPITALIER NATIONAL DALAL JAMM
III-PRINCIPALES AFFECTIONS ORTHOPÉDIQUES
1. Epidémiologie des affections orthopédiques
2. Principales affections orthopédiques
2.1. Pathologies dégénératives (exemple : Arthrose)
2.2. Pathologies inflammatoires
2.3. Pathologies malformatives
2.4. Pathologies infectieuses
2.5. Pathologies tumorales
2.6. Pathologies séquellaires
2.7. Affections abarticulaires
2.8. Lombosciatalgie
DEUXIEME PARTIE MATERIEL ET METHODE
1. Matériel d’étude
1.1. Cadre d’étude
1.2. Type et période d’étude
2. Méthodologie
2.1. Collecte des données
2.2. Analyse des données
2.3. Considérations éthiques
RESULTATS
1.1. Age
1.2. Genre
1.3. Provenance
2. Données pathologiques
DISCUSSION
1. Données socio-démographiques
2. Données diagnostiques
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES
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