Les maladies non transmissibles sont à l’origine de 70% de décès dans le monde[1]. Le diabète, une des maladies non transmissibles, sera la septième cause de mortalité mondiale en 2030 selon l’Organisation Mondiale de la Santé . Étant donné que cette affection est silencieuse et n’apparait que tardivement, beaucoup de cas ne sont pas diagnostiqués. Nombreux sont ceux qui vivent avec le diabète sans le savoir et donc ne sont pas pris en charge. Or, cela augmente les risques de complications chez les individus concernés et ce sont ces complications qui induiraient une surmortalité. Des méthodes préventives ainsi que des mesures de surveillance de l’état de santé pourraient donc aider à éviter ou retarder ces complications. À Madagascar, à notre connaissance, il n’y a pas d’étude récente sur la prévalence et les facteurs de risque du diabète en milieu communautaire. L’étude de la prévalence du diabète ainsi que de ses facteurs de risque serait intéressante car savoir les facteurs qui exposent les individus à un risque élevé de diabète pourrait orienter les actions en santé publique de prévention.
Une étude sur les facteurs de risque d’une maladie a pour but de repérer un sous-ensemble de variables, parmi les variables potentiellement explicatives de la maladie, qui explique le mieux la survenue de la maladie. Toutes les études se focalisant sur des relations entre une variable et plusieurs autres variables, potentiellement explicatives de la première, qu’il s’agisse d’une étude de facteurs de risque d’une maladie ou non, font appel à des outils statistiques ou mathématiques. Ainsi, ces types d’étude nécessitent la construction de modèles statistiques ou mathématiques qui sont des approximations de la réalité permettant de l’expliquer ou de prédire. Mais avant d’arriver à ces finalités, à partir d’une revue des données déjà existantes, une étape constituée par la sélection de variables reste nécessaire et essentielle pour toutes constructions de modèles statistiques après avoir choisi le bon type de modèle. Il est donc nécessaire de ne retenir que les variables liées au mieux à celle étudiée. De nombreuses méthodes de sélection de variables sont proposées dans la littérature selon les besoins et la nature de la recherche. Il est alors préférable de bien choisir la méthode de sélection de variables la plus adaptée conduisant à un résultat optimal selon les objectifs de l’étude.
Généralité
Le Diabète
Définition : Le diabète est une affection chronique qui se révèle par un taux de glycémie à jeun supérieur à 1,26g/l . Deux formes essentielles du diabète existent : le diabète de type 1 et le diabète de type 2 :
-Le diabète de type 1 appelé aussi auparavant diabète insulino-dépendant est dû au fait que la personne ne produit pas assez d’insuline (hormone, secrétée par le pancréas, permettant l’entrée des glucides dans les cellules du corps ). Ce type de diabète peut toucher à tout âge mais il est plus fréquent chez les jeunes.
-Le diabète de type 2, est dû au fait que l’organisme a du mal à réagir correctement à l’insuline. C’est ce type qui est le plus répandu. Plusieurs facteurs de risques sont associés à ce type : les antécédents familiaux de diabète, l’âge avancé, la notion d’hypertension artérielle, la sédentarité et le surpoids. Une autre forme de diabète, le diabète gestationnel existe également et peut toucher les femmes au cours de la grossesse. Il disparaît généralement après l’accouchement mais les femmes et les enfants issus d’une grossesse avec diabète gestationnel sont à risque de développer le diabète de type 2 au fur et à mesure que l’âge avance.
Prévalence : Selon l’OMS, la prévalence du diabète dans le monde est passée de 4,7% en 1980 à 8,5% en 2014 .
Symptômes : Même si le diabète est souvent dit silencieux, certains symptômes peuvent alerter, comme l’envie fréquente d’uriner (polyurie), la soif excessive (polydipsie), la perte de poids inexpliquée, la fatigue.
Diagnostic : Le diagnostic se fait par le dosage de la glycémie dans le sang.
Traitements : Le régime alimentaire sain ainsi que l’activité physique constituent des traitements non pharmacologiques du diabète. Selon la gravité, certains diabétiques utilisent des médicaments par voie orale, tandis que l’injection quotidienne d’insuline est indispensable pour d’autres. Le dépistage régulier ainsi que les prises en charge correctes permettent d’éviter ou de retarder les complications du diabète .
Complications : En l’absence de prise en charge, le diabète peut évoluer vers des complications graves comme la baisse de l’acuité visuelle, la cataracte, voire la cécité, l’insuffisance rénale, les accidents cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et/ou l’amputation des membres inférieurs.
Le diabète à Madagascar
La prévalence du diabète à Madagascar est estimée, après ajustement sur l’âge et par extrapolation, selon la Fédération Internationale du Diabète (FID) en 2017 à 3,0% . Le pays ne dispose pas de données précises qui permettent d’estimer exactement la mortalité liée au diabète. A Madagascar, l’AMADIA (Association Malagasy contre le diabète) est la seule association à l’échelle nationale œuvrant contre le diabète. En 2013, l’AMADIA estime que 10 amputations liées à des complications du diabète seraient réalisées chaque mois à Madagascar .
Le Système de santé à Madagascar
Le système de santé de Madagascar est de type pyramidal à trois niveaux administratifs fonctionnels auxquels se rajoute un quatrième niveau communautaire. La base au niveau communautaire est représentée par les agents communautaires. Les agents communautaires sont des résidents du village qui ont pour rôle de prendre en charge certaines maladies des enfants de moins de 5 ans et de référer les malades vers les centres de santé de base (CSB) les plus proches. Au niveau supérieur se trouvent les CSB de niveau I (CSB I) et les CSB de niveau II (CSB II). Le CSB I est dirigé par un personnel paramédical (un infirmier ou sage-femme diplômés d’Etat) au niveau des fokontany (village) ; et les CSB II sont présents dans des communes avec plus de concentration démographique. Ils disposent d’un peu plus d’infrastructures que les CSB I, et sont dirigés par des médecins[5]. Au niveau du district, les centres hospitaliers de district (CHD I ou CHD II) se trouvent dans les chefs-lieux. Ces centres hospitaliers disposent d’une quarantaine de lits, d’une maternité, d’un laboratoire d’analyses et d’une pharmacie. La capacité d’accueil et la présence ou non de service de chirurgie différencient les centres hospitaliers de districts en niveau I ou II[5]. Le niveau Régional « Direction Régionale de la Santé »coordonne l’exécution de la Politique Nationale de Santé et la mise en œuvre au niveau de la région. Le niveau Central « Ministère de la Santé Publique »définit l’orientation globale de la Politique Nationale de Santé, les grands axes stratégiques et la mise en œuvre. Il est organisé autour du cabinet du ministre et du Secrétariat Général.
Le Système de Surveillance Démographique et de Santé (SSDS) de Moramanga
Les problèmes de santé, la longévité et les statistiques démographiques à Madagascar restent difficiles à évaluer, car il n’existe pas un système d’enregistrement des naissances et des décès opérationnel sur tout le territoire. Seules les grandes villes disposent d’un état civil performant. Afin de suivre la population et disposer d’informations sur leur état de santé, un observatoire de santé et de population de Moramanga (OPM) nommé également Système de Surveillance Démographique et de Santé (SSDS) de Moramanga a été mis en place. Le site de Moramanga a été identifié par l’institut Pasteur de Madagascar (IPM) comme un site adapté et représentatif du milieu urbain, périurbain et rural de Madagascar. La zone d’étude choisie correspond à celle où se trouvent les communes dont est issue la majorité des patients qui viennent dans le Centre de Santé Materno-Infantile (CSMI) de Moramanga :
-la commune urbaine de Moramanga,
-la commune rurale d’Ambohibary,
-et la commune rurale d’Ampasimpotsy.
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Table des matières
Introduction
1 Généralité
1.1 Le Diabète
1.1.1 Le diabète à Madagascar
1.1.2 Le Système de santé à Madagascar
1.1.3 Le Système de Surveillance Démographique et de Santé (SSDS) de Moramanga
1.2 Les outils statistiques
1.2.1 Les modèles de régressions
1.2.2 Les sélections de variables
2 Méthodologie
2.1 Logiciels utilisés
2.2 Description des données utilisées
2.3 Description et classification de quelques variables
2.4 Analyses biostatistiques
2.5 Gestion des données manquantes
2.6 Comparaison des méthodes de sélection de variables
3 Résultats, Interprétations et Discussion
3.1 Estimation de la Prévalence du diabète
3.2 Facteurs de risque du diabète par les trois méthodes de sélection de variables
3.3 Comparaison des modèles
Conclusion
Bibliographie
Annexe
Résumé