Immunoglobulines
Les immunoglobulines sont des glycoprotéines produites en réponse à un immunogène [10]. Ce sont les effecteurs solubles de l’immunité humorale spécifique, ayant activité « anticorps » [11]. La dénomination « immunoglobuline » provient de la découverte de la migration de ces glycoprotéines avec les protéines globulaires au cours d’une électrophorèse. Les immunoglobulines existent sous deux formes : solubles dans le plasma et dans de nombreuses sécrétions, et sous forme liée, attachées aux membranes cellulaires et jouant le rôle de récepteur de l’antigène à la surface des lymphocytes B [12].
Isotypie – Allotypie – Idiotypie
L’isotypie définit la spécificité d’espèce. Elle fait référence aux déterminants communs spécifiques des régions constantes des immunoglobulines, permettant leur regroupement en isotypes ou classes [15]. L’allotypie définit la spécificité individuelle. Elle concerne quelques acides aminés, rendant compte des variations génétiques à l’intérieur d’une même espèce. Elle concerne les régions constantes des chaînes lourdes [11]. L’idiotypie fait référence aux modifications de la séquence en acides aminés des régions variables, en particulier dans la zone hypervariable. Elle est directement responsable de la spécificité antigénique du site anticorps [11].
HISTORIQUE DE L’AUTOIMMUNITE
Les premiers autoanticorps ont été découverts vers la fin des années 1940, lors de la description des anticorps anti-nucléaires (ANAs) et des RF [17]. Vers la fin du XIXème siècle, Ehrlich démontre la notion d’«horror autotoxicus» ou phénomène d’alloimmunisation [18]. D’autre part, Landsteiner décrit les règles de la compatibilité transfusionnelle du système ABO [19]. En 1900, Metchnickoff prouve l’existence de l’auto-immunisation [20], obtenant des autoanticorps anti-spermatozoïde en immunisant des cobayes à l’aide de spermatozoïdes d’autres cobayes [21]. En 1945, Burnet et Medawar influent considérablement dans la théorie de la délétion clonale, se basant sur le fait que l’organisme doit acquérir la capacité de distinguer le soi du non soi pendant la vie embryonnaire, et que les clones réagissant avec le soi sont éliminés pendant la vie fœtale [22]. En 1956, Witebsky démontre l’existence de lymphocytes B autoréactifs chez le lapin « normal ». De nombreuses études ont ensuite démontré la présence d’autoanticorps naturels chez les sujets normaux et l’existence de lymphocytes B responsables de leur production dans le répertoire B normal. Ainsi est née l’idée que l’auto-immunisation est un phénomène physiologique [23]. Concernant les RF, c’est en 1930 que Waaler décrit pour la première fois un anticorps dirigé contre des gammaglobulines sériques en promouvant l’agglutination d’hématies de mouton sensibilisées par des doses non-agglutinant d’anticorps de lapin. Ce phénomène a été décrit bien auparavant chez des patients atteints de cirrhose hépatique et de bronchite chronique par Kurt Meyer (1922). C’est en 1952 que Pike, Sulkin et Coggeshale ont nommé cet autoanticorps « facteur rhumatoïde » de par son association à la PR [3].
Rôles des cellules T dans la production d’autoanticorps
Le développement d’anticorps de haute affinité requiert une interaction lymphocyte B activé/lymphocyte T pour initier et entretenir le centre germinatif. Les autoanticorps mutés somatiquement sont considérés comme dérivant d’interactions dépendantes des cellules T [46]. Le mode d’action le plus directe du lymphocyte T helper est de reconnaître le même antigène que les cellules B [47]. Un autre mécanisme est l’activation de cellules T potentiellement auto-réactives par des agents infectieux. Ceci est appuyé par l’implication des infections dans l’étiologie de maladies auto-immunes [48]. Ce mécanisme inclut la libération d’autoantigènes séquestrés au cours des dommages tissulaires [49], l’activation d’une large fraction de cellules T par des superantigènes [50], et l’induction de cytokines inflammatoires et de molécules de costimulation par les produits microbiens [51]. L’aide des lymphocytes T aux lymphocytes B productrices d’auto-anticorps peuvent aussi provenir des réponses T vis à vis des antigènes du non soi à travers un mimétisme moléculaire entre antigènes exogènes et antigènes du soi conduisant à une réaction croisée [52]. L’exemple type est l’anticorps anti-dsDNA (réaction croisée avec le pneumocoque et l’EBV) dans le lupus érythémateux systémique (LES), qui reconnait des antigènes au niveau de la membrane basale glomérulaire [53]. Des structures lymphoïdes ectopiques ressemblant au centre germinatif peuvent se développer dans de nombreuses maladies auto-immunes, le plus souvent au niveau de l’organe cible. Ces structures sont souvent associées à la production d’un taux élevé d’autoanticorps [54].
Autoanticorps naturels
Les autoanticorps naturels sont des autoanticorps reconnaissant les déterminants publics [55]. Ces autoanticorps ont la caractéristique d’être polyréactifs et peuvent reconnaître des épitopes très différents qui se trouvent sur des autoantigènes présents chez tous les individus de l’espèce. Les bases structurales de la polyréactivité de ces autoanticorps ne sont pas encore définies. Elle pourrait être expliquée par la capacité de ces anticorps à adopter différentes configurations capables de s’adapter à des antigènes structurellement très différents. Les autoanticorps naturels sont de faible affinité, fréquemment issus du gène V en configuration germinale [56].
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS THEORIQUES
I. DEFINITIONS
I.1. Immunoglobulines
I.2. Autoanticorps
I.3. Facteurs rhumatoïdes
I.4. Polyarthrite rhumatoïde
II. IMMUNOGLOBULINES
II.1. Structure de base
II.2. Fonctions
III.HISTORIQUE DE L’AUTOIMMUNITE
IV.AUTOANTICORPS
IV.1. Tolérance immunitaire
IV.2. Rupture de la tolérance immunitaire
IV.3. Types d’autoanticorps
IV.4. Pathogénicité des autoanticorps
V. FACTEURS RHUMATOIDES
V.1. Epidémiologie
V.2. Différents types de facteurs rhumatoïdes
V.3. Antigènes cibles des RF
V.4. Rôles pathogènes des RF
V.5. Conditions associées à la présence des facteurs rhumatoïdes
V.6. Méthodes de détection
VI.POLYARTHRITE RHUMATOIDE PRECLINIQUE
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
I. OBJECTIFS DE L’ETUDE
II. METHODE
II.1. Cadre d’étude
II.2. Type d’étude
II.3. Période d’étude
II.4. Durée de l’étude
II.5. Population d’étude
II.6. Technique d’échantillonnage et taille de l’échantillon
II.7. Déroulement de l’étude
II.8. Variables étudiées
II.9. Limites de l’étude
III.MATERIELS
III.1. Matériels pour le prélèvement sanguin
III.2. Matériels pour l’obtention de l’échantillon
III.3. Matériels pour la conservation de l’échantillon
III.4. Type d’échantillon
III.5. Matériels pour le dépistage et la titration des échantillons
IV.ANALYSE DES DONNEES
V. CONSIDERATION ETHIQUE
VI.RESULTATS
VI.1. Profil général de la population d’étude
VI.2. Profil des donneurs de sang inclus dans l’étude pour le CNTS
VI.3. Profil des donneurs inclus dans l’étude pour le CRTS Fianarantsoa
VI.4. Séroprévalence des RFs
VI.5. Titres des prélèvements positifs
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION D’ETUDE
II. CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS DES SITES ETUDIES
III.MODE DE SELECTION DES DONNEURS INCLUS
IV.GENRE ET AUTOIMMUNITE
V. AGE ET AUTOIMMUNITE
VI.PREVALENCE DES FACTEURS RHUMATOIDES
VI.1. Prévalence des IgM-RF dans la population générale
VI.2. Prévalence des IgM-RF dans les populations à risque
VI.3. Prévalence des IgM-RF chez les donneurs de sang
VI.4. Autres facteurs de variation de la prévalence des RF
VII. TITRE DES PRELEVEMENTS POSITIFS
VIII. PERSPECTIVES
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
Télécharger le rapport complet