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Description du parasite : Tænia solium
T. solium est un plathelminthe qui appartient à la famille des Taeniidae et au genre Taenia. Actuellement, sur 42 espèces connues au sein du genre Taenia, seules 3 ont comme hôte définitif l’Homme, il s’agit de T. solium, T. saginata et T. asiatica [15]. Cependant, seul T. solium est capable d’adapter son cycle larvaire chez l’Homme et ainsi de causer la forme larvaire de la parasitose : la cysticercose. T.saginata a comme hôte intermédiaire le bœuf et T. asiatica le porc, or cette espèce n’a jamais été mise en cause dans la cysticercose humaine [16, 17].
La forme adulte de T .solium est un parasite strictement humain se développant dans l’intestin grêle. Il se présente sous la forme d’un ruban aplati et segmenté en 800 anneaux ou proglottis. Il est blanc ou jaunâtre opaque et peut mesurer jusqu’à 8 mètres au stade adulte [16].
Cycle évolutif
Le cycle de T. solium [Figure 1] comporte deux hôtes, un hôte intermédiaire (le porc) et un hôte définitif (l’Homme). L’hôte définitif est l’organisme qui héberge la forme sexuée du parasite alors que l’hôte intermédiaire abrite la forme larvaire, permettant ainsi la dissémination du parasite.
Les Hommes sont infestés par le parasite excrètent dans leur selle des œufs ou des proglottis gravides qui sont rejetés avec les déjéctions dans l’environnement. L’embryon directement infestant, est capable de rester viable plusieurs mois à l’intérieur de ces œufs résistants à l’eau mais pas à la sécheresse. Les porcs s’infectent alors en ingérant les œufs ou les proglottis présents dans l’environnement. Dans l’estomac l’embryophore sera digéré, libérant des embryons hexacanthes appelés aussi oncosphères. Ces embryons vont ensuite franchir la muqueuse de l’estomac ou la paroi intestinale et se propager par voie sanguine pour se loger dans les muscles squelettiques, les yeux ou le cerveau et former en 3 à 4 mois, des kystes contenant chacun une larve cysticerque appelée Cysticercus cellulosae. Ces formes larvaires ont la capacité de persister plusieurs années chez leur hôte [18]. L’Homme s’infecte en consommant de la viande de porc crue ou insuffisamment cuite contenant des cysticerques.
Figure 4: De cysticerques
Source : Rakototsirindraibe N. 15 Avril 2015
Au niveau de l’intestin grêle, la larve de T. solium s’évagine du kyste, le scolex du parasite s’attache à la muqueuse et la larve se transforme progressivement en ver adulte. Le ver s’allonge par le développement de nouveaux proglottis, chacun suivant un processus de maturation le conduisant à un état gravide. Deux mois après l’ingestion, les proglottis gravides se détachent de la partie distale du ver et sont excrétés dans les fèces, entraînant la dissémination de nombreux œufs dans l’environnement [19, 20].
L’Homme, l’hôte définitif de ce cycle, développe un taeniasis c’est-à-dire une infection intestinale souvent asymptomatique causée par le ver adulte. En revanche, l’Homme peut aussi être l’hôte intermédiaire et développer une cysticercose. Dans ce cas, l’Homme s’infeste à partir des œufs de T. solium et comme chez le porc, les œufs ingérés vont éclore, libérant un embryon qui va pouvoir traverser la paroi stomacale ou intestinale, passer dans la circulation sanguine et s’enkyster au niveau des muscles, des yeux, du cerveau ou des tissus sous-cutanés ou dans tout autre organe bien irrigué. Cette branche du cycle représente une impasse parasitaire. De même, la lyse de proglottis gravide par régurgitation dans l’estomac peut, aussi mais plus rarement, être à l’origine de l’infestation pour les porteurs de la forme adulte du taenia [18,19].
EPIDEMIOLOGIE
Modes de contamination
Chez l’Homme
La cysticercose
La cysticercose se développe suite à l’ingestion d’œufs de T. solium présents dans les déjections humaines. Ce dernier se traduit par une transmission oro-fécale, l’origine étant les porteurs du ver, souvent asymptomatiques, qui contaminent l’environnement. Ainsi, cette transmission peut avoir lieu lors de la préparation de nourriture par des mains insuffisamment lavées, lors de l’ingestion de fruits ou légumes fertilisés par des déjections humaines contaminées ou lors de la consommation d’eau souillée. Ceci permet d’expliquer pourquoi des personnes ne consommant pas ou ne côtoyant pas de porcs peuvent être infestées par cette parasitose [21]. L’auto-infection interne par la régurgitation dans l’estomac de proglottis en cas de téniasis est possible mais difficile à prouver. Cependant, l’auto-infection externe par des œufs transmis de l’anus à la bouche par des mains sales semble être une façon plus probable de contracter l’infection causée par T. solium [22].
Il est également important de s’intéresser à la transmission à l’Homme de T. solium dans le cadre de téniasis car les individus infectés représentent une source importante de contamination pour la cysticercose par l’émission de milliards d’œufs dans l’environnement [7].
Le téniasis :
La transmission du porc vers l’Homme s’effectue lors de l’ingestion de viande de porc infectée n’ayant pas subi de contrôles vétérinaires, chose fréquente dans les régions endémiques. En effet, dans ces régions les porcs sont, la plupart du temps, abattus par les éleveurs eux-mêmes dans leurs exploitations pour leur propre consommation ou vendus sur les marchés locaux. Ainsi, la viande est consommée sans aucun contrôle. Par ailleurs, les mœurs des populations locales favorisant la consommation de viande crue ou peu cuite, augmentent le risque de transmission [22-25].
Chez le porc
Le porc s’infeste lors de l’ingestion d’œufs du parasite. Pour se faire, il doit avoir accès aux déjections humaines contaminées, mode de transmission très fréquent dans les pays en développement où les porcs sont en liberté, les latrines inexistantes ou inadaptées et le manque d’hygiène important. De plus, les porcs sont parfois utilisés dans le seul et unique but d’éliminer les déchets et résidus de l’alimentation humaine, ces derniers ayant l’avantage de représenter une alimentation bon marché [22, 23, 25].
Ainsi, tous les éléments permettant l’accomplissement du cycle de vie du parasite représentent un risque avéré de transmission de ce dernier.
Afin de mieux comprendre les signes cliniques et l’évolution de la parasitose, il est nécessaire de s’intéresser au devenir du parasite chez son hôte définitif ainsi qu’aux multiples réactions de l’organisme consécutives à l’invasion parasitaire.
Diagnostics cysticercose porcine
Le langueyage :
Dans de nombreux pays d’endémie, le langueyage est réalisé par la population, afin d’identifier les porcs atteints de la cysticercose. Si elle est effectuée correctement (à la fois la palpation et inspection visuelle tout au long de la base) par des personnes expérimentées, il est généralement admis que la spécificité de cette technique est 80 % [5]. Cependant, la sensibilité de la technique dépend en grande partie du degré d’infection des animaux. Bien que trouvé fortement infecté pendant l’inspection de viande, le langueyage ne peut être détecté que seulement jusqu’à 70 % des porcs cysticercotiques.
Toutefois, chez les animaux légèrement infectés la sensibilité est beaucoup plus faible.
Plusieurs études ont montré que chez les porcs expérimentalement ou naturellement infectés abritant moins de 80 kystes, aucun des animaux ne pourrait être détecté par l’inspection de la langue [5, 26]. Sur les animaux modérément à fortement infectés (> 80 kystes) la sensibilité est inférieure à 50 % [23, 27, 28]. Au Zambie, en utilisant une analyse bayésienne, la sensibilité globale de l’inspection de la langue a été estimé à 21 % (IC : 14-26 %) [5].
Inspection de viande
Dans certains pays, seulement l’inspection visuelle est effectuée sur un ou plusieurs sites dits de prédilection, comme le cœur, le diaphragme, les muscles masséters, la langue, le cou, les épaules, les muscles intercostaux et abdominaux. Dans d’autres pays, la réglementation exige également des incisions dans certains de ces muscles. Il est évident que l’efficacité de l’inspection de la viande ne dépendra pas seulement de la rigueur des méthodes d’inspection, mais aussi sur le degré d’infection des porcs [5]. Il a été démontré dans les zones rurales d’Afrique et d’Amérique du Sud que des animaux légèrement infectés sont déclarés plus souvent qu’on ne le croyait auparavant [5, 29, 30], l’inspection de viande dans ces zones sous-estime la prévalence réelle de la cysticercose porcine.
Une étude menée en 1993 sur la commercialisation des porcs cysticercotiques dans la Sierra du Pérou montre que 65 % de viande de porcs consommés sont issus des voies informelles, qui ne sont pas inspectés ou contrôlés [31]. Selon cette étude, les enquêtes dans les abattoirs et les viandes sur les marchés ne sont pas des moyens fiables pour surveiller la prévalence de la cysticercose porcine au Pérou [31].
Madagascar manque d’Inspecteur en Denrée Alimentaire d’Origine Animale ou DAOA [32]. Selon un expert de l’ONUDI, au 01 Mars 2008, le Service d’Hygiène et de la Santé Publique ou SHSP ne comptait seulement que trois vétérinaires et deux techniciens et l’Agence de Contrôle de la Sécurité Sanitaire et de la Qualité des Denrées Alimentaires ou ACSQDA n’avaient que dix-huit inspecteurs [32], Non seulement lié à cette lacune à la fois d’inspecteurs mais aussi d’abattoirs, la prévalence de la cysticercose porcine au niveau des abattoirs ne reflète pas la prévalence réelle de la maladie. L’insuffisance d’abattoirs et d’inspecteurs favorisaient les abattages clandestins et augmentaient ainsi le risque d’infection [31].
Sérologie
Jusqu’à maintenant aucun test de référence n’a été mis au point pour le diagnostic de la cysticercose porcine. Des techniques de diagnostics sérologiques comme la méthode de détection d’anticorps (ELISA et EITB) et la méthode de détection d’antigène peuvent être utilisé pour le diagnostic de la cysticercose porcine. [11].
L’équipe de l’Institut Pasteur de Madagascar est sur le point de mettre au point des tests de référence en sérologie (ELISA et Western Blot) [33].
Cependant, il existe des tests de diagnostics de biologie moléculaire à savoir le Polymerase Chain Reaction et la Flow Through Assay [28, 34]. Mais ces derniers ne sont pas très exploités du fait de leur coût.
Les prévalences connues à nos jours
Le téniasis/cysticercose est un problème émergent de santé publique en Afrique [5,7]. L’origine du problème se base sur l’explosion de l’élevage traditionnel de porcs et l’augmentation de la consommation de viandes [7]. Il existe des régions d’hyperendémicité. En Afrique de l’Ouest la prévalence de la cysticercose porcine à l’inspection y était de 20,5% au Nigeria, 17 % au Togo et en Afrique centrale, 26% au Tchad, 3-39% au Burundi [5, 35,36]. La forte prévalence de la cysticercose porcine devrait s’attendre à être accompagnée par une infestation de ténias évidents et fréquents chez les humains. Cependant, le diagnostic de téniasis est difficile parce que d’une part, les tests actuels sont très peu sensibles, et d’autre part, le téniasis provoque peu ou pas de symptômes. Et par conséquent, les patients ne présentent pas d’évaluation à moins qu’ils voient les anneaux dans leurs excréments et reconnaissent leur importance. Les données sur la prévalence de la cysticercose porcine dans les pays en développement doivent généralement être considérées comme des estimations minimales en raison de difficultés de diagnostic [5].
Un modèle similaire est observé en Afrique orientale et australe, où la prévalence chez les porcs est signalée à être de 20 à 40% [23]. En raison de la relation étroite chez les vétérinaires et agriculteurs, les informations sur l’infection des porcs sont dans de nombreux cas plus étendues que celle des infections humaines. Les données sur l’incidence chez l’homme sont très limitées en raison d’un manque de surveillance adéquate et de rapport d’enregistrement de cas, bien que la maladie soit considérée comme une menace sérieuse et émergente pour la santé publique [37].
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Table des matières
INTRODUCTION
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1. Généralités
I.2. Le parasite
II. EPIDEMIOLOGIE
II.1. Modes de contamination
II.1.1.Chez l’Homme
II.1.2.Chez le porc
II.2.Diagnostics cysticercose porcine
II.2.1.Le langueyage :
II.2.2. Inspection de viande
II.2.3. Sérologie
II.3. Les prévalences connues à nos jours
II.4. Facteurs de risque
II.5. Traitement de la cysticercose porcine
II.6. Conséquences économique et sociétales
III. METHODES
III.1. Présentation de la zone d’étude
III.2. Type d’étude
III.3. Période d’étude
III.4. Population d’étude
III.5. Critère d’inclusion et d’exclusion
III.5.1. Pour les porcs
III.5.2. Pour les élevages
III.6. Échantillonnage
III.6.1. Taille de l’échantillon
III.6.2. Modalité d’échantillonnage
III.7. Variables d’étude
III.8. Collecte de données
III.8.1. Enquêtes
III.8.2. Langueyage
III.8.3. Inspection de viande
III.9. Traitement et analyse des données
III.9.1. Stockage des données
III.9.2. Analyse statistique
III.10. Considérations éthiques
IV. RESULTATS
IV.1. Résultat de langueyage
IV.1.1. Prévalence de la cysticercose
IV.1.2. Prévalence de la cysticercose au niveau d’élevage
IV.2. Résultat de l’inspection de viande
IV.3. Population explorée
IV.3.1. Au niveau de l’élevage
IV.3.2. Au niveau de la tuerie
IV.4. Description de l’élevage
IV.4.1. Le type d’élevage
IV.4.2. Les raisons de choix du système d’élevage.
IV.4.3. Antécédent de cysticercose dans l’élevage
IV.4.4. Caractéristiques des élevages
IV.5. Facteurs favorisant
IV.5.1. Analyses univariées
IV.5.2. Analyse multivariée
V. DISCUSION
V.1. Choix de zone d’étude
V.2. Niveau de connaissance des éleveurs
V.3. Système d’élevage
V.4. Moyen de diagnostic
V.5. Résultat sur l’analyse des facteurs de risque
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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