Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
SPECIFICATION EN PROFONDEUR
A la différence des spécifications verticales qui visent à exposer la pensée platonicienne de l’éducation, la spécification en profondeur a pour finalité de déterminer l’angle à privilégier pour bien approfondir la problématique de notre investigation. Dans cette section, il ne s’agit pas de traiter directement la problématique, mais il s’agit de définir et d’expliquer l’angle à considérer permettant d’aborder la question fondamentale traitée par le thème. Dans notre travail de recherche, nous effectuons une recherche évaluative. Cette réflexion sert, d’une manière générale, à évaluer la théorieplatonicienne de l’éducation. Evaluer cette théorie c’est préciser ce qu’elle vaut. Notre recherche n’a pas uniquement pour but d’en déterminer la valeur, mais d’essayer également de concevoir, à partir de cette valeur, une nouvelle théorie de l’éducation qui permet à tout citoyen de se développer dans toutes ses dimensions. En définitive, l’évaluation est l’angle à considérer pour réaliser notre investigation.
Evaluer la théorie platonicienne de l’éducation consiste à porter un jugement en faisant référence à certaines valeurs : une valeur épistémologique et une valeur philosophique. En effet, cette théorie peut se présenter sous deux aspects : l’aspect épistémologique conçu et organisé suivant une méthode rigoureuse d’une part, et l’aspect philosophique d’autre part. Dans le contexte épistémologique, la valeur à laquelle cette théoriese réfère, en général, n’a pas un caractère moral ou politique mais plutôt un caractère méthodologique. Nous admettons que la théorie platonicienne de l’éducation a une valeur rationnelle et universelle. Quant au contexte philosophique, la pensée platonicienne de l’éducation s’évalue par rapport aux fins que l’éducation assigne à l’existence humaine. Nous supposons que cette théorie « désexistentialise » l’homme.
La théorie platonicienne de l’éducation a une valeur épistémologique rationnelle et universelle. Cette valeur est caractérisée par la nature des éléments et la méthode avec laquelle l’auteur de La République conçoit sa pensée éducative. L’analyse de cette dernière nous permet de dire que la réalité négative de la cité athénienne au temps dePlaton et l’idéal sont les deux éléments fondamentaux sur lesquels se fonde la théorie platonicienne de l’éducation. L’injustice est la réalité objective de cette réalité négative, tandis que la justice est la réalité subjective de l’idéal. Pour déterminer ce dernier, Platon utilise une méthode qui suit un raisonnement logique et rationnel. Pour lui, la négation de la réalité négative est le principe d’identification de l’idéal. Cela signifie que l’idéal est la négation de la réalité négative. Comme cette dernière désigne l’injustice, l’idéal prend la figure de la négation de l’injustice. Le terme injustice est composé du préfixe « in » e t du nom « justice ». Le préfixe « in » marque la privation, la négation. De cette signification, nous déduisons que l’injustice est une négation de la justice. En substituant l’injustice par son sens, l’idéal de Platon, qui se définit parla négation de l’injustice, prend la figure de la négation de la négation de la justice. Or, selon la règle de la logique qui soutient l’idée selon laquelle la négation de la négation est une affirmation (non non P = P). Nous pouvons affirmer par déduction que l’idéal de Platon est la justice. Par conséquent, la réalité négative et l’idéal sont les deux principaux éléments à tenir compte pour élaborer une théorie éducative. Ils sont le principe de base de cette dernière. Ils varient d’une société à l’autre. Malgré cette variation, ils sont omniprésents dans toute conception théorique de l’éducation. C’est sur la base de leur présence au sein de toute théorie éducative que repose la valeur épistémologique universelle de la théorie platonicienne de l’éducation ; tandis que la valeur épistémologique rationnelle de cette dernière se justifie par la démarche logique et rationnelle de l’instauration de cette théorie.
A cette valeur épistémologique universelle de cette théorie éducative de Platon s’ajoute la valeur philosophique. Cette valeur se manifeste par la « désexistentialisation » 22 de l’homme qui est constituée par une double méconnaissance : la méconnaissance de la dimension subjective de l’homme et la méconnaissance de la dimension relationnelle de l’homme avec le monde. La théorie platonicienne de l’éducation ignore la dimension subjective de l’homme. Cette ignorance s’explique par la non considération du choix du citoyen lors de la détermination de sa fonction. Selon la logique conceptuelle de l’existentialisme, l’absence de choix montre l’absence de liberté. Cette présence de l’absence de choix, dans la théorie platonicienne de l’éducation, se traduit comme « désexistentialisation » de l’homme dans la mesure où l’existence est une liberté. Quant à la dimension relationnelle de l’homme avec le monde, elle justifie cette « désexistentialisation » de l’homme dans le sens qu’aucun programme d’études, concernant non uniquement le monde mais aussi le rapport de l’homme avec ce monde, ne figure dans le programme d’études de la théorie platonicienne de l’éducation. Or, la connaissance de ce monde permet à l’homme de se projeter, de se développer pour être et pour exister.
En outre, nous ne pouvons imaginer aucune existence qui ne s’enracine pas dans et sur la terre. C’est de cette manière que la non connaissance du rapport de l’homme avec le monde démontre également la « désexistentialisation » de l’homme comme la méconnaissance de sa dimension subjective.
Il a été affirmé que la valeur philosophique de lathéorie platonicienne de l’éducation « désexistentialise » l’homme. Cette « désexistentialisation »
constitue un obstacle au développement humain dans toutes les dimensions. Comme cette théorie ne permet pas à l’homme de s’épanouir, il est donc primordial d’essayer d’élaborer une théorie nouvelle de l’éducation permettant à tout individu d’exister. Cette élaboration est fondée sur la valeur de la théorie platonicienne de l’éducation. En d’autres termes, elle est dictée par la valeur épistémologique de cette dernière. En ce sens, il autf tenir compte de la réalité négative de notre époque et l’idéal qui n’est autreque la négation de cette réalité négative. D’après ce que nous avons vu auparavant, la pauvreté est notre problème social. Cette pauvreté « désexistentialise » l’homme ; la négation de cette « désexistentialisation » détermine notre idéal ; ce qui implique que l’idéal c’est de le faire exister. Pour y parvenir, il est absolument nécessaire que la théorie nouvelle de l’éducation econnaisser non seulement la dimension subjective de l’homme mais aussi la dimension relationnelle de l’homme avec le monde. Cette reconnaissance détermine le statut ontologique de cette nouvelle théorie de l’éducation sans pour autant ignorer la réalité négative et l’idéal de notre époque. Par conséquent, la nouvelle théorie de l’éducation est la réalité objective de la valeur pistémologique de la théorie platonicienne de l’éducation et de la négation de sa valeur philosophique. Elle est la progression, l’actualisation et la conséquence objective de cette théorie éducative platonicienne.
CADRE CONCEPTUEL
Ce chapitre consiste à identifier la méthode adoptée et les concepts utilisés tout au long de notre investigation, méthode et concept étant les deux éléments fondamentaux qui constituent le cadre conceptuel. La méthode est le cheminement intellectuel conduisant à la résolution de la problématique, tandis que les concepts sont les éléments à organiser pour pouvoir argumenter. Ils ont pour finalité de former une pensée logique, cohérente et rationnelle. Ils attestent la validité de la thèse. Voilà pourquoi, il est nécessaire de les présenter dans ce projet de thèse. La question est donc de savoir quelle méthode avons-nous adoptée pour bien entreprendre notre recherche ? Quels sont les concepts clés que nous allons utiliser ?
PRESENTATION ET JUSTIFICATION DE LA METHODE
La méthode génétique est la principale méthode quenous adoptons pour effectuer notre recherche. Dans cette méthode, il s’agit d’analyser l’évolution ontologique de la théorie platonicienne de l’éducation. Cette évolution est caractérisée par le développement de cette théoriequi se fait en trois moments fondamentaux : sa genèse, sa manifestation et sa conséquence. Chaque moment de ce développement désigne une partie de notre travail. En effet, ces trois moments de notre méthode forment les trois parties de notre argumentation. On peut dire que cette méthode commande les parties de notre recherche. Ces parties constituent l’ossature formelle de notre investigation.
Dans un premier moment, notre étude a pour but de déterminer la source de la théorie platonicienne de l’éducation. Cette dernière a pris sa source dans les quatre expériences suivantes : l’expérience existentielle de Platon, l’expérience historique de l’injustice, l’expérience spéculative de l’allégorie de la caverne et l’expérience politique de Sparte. L’expérience existentielle de Platon atteste que sa théorie éducative est le fruit de sa réaction vis-à-vis de la réalité athénienne. L’expérience historique de l’injustice démontre la raison d’être de la théorie platonicienne de l’éducation. L’expérience mythique exposée à travers l’Allégorie de la caverne la justifie. Enfin, l’expérience politique de Sparte constitue son modèle. Bref, la théorie éducative de l’auteude La République a plusieurs sources : source existentielle, historique, mythique et politique.
Dans un second moment, il sera question d’analyser la théorie platonicienne de l’éducation. Cette analyse vise justement à déterminer la valeur de cette dernière. Pourtant, il n’est pas possible de connaître ce que vaut une chose sans savoir exactement ce qu’est cette chose. Cela implique que pour pouvoir définir la valeur de cette théorie éducative, il est absolument nécessaire de savoir comment Platon conçoit l’éducation ? Quel programme d’études préconise-t-il dans sa théorie ? Et quellefonction joue cette théorie éducative ? Ce n’est qu’après avoir répondu à ces roist questions fondamentales que nous serions en mesure d’identifier la limite et la portée de la pensée éducative de Platon.
Le troisième moment de la réflexion consiste à essayer d’établir une nouvelle théorie éducative. Son établissement s’élève sur la base de la valeur de la théorie platonicienne de l’éducation. Cela signifie que cette théorie nouvelle est la conséquence de cette dernière. Dans ce moment, il s’agit de réfléchir sur le statut ontologique de la nouvelle théorie éducative.
DEFINITIONS DES CONCEPTS UTILISES
Ces définitions des principaux concepts clés qui seront utilisés dans la future thèse sont tirées des ouvrages de Platon présentés et commentés par Bernard PIETRE, Livre VII de La république, Paris, Fernand Nathan, 1981, 112 pages ; et par Tiphaine KARSENTI et Yannis PRELORENTZOS, La République, Livre VI et VII Analyse, Paris, Hatier, 2000, 222 pages.
Allégorie : Suite d’éléments descriptifs ou narratifs correspondant aux divers détails d’une idée qu’ils prétendent exprime.
Ame (psyché) : Partant de la définition fondamentale entre le domaine intelligible et le domaine sensible, Platon considère que les êtres vivants possèdent un corps et une âme. Elle est principe de vie qui anime le corps et a un statut intermédiaire entre le sensible et l’intelligible. L’expérience des conflits et des contradictions internes à l’âme hum aine pousse Platon à en proposer, dans La République IV (435b – 445b) une division tripartite, sans toutefois contester l’unité de cette âme. Elle est composée de trois parties ou éléments (facultés) :
– La partie rationnelle (logistikon) qui nous permet d’accéder à la connaissance vraie.
– La partie irascible ou agressive (thumocidès), responsable de l’ardeur.
– La partie désirante (epithumétikon), responsable de l’ensemble des appétits.
Cette tripartition de l’âme est expliquée, dans l e Phèdre (246a-b et 253c -254b), à travers le mythe de l’attelage ailé. L’âme est représentée comme un tout formé d’un cocher et de deux chevaux, un blanc et un noir. La raison (le cocher) a pour tâche de maîtriser l’énergie débordante de l’irrationnel : de la manière douce en ce qui concerne la partie irascible de notre âme (le cheval blanc), car elle est douée de pudeur (aidôs ) et de manière forte en ce qui concerne nos désirs ( le cheval noir), car ils sont caractérisés par la démesure ou excès (hubris).
Les âmes sont inengendrées et immortelles (cf. nota mment Phèdre 245c -246a et Lois, X, 892a – 899c). A travers cette thèse et celle de réincarnation, Platon tente d’attribuer un sens et une valeur à la qualité de notre conduite dans cette vie, qui est fonction de notre connaissance de la vérité. Lorsqu’une âme tombe du ciel, lieu de séjour primitif de toute s les âmes, elle s’attache à un corps (Phèdre, 246b-c), qui est toujours un corps humain à la première génération, mais qui par la suite peut être un corps de bête suivant la manière dont l’âme a mené son existence. Les diverses inca rnations d’une âme dépendent en définitive de la qualité et de la durée de sa vision intelligible qui s’exprime concrètement dans une manière d’agir conforme ou non à la justice.
Anhypothétique (anypothéton) : Il s’agit du principe de toutes les choses (Livre VI de La république, 511b), ce qui nous pousse à l’assimiler à l’Idée du Bien qui est à l’origine unique de toutes choses. Ce principe est universel, absolu et inconditionné. Il est l’objet de la recherche dialectique, puisque dans celle-ci l’âme ne peut pas se contente r d’hypothèses. Elle voit qu’elles ne sont pas fondées ; elle cherche quelque chose de stable et de solide. Par ailleurs, le principe anhypothétique régit le double mouvement de la dialectique : ascendant et descendant. Pour Socrate, ce terme consiste à distinguer, à l’intérieur du domaine intelligible, la dialectique des sciences mathématiques, qui se servent d’hypothèses, dont elles ne se rendent pas compte. Comme la dialectique est supérieure à toute autre science, elle ne peut pas se contenter d’hypothèses.
Le Bien (agathon) : Le Bien n’est pas une qualité mais un être. Il est même l’être le plus excellent de tous, puisque l’Id ée du Bien est la réalité la plus importante du domaine intelligible. Le Bien ne doit donc être confondu ni avec le plaisir ni avec la réflexion ou la pensée ; car il y a des plaisirs mauvais ou sensuels qui nous clouent au domaine sensible, et la définition platonicienne de la réflexion implique le Bien. En effet, la réflexion est nécessairement réflexion de quelque chose et son objet ne peut être que la r éalité suprême.
Le Bien est l’être suprême. Il est le principe onto logique, épistémologique, pratique (éthique et politique) de toute la philosophie platonicienne. Il est la cause unique de tout être, de toute connaissance vraie, et de toute valeur. Platon considère la connaissance du Bien comme condition nécessaire de toute sagesse que ce soit dans la vie privée ou dans la vie publique. Il est également conçu comme référence ultime des philosophes, dirigeants de la cité dans toutes leurs activités : politiques ou personnelles. Si cette connaissance fait défaut, toute valeur y compris la justice (objet principal de La République), reste sans fondement et on est conduit au relativisme moral.
Toutefois le Bien-cause ne se réduit pas à ses effets ; il leur est toujours supérieur, voire transcendant, selon la thèse platonicienne suivante : les effets ressemblent à la cause, sans toutefois pouvoir se confondre avec elle. Si la nature du bien est difficile à cerner, elle n’est pourtant pas insaisissable. Sa contemplation n’est seulement possible que par le biais de la partie la plus noble de notre âme, plus précisément la raison ; mais aussi constitue exclusivement la tâche du véritable dialecticien pl atonicien, capable d’en donner une définition qui ne s’appuie pas sur l’opinion, mais se fonde sur l’essence même du Bien.
Cité : En Grec polis, d’où dérivent les mots politiké (politique), politeia (constitution, régime), politès (citoyen). La polis est en effet pour un grec le cadre de la vie politique ; c’est pourquoi on la traduit souvent aussi par Etat. Mais la Polis grecque n’a qu’une étendue territoriale très limitée. Par exemple la Cité ou Etat Athénien regroupe la ville d’Athènes et les terres environnantes d’Attique. La cité modèle de La République de Platon est souvent désignée par le terme callipolis qui signifie littéralement la belle citée.
Communisme : Le communisme de Platon s’explique par la vie communautaire des gardiens qui supprime radicalement toute trace de propriété privée y compris celle des enfants et des femmes. Dans ce communisme, les mères remettent les enfants à leur naissance aux soins de femmes et d’hommes chargés par la Cité de leur éducation. Mais ce communisme a peu de chose à voir avec le communisme marxiste, dans la mesure où celui de Platon s’inscrit dans le cadre d ’une cité aristocratique et foncièrement inégalitaire. Cette inégalité se montre sur le fait que la cité est divisée en trois classes, et que le communisme n’est appliqué que pour les deux classes nobles : les gardiens et les philosophes. Celui de Marx repose sur une valorisation du travail et de la classe laborieuse, alors que celui de Platon repose sur une valorisation des tâches nobles et in tellectuelles (la guerre et la philosophie) et une dévalorisation des classes laborieuses travaillant avec leur corps.
Croyance : Faculté de l’âme qui saisit la réalité sensible du domaine sensible perceptible par le sens. Le devenir : Il est tout ce qui passe, dans le temps, ce qui advient et disparaît, naît, se développe puis se corrompt et eurtm. Il s’oppose à l’être éternel. Sont éternels les Idées, la Justice, la Beauté et Dieu. Dialectique : la dialectique est une méthode d’enquête philosophique instaurée par Socrate et perfectionnée par Platon. Son point de départ, comme l’indique l’étymologie du terme, est le dialogue. Ce dernier est caractérisé par l’échange d’interrogations et de réponses sur les ujets les plus importants de l’ontologie, de la gnoséologie, de l’anthropologie, de l’éthique, de la politique et de l’esthétique. La dialectique socratique se consacre surtout sur le dépistage de la fausseté des opinions prédominantes sur divers sujets, sans réussir toutefois à découvrir le vrai ; tandis que la dialectique platonicienne consiste à se détacher des données incertaines du domaine sensible pour accéder à la stabilité et à la certitude du domaine intelligible constituée par les Idées.
La dialectique platonicienne est donc la seule méthode qui tente de saisir l’essence de chaque chose (La République, 533b). La capacité d’échanger des discours raisonnés qu’est la dialectique n’est possible ni à travers les sens, ni à travers les images sur lesquelles s’appuie la raison pour saisir les objets mathématiques. La dialectique ne fait usage d’aucun sens. Seule l’intelligence saisit les Idées puisque, à travers elle l’âme accède immédiatement à l’intelligible. A cette caractéristique de la dialectique s’ajoute son opposition aux arts ou techniques. Les techniques s’occupent uniquement des opinions et des désirs des hommes et ne servent qu’à la production et au traitement des produits. Cette opposition se manifeste également aux cinq études propédeutiques (arithmétique, géométrie, stéréométrie, astronomie et harmonie). Ces études nous permettent de nous détacher des opinions et de saisir quelque chose d’immuable, mais présentent une dépendance aux images et aux hypothèses non vérifiées comme point de départ. Elles ne s’appuient pas sur un principe universellement valable. Par conséquent, la dialectique est supérieure qualitativement par rapport aux techniques et aux études propédeutiques.
La supériorité qualitative de la dialectique se montre non seulement sur le fait qu’elle fait totalement abstraction des choses sensibles, mais en mettant systématiquement en doute ses hypothèses de départ .Elle s’élève au-dessus des hypothèses jusqu’au principe de toutes choses. Ce principe est anhypothétique. Cela ne signifie pas que les études propédeutiques ne sont pas inutiles. Elles sont nécessaires pour l’avènement de la dialectique, mais non suffisantes. Car la dialectique est la seule étude qui arrive au degré suprême de certitude. Elle mérite donc d’être appel ée Science, terme improprement utilisé à propos de toutes les autres études.
La dialectique est caractérisée par un double mouvement : la dialectique ascendante et la dialectique descendante. La première est déterminée par l’élévation de l’âme vers le principe anhypothétique. Une fois ce principe saisi, l’âme redescend à la conclusion en se servant uniqu ement d’Idée, et non d’images ou des choses sensibles, c’est la dialectique descendante. La dialectique est l’un des termes techniques essentiels du vocabulaire de Platon.
Être (on) : To on est à l’origine du terme ontologie qui désigne le domaine de la philosophie qui s’occupe de l’être en tant que tel. Il est le participe présent du verbe « être » einai et signifie donc ce qui est ou existe réellement. La traduction littérale serait « l’étant ». Mais to on n’était pas un terme purement philosophique en grec ancien. Ce n’est qu’un mot courant à l’époque. Il était fréquemment employé, même par Platon, comme synonyme de prâma désignant chose. Dans La République, qui constitue l’aboutissement des dialogues de maturité de Platon, le philosophe athénien insiste sur la différence entre l’être, qui est éternel et immuable, et les choses multiples. Le terme être est quasi synonyme de l’essence qui vie nt du latin esse qui signifie être. L’Être s’oppose au devenir, comme la stabilit é, la permanence, l’éternité, s’opposent à l’instabilité, à l’éphémère. Les Idées, comme la justice, le bien et le Vrai . . . sont éternelles et immuables : ce sont donc des essences, ou encore des choses qui sont, des êtres éternels.
Eugénisme : Théorie selon laquelle il est possible d’améliorer la race par l’accouplement d’individus sélectionnés. Pour Platon, il est possible d’assurer la pérennité de la Cité parfaite en mariant entre eux les meilleurs éléments des gardiens de la Cité. Ces mariages obligatoires préparés en secret par les gouvernements auront cependant l’air d’être l’objet du hasard. Les mariages seront apparemment la conséquence du tirage au sort.
Etude (mathèma) : Nous traduisons par « étude » le terme grec mathèma, qui a été le plus souvent rendu par « science », traduction que nous réservons pour épistème. Socrate qualifie d’« études », d’abord l’Idée du Bien, puis tous les domaines de connaissances propres à l’éducation du philosophe : études propédeutiques et dialogue. Mais il affirme que pour des raisons de commodité, il lui arrive de qualifier les études préparatoires (mathéma) de sciences (épistèmai). En définitive, la seule « étude » qui mérite d’ê tre appelée science est la dialectique.
Féminisme : On parle de féminisme de Platon, en ce sens que la communauté des gardiens n’est pas exclusivement masculine, et qu’elle est en réalité mixte, communauté de gardiens et de gardiennes. Les femmes recevront donc le même entraînement physique et militaire, et la même éducation musicale. Les meilleurs d’entre elles comme pour les meilleurs d’entre les gardiens reçoivent la même formation mathématique et philosophique. Elles sont donc susceptibles comme les hommes de gouverner la Cité.
Gardien (phylax) : Les gardiens constituent une des trois classes sociales qui composent la cité idéale dans La République. Suivant la définition de la justice, selon laquelle chacun doit jouer le rôle qui lui est assigné, et le principe corrélatif de la division du travail, Platon considère que la cité doit se diviser en trois groupes de citoyens dont chacun est investi des fonctions spécifiques. La tâche des premiers (des paysans, de s marchands et des artisans) est d’assurer le bien matériel de la cité. Les seconds, les gardiens, sont chargés de la défense et de la protection de al cité contre toutes sortes d’agression. Leurs activités exclusives consistent donc en la participation à la guerre (d’où leur qualificatif de guerriers) et à t ous les travaux qu’exige la garde de la cité. Enfin, la mission des derniers, des dirigeants, est le gouvernement de la cité. Pour Platon ce rôle est réservé uniquementaux vrais philosophes. Ces derniers sont recrutés parmi les gardiens, suivant un système de sélection très sévère. Le terme gardien a donc deux significations dans La République. Au sens strict, il désigne le guerrier et le soldat, dans son acception la plus large, le philosophe, issu de la classe des gardiens. Il constitue le gardien par excellence de la cité, puisqu’il sauvegarde son ordre et surtout, veille constamment à son bien. Platon stipule que les membres de la classe gardienne ne doivent rien posséder en propre ; ni une maison ni des terres, même pas une famille, une femme et des enfants. Ils doivent tout faire en commun, seul leur corps leur étant propre.
STRATEGIE DE VERIFICATION
Dans ce chapitre, nous exposons la nature des données et des informations à analyser ainsi que les instruments de recherche pour bien les exploiter. D’une manière générale, les données et esl informations à analyser sont extraites de différents types d’ouvrages. Ces derniers sont la source de toutes les données avec lesquelles nous établissons notre argumentation soutenue par de références précises. Quant aux instruments de recherche, ils sont les moyens adoptés pour dégager le thème et la thèse de l’auteur de chaque ouvrage. Ils constituent la stratégie permettant de vérifier la validité de la future thèse selon l’exigence scientifique de ce qu’est une thèse.
NATURE DES DONNEES A ANALYSER
Toutes les données et informations à analyser tout au long de notre investigation sont tirées de quatre différentes sources : source primaire, secondaire, tertiaire et source quaternaire. Chaque source a sa spécificité et tient un rôle important dans la réalisation de la future thèse. La source primaire désigne les ouvrages de Platon. Elle est la principale source de données et d’informations. La quasi-totalité de ses œuvres son t écrites sous forme de dialogues qui sont généralement menés par Socrate. Pour Platon, celui-ci incarne le philosophe même et défini comme l’homme libre animé du désir de savoir. Des idées philosophiques y sont avancées, discutées et critiquées dans le cadre d’une conversation ou d’un débat entre deux personnes ou plus. Cette conversation s’effectue selon le modèle de la maïeutique socratique. La première édition des ouvrages de Platon comprend trente cinq dialogues qu’on peut diviser en trois périodes : les dialogues de jeunesse, les dialogues de maturité et les dialogues de vieillesse. Les premiers dialogues présentent la pensée socratique et la méthode de la maïeutique. esL dialogues de la deuxième et de la dernière période de sa vie présentent son propre développement philosophique.
A la différence des ouvrages de Platon qui sont présentés sous forme de dialogue, les trois dernières sources : source secondaire, tertiaire et source quaternaire qui sont respectivement les ouvrages sur Platon, les ouvrages sur l’éducation et les autres ouvrages sont des traitéssystématiques. Les ouvrages sur Platon sont l’ensemble des ouvrages qui interprètent et commentent les œuvres de Platon. Les ouvrages sur l’éducation sont les œuvres qui traitent spécifiquement de l’éducation ; et enfin les autres ouvrages qui sont les différents ouvrages autres que les trois premières sources. En définitive, ces quatre sources constituent la nature des informations et des données que nous allons analyser. Mais pour pouvoir effectuer cette analyse, l’utilisation des instruments est une nécessité incontournable.
PRESENTATION ET JUSTIFICATION DES INSTRUMENTS DE RECHERCHE
L’analyse documentaire est le principal instrument de recherche que nous proposons d’utiliser. Dans l’idée d’analyse ily a l’idée de décomposition. Cette décomposition nécessite une opération intellectuelle consistant à décomposer une œuvre, un texte en ses éléments essentiels afin d’en saisir le sens et la signification. Hadot cite Hirsch qui semble faire une distinction entre sens et signification. De cette distinction, ce dernier dit : Il y a un sens voulu par l’auteur, une intention que l’on doit s’efforcer de saisir. Mais, ensuite, il reconnaît qu’il est possible de découvrir des significations différentes que divers publics peuvent donner à l’œuvre. 23
De cette citation, nous pouvons dire que le sens désigne la volonté (l’intention) de l’auteur comme une réalité psychologique secrète. Cette intention est inscrite clairement dans le contenu et la forme de l’œuvre. Le sens est ce qui a été dit dans un ouvrage. Pour dégagerd’une manière probable de l’intention de l’auteur, il faut faire une critique serrée de son texte, c’est-à-dire qu’il faut tenir compte de la perspective historique du texte et du jugement objectif en faisant abstraction de la subjectivité. Par contre, la signification est le fruit du jugement de valeur qui repose sur la subjectivité. Cette subjectivité s’efforce de s’élever à une perspective universelle. Pour les ouvrages antiques,
Pierre Hadot dit :
Le sens voulu par l’auteur antique n’est jamais actuel. Il est antique, un point c’est tout. Mais il peut prendre pour nous une signification actuelle, dans la mesure où il peut nous apparaître par exemple comme la source de certaines idées actuelles, ou surtout parce qu’il peut nous inspirer une attitude actuelle, tel ou tel acte intérieur, tel ou tel exercice spirituel. 24
L’analyse documentaire s’élève sur la base de la méthode de lecture active. Pour Robert TREMBLAY « La méthode de lecture active consiste à lire un texte […] de manière à en saisir mieux les éléments principaux ». 25Cela signifie que cette lecture nous permet d’extraire les idées principales, les mots clés, les définitions et arguments importants qui forment ces derniers. Les idées principales sont les thèses principales que défend l’auteur et ses principaux arguments. Les mots clés sont les concepts qui constituent les idées principales. L’extraction de ces éléments principaux s’effectue par des annotations diverses en utilisant un crayon à mine : le soulignement pour repérer les idées principales, l’encerclement pour identifier les concepts et la mise en accolades des passages principaux pour marquer des définitions et des arguments. Ces éléments nous permettent de déterminer le sens et la signification d’un texte ou d’un ouvrage. Par conséquent, la lecture active est nécessaire pour effectuer l’analyse documentaire qui est l’instrument principal de notre recherche.
|
Table des matières
INTRODUCTION
I. PRESENTATION DU SUJET
I.1 Eléments de la problématique du sujet
I.2 Motivation à l’endroit du sujet
I.3 Spécifications verticales
I.4 Spécification en profondeur
II. CADRE CONCEPTUEL
II.1 Présentation et justification de la méthode
II.2 Définitions des concepts utilisés
III. STRATEGIE DE VERIFICATION
III.1 Nature des données à analyser
III.2 Présentation et justification des instruments de recherche
IV. BIBLIOGRAPHIE
IV.1 Bibliographie commentée
IV.2 Bibliographie provisoire
V. PLAN PROVISOIRE DE LA FUTURE THESE
CONCLUSION
Télécharger le rapport complet