PREVENTION DES INFECTIONS LIEES AUX ACTES DE CHIRURGIE BUCCALE

Acquisition de la flore buccale

       In utero, la flore buccale est inexistante. La première contamination se fait par le biais de la mère lors du maternage. Ensuite, l’environnement et l’entourage de l’enfant seront ensuite déterminants dans la constitution de cette flore [64]. En l’absence de dents, les microorganismes sont présents sur les muqueuses buccales. L’apparition de la première denture favorise la multiplication des niches pour les bactéries. [51, 64]. Le sillon gingivo-dentaire constitue une loge propice pour les bactéries anaérobies [51, 64, 69]. Pendant les premières années de la vie de l’enfant, un remaniement perpétuel de la flore buccale est noté et va se poursuivre jusqu’à l’apparition de la denture définitive [51, 64]. La croissance des bactéries est en partie assurée par la salive et le fluide gingival qui leur fournissent les apports nutritionnels nécessaires [51, 64].

Alvéolite suppurée

       Les signes généraux sont dominés par une fièvre de 38 à 38,5°C. Les signes fonctionnels sont une douleur sourde moins intense avec une adénopathie satellite. Le patient peut présenter un trismus. L’examen endo-buccal révèle une tuméfaction de la muqueuse péri alvéolaire avec parfois une fistule. L’alvéole est comblée par du tissu de granulation laissant sourdre du pus fétide. Les parois alvéolaires sont douloureuses au toucher [52, 71] En l’absence de traitement, l’alvéolite suppurée peut évoluer vers ostéite diffuse.

Lavage chirurgical

       Pour cette technique, il faut toujours commencer par les mains suivies des poignets puis les avant-bras. Après avoir mouillé les mains et les avant-bras, une dose de savon liquide est placée au niveau de la paume d’une main, le frictionnement est effectué de la manière suivante :
 paume de la main droite sur le dos de la main gauche et vice versa
 paume contre paume
 paume contre paume avec frictionnement des espaces interdigitaux
 face arrière des doigts frictionnés avec la paume de la main opposée par un mouvement de va et vient
 pouce de chaque mai frictionné avec la paume de la main opposée.
 bouts des doigts de chaque main frictionnés contre la paume de la main opposée
 frictionnement du poignet et de l’avant-bras de chaque bras par la main opposée
 rinçage abondante des avant-bras et des mains tenues plus haut que les coudes
 séchage effectué à l’aide d’une serviette en papier par tamponnement en commençant par les doigts, les paumes, les poignets et enfin les avant-bras
 fermer le robinet avec un mouchoir [25, 43]
Le praticien doit avoir recours aux coudex ou aux poignets pour appuyer sur le levier du distributeur de savons liquide [25].

Traitement de l’instrumentation dynamique

      Les instruments dynamiques contre angle et pièce à main, après usage, doivent subir :
 un traitement externe : à l’aide d’une lingette imprégnée d’une solution désinfectante, la surface externe de l’instrument est essuyée. Ensuite les matières organiques logées dans les anfractuosités sont éliminées par un brossage doux à l’eau. Toute immersion de l’instrument dans des produits de décontamination ou de désinfection est à éviter.
 Un traitement interne obligatoire qui peut être :
 manuel : en suivant les instructions du fabriquant
 mécanique : par systèmes automatisés qui réalisent le nettoyage et la lubrification de l’instrument [75, 18]..
La dernière étape étant le conditionnement avec stérilisation à l’autoclave [75].

Règles d’asepsie

       Dans la lutte contre les infections lors des activités de soins, la désinfection péri et endobuccale préopératoire à l’aide de solution antiseptique permet de limiter la contamination par les microorganismes [1, 75]. Dans la présente étude seule 50% des chirurgiens-dentistes affirmaient la réaliser avant tout acte chirurgical. Ces résultats sont toutefois largement supérieurs à ceux rapportés dans une étude réalisée chez des étudiants en odontologie où seuls 1,08% réalisaient la désinfection préopératoire [54]. Dans la même étude, la désinfection des opercules des cartouches d’anesthésique avec de l’alcool éthylique 70° n’était réalisée que par 02,19% des étudiants contre 55% dans la présente étude. Dans la prévention des infections en chirurgie buccale, la tenue vestimentaire est d’une grande importance. Les blouses des chirurgiens-dentistes doivent être de manches courtes pour pouvoir respecter les règles d’hygiène [1, 11]. Dans la présente étude, 42% des chirurgiensdentistes affirmaient porter des blouses à manches courtes lors de leurs activités de soins. Ces valeurs sont supérieures à celles rapportées dans la littérature où seulement 25,6% des chirurgiens-dentistes portaient une blouse à manche courte lors des soins [43]. Dans cette lutte contre la transmission d’agents infectieux lors des activités de soins, le lavage des mains est primordial. En effet l’hygiène des mains contribue à limiter la transmission manu-portée d’agents infectieux [27], d’où la nécessité de disposer d’un lavabo dans la salle de soins [6]. Dans la présente étude, 98,3% (n=59) des chirurgiens-dentistes affirmaient disposer d’un lavabo dans leur salle de soins. La même tendance a été retrouvée dans la littérature avec 98% de chirurgiens-dentistes disposant d’un lavabo dans la salle de soins [40]. Outre le lavage, la désinfection des mains avec une solution hydroalcoolique permet l’observance de leur asepsie, elle aide à lutter contre les infections croisées selon Abbas [1]. Dans la présente étude, 65% (n=39) des chirurgiens-dentistes interrogés affirmaient réaliser la désinfection des mains avec une solution hydro alcoolique entre deux patients. Des pourcentages plus faibles ont été rapportés dans la littérature avec 57,8% chez des chirurgiens-dentistes [43] et 25 % chez des étudiants en chirurgie dentaire [54]. En outre, la lutte contre l’infection au cours des actes de chirurgie buccale passe également par le nettoyage et la désinfection de l’unit et des surfaces à proximité [42, 75, 79]. Cette désinfection est obligatoire pour mieux lutter contre l’infection croisée lors des soins dentaires [11, 75]. Elle est réalisée dans la présente étude par 90% (n=54)) des chirurgiens-dentistes. Des valeurs plus faibles ont étaient rapportées par Diop en 2014 avec 76% chez des chirurgiensdentistes [33]. Cela pourrait traduire une prise de conscience des professionnels de la santé bucco-dentaire. Par contre les valeurs étaient similaires dans une étude réalisée chez les étudiants en dentaire avec 92% des cas [54]. La purge du fauteuil fait également partie des moyens de lutte contre les infections en pratique odontologique, ainsi l’eau distribuée au niveau de l’unit de travail doit être stérile pour limiter les risque de contamination [1, 75]. La purge des équipements est recommandée entre deux patients [6, 75]. Dans la présente étude, 83,3% affirmaient la réaliser. Ces valeurs sont supérieures à celles rapportées dans la littérature sur deux études réalisées auprès de chirurgiens-dentistes avec 4% pour Shah [67] et 73,49% pour Sun [72], et une étude réalisée auprès d’étudiants en chirurgie dentaire dont 66,67% ont déclaré réaliser la purge des circuits d’eau de l’unit entre deux patients [54]. Cela traduit peutêtre la prise de conscience des praticiens sur cette recommandation universelle qui permet de diminuer la charge bactérienne Elle l’est davantage selon le genre car 100% des femmes l’effectuaient avec une corrélation significative (p= 0,014). Le traitement du matériel chirurgical passe obligatoirement par la stérilisation. De nos jours seule la stérilisation à la vapeur (autoclave) est recommandée pour le matériel chirurgical [18, 75]. Dans la présente étude, la stérilisation à la vapeur n’est réalisée que par 60% des chirurgiens-dentistes interrogés. Ces résultats similaires à ceux rapportés par Singh [68] et Bahoum [8] devraient être améliorés car la stérilisation à l’autoclave est la méthode de référence pour tous les dispositifs médicaux thermorésistants. Elle permet ainsi d’assurer la préparation du matériel stérile pour les soins dans des conditions maximales de sécurité. Bien que controversé, l’antibioprophylaxie systématique était pratiquée par 76,7% (n=46) des chirurgiens-dentistes interrogés. Toutefois, ces résultats sont proches de ceux rapportés par Irland en 2012 avec 72% [48].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES INFECTIONS LIEES AUX ACTES DE CHIRURGIE DENTAIRE
I. La flore buccale
1 Acquisition de la flore buccale
2 Organisation de la flore buccale
2.1 Biofilm
2.2 Plaque dentaire
3 Principales bactéries de la cavité buccale
II. Complications infectieuses liées aux actes de chirurgie buccale
1 Agents infectieux
1.1 Bactéries
1.2 Virus
1.3 Champignons
2 Modes de transmission des agents infectieux
2.1 Aéro-biocontamination
2.2 Contamination par l’eau
2.3 Contamination par accident d’exposition au sang ou aux liquides Biologiques
3 Complications infectieuses locales
3.1 Ostéites post-avulsionnelles
3.1.1 Alvéolite sèche ou fibrinolytique ou « Dry socket »
3.1.2 Alvéolite suppurée
3.2 Cellulites post-avulsionnelles
3.3 Sinusites post-avulsionnelles
4 Complications infectieuses à distance
4.1 Endocardite infectieuse
4.2 Abcès pulmonaire
4.3 Abcès du cerveau
4.4 Complications infectieuses obstétricales
4.5 Pelade
4.6 Infection oculaire
4.7 Infection des voies respiratoires
4.8 Polyarthrite rhumatoïde
4.9 Infection des prothèses articulaires
III. Moyens de prévention des infections liées aux actes de chirurgie buccale
1 Hygiène des mains
1.1 Recommandations
1.2 Indications
1.3 Désinfection des mains
1.3.1 Lavage avec de l’eau et du savon
1.3.2 Friction avec une solution hydro-alcoolique
1.4 Désinfection chirurgicale des mains
1.4.1 Lavage chirurgical
1.4.2 Désinfection chirurgicale des mains par friction à la solution hydroalcoolique (SHA)
2 Hygiène de la tenue de travail
3 Port de gants
4 Port de masque
5 Port de lunettes de protection
6 Préparation du patient
6.1 Antisepsie buccale et péribuccale
6.2 Mise en place des champs opératoires
7 Hygiène du matériel
7.1 Traitement des dispositifs médicaux réutilisables
7.1.1 Décontamination
7.1.2 Nettoyage
7.1.3 Rinçage et séchage
7.1.4 Conditionnement
7.1.5 Stérilisation à l’autoclave
7.1.6 Traitement de l’instrumentation dynamique
8 Hygiène des locaux
8.1 Zonage du cabinet dentaire
8.2 Matériaux de revêtement
8.3 Nettoyage des locaux et des surfaces
8.4 Purge des équipements
8.5 Gestion des déchets
9 Immunisation
DEUXIEME PARTIE : MOYENS DE PREVENTION DES INFECTIONS DANS LES CABINETS DENTAIRES PRIVES DE LA REGION DE DAKAR : ENQUETE AUPRES DE 60 CHIRURGIENS-DENTISTES
I Problématique et justification
II Objectifs 
1 Général
2 Spécifiques
III Méthodologie
1 Type et cadre d’étude
1.1 Type d’étude
1.2 Cadre d’étude
2 Période de l’étude
3 Population d’étude et critères de sélection
3.1 Critère d’inclusion
3.2 Critère de non inclusion
4 Définitions opérationnelles des variables
5 Procédure et outils de collecte des données
5.1 Procédure
5.2 Outils de collecte
IV Analyse des données
V Résultats
1 Statistiques descriptives
1.1 Répartition de l’échantillon selon l’âge
1.2 Répartition selon le nombre d’années d’exercice
1.3 Répartition de l’échantillon selon le sexe
1.4 Répartition de l’échantillon selon la participation aux formations continues
1.5 Répartition de l’échantillon selon le statut vaccinal contre l’hépatite B
1.6 Répartition de l’échantillon selon la connaissance du guide de prévention des infections liées aux soins
1.7 Répartition de l’échantillon selon le port de blouses à manches courtes
1.8 Répartition de l’échantillon selon la disponibilité d’un lavabo dans la salle de soins
1.9 Répartition de l’échantillon selon la réalisation de la désinfection des mains avec une solution hydroalcoolique entre deux patients
1.10 Répartition de l’échantillon selon la réalisation de la désinfection des surfaces à proximité de l’unité
1.11 Répartition de l’échantillon selon la réalisation de purge du fauteuil entre deux patients
1.12 Répartition de l’échantillon selon le port de masque pendant les actes de soin
1.13 Répartition de l’échantillon selon la réalisation de la désinfection endo buccale
1.14 Répartition de l’échantillon selon la réalisation de la désinfection des opercules des cartouches d’anesthésie avant utilisation
1.15 Répartition de l’échantillon selon la protection des boutons et des poignets de l’unit du fauteuil dentaire pendant les soins
1.16 Répartition de l’échantillon selon le type de gants utilisés lors des actes chirurgicaux
1.17 Répartition de l’échantillon selon l’utilisation de sérum physiologique pour l’irrigation lors d’actes chirurgicaux nécessitant une ostéotomie
1.18 Répartition de l’échantillon selon les moyens de stérilisation du matériel chirurgical
1.19 Répartition de l’échantillon selon la pratique de l’antibioprophylaxie systématique
2 Statistiques analytiques
2.1 Statut vaccinal contre l’hépatite B
2.2 Réalisation de la désinfection des opercules des cartouches d’anesthésie
2.3 Purge des équipements entre deux patients
2.4 Port de masque pendant les activités de soins
2.5 Moyens de stérilisation utilisés selon le sexe
2.6 Suivi de formations continues selon le nombre d’années d’expérience
VI Discussion
1 Aspects sociodémographiques
1.1 Ancienneté
1.2 Formations continues
1.3 Prévention contre les infections
1.4 Règles d’asepsie
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES

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