Prévalence et facteurs associés à la fluorose dentaire au Ferlo

La fluorose dentaire est une dysplasie causée par une intoxication chronique au fluor. Elle a été décrite pour la première fois en 1916 par Black et Mackay qui la nommèrent « l’émail tacheté » ou « mottled enamel» [44,82]. Elle se définit histologiquement par une hypominéralisation de la surface amélaire plus ou moins importante en fonction du degré de la fluorose dentaire. La fluorose s’attaque principalement aux dents permanentes, elle est moins fréquente et moins sévère au niveau de la denture temporaire en raison de l’épaisseur réduite de l’émail. Dillon a fait des travaux de recherches sur le phénomène des taches crayeuses observées chez les patients atteints de fluorose et a démontré que dans le cas d’intoxication aux fluorures, les taches crayeuses qui apparaissent au niveau de l’émail sont l’expression d’une réelle déficience des organes formateurs de l’émail, [44]. Aussi, les fluorures illustrent-ils de façon remarquable l’idée médicale classique selon laquelle l’effet des substances dépend de la dose. De nos jours, la fluorose endémique est un problème de santé affectant environ 5 millions d’habitants dans le Mexique (Yeddou, 1995). En Chine, il est enregistré environ 38 millions de personnes souffrant de fluorose dentaire et 1,7 millions de fluorose osseuse plus grave [112]. En Inde, la fluorose dentaire affecterait autour de 25 millions de personnes, dont 1million de fluorose osseuse, soit 4% de la population atteinte par fluorose aigue [55]. Les atteintes dentaires dues à l’excès de fluor ont également fait l’objet de nombreuses études en Afrique. C’est à la suite de travaux effectués par Raoul et al. que fût découvert le premier foyer de fluor au Sénégal, en 1957, à Mont Rolland dans la région de Thiès[80]. Cette découverte fût le point de départ d’une étude systématique de la présence des ions fluorures dans les eaux de tous les ouvrages de captage. Cet auteur parlait ainsi d’une zone de fluorose endémique (ZFE) recouvrant les régions de Fatick, Diourbel, Kaolack, une partie de la région de Thiès et le long du fleuve Sénégal (Matam). La délimitation précise de la zone concernée a commencé avec la détermination de la dose de fluor dans l’eau de la région grâce aux travaux de Dia-Ndiaye et al. [30] L’histoire de la fluorose au Sénégal est étroitement liée au déficit en eau qui a suivi la grande sécheresse des années 1970 et qui s’est traduit par un assèchement de plusieurs puits, rivières et lacs. Pour résoudre ce problème, les autorités administratives ont mis en place une politique de creusement de forages pour satisfaire les besoins en eau des populations. L’avènement de ces forages s’est traduit par une recrudescence de la fluorose dentaire, surtout dans le centre du pays [69]. C’est le cas à Widou Thiengoly, en raison du taux élevé de fluor dans l’eau de la couche maestrischienne des forages.

PRESENTATION DU FERLO 

Le Ferlo est une zone sylvo-pastorale semi-désertique au Nord Est du Sénégal, principalement constituée de savane arbustive et arborée très ouverte et périodiquement soumise à des feux de brousse. Elle est limitée au Sud par les frontières méridionales des départements de Linguère et Ranérou Ferlo, à l’Ouest par les communautés rurales de Sagata-Djolof, Keur Momar Sarr et Mbane, au Nord et à l’Est par le fleuve Sénégal .

Historique

Etymologiquement, le Ferlo est une région où l’on émigre ; le radical « fer » en Pulaar signifie partir, émigrer. Traditionnellement, le Ferlo, était l’arrière-pays, la « non région », l’« espace sauvage » où les marginaux allaient se cacher de façon permanente ou temporaire, le lieu où certains exclus du pouvoir pouvaient reconstituer leurs forces. Il était le lieu de dissidence et de fuite mais aussi un espace de sécurité et de paix pour les groupes peu intéressés par l’exercice du pouvoir ou gênés par lui. Dans le Nord du Sénégal colonial, les espaces étatisés étaient situés aux abords des vallées (fleuve Sénégal, lac de Guiers, vallée du Ferlo). Le royaume du Djolof, le royaume du Walo, le royaume du Fouta Toro étaient respectivement au Nord-Est, Sud-Est et Sud-Ouest, d’arrières pays. Ces derniers ne respectaient pas les critères de civilisation et d’humanité propres aux mythes de ce type de société. Ces arrières pays ont constitué le Ferlo. En s’éloignant ainsi chaque année des vallées pour pénétrer dans le Ferlo, les Peuls disaient aller vers le « Kooya ». Ils allaient vers la « brousse vierge », donc vers la liberté d’échapper à la contrainte étatique Torodo ou Wolof et la possibilité de vivre leur idéal sans témoin, dans l’abondance et la disponibilité des ressources. Le Kooya n’était donc pas une « région » au sens géographique du terme mais son contraire ; un espace végétal inaccessible et abondan [15].

Données géographiques
Le Ferlo est l’entité éco-géographique la plus vaste du Sénégal. Il couvre une superficie de 57 269 km2 soit 29% du territoire national. L’ensemble de cette zone du Ferlo sableuse est caractérisé géologiquement par des sédiments gréso-argileux du Continental-Terminal et de l’éocène inférieur. Des sables compacts, en partie kaoliniques accompagnés de gravillons recouvrent une nappe d’eau souterraine fossile. Ces sédiments sont superficiellement couverts de sables éoliens qui ont en général peu d’épaisseur. La plupart des sols sont du groupe des sols sablo-argileux avec un déplacement d’argile plus ou moins prononcé dans le sous-sol. L’hydrographie de la zone ne présente aucune trace d’écoulement organisé. Elle est caractérisée en saison des pluies par la présence d’une multitude de petites mares endoréiques. Ce sont des sites particuliers en ce sens qu’ils sont à la base de la pratique pastorale dans le Ferlo. Le relief se présente sous forme de plateaux bas et monotones et de dépressions à peines esquissées que seuls les sols et la végétation parviennent à diversifier. Ce sont ces dépressions qui s’imbriquent et se relaient pour jouer un rôle dans la vie des hommes.

Climat
La température dépasse parfois les 40 °C la chaleur fait partie des paramètres climatiques les plus importants de la zone. La température moyenne est dans l’ensemble de 28-30°C. Les vents forts sont relativement fréquents, soumettant la zone sylvo-pastorale à l’influence de trois masses d’air :
● Les alizés maritimes provenant de l’anticyclone des Açores soufflant d’Octobre à Juin et adoucissant le climat grâce à leur fraîcheur sans provoquer de pluies sinon quelques pluies parasites appelées « heug ».
● L’harmattan, vent chaud et sec qui souffle la majeure partie de l’année, est plus actif de Janvier à Mai. Il souffle du Nord -Est au Sud-Ouest, favorisant les vents de sable et la poussière et provoquant l’érosion éolienne et une forte évaporation.
● La mousson : elle souffle de Juillet à Septembre. De direction Sud Sud-Ouest, elle apporte l’humidité et la pluie en refoulant progressivement l’air chaud et sec. Le régime des vents détermine ainsi deux saisons bien tranchées :
– une saison sèche de Novembre à Juin.
– une saison des pluies courte et instable de Juillet à Octobre.
La pluviométrie annuelle moyenne est comprise entre 300 et 500mm avec un maximum de 30 journées de pluies par an. Son déroulement est irrégulier et il peut se produire de courtes périodes sèches entraînant de fait de fortes variations aussi bien dans l’espace que dans le temps (figure2 et 3) [7].

Population

La densité de population moyenne varie entre 10 et 30 habitants/km2 par rapport à l’Ouest du Sénégal où elle varie entre 50 et 400 habitants/km2 . Cette zone est faiblement dotée en infrastructures telles que les routes et les industries [3]. Le Ferlo est peuplé majoritairement par des Peuls (95%), des Wolof, des Maures et des Sérères. Deux grands ensembles migratoires se dégagent : les Peuls de la vallée du Sénégal ou Waalwaalbe et les Peuls du Dieri ou Jeerinkoobe. Selon les milieux d’accueil, chaque entité se subdivise. Les Waalwaalbe se fractionnent en Fulbe du Fouta-Tooro et Fulbe du Waalo. Les Jeerinkoobe se fractionnent quant à eux en Peul du Ferlo ou du Jolof. Les Peuls sont traditionnellement un peuple de pasteurs, dont l’origine historique est assez controversée, mais remonterait à l’époque médiévale [98]. Ils seraient venus du Nil et de l’Ethiopie jusqu’en Afrique occidentale, à la recherche de pâturages [12]. Présents dans toute l’Afrique de l’Ouest, les Peuls sont considérés  par les autres ethnies et se définissent eux-mêmes comme des spécialistes de l’élevage, et en particulier de l’élevage bovin. « Nous vivons pour le troupeau, nous vivons par le troupeau » disent-ils eux-mêmes [58], ils sont le « peuple du bétail » [24]. Traditionnellement, l’élevage est un mode de vie, il se transmet de père en fils. La connaissance des bovins est très poussée (pathologies, besoins physiologiques, comportements, génétique…). La domestication parfaite des animaux, les mythes liés aux bovins, les critères de description morphologiques très variés des animaux font ainsi partie intégrante de la culture peulhs…. [12]. La vache occupe donc dans la culture et l’identité peulh une place absolument centrale. Les politiques d’hydrauliques pastorales menées dans les années 50 ont encouragé une sédentarisation de la population, qui s’est regroupée autour des points d’eau permanents que constituent les lieux de forage.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU FERLO ET GENERALITES SUR LE FLUOR
I. PRESENTATION DU FERLO
1.1. Historique
1.2. Données géographiques
1.2.1. Climat
1.2.2. Population
1.2.3. Caractéristiques de la population
1.2.3.1. Alphabétisation
1.2.4. Activités économiques
1.2.5. Flore et faune
1.2.6. Situation sanitaire
1.3. GRANDE MURAILLE VERTE
1.3.1. Contexte
1.3.2. Objectifs du projet
1.3.3. Effets et impacts attendus
II. FLUOR
2.1. Définition
2.2. Historique
2.3. Propriétés physiques et chimiques
2.4. Sources du fluor
2.4.1. Fluorures dans l’air
2.4.2. Fluor dans l’eau
2.4.3. Fluorures dans les aliments
2.4.4. Autres sources
2.5. Physiologie du fluor : Métabolisme
2.6. Apport et Absorption
2.7. Distribution
2.8. Effets des ions fluorures
2.8.1. Effets bénéfiques
2.8.2. Effets toxiques
2.8.3. Fluorose osseuse
III. FLUOROSE DENTAIRE
3.1. Définition
3.2. Historique et épidémiologie
3.3. Etiologie
3.4. Déscription des formes
3.5. Classification du degré de fluorose dentaire
3.6. Histopathologie
3.7. Aspects cliniques et diagnostiques
3.8. Diagnostic différentiel
DEUXIEME PARTIE : PREVALENCE ET FACTEURS ASSOCIES A LA FLUOROSE DENTAIRE AU FERLO
I. PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION DE L’ETUDE
II. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
III. METHODOLOGIE
3.1. Type d’étude
3.2. Cadre et population d’étude
3.3. Critères de sélection
3.4. Echantillonnage
4.5. Taille de l’échantillon
3.6. Collecte de données, variables étudiées et mesures
3.7. Collecte proprement dite des données
3.7.1. Variables
3.7.2. Instruments de mesure
3.8. Considérations éthiques
3.9. Analyse des données
IV. RESULTATS
4.1. Description des caractéristiques sociodémographiques
4.1.1. Age
4.1.2. Sexe
4.1.3. Scolarisation
4.1.4. Niveau de scolarisation
4.1.5. Alphabétisation
4.2. Boissons consommées
4.2.1. Type d’eau consommée
4.2.2. Caractéristiques de l’eau
4.2.2.1. Goût
4.2.2.2. Odeur
4.2.2.3. Couleur
4.2.3. Consommation de thé
4.2.4. Autres boissons consommées
4.3. Données et indicateurs épidémiologiques
4.3.1. Prévalence de fluorose dentaire
4.3.2. Sévérité de la fluorose dentaire
4.3.5. Fluorose et facteurs associés
4.3.5.1. Fluorose et sexe
4.3.6. Fluorose et groupe d’âge
4.3.7. Fluorose et type d’eau consommée
V. DISCUSSION
5.1. Limites et considérations méthodologiques
5.2. Caractéristiques Sociodémographiques
5.2.1. Age
5.2.2. Sexe
5.2.3. Scolarisation
5.2.4. Alphabétisation
5.3. Boissons consommées
5.3.1. Type d’eau consommée
5.3.2. Caractéristiques de l’eau consommée
5.3.2.1. Goût
5.3.2.2. Odeur
5.3.2.3. Couleur
5.3.3. Consommation de thé
5.3.4. Autres boissons consommées
5.4. Indicateurs épidémiologiques et facteurs associés
5.4.1. Fluorose dentaire
VI. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION

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