Présentation du Black bass : introduction et impact
L’élément central du PFE est le Black bass, il est donc important de connaitre ses caractéristiques, son histoire et son impact.
Le Black bass
Micropterus salmoides, est un poisson originaire d’Amérique du Nord. Il est appelé aussi Largemouth bass en anglais et l’Achigan à grande bouche en français. Il appartient à la famille des Centrarchidées (Doris, 2020). Le Black bass est un poisson assez grand, il peut mesurer jusqu’à 60cm en France (Doris, 2020), avec une forte tête et une large bouche (figures 2 et 3). Il est caractérisé notamment par ses deux nageoires dorsales qui ne sont pas totalement séparées, mais également par une bande latérale noire assez large, qui longe son corps à partir de l’opercule.
Il s’agit d’une espèce introduite en France (INPN, 2020), elle est considérée comme envahissante dans certains pays d’Europe et du monde (Espagne, Afrique du sud, Amérique du sud…), mais est classée en préoccupation mineure sur la liste rouge mondiale de l’IUCN (IUCN red list). Il se nourrit essentiellement de petits poissons, dont Ameirus melas (Doris, 2020), le poisson chat, d’invertébrés larves et adultes, de petits mammifères, d’amphibiens, de reptiles et il peut même avoir recours au cannibalisme. Son alimentation varie en fonction de la disponibilité du milieu et de sa croissance (T.G. Brown et al. 2009). Ainsi les juvéniles se nourriront plutôt de petits invertébrés. Puis il existe une phase de transition avant d’atteindre l’âge adulte, où il se nourrit de petits poissons, surtout des Cottidaes, et des crustacées. Une fois adulte, il se nourrit majoritairement de poissons de tailles moyennes, d’écrevisses et d’amphibiens. Le Black bass à l’âge adulte ne possède pas vraiment de prédateur, mais les juvéniles et les œufs sont prédatés par la perche, le poisson chat, l’anguille ou le meunier à tête carrée (S.T. Tisdale, 1871). Il peut vivre jusqu’à 15 ans avec des conditions climatiques optimales et peut atteindre les 90 cm (Doris, 2020) quand la température optimale de croissance, environ 28°C, est atteinte (F. Diaz et al. 2007). Il se retrouve principalement dans les lacs, les rivières à faible courant, il aime les eaux chaudes du rejet des centrales électriques et des industries. Il est particulièrement apprécié par les pêcheurs pour son côté combattant et sportif. Il est très régulièrement utilisé lors de tournois de pêche (A.T. Taylor et al. 2019), et dans la nourriture pour poissons (R. M. McDowall, 1968) et comme prédateur de certaines espèces invasives comme le poisson chat, Ameiurus melas quand il est encore de petite taille (A.T. Taylor et al. 2019).
L’introduction du Black bass
Dans le monde
Le Black bass est même reconnu comme l’une des 10 espèces les plus introduites dans le monde (M-J Bae et al. 2018) et parmi les 100 espèces les plus invasives (D. A. Z. Garcia et al. 2015). Ainsi il a été introduit sur tous les continents sauf l’Antarctique (M-J Bae et al. 2018), dans environs 70 pays et dans les 50 états des Etats-Unis (CABI). Son introduction a commencé à la fin du 19ème siècle et se poursuit toujours .
Comme lisible sur la frise, il a d’abord été introduit en Europe majoritairement pour des raisons de pêches sportives mais également pour l’aquaculture (CABI). En effet le Black bass est un poisson reconnu pour être combattant lors de la pêche mais avec une chair assez savoureuse. Il est également introduit pour réguler certaines espèces invasives comme le poisson-chat, Ameirus melas (Doris, 2020). Son introduction a donc été réalisé volontairement par l’homme pour diverses raisons, soit à travers des associations de pêche soit par le gouvernement lui-même (D. Khosa et al. 2019). Il reste cependant quelques cas liés à des fuites dans des zones d’aquaculture. Le Black bass est acclimaté dans de nombreux pays, comme en Afrique du Sud ou encore en Espagne. C’est d’ailleurs dans ces deux régions que des études ont été réalisées afin de comprendre leur acclimatation. Elle est possible dans un grand nombre de pays grâce à sa grande amplitude thermique ainsi que sa capacité à se nourrir de proies multiples. Son amplitude thermique va de 0 à 30°C, mais en dessous de 10°C il devient léthargique (R.M. McDowall, 1968), et son préférendum est entre 27,5°C et 30 °C (F. Diaz et al. 2007). Cette grande amplitude lui permet de tolérer de nombreux milieux même s’il a une préférence pour les milieux chauds à tendance plutôt lentique (M-J Bae et al. 2018), où il aura une taille plus conséquente. Plusieurs études (R.M. McDowall, 1968 ; D. A. Jackson, 2002 ; E. Garcia-Berthou, 2002 ; F.N. Godinho, 1997) ont montré qu’il est un poisson opportuniste qui va pouvoir s’adapter à son milieu à travers son alimentation. Ainsi si sa ressource préférée, les petits Cyprinidés, n’est pas disponible il va se contenter de macro-invertébrées, comme les écrevisses, d’autres poissons ou encore de petits amphibiens (D. A. Z. Garcia et al. 2014 ; R.M. McDowall, 1968). Bien que grâce à sa grande amplitude écologique, le Black bass semble une espèce qui s’introduit facilement et rapidement, cela n’est pas forcément le cas pour son acclimatation. En effet, il peut également rencontrer des espèces qui n’étaient pas présentes dans son aire d’origine et qui ont une forte pression de prédation sur les alevins (S. T. Tisdale, 1871 ; D. Khosa et al. 2019), ce qui implique une forte concurrence qui peut le mettre en difficulté. Son introduction et son acclimatation étant importante, il est donc classé régulièrement comme espèce acclimatée et son impact sur les milieux est parfois si important qu’il peut être classé en espèce invasive. Les différents pays cherchent à classer son niveau d’invasion, notamment avec le FISK (The Fish Invasiveness Scoring Kit), où il a une note de 3,8 en Espagne (D. Almeida et al. 2013) ce qui en fait une espèce à haut risque, ou le Water Management Areas de 21/22 (D. Khosa et al. 2019) qui en fait une espèce a forte tendance invasive.
Cependant après les premières années où l’introduction du Black bass était seulement positive et favorable, notamment au développement économique grâce à la pêche (D. Khosa et al. 2019 ; D. A. Z. Garcia et al. 2014), il est apparu qu’il pouvait avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité (D. Khosa et al. 2019). C’est le point qui sera abordé après nous être penché plus précisément sur le cas de la France.
En France
Le Black bass a été introduit en France en 1877, notamment par la Société Nationale d’Acclimatation qui parle de l’intérêt d’introduire de nouvelles espèces en France (P. Keith & J. Allardi, 1997). À la suite de cette intervention, c’est près de 27 espèces qui seront introduites, dont le Black bass majoritairement pour le loisir ou la compétition de pêche. D’abord introduit en eaux closes car préférant les milieux lentiques mais également pour éviter sa propagation. Malgré la mise en garde du danger que pourrait représenter le Black bass en eau libre (P. Vivier, 1951), les Sociétés de pêche le répandent en eaux libres au début du 20ème siècle. A partir de ce moment, il va se disperser et s’acclimater avec le temps à tous les bassins hydrographiques de France .
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Table des matières
Introduction
1. Méthodologie appliquée à la recherche et au traitement de données
1.1. Connaissances initiales
1.2. Choisir ses articles
1.3. Exploitation des informations
1.4. Les difficultés rencontrées
2. Présentation du Black bass : introduction et impact
2.1. Le Black bass
2.2. L’introduction du Black bass
2.3. Les impacts du Black bass sur son aire d’introduction
3. Modélisation de l’impact du Black bass
3.1. Les différents types de méthodes pour estimer l’impact du Black bass sur les populations aquatiques
3.2. Le modèle du lac Kawahara-oike, Nagasaki Japon
3.3. Critiques et possibilités d’amélioration des modèles et recherches
Conclusion
Bibliographie
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