LA TOXOPLASMOSE
Les kystes
Ce sont des formations intracellulaires provenant de la modification de la vacuole parasitophore dont la membrane sโest รฉpaissie. Occupant la quasi-totalitรฉ de la cellule-hรดte, cette derniรจre est dรฉformรฉe et son noyau est repoussรฉ ร la pรฉriphรฉr ie, fortement aplati et ร peine visible. Ils peuvent contenir plusieurs centaines ร plusieurs milliers de bradyzoรฏtes. Ils sont subsphรฉriques, mesurent de 60 ร 100 ฮผm, voire 300 ฮผm. Ils sโagrandissent en mรชme temps que se multiplient les bradyzoรฏtes par endodyogรฉnie. Les plus jeunes peuvent mesurer 5 ฮผm et ne contiennent que 4 bradyzoรฏtes alors que des kystes plus vieux peuvent atteindre un diamรจtre de 50 ฮผm et contenir des centaines de bradyzoรฏtes. Ils possรจdent une paroi formรฉe du plasmalemme, de la membrane de la cellule-hรดte doublรฉe, au contraire des vacuoles parasitophores, dโun matรฉriel granuleux : des complexes immuns Ag toxoplasmique-Ac de lโhรดte. Les kystes peuvent se former dans tous les tissus, mais on les retrouve plus frรฉquemment dans les tissus musculaires (muscles lisses, striรฉs squelettiques et myocarde), intraoculaires et les tissus nerveux (figure 8). Dans les muscles, les kystes sont gรฉnรฉralement allongรฉs et peuvent atteindre 100 ฮผm de long. Ces kystes sont ร la fois un stade de diapause, c’est-ร -dire de rรฉsistance dans un environnement dรฉfavorable et un stade de dissรฉmination du parasite puisque leur ingestion est ร lโorigine de lโinfection de nouveaux hรดtes (lors des phรฉnomรจnes de prรฉdation ou de cannibalisme, chez le porc par exemple). Chez le chat, il peut y avoir rupture de ces kystes, et les bradyzoรฏtes vont migrer par voie sanguine, transportรฉs au sein des lymphocytes intra-รฉpithรฉliaux, vers les cellules รฉpithรฉliales oรน leur รฉvolution aboutira ร la formation dโoocystes immatures. Et aprรจs une gamรฉtogonie, le chat pourra excrรฉter des oocystes.
Invasion des cellules-hรดtesย
phase primaire ou diffusion (Euzeby, 1998), (Lafond, 1988) T. gondii pรฉnรจtre dans les cellules de maniรจre active grรขce au complexe apical, non pas par phagocytose mais en crรฉant un nouveau compartiment cellulaire (la vacuole parasitophore) ร lโintรฉrieur de la cellule-hรดte. La fixation de ce complexe est dรฉterminรฉe par lโaffinitรฉ de certaines protรฉines toxoplasmiques de surface : la protรฉine P30 notamment, qui reconnaรฎt des ยซ rรฉcepteurs ยป membranaires de la cellule hรดte (laminines, adhรฉsines, et certaines glycoprotรฉines de surface). Ces ยซ rรฉcepteurs ยป sont communs ร un grand nombre de types cellulaires ce qui expliquerait la grande variabilitรฉ des cellules pouvant รชtre parasitรฉes par T. gondii. La pรฉnรฉtration du complexe apical est dรฉpendante dโun phรฉnomรจne mรฉcanique (action du conoรฏde) et dโun phรฉnomรจne biochimique, par le biais des rhoptries, qui sรฉcrรจtent des enzymes protรฉolytiques agissant sur la membrane de la cellule hรดte. En effet, la membrane du rhoptrie fusionne avec la membrane unique de lโextrรฉmitรฉ antรฉrieure de T. gondii, ce qui forme une ouverture par laquelle les enzymes protรฉolytiques du rhoptrie sont relรขchรฉs. Ces enzymes permettent de dissoudre le plasmalemme de la cellule hรดte autour de lโextrรฉmitรฉ antรฉrieure de T. gondii. La pรฉnรฉtration dโune cellule hรดte par phagocytose dure 120 secondes. Cette pรฉnรฉtration du parasite est dรฉpendante dโune importante consommation dโรฉnergie, fournie par les grains de rรฉserve (amylopectine surtout). Une fois entrรฉ dans la cellule hรดte, le toxoplasme reste contenu dans la vacuole parasitophore, qui provient ร la fois du parasite et de lโhรดte. Lโexocytose du contenu des organites de son complexe apical ร lโintรฉrieur de la vacuole va permettre une modification de la composition de la membrane vacuolaire, et ainsi empรชcher la fusion avec un lysosome. La membrane vacuolaire reste tout de mรชme poreuse pour permettre le passage des mรฉtabolites. La non-fusion entre la vacuole parasitophore et les lysosomes peut รชtre expliquรฉe de deux maniรจres selon les auteurs :
Phase secondaire ou enkystement (Boisson, 2002), (Euzeby, 1998), (Loriaux, 2008) Il se dรฉveloppe une immunitรฉ acquise qui marque la fin de la phase prolifรฉrative aiguรซ, cette immunitรฉ est de nature ร la fois cellulaire et humorale (dโabord ร IgM puis ร IgG). Vers la troisiรจme semaine suivant lโinfection, les tachyzoรฏtes disparaissent sous la pression immunitaire mise en place et seuls persistent les kystes tissulaires ร bradyzoรฏtes. Par contre, les formes libres (extracellulaires) du parasite sont directement dรฉtruites par la rรฉponse immune humorale. Des kystes vont alors se former par rรฉponse immunitaire cellulaire, cependant, dans certains organes, lโimmunitรฉ semble รชtre moins efficace (yeux, cerveau et moelle รฉpiniรจre) et ces organes peuvent donc รชtre le siรจge dโune multiplication rapide. Cette immunitรฉ peut limiter lโextension de la parasitose mais elle ne permet pas lโรฉlimination du parasite dont la forme bradyzoรฏte persiste ร vie sous forme de kyste. Les Ag ES (excrรฉtion-sรฉcrรฉtion) sรฉcrรฉtรฉs par les bradyzoรฏtes sont un facteur essentiel pour lโentretien de lโimmunitรฉ au cours de la toxoplasmose latente chronique. Mรชme sโils possรจdent des รฉpitopes communs, ils sont diffรฉrents des Ag ES des tachyzoรฏtes.
Cycle HD/HI (Dubey, 2010)
Ce cycle hรฉtรฉroxรจne comporte une multiplication sexuรฉe (cycle entรฉro-รฉpithรฉlial ou coccidien) qui sโeffectue uniquement dans lโรฉpithรฉlium digestif de lโHD, le chat et une multiplication asexuรฉe (cycle extra-intestinal) qui sโeffectue dans les diffรฉrents tissus, aussi bien chez lโHD que chez lโHI (figure 9). Aprรจs ingestion des oocystes, leur paroi se rompt dans lโintestin et ils vont se dissรฉminer par voie sanguine dans diffรฉrents tissus oรน ils se multiplieront par schizogonie. Ensuite, la gamรฉtogonie permettra la formation des oocystes qui seront excrรฉtรฉs dans les fรจces de lโHD. Seuls les hรดtes dรฉfinitifs (fรฉlidรฉs sauvages et domestiques), sont capables dโexcrรฉter des oocystes aprรจs avoir ingรฉrรฉ lโun des trois stades de T. gondii. La durรฉe de la pรฉriode prรฉpatente (temps entre lโinfestation et la production des oeufs) dรฉpend du stade ingรฉrรฉ (entre 3 jours pour une ingestion de kystes et jusquโร 49 jours pour une ingestion dโoocystes, (AFSSA, 2005)). Moins de 50% des chats excrรจtent des oocystes aprรจs avoir ingรฉrรฉ des tachyzoรฏtes ou des oocystes, alors que presque 100% des chats sont excrรฉteurs aprรจs avoir avalรฉ des kystes ร bradyzoรฏtes.
La durรฉe dโexcrรฉtion peut varier entre 7 et 20 jours (AFSSA, 2005). La sporogonie permet dโobtenir des oocystes matures et donc infestants. Ceux-ci peuvent rester quiescents pendant plus dโune annรฉe dans le sol avant dโinfecter un hรดte intermรฉdiaire par gรฉophagie ou phytophagie. Chez lโHI, aprรจs ingestion des oocystes, leur paroi se rompt dans lโintestin ; les sporozoรฏtes libรฉrรฉs pรฉnรจtrent dans les entรฉrocytes et se transforment en tachyzoรฏtes qui se dissรฉminent rapidement dans tous les organes par lโintermรฉdiaire des monocytes/macrophages sanguins et lymphatiques. Il y a alors formation de kystes intra-tissulaires ร bradyzoรฏtes, qui sont conservรฉs pendant toute la durรฉe de vie de lโHI. Les HI peuvent ensuite servir de proie aux HD (par exemple, la souris et le chat). Lโinfection transplacentaire du foetus est possible par passage des tachyzoรฏtes ร travers le placenta.
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Table des matiรจres
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES A PROPOS DE LA TOXOPLASMOSE
1 ETIOLOGIE
1.1 Dรฉfinition
1.2 Historique
1.3 Classification
1.3.1 Filiation
1.3.2 Gรฉnotypes
1.4 Morphologie des รฉlรฉments infestants
1.4.1 Les oocystes
1.4.2 Les tachyzoรฏtes
1.4.2.1 Structure
1.4.2.2 La vacuole parasitophore
1.4.3 Les bradyzoรฏtes
1.4.3.1 Structure
1.4.3.2 Les kystes
1.5 Biologie parasitaire
1.5.1 Les modalitรฉs de la reproduction
1.5.1.1 La gamรฉtogonie, reproduction sexuรฉe du toxoplasme
1.5.1.2 La sporogonie, formation dโun oocyste mature
1.5.1.3 La schizogonie, multiplication asexuรฉe du toxoplasme
1.5.1.4 Lโendodyogรฉnie
1.5.2 Pathogรฉnie de la toxoplasmose
1.5.2.1 Critรจres de pathogรฉnicitรฉ
1.5.2.2 Cellules et tissus-cibles
1.6 Cycle biologique
1.6.2 Cycle HD/HD
1.6.3 Cycle HI/HI
2 EPIDEMIOLOGIE
2.1 Descriptive
2.1.1 Les populations atteintes
2.1.2 Rรฉpartition gรฉographique de lโinfection toxoplasmique chez le chat
2.1.3 Rรฉpartition gรฉographique de lโinfection toxoplasmique chez lโHomme
2.1.4 Rรฉpartition gรฉographique de lโinfection toxoplasmique chez les fรฉlidรฉs sauvages
2.2 Analytique
2.2.1 Sources virulentes
2.2.2 La rรฉceptivitรฉ et la sensibilitรฉ
2.2.2.1 Lโespรจce
2.2.2.2 Lโรขge
2.2.2.3 Le sexe
2.2.3 Modalitรฉs de contamination
2.2.3.1 Voie buccale
2.2.3.2 Voie trans-placentaire
2.2.4 Modalitรฉs de rรฉsistance des toxoplasmes
2.2.4.1 Les oocystes, forme de rรฉsistance dans le milieu extรฉrieur
2.2.4.2 Les kystes ร bradyzoรฏtes, forme de rรฉsistance chez les hรดtes intermรฉdiaires
2.2.4.3 Les tachyzoรฏtes
3 DIAGNOSTIC
3.1 Diagnostic direct
3.2 Diagnostic indirect
3.2.1 Structure antigรฉnique
3.2.2 Cinรฉtique des anticorps
3.2.3 Les diffรฉrents tests sรฉrologiques
4 PROPHYLAXIE
4.1 Mesures offensives
4.2 Mesures dรฉfensives
4.2.1 Moyens mรฉdicaux
4.2.2 Moyens sanitaires
DEUXIEME PARTIE : PREVALENCE DE LA TOXOPLASMOSE FELINE EN FRANCE : COMPARAISON DE DEUX ECHANTILLONS DE CHATS PROVENANT DE DEUX REGIONS DE FRANCE
1 MATERIEL ET METHODES
1.1 Echantillonnage et population
1.2 Informations concernant les chats de lโรฉchantillon
1.3 Dรฉfinition des variables รฉtudiรฉes
1.4 La technique sรฉrologique utilisรฉe
1.5 Analyse statistiques
1.5.1 Outils statistique
1.5.2 Dรฉfinition des termes รฉpidรฉmiologiques
2 RESULTATS POUR LES DEUX POPULATIONS
2.1 Prรฉsentation de lโรฉchantillon de la population fรฉline de Faulquemont et ses environs
2.1.1 Age et sexe
2.1.2 Stรฉrilisation
2.1.3 Race
2.1.4 Etat gรฉnรฉral
2.1.5 Mode de vie et environnement
2.1.6 Alimentation
2.1.7 Origine dโadoption
2.2 Prรฉsentation de lโรฉchantillon de la population fรฉline dโรle de France
2.2.1 Age et sexe
2.2.2 Stรฉrilisation
2.2.3 Race
2.2.4 Etat gรฉnรฉral
2.2.5 Mode de vie et environnement
2.2.5.1 Mode de vie
2.2.5.2 Environnement
2.2.6 Alimentation
2.2.7 Origine dโadoption
2.3 Comparaison des rรฉsultats sรฉrologiques entre les deux populations รฉtudiรฉes
2.3.2 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction de lโรขge
2.3.3 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction du sexe
2.3.4 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction de lโรฉtat gรฉnรฉral
2.3.5 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction de la maturitรฉ sexuelle
2.3.6 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction du mode de vie et du type dโenvironnement
2.3.7 Diffรฉrences de taux de prรฉvalence en fonction de lโalimentation
2.3.8 Influence de lโorigine du chat
2.4 Etude dโun cas : chat prรฉsentรฉ aux urgences du CHUVA pour une Fiรจvre dโOrigine Indรฉterminรฉe (FOI)
2.4.3 Rรฉsultats sรฉrologiques
3 DISCUSSION
3.1 Discussion sur la technique de laboratoire utilisรฉe
3.2 Discussion sur lโรฉchantillonnage
3.3 Discussion sur les rรฉsultats
CONCLUSION
PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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