Le travail sexuel n’est qu’un nouveau terme employé après l’entrée en lice de programme américain pour lutter contre le MST SIDA. Car ce terme est plus commode que prostitution.
Jadis, il n’y avait pas de confusion de mots.
La multiplicité des rapports sexuels avec des partenaires différents est l’une des conditions requises pour qu’une femme soit qualifiée de prostituée. A cette époque, en Chine, comme dans d’autres pays d’Asie, la prostitution était liée à la notion d’hospitalité, les femmes étaient offertes aux hôtes. Certains souverains d’Asie décidèrent de légaliser la prostitution, d’ou la création des établissements destinés à l’Etat, à la fois pour protéger l’ordre public et pour se procurer des ressources fiscales. La loi de Moïse l’interdisait .En Grèce, le Roi Solon fonda à Athènes et au Pirée des institutions d’Etat de basse classe dénommées : les dicterions , où il enferma les prostituées. Des fonctionnaires des contributions, les pornostropoi étaient chargés d’établir la taxe, de contrôler les prix et de surveiller les établissements. En 521, Justinien interdisait la maison de débauche et réprimait le proxénétisme. Et cela a été confirmé avec l’avènement du christianisme où les prostituées sont poursuivies. Charlemagne, qui s’était fortement attaché à l’interdiction de la prostitution, légitimait la mise hors de la loi de celle-ci et sanctionnait plus sévèrement ceux qui la pratiquent : mutilation, marque au fer rouge….
Au XIXème siècle, dans presque tous les pays, la prostitution est tenue comme un mal nécessaire et l’on s’efforce, mais en vain, de la contenir et de la contrôler.
Au début du XXème siècle, les maisons de prostitution existaient dans la plupart des pays et des milliers de femmes y étaient envoyées. Le trafic est appelé la « traite des blanches « .
Actuellement, le monde se lance dans la lutte contre la prostitution et le proxénétisme. Le courant d’idées passe de l’abolitionnisme au néo-abolitionnisme.
TRAVAIL SEXUEL : INCOMPATIBLE AVEC LA CONCEPTION DE DIGNITE HUMAINE
Faire de la sexualité un objet de commerce n’est pas compatible avec la dignité de la personne humaine. Il fallait trouver un autre travail. L’être humain doit travailler mais n’est pas un objet de travail. Les lois civiles confirment le droit de la personnalité extrapatrimoniale .Proprement parler, le corps humain n’est pas une possession de l’homme. Donc, aucune personne humaine ne pourra disposer de son corps à des fins commerciales. Définitivement, la personnalité est la raison d’être de l’homme.
Cette opinion doit être acceptée par tous. A priori, le sujet concernant la sexualité est classé parmi les « tabous ». Les Malagasy cachent le vrai sens de la sexualité.Jadis, la prostitution ressemblait à la dégradation et à la folie. Nous savons qu’il y a certains usages comme les « ampela-tsena »(les jeunes filles fréquentant les marchés) avec qui les « mpian-tsena » (les clients de marché) font leurs plaisirs . De même, il y a de « tsenan’ampela » où les patrons des bœufs cherchent de belles jeunes filles . D’une manière explicite, le tsenan’ampela (selon la coutume Bara) n’est pas conçu officiellement comme une dégradation, mais comme une valeur. La dignité de la femme fut détruite à partir de la pratique des militaires, lorsqu’ils ont payé les fillettes pour des faveurs sexuelles.
Effectivement, l’utilisation du corps humain comme une marchandise apparaît, selon la culture et le droit positif, comme une pratique inhumaine qui dégrade les filles au rang des animaux. Car le corps humain n’est pas commercialisable .
Ces raisons écartent les TDS de l’accès à la dignité humaine.
CONCEPTION CULTURELLE
Du latin « cultura », la culture est l’ensemble de connaissances acquises d’un individu ou d’une société. Elle inclut la coutume, l’usage et l’habitude, mais aussi la religion. On peut même dire qu’elle arrive jusqu’à décrire l’aspect physiologique et psychologique d’une société donnée . L’étude analytique de la coutume, disons malagasy, fait découvrir sa véritable fidélité au respect de la valeur humaine : « ny fanahy no olona ». La croyance du Malagasy au Dieu Créateur « Andriamanitra, Andriananahary » justifie qu’il adore le Bien.
La coutume et la religion vont de pair, condamnant entièrement la malhonnêteté du comportement humain. L’attitude des Malagasy est d’autant plus sévère en matière de sexualité surtout dans toute union sexuelle. Ce domaine est un sujet tabou. Dans la ville de Fianarantsoa, l’influence de la religion est très grande, et est accentuée par la coutume Betsileo qui est très discrète à propos de la sexualité. Les TDS se sentent alors, en effet, oubliées par l’opinion commune. D’une part, ce sont des « zaza tsa magnaraka ana-dray aman-dreny « . L’Eglise n’accepte jamais, d’autre part, les péchés mortels, énumérés dans les dix commandements dont « Tu ne commettras pas d’adultère « .
LA COUTUME
La coutume est constituée par l’usage et les habitudes prolongées. Elle construit les mœurs, qui, eux-mêmes, guident la pratique sociale . Même si le Malagasy est timide face à la sexualité, il possède certaines pratiques qui encouragent l’érotisme. Les préadolescents ont naturellement découvert des pratiques sexuelles prématurées dans le « kivadivady « (un jeu dans lequel des enfants se comportent comme des couples). A Fianarantsoa, l’éducation sexuelle est faite dans la discrétion, ou est même presque inexistante. Par conséquent, le comportement sexuel, dans la pratique, est véritablement une aventure personnelle. L’effort de l’éducateur ne satisfait pas les jeunes.
Influence de la philosophie sur la pratique de la sexualité
Selon LA SAGESSE MALAGASY , les Malagasy sont fortement attachés à la dignité de Dieu et des ancêtres. C’est pourquoi ils adressent, tout au long de leur vie, des prières à « Andriamanitra Andriananahary et aux Razana « (Dieu et les ancêtres). Cette dignité humaine héritée est indétachable de l’existence humaine. Par crainte de Dieu et des ancêtres, les Malagasy font du bien : » ny kilemaina no tsy ambakaina, Andriamanitra no atahorana « . Ils devront se soumettre à la vérité de sens commun, avec leur caractère naturellement doux et pacifique.
Effectivement, la préservation de la vie est une priorité. Elle est garantie par la sagesse et la prudence. Explicitement, la vie est comme une bêche unique, si elle vient à se briser, il n’y a pas de rechange. La prudence est le comportement idéal pour la vie. « Fa ny mahery tsy maody tsy ela velona ; izay mahapandopando manana ny mateza « . Concrètement, les libertins et les libertines reçoivent des jugements hostiles de la société. Ils sont présumés ressembler à des chiens et chiennes, des pintades mâles et femelles… De ce fait, ils ne sont plus considérés comme des êtres humains. Donc, les prostituées sont des mauvaises figures dans la société .
De par leur caractère, les prostituées sont rejetées par la famille et la communauté. Essentiellement, les femmes sont des modèles de beauté : « la vertu est la parure de la femme « .On donne ce conseil aux femmes : « N’allez pas avec les jeunes gens si ce n’est avec le fils d’un tel « . Les femmes doivent s’occuper de leurs foyers et non pas mener une vie dissolue. En termes clairs, la philosophie malagasy est basée sur l’essence de l’âme et de l’esprit. L’homme est jugé selon son comportement, mais non selon sa fortune. A vrai dire, le sens de la vie se traduit par la dignité de l’individu. Chacun concentre son effort à respecter la dignité d’autrui. La violation de l’un des principes de vie cause l’exclusion de la société.
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Table des matières
Introduction générale
CHAPITRE I – TRAVAIL SEXUEL : INCOMPATIBLE AVEC LA CONCEPTION DE DIGNITE HUMAINE
Section 1: Conception culturelle
I. La coutume
II. La religion
Section 2: Conception du droit positif
I. Norme internationale
II. Norme nationale
CHAPITRE II- DIFFERENTES ACTIONS SUR LA PROMOTION DE DIGNITE HUMAINE
Section 1: L’action gouvernementale
I. Sauvegarde des mœurs et protection des mineurs
II. Sauvegarde de dignité humaine sociale
Section 2: L’action non-gouvernementale
I. L’action pour la réinsertion sociale
II. L’action par l’éducation
CHAPITRE III- COMPLEXITE DE L’ASPECT DU TRAVAIL SEXUEL
Section 1: Notion de travail sexuel
I. Nature du travail sexuel
II. Influence du travail sexuel
Section 2: Les attitudes face aux travailleuses de sexe
I. Les systèmes de luttes
II. Choix du cadre politique adopté
Conclusion
o Bibliographie
o Texte de référence
o Sources d’enquête
o Annexe