Prévalence de levures dans les prélévements sous-gingivaux de patients atteints de parodontite

Les candidoses sont des maladies insidieuses, pratiquement inconnues il y a 50 ans, mais qui touchent actuellement des millions de personnes dans le monde. Non traitée, cette affection peut s’étendre et détériorer progressivement et gravement la santé en contribuant à l’affaiblissement du système immunitaire. Dans l’organisme, un équilibre s’établit (Figure1) entre 3 éléments coexistants qui sont:
➤ Les bactéries
➤ Les champignons
➤ Les virus

Lorsque l’équilibre est rompu ( l’augmentation de l’un des 3 par affaiblissement de l’un d’entre eux) le système immunitaire s’affaiblit et une pathologie peut se déclarer.

Selon des statistiques et des études menées dans le monde entier, l’infection chronique par Candida touche entre 70% et 80% de la population mondiale. Durant les vingt dernières années on a pu observer une remarquable augmentation de pathologies psychosomatiques, et de plus en plus de manifestations de l’infection par Candida. Différents facteurs sont responsables de cette situation, et en particulier l’alimentation moderne dégradée, trop raffinée et trop sucrée, l’utilisation exagérée des antibiotiques, l’abus de remèdes pour le système nerveux central (tranquillisants, somnifères), la pilule contraceptive, les remèdes contre l’ulcère (cimétidine…) une concentration de plus en plus importante de métaux lourds comme le cadmium ou le mercure (amalgames dentaires, poissons pollués, pollution de l’air, de l’eau, etc.), l’utilisation dans le domaine alimentaire de conservant et colorants, l’utilisation sans limites des pesticides, herbicides et antibiotiques dans l’agriculture, etc. La présence de Candida albicans dans la cavité buccale et d’autres facteurs sont responsable de la plupart des cas de maladies parodontales. Les parodontites sont des infections à expression inflammatoire avec une forte prédominance de la composante bactérienne. Le traitement antibiotique a souvent été utilisé chez les patients atteints de parodontite afin d’éradiquer les pathogènes parodontaux suspects. Une des conséquences de l’usage répandu des antibiotiques tant en médecine générale qu’en parodontologie est la surinfection par des levures [13, 22]. Il a été suggéré que l’utilisation d’antibiotiques à large spectre peuvent déclencher des surinfections par des levures dans la poche parodontale en raison de la perturbation qu’ils causent dans l’homéostasie de la microflore commensale [13, 10, 14]. Plusieurs études ont montré la présence de levures dans les poches parodontales, suggérant un rôle possible de ces organismes dans la pathogenèse de la parodontite marginale [26, 10, 14, 6, 18]. La présence de levures a été associée à la fois à la santé et à la maladie dans les différentes parties du corps, y compris la cavité buccale. Environ 40% de la population adulte avec une bonne santé bucco-dentaire présente un portage de Candida albicans dans la salive et/ou sur la muqueuse buccale [3]. Malheureusement, l’association entre les levures et les maladies parodontales a reçu peu d’attention dans la littérature. En Afrique encore moins au Sénégal aucune étude ne porte sur cette thématique. C’est dans ce contexte que nous avons mené cette étude qui a pour objectif d’évaluer la colonisation du biofilm sous-gingival par les levures aussi bien de manière quantitative que qualitative chez les sujets consultant au service de parodontie du département d’odontologie de la Faculté de Médecine, Pharmacie et d’Odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

LES CANDIDOSES 

DÉFINITION

Les candidoses sont des affections cosmopolites provoquées par des levures appartenant au genre Candida. Ce dernier est incriminé dans plus de 80% des infections à levures. Son spectre clinique est varié, il va des atteintes superficielles (en particulier les muqueuses respiratoires, digestives et génitales) aux localisations profondes ou disséminées. Le rôle du terrain et de nombreux facteurs favorisants sont fondamentaux pour la survenue et le développement des candidoses [5].

AGENTS PATHOGÈNES

Morphologie et biologie

Genre Candida
Ce sont des levures de morphologie variée qui se reproduisent toutes par bourgeonnement. Elles sont non capsulées, non pigmentées et certaines produisent du pseudo mycélium ou du vrai mycélium (Candida albicans).

Candida albicans
Parmi les levures, Candida albicans est la principale espèce d’intérêt médical puisqu’elle représente au moins 60% des isolements de levures en pratique médicale. C’est une levure commensale des cavités naturelles de l’homme en particulier du tube digestif. On le retrouve aussi dans la flore intestinale de divers mammifères et oiseaux. Chez l’homme, cette levure est aussi isolée des voies génito-urinaires.

Candida dubliniensis
Cette espèce émergente, très proche de Candida albicans, a été décrite à la suite de l’apparition du sida où elle est impliquée dans les candidoses oropharyngées. Son incidence au cours des candidémies reste cependant faible. L’amélioration des outils d’identification de cette nouvelle espèce devrait permettre de mieux cerner sa prévalence en dehors du sida.

Candida glabrata
Candida glabrata vit en commensal dans les voies digestives et génitourinaires de l’homme. Son incidence a augmenté ces dernières années, sous la pression des antifongiques azolés. Il représente actuellement 10 à 20% des isolats en pratique médicale mais 20% des candidoses invasives.

Candida tropicalis
Candida tropicalis est un saprophyte du milieu extérieur (sol, eau, air). Il peut aussi se comporter comme un commensal des voies digestives et génitourinaires chez l’homme, mais aussi de la peau saine. La virulence de cette levure est voisine de celle de Candida albicans. Il est à l’origine d’environ 10% des candidoses invasives en particulier en onco-hématologie, chez les patients neutropéniques et les greffés de moelle osseuse.

Levures commensales de la peau
Candida parapsilosis, impliqué dans 20 % des septicémies, est une levure commensale de la peau et des phanères où elle peut être parfois à l’origine de lésions notamment d’onyxis.

Il y a également C. guilliermondii et C. famata .

Espèces d’origine alimentaire
Candida krusei est un saprophyte du milieu extérieur habituellement isolé des jus de raisin dont l’émergence est attribuée à sa résistance primaire au fluconazole. Candida kefyr est issu des produits laitiers fermentés.

Facteurs favorisant les candidoses

Facteurs intrinsèques (liés à l’hôte)

➤ Facteurs physiologiques : Parmi les facteurs intrinsèques, il faut noter les âges extrêmes de la vie. En effet, le nouveau-né est particulièrement vulnérable de même que les individus âgés porteurs de prothèses dentaires. Chez la femme enceinte surtout à partir du troisième trimestre de la grossesse, la fréquence des candidoses vaginales est 3 à 4 fois plus élevée.
➤ Facteurs locaux : La transpiration, la macération, la chaleur et l’humidité de même que l’altération de la trophicité des muqueuses favorisent l’installation et le développement des candidoses.
➤ Terrain ou maladie sous-jacente : les hémopathies malignes et les cancers ainsi que toutes les maladies qui entrainent un affaiblissement de l’état général ou une altération profonde et durable de l’immunité, sont susceptibles de générer une candidose. Parmi ces affections, citons le sida, le diabète et autres endocrinopathies (maladie de cushing, etc.).

Facteurs extrinsèques (iatrogènes)

➤ Traitements médicamenteux : L’antibiothérapie, surtout si elle est prolongée au-delà du 8e jour, peut déclencher une candidose digestive. Il en est de même pour les traitements immunosuppresseurs (corticoïdes, antimitotiques, etc..). Les ulcères digestifs générés par les traitements cytolytiques et colonisés par les Candida (C. albicans), sont une porte d’entrée classique de la candidose disséminée en cas de neutropénie prolongée associée.
➤ Traitements chirurgicaux et médicochirurgicaux : la mise en place de cathéters intra vasculaires, de prothèses ou de sondes, expose aux risques de candidoses, en particuliers C. parapsilosis. Parmi les chirurgies les plus à risques, citons la chirurgie digestive et cardiaque, ainsi que les transplantations d’organes, car elles sont accompagnées d’immunodépression transitoire.
➤ Risque nosocomial lié au Candida : C’est une réelle préoccupation dans les services hospitaliers, particulièrement en réanimation, en oncohématologie et en chirurgie. Selon certaines études, les Candida sont au 4e rang des germes isolés des hémocultures. Les candidémies représentent actuellement 10 à 15% de l’ensemble des septicémies nosocomiales. La mortalité attribuée directement à ces candidémies approche 40%, enfin la survenue d’une candidémie allonge d’au moins un mois la durée d’une hospitalisation.

CLINIQUE

Les candidoses provoquent des infections superficielles au niveau du revêtement cutané (peau et phanères), des muqueuses (digestives et urogénitales) mais aussi des atteintes profondes touchant de nombreux organes notamment le foie, les reins, l’œil, etc.

Candidoses superficielles

Candidoses des muqueuses 

Candidoses buccales
Le muguet : Il est caractérisé par un enduit blanchâtre, d’aspect crémeux parfois pseudomembraneux, localisé au niveau de la langue, des gencives de la face interne des joues, mais aussi sur le voile du palais, de la luette et sur les parois du pharynx (Photo 1). Il provoque une pharyngite et s’accompagne volontiers d’une sensation de cuisson et de dysphagie.
Les candidoses atrophiques : Dans cette forme, la langue est rouge, luisante et dépapillée, souvent douloureuse. Elle est rencontrée aussi bien chez le vieillard que chez les patients séropositifs au VIH.
La candidose pseudo tumorale caractérisée par des lésions d’allure bourgeonnante, végétante situées à la face interne des joues.
La langue noire villeuse dont l’aspect habituel est celui d’une langue de couleur noire ou marron avec une hypertrophie ou un allongement des papilles linguales, expliquant le caractère villeux.
La perlèche qui est une fissuration au niveau des commissures labiales. Elle est bilatérale et le fond croûteux gêne l’ouverture de la bouche (Photo 2). La perlèche est en général associée à des lésions internes de la cavité buccale de nature candidosique.

Candidose œsophagienne

Elle est fréquente chez les sujets sidéens dont le taux de lymphocytes TCD4 est inférieur à 100 par mm3 . Cliniquement, elle se traduit par une dysphagie douloureuse, un pyrosis et une sensation de brûlure au passage des aliments.

Candidose gastro-intestinale
Elle intéresse tout l’intestin, de l’estomac au colon. Les lésions se présentent comme un muguet intestinal avec des ulcérations. Les selles sont abondantes, généralement liquides et habituellement inodores.

Candidose anale
L’anite candidosique provoque un prurit, souvent féroce, avec une sensation de brûlure anale au passage des selles. Elle est souvent associée à un intertrigo péri anal des plis inter fessiers et génito-cruraux.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE I. LES CANDIDOSES
1.1. DÉFINITION
1.2. AGENTS PATHOGÈNES
1.2.1. MORPHOLOGIE ET BIOLOGIE
1.2.1.1. Genre Candida
1.2.1.1.1. Candida albicans
1.2.1.1.2. Candida dubliniensis
1.2.1.1.3. Candida glabrata
1.2.1.1.4. Candida tropicalis
1.2.1.1.5. Levures commensales de la peau
1.2.1.1.6. Espèces d’origine alimentaire
1.2.1.2. Autres Candida non albicans
1.2.2. FACTEURS FAVORISANT LES CANDIDOSES
1.2.2.1. Facteurs intrinsèques (liés à l’hôte)
1.2.2.2. Facteurs extrinsèques (iatrogènes)
1.2.3. CLINIQUE
1.2.3.1. Candidoses superficielles
1.2.3.1.1. Candidoses des muqueuses
1.2.3.1.1.1. Candidoses buccales
1.2.3.1.1.2. Candidose œsophagienne
1.2.3.1.1.3. Candidose gastro-intestinale
1.2.3.1.1.4. Candidose anale
1.2.3.1.1.5. Candidoses génito-urinaires
1.2.3.1.2. Candidoses cutanées et unguéales
1.2.3.2. Candidoses systémiques
1.2.3.2.1. Candidose septicémique
1.2.3.2.2. Candidose hépatosplénique
1.2.3.2.3. Candidose osseuse
1.2.4. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
1.2.5. DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE
1.2.5.1. Prélèvement
1.2.5.2. Examen direct
1.2.5.3. Culture
1.2.5.4. Identification de la levure
1.2.5.5. Détermination de la sensibilité des antifongiques
1.2.5.6. Biologie moléculaire
1.2.6. DIAGNOSTIC INDIRECT
1.2.7. TRAITEMENT
1.2.7.1. Candidoses superficielles
1.2.7.1.1. Candidoses cutanées
1.2.7.1.2. Onyxis candidosiques
1.2.7.1.3. Candidoses génitales
1.2.7.1.4. Candidoses oropharyngées
1.2.7.2. Candidoses systémiques
1.2.8. PROPHYLAXIE
CHAPITRE II- LE PARODONTE ET LES MALADIES PARODONTALES
2.1. DEFINITION
2.2 LA MALADIE PARODONTALE
2.3 ETIOPATHOGENIE
2.3.1 FACTEURS LOCAUX
2.3.2 FACTEURS FONCTIONNELS
2.3.3 FACTEURS ETIOLOGIQUES SYSTEMIQUES
2.4 FACTEURS DE RISQUE
2.5 CLASSIFICATION
2.6 SIGNES CLINIQUES DES PARODONTITES
2.6.1 PARODONTITE CHRONIQUE
2.6.2 PARODONTITE AGRESSIVE
2.6.3 PARODONTITE ULCERO-NECROTIQUE
DEUXIEME PARTIE : PREVALENCE DES LEVURES DANS LES POCHES PARODONTALES DE SUJETS ATTEINTS DE PARODONTITE
2.1. JUSTIFICATION DE L’ETUDE
2.2. OBJECTIF
2.3. MATERIEL ET METHODE
2.3.1. TYPE D’ETUDE
2.3.2. ECHANTILLONNAGE
2.3.3. CRITERES D’INCLUSION
2.3.4. CADRE DE L’ETUDE
2.3.5. DUREE DE L’ETUDE
2.3.6. MATERIELS UTILISES
2.3.7. DEROULEMENT DE L’ETUDE
2.3.7.1. Sélection des malades
2.3.7.2. Examen des prélèvements au laboratoire
2.3.7.2.1. Examen direct
2.3.7.1.2. Culture
2.3.7.1.3. Identification
2.3.7.1.3.1. Première étape
2.3.7.1.3.2. Deuxième étape
2.3.8. PROCEDURE D’ANALYSE
2.4. RESULTATS
2.4.1. CARACTERISTIQUES SOCIOPROFESSIONNELLES DE LA POPULATION D’ETUDE
2.4.1.1. Répartition de la population selon le sexe
2.4.1.2. Répartition de la population selon la résidence
2.4.1.3. Répartition de la population selon la profession
2.4.2. ETAT PARODONTAL DE LA POPULATION D’ETUDE
2.4.3. EXAMEN PARASITOLOGIQUE
2.4.3.1. Distribution des levures dans la population d’étude
2.4.4. ETUDE DE L’ASSOCIATION
2.4.4.1. Caractéristiques socioprofessionnelles
2.4.4.2. Etat parodontal
2.5. DISCUSSION
CONCLUSION

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