Prévalence du jeu pathologique

Typologies de joueurs

La littérature scientifique suggère plusieurs typologies de joueurs pathologiques (Blaszczynski & Nower, 2002; Jacobs, 1986; McCormick, 1987; Shaffer et al., 2004), toutefois aucune conception ne semble faire l’unanimité, chacune illustrant à sa façon les caractéristiques spécifiques des différents sous-groupes de joueurs (Desrosiers & Jacques, 2009). Parmi les typologies proposées, le modèle utilisé par Blaszczynski et Nower (2002) est sans doute le plus utilisé et répandu pour mieux comprendre la pathologie du jeu. Ces auteurs classifient les joueurs au sein de trois grandes catégories de joueurs pathologiques en fonction de l’étiologie, de la psychopathologie et de la personnalité des individus. En premier lieu, les joueurs ayant des problèmes avec les JHA, mais qualifiés de « normaux » sont présentés par les auteurs comme n’ayant aucun problème psychologique préexistant. Leur problématique de jeu découlerait plutôt d’un gain obtenu rapidement dans leur expérience avec les JHA ou par la présence de distorsions cognitives en regard des probabilités.

Ces derniers sont incapables de résister à leurs fortes envies de jouer et leurs habitudes de JHA problématiques résultent du conditionnement. En deuxième lieu, certains joueurs sont perçus comme étant « émotivement vulnérables ». Ceux-ci utilisent le jeu pour pallier à leurs difficultés liées à une mauvaise gestion du stress et des évènements de vie stressants. Leurs habitudes de JHA viennent combler certaines lacunes psychologiques et émotionnelles. Les joueurs de ce groupe peuvent également avoir vécu des évènements traumatisants pendant leur enfance ou provenir d’une famille ayant des habitudes marquées par les JHA.

En troisième lieu, les joueurs les plus difficiles à traiter, selon ces auteurs, sont ceux qui présentent des problèmes d’impulsivité reposant sur des facteurs biologiques. Cette catégorie présente ces individus comme ayant certains problèmes neurologiques qui se reflètent par des difficultés liées au contrôle des impulsions ainsi qu’à des troubles de l’attention. De même, ce dernier sous-groupe a tendance à présenter des troubles de comportements, tels qu’une consommation abusive d’alcool et de drogues, de pauvres relations interpersonnelles ainsi que des comportements délinquants.

Plusieurs termes ont été utilisés pour définir une pratique inadaptée envers les JHA: jeu pathologique, jeu excessif, jeu problématique, jeu compulsif, etc. Selon la classification proposée par Shaffer, Hall et Vander Bilt (1999), le jeu problématique est défini comme un comportement de JHA entraînant un certain nombre de conséquences négatives, tandis que le jeu pathologique impliquerait un niveau supérieur de sévérité. Plus précisément, les individus étant considérés comme des joueurs pathologiques rencontrent une difficulté majeure à contrôler leur envie de jouer, le jeu devient une préoccupation constante et leurs habitudes de JHA entraînent des conséquences négatives qui se multiplient dans l’ensemble des sphères de vie. Enfin, le jeu excessif engloberait le jeu problématique et pathologique. Dans le cadre de ce mémoire, les termes jeu pathologique et joueur pathologique (JP) seront privilégiés puisqu’ils décrivent bien la réalité des personnes en consultation dans les centres de réadaptation en dépendance du Québec.

Prévalence du jeu pathologique Plusieurs études épidémiologiques ont été réalisées au sein des pays de l’ organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour mesurer le taux de prévalence du jeu pathologique chez l’adulte. Dû entre autres à la variété des instruments de mesure utilisés et des méthodologies différentes pour mesurer la prévalence, des variations importantes sont décelées à travers ces études (Sassen, Kraus, & Bühringer, 2011; Young, 2013).

De fait, le taux de prévalence observé durant la dernière année, au sein des pays de l’OCDE, oscille entre une prévalence minimale de 1,1 % en Allemagne à une prévalence plus élevée de 5,6 % en France pour les joueurs à risque modéré, tandis que pour les JP on note des prévalences oscillant entre 0,3 % en Allemagne et 3,5 % en Chypre du Nord (Barbaranelli, Vecchione, Fida, & PodioGuidugli, 2013; Black et al., 2012; Çakici, Çakici, Karaaziz, 2016; Dowling et al., 2015 ; Ekholm et al., 2014; Kessler et al., 2008; Olason, Hayer, Brosowski, & Meyer, 2015; Romo et al., 2011 ; Sassen et al., 2011; Stucki & Rihs-Middel, 2007; Toneatto, 2013). Enfin, le taux moyen mondial pour la prévalence du jeu pathologique serait évalué à environ 2,3 % (Williams, Volberg, & Stevens, 2012).

Au Canada, les données disponibles concernant le jeu pathologique proviennent de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), qui a été réalisée en 2002 par Statistique Canada avec un échantillon représentatif de 36 984 Canadiens âgés de 15 ans et plus. Les résultats illustrent qu’environ 76 % des Canadiens ont joué à des JHA au moins une fois au cours de la dernière année. Parmi eux, quatre individus sur dix auraient joué sur une base hebdomadaire. Quant au taux de prévalence des problèmes de jeu, c’est 2,8 % des Canadiens qui seraient considérés comme des joueurs à faible risque, 1,5 % à risque modéré et 0,5 % seraient potentiellement des JP. Enfin, selon Williams et ses collègues (2002), le taux moyen de lP au Canada serait d’environ 1,8 %.

Selon la plus récente étude épidémiologique québécoise (n = 12 008) réalisée en 2012 et portant sur les habitudes de lHA chez les adultes, 84,1 % rapportent avoir joué au moins une fois à des lHA au cours de leur vie et 66,6 % auraient rapporté avoir joué au moins une fois à des lHA au cours de la dernière année précédant l’étude, ce qui représente 4,2 millions d’individus (Kairouz & Nadeau, 2014). Parmi ces individus, 4,4 % seraient à faible risque, 2,1 % à risque modéré et 0,6 % seraient des joueurs pathologiques probables, représentant un peu plus de 25 000 québécois (Kairouz & Nadeau,2014).

Conséquences sur le joueur

De nombreuses recherches ont démontré que la dépendance aux lHA occasionne plusieurs préjudices dans l’ensemble des sphères de vie des lP. Cette emprise s’observe notamment par les pertes financières significatives associées à cette dépendance. De fait, les lP sont grandement à risque de déclarer faillite, d’avoir des dettes significatives et d’ être dans l’obligation d’emprunter de l’argent pour subvenir à leurs obligations (Gerstein et al., 1999; Marshall & Wynne, 2003). Dans cette même lignée, l’absence répétée au travail, les retards, la baisse de productivité professionnelle et même les vols envers l’employeur amènent certains joueurs à perdre leur emploi et ainsi éprouver des difficultés financières (Downs & Woolrych, 2010; Fong, 2005; Ladouceur, Boisvert, Pépin, Loranger, & Sylvain, 1994). Les problèmes financiers majeurs justifieront pour certains le recours aux activités illégales, telles la fraude et la falsification afin de pouvoir financer leurs habitudes de JHA ou rembourser leurs dettes (Bergh & Kühlhom, 1994; Ladouceur et al., 1994). Enfin, les dettes contractées par les comportements de JHA du joueur occasionnent des répercussions tangibles chez sa famille. Le lien étroit existant entre les habitudes de JHA problématiques et les divers troubles de santé mentale (comorbidité) revêt une importance particulière.

On observe une forte association entre le jeu pathologique et les troubles de la personnalité, l ‘abus ou la dépendance aux substances psychoactives, à l ‘alcool ou à la nicotine ainsi que de l’anxiété et des troubles de l’humeur (Ibanez et al., 2001 ; Kessler et al., 2008; Lorains, Cowlishaw, & Thomas, 2011 ; Marshall & Wynne, 2003 ; Petry, Stinson, & Grant, 2005; Thomas & Jackson, 2008). Dû au stress considérable vécu par les JP et à leur mauvaise hygiène de vie (p. ex., privation de sommeil, mauvaise alimentation), des conséquences néfastes sur le plan de leur santé physique ont été documentées (Fong, 2005). De la fatigue sévère, des maux de tête et des douleurs gastriques sont fréquemment rapportés par les JP (Bergh & Kühlhom, 1994; Morasco et al., 2006). En outre, les JP seraient plus à risque de développer des problèmes cardiaques tels que tachycardie, angme de poitrine, hypertension ainsi que des maladies du foie telle qu’une cirrhose (Morasco et al., 2006). Or, cette réalité plutôt sombre vécue par les lP peut les amener à avoir des idées suicidaires et, par le fait même, à démontrer un risque accru de tentatives de suicide (Battersby, Tolchard, Scurrah, & Thomas, 2006; Bischof et al., 2016; Marshall & Wynne, 2003 ; Thon et al., 2014). Une étude réalisée auprès de lP canadiens révèle qu’ils sont trois fois plus susceptibles d’avoir effectué une tentative de suicide que les nonjoueurs (Newman & Thompson, 2003).

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Table des matières

Remerciements
Chapitre 1: Introduction générale
Le jeu pathologique
Typologies de joueurs
Prévalence du jeu pathologique
Conséquences sur le joueur
Conséquences sur l’entourage du joueur
Implication des membres de l’entourage dans le traitement
L’approche transactionnelle du stress et du coping
Stress
Stratégies d’adaptation
Contextes d’utilisation des stratégies d’adaptation
Déploiements des stratégies d’adaptation (moyens)
Évolution dans le temps des stratégies d’adaptation
Efficacité des stratégies d’adaptation
Le modèle stress-tension-adaptation-soutien (Stress-Strain-Coping-Support Model)
Stratégies d’adaptation utilisées par les partenaires de JP
Stratégies d’adaptation et détresse psychologique chez les partenaires
Synthèse et limites des études
Objectifs poursuivis
Chapitre 2: L’article scientifique
Introduction
Implication des membres de l’entourage dans le traitement
L’approche transactionnelle du stress et du coping
Objectifs de l’ étude
Méthode
Recrutement
Participants
Entrevue qualitative et déroulement
Analyse qualitative
Résultats
Influencer les habitudes de JHA du conjoint joueur
Pour augmenter le bien-être de la partenaire, du couple ou de la famille
Discussion
Conclusion
Références
Chapitre 3: Conclusion générale
Objectif# l : Portrait exhaustif des stratégies d’adaptation
Objectif #2 : Les contextes d’utilisation
Objectif #3 : Les moyens
Objectif #4 : Les finalités
Objectif #5 : Perception des deux membres du couple
Objectif#6 : Évolution dans le temps des stratégies
Retombées scientifiques de l’étude
Retombées cliniques de l’étude
L’intervention psychoéducative auprès de cette clientèle
Forces et limites
Recommandations quant aux futures recherches
Références
Appendice

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