PRESENTATION DU CERF ELAPHE (Cervus elaphus)
Utilisation de l’espace et du temps
Utilisation de l’espace
Le cerf élaphe est à l’origine un animal de milieux ouverts ; il occupe d’ailleurs en Ecosse des paysages totalement déforestés, profitandu relief pour s’abriter. Il ne vit en forêt que parce que l’homme l’y a contraint. Il n’existe pas de biotope préférentiel à l’espèce, le cerf s ‘accommode de tous les types d’habitat ce qu i est un facteur de réussite essentiel des repeuplements. Le cerf est cependant attaché à la présence de refuge diurne, de même que la sécheresse prolongée ou l’absence d’eau libre sontdes facteurs limitants.Les cerfs ont un domaine vital vaste qui est estimé à 1000 – 5000 hectares, mais qu’ils exploitent inégalement, par taches. Leur domaine secompose de petites zones à fréquentation préférentielle où l’animal stationne pendant une durée variable (de quelques jours à quelques semaines) et entre lesquelles il effectue des déplacements.L’amplitude des déplacements varie en fonction de la saison. Ils sont plus faibles durant la période estivale et augmentent en période de rut. Les variations les plus importantes ont lieu pendant la période hivernale : les déplacements defin d’hiver sont nettement plus importants qu’au début de cette saison.On constate une nette différence de taille de domaine vital entre les deux sexes ; les femelles utilisent un domaine plutôt réduit compris entre 500 et 1000 hectares . Elles restent relativement fidèles à ce domaine toute leur vie, contrairement aux mâles. C’est pourquoi on peut parler de territoire, alors qu’on parlera plus volontiers de retraite ou de refuge pour les mâles.
Cependant, adultes, les cerfs fréquentent régulièrement la même zone de rut pendant toute leur vie. Au moment du rut, les cerfs viennent retrouver les biches sur leur territoire d’hiver ou bien les entraînent dans une zone voisine. Ces zones de rut sont toujours choisies en fonction des commodités que le cerf y trouve pour surveiller son harem. Dans les grandes forêts françaises, ce sont surtout des grandes futaies, des chablis ou des clairières, de sorte que durant plusieurs années on peut entendre le cerf bramer dans les mêmes parages. Il ne s’agit pas là de territoire délimité puisque, malgré son ésird de maintenir son harem dans une zone donnée, un cerf sera obligé de le quitter ou de s’en écarter momentanément si la biche meneuse en a ainsi décidé.
Rq : Outre l’effet de la répartition des zones alimentaires, il apparaît que les différentes activités humaines influencent notablement les déplacements des animaux.
Utilisation du temps :
L’activité journalière se décompose en 6 à 8 périodes de nourrissage entrecoupées de déplacements, de rumination et de repos. Les périodes d’activité privilégiée se situe à l’aube et au crépuscule. Ce rythme nycthéméral est très pendantdé de l’habitat ; l’activité est essentiellement nocturne en milieu ouvert , et à do minance diurne en forêt et en montagne.Il existe une grande variabilité interindividuelle et saisonnière ; les causes de variation de l’activité sont d’ordre physiologique (ex : gestation), environnemental, climatique ou social.
Comportement social :
Biche et faon
La naissance des faons s’échelonne de fin mai à juillet, avec un maximum de fréquence à la mi juin. Les faons de l’année précédente sont temporairement chassés des abords immédiats du lieu de mise bas.Durant les premiers jours de vie, le faon reste couché à proximité du lieu de naissance. Il reste normalement sur place même lorsque sa mère s’éloigne ; mais à peine âgé de quelques heures,il est cependant capable de se déplacer et de suivre la biche à un autre endroit à la suite de dérangements causés par l’homme par exemple.La biche peut s’éloigner de quelques centaines de mètres de son faon pour rechercher sa nourriture, laissant seul ce dernier pendant plusieurs heures. Après avoir pâturé, le plus souvent avec d’autres biches, la mère rejoint son petit pour l’allaiter. Elle vient à lui à son première appel. Le faon ne reste pas continuellement en place durant l’absence de sa mère ; il se relève de temps en temps, va ça et là puis se re couche le plus souvent à un autre endroit.Dès qu’il est âgé de 8 – 14 jours, il suit sa mère de très près et lorsque la biche commence à pâturer, le faon se couche, le plus souvent en un l ieu abrité situé à proximité.
Bientôt le faon commence à jouer, gambadant et saut ant autour de sa mère. Au bout d’un certain temps, plusieurs jeunes se regroupent et les adultes prennent parfois part à leurs jeux. Les animaux se pourchassent, se chevauchent, font des simulacres de combats… Les faons de cerf se rassemblent pour le jeux, mais, dès que la harde fuit, chaque jeune rejoint sa mère ; chez le chamois, ces bandes de jeunes qui se rassemblent pour jouer restent souvent groupées dans la fuite.Le faon commence à brouter dès l’âge de 3 semaines, et, au bout de 3-4 mois, il ne tète presque plus mais reste étroitement lié à sa mère.Le faon plus âgé prend lui même l’initiative d’aller téter.
La harde de biches et de faons
La seule association qui reste étroite est celle dela biche, de son faon dernier-né et du jeune de l’année précédente. Cette triade constituela base de l’organisation sociale ; la société est de type matriarcal. Il se forme au gré des saisons des associations plus ou moins importantes de préférence entre biches parentes. Lameneuse est généralement une biche suitée que ses congénères suivent sans contrainteDes. hardes de 30 à 50 individus peuvent se former temporairement le soir au pâturage, mais leu r composition change chaque jour au gré des sorties des animaux.
La harde de mâles de deuxième tête et plus
Mâles et femelles vivent séparés pendant la majeurepartie de l’année. En dehors de la période de rut, les mâles vivent en groupe de 2 à 5 -6 individus. Pendant la période de refait des bois, de février à août, la taille de ces groupes peut dépasser 10 à 15 têtes. Ces groupes rassemblent souvent des cerfs d’âge voisin ; la hiérarchie y est cependant marquée.
Les cerfs, contrairement aux biches, se lèchent et se mordillent réciproquement. Il y a souvent des simulacres de combats entre cerfs de tailles inégales ; les protagonistes lancent leurs bois les uns contre les autres, se poussent légèrement,puis relèvent la tête.
Le cerf hiérarchiquement supérieur fait sentir sa upériorités par des comportements très spécifiques : il baisse la tête, les bois en direction de l’adversaire, ou il se dresse sur ses
postérieurs, la tête droite, les oreilles baissées,les antérieurs battant l’air. Quand les menaces ne suffisent pas, il peut y avoir combat.
Pendant le rut, les cerfs adultes rejoignent les hardes matriarcales. Ce rapprochement se prolonge parfois jusqu’en hiver.
Reproduction :
Le rut :
Au début du mois de septembre, les hardes de mâles se séparent. Les mâles se rendent aux emplacements de rut, le plus souvent dans une clairière de la zone forestière. C’est fin septembre mi-octobre que l’intensité du rut est à son point culminant puis diminue rapidement. Il y a des exceptions, car les biches qui n’ont pas été fécondées durant l’époque normale du rut sollicitent les faveurs des cerfs qui n’ont pas été totalement satisfaits, et elles ne sont que rarement déçues ; en conséquence, lorsqu’arrive le mois de décembre, il reste à peine 5 % des biches qui ne sont pas fécondées.C’est toujours pendant les nuits froides et sèches avec un peu de gelée que le rut est le plus intense, les testicules, pour remplir leur fonction, ayant besoin de se trouver à une température inférieure à celle des organes du corps.Le larynx s’étant développé dès le début du rut, bramele commence aussi. C’est aussi à cette époque que les glandes infra-orbitales sécrètent unliquide jaune, cireux et d’odeur musquée ; le rôle de cette sécrétion dans les manifestations de l’activité sexuelle du cerf n’est pas connu ; celui de la zone glandulaire située à la base de la queue l’est un peu mieux ; ce sont des émanations que l’on perçoit aux endroits où le rut a lieu, et c’est aussi la raison pour laquelle un cerf qui en suit un autre le fait toujours le nez haut.
Les mâles sortent de la forêt en fin d’après midi pour se diriger vers ces emplacements, allant tout d’abord vers l’endroit où ils ont l’habitude d e se vautrer dans la souille. Le cerf soulève la terre avec ses bois en s’excitant de plus en plus. Son pénis entre en érection et émet des petits jets de sperme ou d’urine. Puis le cerf se roule dans l’eau et la boue.
Lorsqu’un autre animal de taille relativement grande, ou même un homme, s’approche, le cerf se dirige immédiatement vers eux pour s’enfuir immédiatement s’il perçoit l’odeur de l’homme. Mais si c’est une biche, il la pousse vers l’emplacement du rut ; les mâles plus faibles sont aussitôt chassés. En plus du comportement et de l’odeur, les bois de l’intrus semblent jouer un rôle dans le déclenchement de la réaction. Deux mâles de même force apparente ne se rapprochent pas aussitôt l’un de l’ autre. Ils brament à tour de rôle avec intensité. Puis celui qui se trouve sur son territoire choisit un arbuste qu’il frappe violemment avec ses bois. Si aucun ne cède, le combat s’engage avec une rare violence jusqu’à la fuite de l’un des deux protagonistes. Le nombre de cerfs tués en combat est en principe très faible ; 1 % environ, probablement du fait que les bois de cerf se prêtent admirablement bien à la parade, cependant chez le chevreuil, dont les bois sont moins adaptés à la défensive, la proportion est bien plus élevée.
L’emplacement ou territoire du rut a un double rôle : en effet, il prévient de trop nombreux combats entre mâles et assure la fécondation des femelles en œstrus qui, attirées par le brame, y trouve des mâles adultes.
Seule la biche en œstrus tolère un contact de la pa rt du mâle. Pendant cette phase et seulement pendant, mâle et femelle se lèchent mutuellement. La biche en chaleur porte la queue légèrement relevée. La saillie a rarement lieu à lapremière monte et souvent le cerf effectue plusieurs sauts avant de la réaliser. Après que lemâle s’est occupé de la femelle un certain temps, la biche se couche et refuse les nouveaux assauts du mâle.
Pendant le rut, le mâle peut féconder jusqu’à 100 f emelles. A noter également que les cerfs les plus âgés sont en rut les premiers.
La puberté chez le mâle est atteinte vers l’âge de 15-16 mois.
Figure n°7 : Cycle biologique du mâle ( Source : ONC-1988 [51] )
Fécondité de la biche :
La biche est polyoestrale et présente des cycles de28 jours. Si elle n’est pas fécondée, ses cycles peuvent s’étaler jusqu’en mars. L’œstrus dure rarement plus de 24 heures. La gestation dure de 230 à 240 jours et les naissances ont lieu en mai juin essentiellement.
A la naissance, le faon pèse de 6 à 8 kg. Jusqu’à l ’âge de 15 jours sa vie est consacrée au repos et à la tétée, ensuite, il suit sa mère.
L’allaitement dure 8 à 10 mois, le sevrage progress if commençant dés l’âge de 2 – 3 mois.
Chez la femelle, le développement corporel est un facteur déterminant de la maturité sexuelle et de l’ovulation :
– en milieu riche, la maturité sexuelle est atteinte vers 15-16 mois ; le taux de gestation des bichettes atteint 50 à 60 %, celui des biches de 2 ans et plus atteint 85 à 95 %.
– en milieu pauvre, dans une population à forte densi té, la maturité n’est atteinte que vers 27 à 32 mois. Le taux de gestation des bichettes attei nt 0 à 10 % contre70 à 85 % chez les biches de 2 ans et plus.
La mortalité périnatale se situe en général autourde 5 à 15 % mais peut atteindre 30 à 40 % dans des conditions très défavorables d’humidité oude froid.
Figure n°8 : Cycle biologique de la femelle ( Source : ONC-1988 [51] )
Alimentation :
D’après FICHANT (1977-[30]) , le cerf consacre 40 % de son temps à se nourrir ; 10% pour la recherche de nourriture et 30 % pour son alimentation sensu-stricto. La durée du viandis (prise de nourriture) serait de 7 à 10 heur es par jour, et celle de la rumination de l’ordre de 5 à 6 heures.
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Table des matières
1ière partie : PRESENTATION DU CERF ELAPHE (Cervus elaphus)
I-SYSTEMATIQUE, REPARTITION, EVOLUTION
A- Classification zoologique
B- Systématique, évolution et répartition
II-LE CERF en France
A- Historique
B- Les effectifs français
III-BIOLOGIE
A- Morphologie
1.Biométrie
2.Robe
3.Reconnaissance des sexes, appellation
4.Détermination de l’âge
B-Particularité anatomique
C- Physiologie des bois du cerf
1.Cycle des bois
2.Composition
3.Processus de minéralisation
4.Régulation hormonale du développement des bois
D- Indices de présence
IV-ECOETHOLOGIE
A- Utilisation de l’espace et du temps
1.Utilisation de l’espace
2.Utilisation du temps
B- Comportement social
1.Biche et faon
2.La harde de biches et de faons
3.La harde de mâles de deuxième tête et plus
C- Reproduction
1.Le rut
2.Fécondité de la femelle
D- Alimentation
1.Besoins alimentaires
2.Facteurs de variation
3.Composition de l’alimentation
2ième partie : LE MASSIF DE LA PINATELLE D’ALLANCHE
I-PRESENTATION DU DEPARTEMENT
II-CARACTERISTIQUES GEO-CLIMATIQUES DE LA PINATELLE
A- Geologie
B- Climatologie
1.Pluviométrie
2.Climatologie / Températures
C- Relief / Pentes
III-LA FORET DE LA PINATELLE
A- La forêt de la Pinatelle au cours des temps
1.Les steppes
2.La forêt dense, sans homme
3.La forêt pâturée
4.La forêt replantée
5.La forêt actuelle
B- Les arbres de la Pinatelle
C- La gestion forestière
D- La planèze
E- Le lac du pêcher
F- Les tourbières, un écosystème particulier
IV-PRESENTATION DE LA POPULATION DE CERFS
A- Le cerf dans le Cantal
B- Origine des populations actuelles
3ième partie : SUIVI ET GESTION DE LA POPULATION
I-SUIVI DE LA POPULATION
A- Recensement au brame
B- Recensement aux phares
1.Principe de la méthode
2.Déroulement
3.Validité de la méthode
II-RESULTATS DES RECENSEMENTS : DYNAMIQUE DE POPULATION
A- Estimation des effectifs de cerfs bramant et de la population totale
B- Evolution du taux de reproduction
C- Evolution du sexe – ratio
III-GESTION DE LA POPULATION : le plan de chasse
A- Le plan de chasse quantitatif
B- Le plan de chasse qualitatif
D- La chasse, outil de maîtrise de la dynamique de population
1.La battue
2.L’approche
4ième partie : Impact du cerf sur le massif de la Pinatelle
I-LES DEGATS D’ORIGINE ALIMENTAIRE
A- Abroutissement
1.Définition
2.Description
3. Détermination de l’auteur des dégâts
4. Conséquence de l’abroutissement
5.Causes de l’abroutissement
B- Ecorçage
II-LES DEGATS LIES AU COMPORTEMENT
A- Le frottis
1.Définition
2.Description
3.Détermination de l’auteur des dégâts
4.Conséquence du frottis
III-SENSIBILITE DES ESSENCES FORESTIERES
A- Vis à vis de l’abroutissement
B- Vis à vis de l’écorçage
C- Vis à vis du frottis
IV- UN PREMIER CONSTAT
A- Choix des emplacements
B- Description des dispositifs
C- Suivi et relevés
V-RELEVES ET ESTIMATION DES DEGATS
A-Première étape : recensement exhaustif des peuplements forestiers dégradables
B- Deuxième étape : échantillonnage
C- Troisième étape : relevés précis des dégâts
VI-ANALYSE DES RESULTATS
A- L’écorçage
B- Abroutissement et frottis
C- Synthèse
CONCLUSION
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