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Epidémiologie et pathogénèse
Bien qu’il s’agisse d’une pathologie rare, l’incidence des MA est en constante augmentation [5,6]. Les facteurs permettant d’expliquer ce phénomène sont, d’une part l’amélioration des techniques de cultures et d’hybridations moléculaires, d’autre part une sensibilité accrue des médecins spécialistes à ces infections [4].
L’incidence des M.A est variable selon les pays, elle est de 0.73 cas pour 100 000 habitants en France [7], en Europe, elle est de 1 cas pour 100 000 habitants, et de 1 à 1.8 cas pour 100 000 habitants aux Etats Unis [4].
La morbi-mortalité liée aux infections à mycobactéries atypiques en France est mal connue, au Danemark, la mortalité à trois ans toutes causes cumulées est de 34 pourcents, voire plus pour certaines souches comme M. xenopi [8,9].
En France métropolitaine, les principales mycobactéries isolées sont: Mycobacterium Avium complex (47.7%), M. xenopi (25.2%), M. kansasii (12.9%) et M.abscessus (10.7%) [7]. Aux Antilles françaises, les mycobactéries les plus fréquemment identifiées sont : Mycobacterium Avium complex (35.3%), suivies des mycobactéries à croissances rapides (34.3%) dont les deux principales sont: M. fortuitum (23.5%), et M. abscessus (5.6%), enfin M. gordonae (6.29%), M. simiae (5.37%) et M. kansasii (5%) [10].
D’un point de vue épidémiologique, les mycobactéries atypiques diffèrent fondamentalement des mycobactéries du complexe tuberculosis.
Premièrement, les MA sont des bactéries ubiquitaires; leurs réservoirs sont environnementaux, les principaux sont la terre et l’eau (réseau de distribution, millieux naturels comme les lacs, jacuzzis et piscines) [15,16].
Deuxièmement, leurs transmissions ne sont en aucun cas interhumaines ou de type homme-animal, la source de l’infection étant toujours le réservoir environnemental [17,18].
Enfin, elles ne sont pas des pathogènes stricts de l’homme et se comportent plutôt comme des germes opportunistes. Leur pathogénicité varie énormément selon les espèces; selon les critères ATS/IDSA [4] la probabilité d’avoir une réelle infection en cas de positivité d’un prélèvement bactériologique est de 25 à 50% en moyenne [8,19]. Pour M. Szulgai, la pathogénicité est de quasiment 100%, pour M. Kansasii elle est de 70 à 75%, M. Xenopi 60 à 73 %, et de 41 à 67% pour MAC (figure 2). M. gordonae et M. terraae complex sont quasiment toujours des contaminants. M. fortuitum et M. simiae sont fréquemment des contaminants, mais de réelles infections à ces germes existent [4].
Initialement, les mycobactéries atypiques touchaient de façon prépondérante les personnes infectées par le virus du sida. Depuis 1996, date d’introduction des antirétroviraux de type Highly Active Antiretroviral Therapy (HAART), la situation semble évoluer.
L’incidence des infections à mycobactéries atypiques est en régression chez les sujets atteints de VIH alors qu’elle est en augmentation chez les personnes atteintes de pathologies respiratoires [11]. Les principales pathologies respiratoires associées à un risque accru de mycobactériose atypique sont: la broncho pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les maladies bronchectasiantes, un antécédent de tuberculose, l’asthme, et les pneumoconioses [4,12,13]. Par ailleurs, les glucocorticoïdes inhalés [14], la dénutrition et les traitements immunosuppresseurs sembleraient également être des facteurs de risques de ces infections [4].
Critères diagnostics
Les Mycobactéries atypiques sont, contrairement à la tuberculose, des bactéries non strictement pathogènes pour l’homme. Elles sont en effet dotées d’un pouvoir pathogène différent selon les espèces, posant aux cliniciens des difficultés à établir le diagnostic. En effet, les MA sont des germes ubiquitaires, leur isolation dans les prélèvements bactériologiques, notamment respiratoires, ne signe pas forcément une infection à mycobactérie atypique. Par ailleurs, en pratique clinique, la distinction entre colonisation et infection est loin d’être aisée.
Pour remédier à ces interrogations, la dernière conférence de consensus sur les MA de l’ATS/IDSA de 2007[4] a clarifié les critères diagnostics des infections à MA. Le diagnostic d’infection repose sur la présence de critères cliniques, bactériologiques et radiologiques.
Les critères cliniques exigés sont la présence de symptômes respiratoires compatibles avec une mycobactériose atypique, tels que la toux, des expectorations, des hémoptysies ou une dyspnée. Les critères radiologiques sont définis par la mise en évidence d’anomalie à la radiographie du thorax. La radiographie doit être complétée, si possible par une tomodensitométrie haute résolution. Ces anomalies sont des opacités excavées, des micronodules généralement de disposition Centro lobulaires (de type bronchogènes), des nodules pulmonaires ou des bronchectasies.
Les critères bactériologiques sont définis par la présence d’au moins un des critères suivants:
-la présence d’au moins deux prélèvements positifs provenant d’un examen cytobactériologique des crachats ou d’un tubage gastrique.
-un prélèvement provenant d’une analyse d’un lavage bronchioloalvéolaire ou d’une aspiration bronchique. -un prélèvement issu d’une biopsie montrant la présence d’une histologie compatible (granulome ou coloration de Ziehl-Neelsen positive).
L’une des problématiques majeure est la difficulté d’obtention de l’intégralité des critères ATS/IDSA pour les patients porteurs d’une MA. Il est donc indispensable, notamment en ce qui concerne les prélèvements bactériologiques, de les répéter afin de sensibiliser le diagnostic. Un suivi clinique, radiologique et bactériologique est nécessaire si l’on ne dispose pas de tous les critères ATS/IDSA, afin de faire la distinction entre infection et colonisation. Cette distinction est fondamentale pour discuter de la mise en place d’un traitement antibiotique, car ce sont des traitements longs, contraignants, et engendrant de nombreux effets secondaires.
Principes thérapeutiques
Traitement médicamenteux
La prise en charge thérapeutique des patients atteints de mycobactérie atypique peut être considérée comme un challenge. En effet, la pathogénicité, les modes de présentation radio-clinique, l’évolutivité et le pronostic distincts selon l’espèce de MA rendent le traitement des mycobactéries atypiques l’un des plus difficiles en médecine.
Par ailleurs, les mycobactéries atypiques présentent de nombreuses résistances aux antibiotiques. De plus, il n’y a fréquemment pas de corrélation entre leurs susceptibilités in vitro aux antibiotiques et l’efficacité clinique de ceux-ci [51], compliquant encore une fois la décision thérapeutique.
Le traitement des MA est prolongé, entraine de nombreux effets secondaires et n’est pas suffisamment efficace [47,48]. Par exemple, pour MAC mycobactérie atypique la plus fréquente, le taux de guérison estimé par méta analyse est seulement de 40% [49]. Pour ces raisons, il est nécessaire d’établir un suivi du patient sur quelques mois, afin de se faire une idée du type d’atteinte présenté par le patient, et de son évolutivité, la distinction entre colonisation et infection à MA est primordiale. On tentera également, d’évaluer son adhérence au traitement avant de débuter une antibiothérapie. L’objectif de cette démarche est d’évaluer les bénéfices et les risques du traitement antibiotique.
L’antibiogramme n’est indispensable que pour certaines espèces de MA: MAC, M. kansasii, et M. abscessus [4]. Pour, MAC et M. kansasii, l’antibiogramme est nécessaire afin de tester la sensibilité du germe à la molécule clé, qui en cas de résistance, sera prédictive d’échec thérapeutique. Pour M. abscessus, pour lequel le traitement est mal codifié, le but de l’antibiogramme est d’établir l’association thérapeutique adaptée à ce germe résistant à de nombreux antibiotiques. Pour les autres mycobactéries, comme M. xenopi, il est démontré qu’il n’y a pas de corrélation entre efficacité in vitro et le succès thérapeutique in vivo [51].
Le choix de l’antibiothérapie dépend du germe, il existe généralement une molécule clé qui sera associée à d’autres molécules. L’antibiothérapie est choisie en fonction de l’espèce de mycobactérie atypique, elle se compose d’une molécule clé associée aux autres antibiotiques. On utilise une association d’antibiotiques afin de ne pas sélectionner de mutant résistant à la molécule clé. La durée du traitement est en moyenne de 12 mois après la négativation des prélèvements bactériologiques [4]. Le détail des antibiothérapies pour les principaux germes est présenté au chapitre V. Le tableau 2 résume les principaux antibiotiques pouvant être utilisés selon l’espèce de mycobactérie en cause.
Les mesures non médicamenteuses sont par ailleurs primordiales. Il conviendra de lutter contre les facteurs favorisants ou aggravants l’infection, tels que la dénutrition et le reflux gastro-oesophagien, et d’améliorer l’hygiène bronchique (par de la kinésithérapie de drainage bronchique, et des aérosols mucolytiques).
Traitement chirurgical
Etant donné le taux de guérison sous optimal des patients infectés à mycobactéries atypiques, le traitement chirurgical peut être considéré comme une alternative. En effet, pour MAC [48,49] mycobactérie la plus fréquente, mais aussi pour M. abscessus, connue pour avoir une résistance particulière au traitement antibiotique [4], le taux de guérison des patients est faible.
Les conséquences de la destruction du parenchyme pulmonaire causées par les mycobactéries atypiques sont importantes et grèvent le pronostic des patients. Elles engendrent des insuffisances respiratoires chroniques, et des complications majeures telles que les hémoptysies.
Chez ces patients, plus l’infection progresse, plus la destruction parenchymateuse est importante. Lorsque l’infection n’est pas maitrisée, des quantités importantes de MA peuvent se disséminer dans le reste du parenchyme, aggravant les lésions pulmonaires.
Les objectifs de la chirurgie sont:
Premièrement, d’obtenir une régression ou l’arrêt de la progression de la maladie, pour les patients chez qui l’antibiothérapie ne permet pas une évolution favorable. La résection des zones parenchymateuses les plus atteintes pourraient augmenter l’efficacité du traitement antibiotique en diminuant la quantité de germe [53].
Deuxièmement, de prévenir les rechutes ou la réinfection pour les patients ayant obtenu une guérison bactériologique [53]. La résection des zones détruites permettrait de laisser uniquement des zones de parenchymes sains.
Le traitement par chirurgie doit être discuté au cas par cas. La chirurgie doit être envisagée chez les patients ayant une forme cavitaire d’évolution plus rapide en termes de destruction parenchymateuse [4], notamment chez les patients infectés à MAC en situation de rechute ou d’échec thérapeutique. Les patients présentant une atteinte de type broncho-nodulaire, d’évolution moins agressive peuvent également être éligibles à la chirurgie [50].
Il est décrit trois types d’indications chirurgicales [4,53]:
En premier lieu, les pathologies induites par une infection à MA localisée, chez qui le traitement antibiotique est non optimal en terme de négativation bactériologique et de symptômes. Le but de la chirurgie pour cette indication est de supprimer le foyer infecté non accessible au traitement médical.
En second lieu, les complications liées aux formes fibro-cavitaires des infections à mycobactéries atypiques comme les hémoptysies ou les aspergillomes. Enfin, les nodules solitaires provoqués par une mycobactérie atypique, permettant de ne pas avoir recours à un traitement antibiotique ultérieur [4].
En termes d’efficacité bactériologique, les résultats semblent satisfaisants lorsque le traitement chirurgical est associé au traitement antibiotique. Dans une étude récente chez des patients infectés à MAC avec une forme localisée, 84% avaient une négativation bactériologique [50]. Chez les patients infectés à M. abscessus, Jarand et al. obtenaient un taux de négativation bactériologique doublé chez les personnes traitées conjointement par chirurgie et antibiotiques, en comparaison à celles traitées par antibiotiques seuls (58% vs 22%, P = 0,22) [41].
Idéalement, il est recommandé une négativation des prélèvements bactériologiques pendant au moins trois mois avant d’envisager une opération, dans les cas où la MA est sensible au traitement. Par ailleurs, les mesures non médicamenteuses sont également fondamentales.
Présentations cliniques, radiologiques, et thérapeutiques selon l’espèce de mycobactérie atypique
Mycobacterium avium complex
Mycobacterium avium complex comprend plusieurs mycobactéries atypiques, les deux principales sont M. avium et M. intracellulare. Ces deux mycobactéries ne peuvent être différenciées par les techniques physiques et biochimiques usuelles [4], mais uniquement par l’analyse de leurs ADN. Les mycobactéries atypiques du complexe MAC sont les MA les plus fréquemment isolées en France, où elles représentent un peu moins de la moitié des MA.
Les principaux réservoirs sont l’eau (réseaux d’eaux, sauna, jacuzzi, réservoirs d’eau), les sols ou les animaux (bovins) [4,20]. Il est généralement pensé que la source de contamination privilégiée pour MAC est l’eau [4]. La mortalité toute cause confondue chez les personnes infectées à MAC varie selon les séries entre 23,9 et 40% [8,21].
MAC est responsable de trois types de pathologies: les atteintes respiratoires, les lymphadénites et les infections disséminées prédominant chez les personnes infectées par le VIH. Les atteintes respiratoires induites par Mycobacterium avium complex se distinguent par leurs formes clinico-radiologiques qui conditionnent le pronostic et touchent de façon distincte les hommes et les femmes.
Schématiquement il existe trois formes clinico-radiologiques avec atteinte respiratoire.
Premièrement, la forme fibrocavitaire, touchant préférentiellement les hommes âgés de 40 à 50 ans avec un antécédent de tabagisme ou de pathologie respiratoire [22,52]. Cette forme est de plus mauvais pronostic [4,21]. L’évolution en l’absence de traitement est plus ou moins rapide, en un à deux ans, vers une destruction parenchymateuse et l’insuffisance respiratoire chronique [22,52]. Cette forme pourrait être plus fréquemment induite par M. intracellulare [23].
Deuxièmement, la forme broncho-nodulaire caractérisée par des micronodules de disposition broncho-vasculaire dite «en arbre à bourgeon» (« tree in bud » en anglais), associés à des bronchectasies cylindriques. Ces atteintes radiologiques prédominent au lobe moyen ou dans la lingula. Cette entité clinico-radiologique est appelée le Lady Windermere syndrome et touche préférentiellement les femmes avec un phénotype particulier. Il s’agit de femmes d’âge mûr, présentant un indice de masse corporel bas, et sans comorbidités respiratoires [24-26]. Cette forme est d’évolution indolente et de meilleur pronostic que la précédente [24].
Enfin, il existe une forme caractérisée par une pneumopathie d’hypersensibilité nommée le « hot tub lung disease », due à l’inhalation d’aérosols contenant du MAC [27,28]. Les anomalies radiologiques se caractérisent par des opacités en verre dépoli et une répartition de type « patchy » (alternance de zone saine et de zone en verre dépoli) et des micronodules centrolobulaires [29]. Cette forme touche les personnes fréquentant les saunas ou les jacuzzis [27,28]. Les symptômes sont ceux d’une pneumopathie d’hypersensibilité associant fièvre, dyspnée et autres symptômes respiratoires, de début brutal. L’éviction, plus ou moins associé à une corticothérapie permet l’évolution favorable de cette pathologie sans nécessité de recourir aux antibiotiques [4].
Selon les recommandations de l’ATS/IDSA, l’antibiothérapie de l’infection à MAC comprend la Clarithromycine donnée à 1g par jour, généralement en deux prises. La Clarithromycine constitue la molécule clé de l’antibiothérapie. Les autres antibiotiques sont l’Ethambutol (15mg/Kg/j), la Rifampicine (10 mg/Kg/j). En cas d’infection grave, il est possible d’y associer un traitement d’un mois par aminosides. Par ailleurs, un antibiogramme est nécessaire pour ce germe, notamment pour évaluer sa sensibilité aux macrolides. Il est également possible d’envisager une prise en charge chirurgicale, si l’infection n’est pas maitrisée et que le foyer parenchymateux est localisé.
Mycobacterium xenopi
M. xenopi est la seconde mycobactérie atypique la plus représentée en France métropolitaine [7], mais aussi au Canada et en Grande Bretagne [30]. Les réservoirs sont l’eau (réservoirs naturels et réseaux d’eau, douche), mais aussi les sols [31-33].
M. xenopi touche préférentiellement les patients atteints de pathologie respiratoire en particulier de Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [8,9].
La présentation radiologique la plus décrite est la forme fibrocavitaire des sommets [4], touchant préférentiellement les hommes atteints de pathologies respiratoires [9].
D’autres formes ont été décrites: une forme infiltrative diffuse, touchant des personnes significativement plus jeunes avec une immunodépression systémique [9]; enfin une forme avec un pattern nodulaire, touchant des personnes présentant moins de comorbidités respiratoires ou systémique que les précédentes, et qui serait de meilleur pronostic [9].
Le pronostic des patients atteints de M. xenopi semble défavorable en comparaison aux autres MA [8,9]. La mortalité spécifique des patients infectés à M. xenopi en France serait de 69,1% à 3 ans, et une médiane de survie de 9 mois [9].
L’association thérapeutique et la durée de traitement optimale pour les infections à M. xenopi ne sont pas encore établies de façon formelle. Il est recommandé de réaliser une association fixe d’Ethambutol et de Rifampicine à laquelle s’ajoutera soit de la Clarithromycine ou de Moxifloxacine.
Mycobacterium kansasii
M. kansasii était la MA la plus fréquente dans le monde avant l’épidémie du SIDA. Aujourd’hui il s’agit de la troisième MA la plus fréquente en France [7], et de la seconde aux Etats Unis [4]. Le réservoir principal est l’eau, notamment du robinet et se concentre en zone urbaine [4]. Le mode d’acquisition se ferait par l’inhalation de la mycobactérie.
M. kansasii est la mycobactérie qui se rapproche le plus de M. tuberculosis du point de vue clinico-radiologique, de sa pathogénicité ou de sa sensibilité aux antibiotiques [4].
La présentation radiologique était dans la plus grande majorité des cas (90%) fibrocavitaire, selon les anciennes séries [22,34,35]. Dans des études plus récentes la forme fibro-cavitaire serait moins fréquente entre 44 et 54%, touchant principalement des hommes avec des comorbidités respiratoires, aucun n’était atteint de VIH [36,37]. Des formes associant nodules et bronchectasies sont également décrites [38,39].
Du point de vue thérapeutique, M. kansasii est sensible aux thérapeutiques utilisées pour la tuberculose, pour cette raison elle est qualifiée de « la plus simple à prendre en charge». Le pilier de l’antibiothérapie est la rifampicine, il est donc indispensable de réaliser un antibiogramme pour cette molécule afin de prédire de la réponse au traitement. Les autres molécules utilisables en association avec la Rifampicine sont: l’Isoniazide, l’Ethambutol, les Macrolides ou les Aminosides [4]. Comme toujours, il est indispensable d’utiliser une association d’antibiotiques afin de ne pas développer des mutants résistant à la Rifampicine. La durée de traitement recommandée par l’ATS/IDSA est de 12 mois après négativation des prélèvements.
Les mycobactéries à croissance rapide
Ces mycobactéries atypiques représentent après MAC la deuxième espèce la plus représentée aux Antilles et en Guyane [10].
M. abscessus
M. abscessus est la principale mycobactérie de ce groupe représentant 80% de celles-ci [40]. Cette mycobactérie touche principalement les personnes d’ethnie blanche, les femmes non fumeuses âgées de plus de 60 ans sans antécédents particuliers [4,40], mais aussi les patients atteints de reflux gastrooesophagien, de bronchectasies, et de mucoviscidose [40].
Il semblerait y avoir une interrelation entre MAC et M. abscessus. En effet, la moitié des patients de la cohorte de Jarand et al. avaient une infection concomitante ou un antécédent d’infection à MAC [41], ces constatations étaient retrouvées dans de plus faibles proportions dans l’étude de Griffith et al. [40].
Pour M. abscessus, il n’y a pas de forme radiologique caractéristique. Les principales lésions radiologiques sont caractérisées par des infiltrats réticulo-nodulaires de type « patchy », prédominant aux lobes supérieurs, et touchant plusieurs lobes [40]. La forme excavée est moins fréquente, et correspond à 15% des cas de mycobactériose induit par M. abscessus [40]. Il est également décrit des formes micronodulaires associées à des bronchectasies cylindriques similaires à celles induites par MAC [4].
Les pathologies respiratoires en lien avec M. abscessus sont d’évolution plus indolente que l’infection à MAC. La pathologie est d’évolution plus chronique sans guérison possible dans la plupart des cas [4]. En effet, l’éradication bactériologique est beaucoup plus compliquée que pour MAC, du fait d’une résistance importante de ces germes aux antibiotiques. La mortalité toute cause confondue est par contre moins importante, de l’ordre de 15,9% à 3 ans [41].
Matériels et Méthodes
Schéma de l’étude
Il s’agit d’une étude rétrospective, multicentrique et observationnelle réalisée sur une période de dix ans, entre 2002 et 2012, dans trois CHU Français: Montpellier (France métropolitaine), Fort de France (Martinique) et Pointe à Pitre (Guadeloupe).
Sélection des patients
Tous les patients ayant un prélèvement bactériologique positif, quel que soit leur statut d’immunodépression, étaient inclus. Le critère d’exclusion était un âge inférieur à 13ans. Les patients ont été sélectionnés à partir des bases de données informatisées des laboratoires bactériologiques des trois établissements participant à l’étude. Lorsqu’un patient présentait les critères d’inclusion, le dossier médical était analysé pour en extraire les informations nécessaires à notre étude.
Considérations éthiques
Les patients ayant participés à l’étude avaient donné leur consentement écrit, à l’aide d’un formulaire qui leur était envoyé. Pour les patients mineurs, le consentement était donné par les parents.
Cette étude a été approuvée par le Comité d’Évaluation des Protocoles de Recherche Observationnelle de la Société de Pneumologie de Langue Française, numéro IRB 2015-003.
Données
Pour décrire les caractéristiques des patients analysés, nous avons recueilli les données cliniques, bactériologiques, radiologiques, thérapeutiques et les données concernant le devenir des patients.
Les données concernant le terrain des patients
Les éléments suivants ont été recueillis :
-l’âge, le sexe, le département de résidence, la notion d’une intoxication tabagique, alcoolique ou la consommation de narcotiques.
-les antécédents de pathologies pulmonaires.
-une immunodépression: séropositivité pour le VIH (le nombre des lymphocytes CD4 au moment du diagnostic était reporté), un diabète ou la prise d’immunosuppresseurs. Les traitements immunodépresseurs étaient des traitements utilisés pour les greffes d’organes, ou pour les pathologies inflammatoires notamment articulaires, ainsi que les traitements corticoïdes à plus de 2 grammes de dose cumulée par an.
Les données concernant les symptômes
Les symptômes respiratoires ou généraux, présents au moment du diagnostic ainsi que le mode de découverte de la mycobactériose atypique (principale raison ayant amené à la recherche de mycobactérie) étaient relevés.
Les données bactériologiques
Le type de prélèvements bactériologiques (examens cytobactériologiques des crachats, tubages gastriques, hémocultures, liquides de lavages broncho alvéolaires ou d’aspiration bronchique, liquides pleuraux, prélèvements per opératoires), l’espèce de mycobactérie atypique, et le nombre de prélèvements bactériologiques positifs étaient répertoriés.
Les laboratoires de bactériologie de Guadeloupe, Montpellier et de Martinique ont des unités spécialisées dans la recherche de mycobactéries tuberculeuses et non tuberculeuses, référencées et validées au niveau national.
Les données radiologiques
Les principales anomalies radiologiques thoraciques étaient reportées : opacité excavée, nodule pulmonaire, micronodules bronchogènes, foyer alvéolaire, épanchement pleural, adénopathie médiastinale supra centimétrique, bronchectasies surinfectées. Les examens d’imageries étaient interprétés par des radiologues spécialisés en imagerie thoracique.
Les données thérapeutiques
Un traitement antibiotique, la molécule antibiotique, le nombre d’antibiotiques et la durée du traitement, étaient relevés.
Les données concernant le devenir des patients à un an
La disparition ou la persistance des symptômes ayant amené au diagnostic, le décès, la découverte d’une tierce maladie, l’évolution radiologique (régression ou disparition des lésions initiales), la négativation des prélèvements bactériologiques étaient répertoriés.
Critère de jugement
Le critère de jugement principal est un critère composite, défini par la disparition à un an, des symptômes respiratoires et/ou généraux présentés lors du diagnostic, et par l’amélioration radiologique à un an. L’amélioration radiologique était caractérisée par la régression voire la normalisation des lésions radiologiques présentées lors du diagnostic.
Lorsque les patients présentaient ces deux caractéristiques, ils étaient définis comme ayant le statut amélioré .Nous avons alors formé deux groupes: un au statut amélioré et un au statut non amélioré afin d’analyser les variables associées au critère de jugement principal.
Il n’y a pas de critère de jugement secondaire.
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Table des matières
LES MYCOBACTERIES ATYPIQUES: HISTORIQUE ET GENERALITES
I] Définitions et Caractéristiques des mycobactéries atypiques
II] Epidémiologie et pathogénèse
III] Critères diagnostiques
IV] Principes thérapeutiques
A] Traitement médicamenteux
B] Traitement chirurgical
V] Présentations cliniques, radiologiques, et thérapeutiques selon l’espèce de mycobactérie atypique
A] Mycobacterium avium complex
B] Mycobacterium xenopi
C] Mycobacterium kansasii
D] Les mycobactéries à croissance rapide
1) M. abscessus
2) M. fortuitum
VI] Annexes
Tableau 1- Classification des mycobactéries atypiques selon Runyon [3].
Tableau 2- Prise en charge thérapeutiques des principales mycobactéries atypiques isolées en France (adapté de [3])
Figure 1- Classification des mycobactéries.
Figure 2- Pathogénicité relative de la tuberculose et des principales mycobactéries atypiques (adapté de [54]).
FACTEURS PREDICTIFS D’UNE EVOLUTION CLINIQUE ET RADIOLOGIQUE FAVORABLE A UN AN CHEZ 119 PATIENTS ATTEINTS DE MYCOBACTERIOSE ATYPIQUE: ETUDE RETROSPECTIVE MULTICENTRIQUE ENTRE 2002 ET 2012
I] Introduction
II] Matériels et Méthodes
A] Schéma de l’étude
B] Sélection des patients
C] Considérations éthiques
D] Données
E] Critère de jugement
F] Analyses statistiques
III] Résultats
A] Analyse univariée
B] Analyse multivariée
Tableau 1 – Caractéristiques générales des patients
Tableau 2 – Caractéristiques cliniques des patients
Tableau 3– Caractéristiques radiologiques des patients
Tableau 4–Caractéristiques bactériologiques des patients
Tableau 5– Caractéristiques thérapeutiques des patients
Tableau 6–Devenir des patients à un an
Tableau 7– Facteurs associés avec le statut amélioré à un an, analyse multivariée
IV] Discussion
REFERENCES
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