Presentation des viroides et des tobamovirus

La connaissance des maladies infectieuses et de leurs agents causals s’est affinรฉe au fil des dรฉcennies avec des pรฉriodes d’accรฉlรฉration importante des connaissances. Ces avancรฉes ont souvent reposรฉ sur des progrรจs technologiques mettant ร  disposition de nouveaux outils autorisant des nouvelles dรฉcouvertes (Raoult, 2010). Mรชme si le niveau de technologie des derniรจres dรฉcennies ร  atteint des niveaux รฉlevรฉs, avec le plus rรฉcemment la mise au point des technologies de sรฉquenรงage ร  haut dรฉbit permettant des รฉtudes de mรฉtagรฉnomique dont le nombre a รฉtรฉ considรฉrable, il reste des trous de connaissance apparemment importants. Cette mรฉconnaissance du monde des agents infectieux peut รชtre en partie liรฉe ร  des obstacles ร  la dรฉcouverte de nouveaux agents infectieux qui ont pu reposer sur de l’aveuglement, c’est-ร -dire des a priori voire des dogmes empรชchant d’observer ou de considรฉrer certains agents infectieux car ils possรฉdaient des caractรฉristiques diffรฉrentes de celles dรฉfinissant les agents infectieux prรฉcรฉdemment dรฉcrits. Des exemples de dรฉcouvertes inattendu au cours du XXIe siรจcle ont ainsi รฉtรฉ la dรฉcouverte des virus gรฉants d’une part et des Candidate Phyla Radiation (CPR) (Brown et al., 2015) et des nanoarchรฉes (Brett et al., 2010) d’autre part. Le premier virus gรฉant, Mimivirus, a รฉtรฉ dรฉcouvert en 2003, 11 ans aprรจs qu’il a รฉtรฉ isolรฉ ร  partir de l’eau dโ€™une tour de climatisation prรฉlevรฉe lors de l’investigation d’une รฉpidรฉmie de pneumonie en Angleterre (La Scola et al., 2003). Il a รฉtรฉ pendant plusieurs annรฉes considรฉrรฉ comme un coccus ร  Gram positif, donc une bactรฉrie, puisqu’il n’รฉtait pas envisagรฉ quโ€™un virus puisse รชtre visible au microscope optique est d’une taille similaire ร  celle de petites bactรฉries (Raoult et al., 2007). Quelques annรฉes plus tard les CPR et les nanoarchรฉes ont รฉtรฉ dรฉcouvertes. Ils avaient รฉtรฉ nรฉgligรฉs jusqu’alors puisqu’il n’รฉtait pas envisagรฉ que des organismes cellulaires comme les bactรฉries ou les archรฉes puissent รชtre d’une taille infรฉrieure ร  200 ฮผm, similaire ร  celle de certains virus, et par consรฉquent invisibles au microscope optique.

Or les CPR reprรฉsentent en nombre plus de 15% du monde bactรฉrien, et leur dรฉcouverte date de 2015 (Brown et al., 2015). Ceci suggรจre que la dรฉcouverte dโ€™autres agents infectieux de natures diffรฉrant de celles des agents actuellement connus est possible voire probable ร  court terme. Un autre รฉlรฉment ayant pu ralentir la dรฉcouverte de nouveaux agents infectieux est une compartimentalisation des champs d’รฉtudes relativement ร  la formation et aux compรฉtences des chercheurs et de leurs รฉquipes.

Il est admis aujourdโ€™hui quโ€™il y a une vraie scission entre les mondes de la virologie animale et vรฉgรฉtale, se traduisant par un nombre limitรฉ dโ€™รฉtudes dโ€™une part sur lโ€™existence et lโ€™impact des agents phytopathogรจnes sur le monde animal, et en ยซparticulier les vertรฉbrรฉs ยป, et dโ€™autre part dโ€™agent pathogรจnes dรฉcrits dans le monde animal affectant les vรฉgรฉtaux. Les viroรฏdes et les viroรฏdes-like ARN satellites sont des agents infectieux qui ne sont pas classรฉs comme รฉtant des virus, mais comme des agents sous-viraux. Les viroรฏdes et certains genre viraux pathogรจnes de plantes, en particulier les tobamovirus, sont trรจs stables dans lโ€™environnement, pouvant rรฉsister ร  des contraintes fortes comme le processus de digestion ou mรชme la transformation agroalimentaire. Viroรฏdes et tobamovirus peuvent se propager par simple contact physique ร  partir de matรฉriel vรฉgรฉtal. Ainsi, les outils, structures et vรฉhicules agricoles ayant รฉtรฉ en contact avec ces agents pathogรจnes peuvent rester infectieux sur de longues pรฉriodes. Transmis par les semences, ils peuvent se propager rapidement dans le monde entier en raison de la frรฉquence et du volume important des รฉchanges internationaux. Des protocoles rรฉglementaires de dรฉsinfection de semences sont appliquรฉs dans de nombreux pays pour limiter leur dissรฉmination. Ces รฉlรฉments suggรจrent une exposition de lโ€™Homme aux viroรฏdes et aux tobamovirus via lโ€™alimentation, en particulier les fruits et lรฉgumes, et aux activitรฉs liรฉes ร  lโ€™agronomie. Si des travaux de recherches ont dรฉjร  associรฉ les tobamovirus ร  des signes cliniques et ร  une rรฉponse immunitaire chez lโ€™Homme (Balique et al., 2013, 2012; Colson et al., 2010), aucune รฉtude nโ€™a ร  ce jour mentionnรฉ un impact possible des viroรฏdes, ou des structures proches des viroรฏdes, sur la santรฉ des animaux et en particulier sur celle des vertรฉbrรฉs.

Introduction aux viroรฏdesย 

Les viroรฏdes sont des parasites intracellulaires sous-viraux infectant uniquement les plantes monocotylรฉdones et dicotylรฉdones, herbacรฉes et ligneuses. On retrouve les viroรฏdes ร  la fois chez des espรจces sauvages ornementales ou des plantes cultivรฉes (Di Serio et al., 2014, 2017; Flores, 2001a; Kovalskaya and Hammond, 2014). Exclusivement dรฉcrits dans les systรจmes vรฉgรฉtaux, ils ont รฉtรฉ recherchรฉs principalement dans les plantes dโ€™intรฉrรชt agronomique pour lโ€™homme comme la tomate (Solanum lycopersicum) (Antignus et al., 2007, 2002; Piernikarczyk, 2016), la pomme de terre (Solanum tuberosum) (Piernikarczyk, 2016; Yanagisawa et al., 2019), la noix de coco (Coco Nucifera) (Flores, 2001a) et dโ€™autres espรจces de consommation (Antignus et al., 2002; Candresse et al., 2007a; Dall et al., 2019; Hammond and Owens, 2006; Verhoeven et al., 2006, 2017a) ou dโ€™ornement (pรฉtunia, chrysanthรจmes) (Glouzon, 2013; Hammond and Owens, 2006; Verdin et al., 2017; Yanagisawa et al., 2019).

Classification

Les viroรฏdes sont rรฉpartis dans deux familles, les Pospiviroidae et Avsunviroidae, subdivisรฉes en cinq genres, respectivement Pospiviroid, Hostuviroid, Apscaviroid, Cocadviroid, Coleviroid et trois genres Avsunviroid, Pelamoviroid, Elaviroid (Di Serio et al., 2017; T. Diener, 2016). Les viroรฏdes comptent prรจs de 40 espรจces connues. Le nom des Pospiviroidae provient du premier viroรฏde dรฉcouvert en 1971 par T.O Diener, le Potato Spindle Tuber viroid (PSTVd) et le nom Avsunviroidae provient de lโ€™ Avocado Sunblotch viroid (ASBVd) (Di Serio et al., 2018; T. Diener, 2016; Diener, 1971; Flores, 2001a). Le Chrysanthemum stunt viroid (CSVd) chez le chrysanthรจme, le PSTVd chez la pomme de terre, le Coconut cadang-cadang viroid (CCCVd) chez le cocotier, le Tomato apical stunt viroid (TASVd) chez la tomate et le Citrus exocortis viroid (CEVd) appartenant ร  la famille des Pospiviroidae ; et le Peach latent viroid (PLVd) chez le pรชcher, le Chrysanthemum chlorotic mottle viroid (CChMVd) chez les chrysanthรจmes et le ASBVd chez l’avocat appartenant ร  la famille des Avsunviroidae, sont des espรจces associรฉes ร  des maladies particuliรจrement surveillรฉes (Kovalskaya and Hammond, 2014). Trois caractรฉristiques principales diffรฉrencient ces deux familles de viroรฏdes : leur structure secondaire, lโ€™organisation des domaines gรฉnomiques et leur mode de rรฉplication autonome. Leurs structures secondaires en tige-boucle ou bรขtonnet sont caractรฉristiques des Pospiviroidae alors que la structure en tรชte de marteau est associรฉe aux Avsunviroidae (Figure 1) (Flores, 2001a).

Organisation du gรฉnomeย 

Les viroรฏdes sont composรฉs uniquement d’un ARN gรฉnomique monocatรฉnaire non codant dont la taille trรจs courte varie entre 246 et 475 nuclรฉotides (nt) de long (Yanagisawa et al., 2019). Les viroรฏdes sont non-encapsidรฉs et non-enveloppรฉs (Gas et al., 2007; Messmer et al., 2017; Piernikarczyk, 2016; Yanagisawa et al., 2019). Lโ€™ARN gรฉnomique des viroรฏdes a une composition รฉlevรฉe en bases guanine et cytosine leur permettant de sโ€™apparier et de se refermer sur eux-mรชmes prenant diffรฉrentes conformations en รฉpingle ร  cheveux (ยซ stem-loop ยป), en ยซ tetraloop ยป, ยซ pseudo-loopยป avec ou sans embranchement (Gas et al., 2007). De plus, la composition รฉlevรฉe en bases guanine et cytosine confรจre une stabilitรฉ au gรฉnome et une rรฉsistance physique ร  la chaleur ainsi quโ€™aux rayonnements ultraviolets et ionisants (Diener and Owens, 1980). La grande stabilitรฉ des viroรฏdes leur permet de rรฉsister ร  des conditions environnementales difficiles mรชme en dehors de la cellule hรดte (Roger, 2011).

Lโ€™organisation du gรฉnome est un critรจre important diffรฉrenciant les deux familles. La prรฉsence du motif conservรฉ de la rรฉgion centrale (central conserved region, CCR) (Figure 2) est dรฉcrite uniquement chez les Pospiviroidae. Ce motif, qui comprends cinq domaines distincts et joue un rรดle primordial au cours du cycle de rรฉplication (Di Serio et al., 2017; Flores, 2001a). La CCR est impliquรฉe dans la spรฉcificitรฉ dโ€™hรดtes, la rรฉplication et le caractรจre pathogรฉnique (Flores, 2001a). Les domaines ยซ terminal Left, TL ยป, ยซ terminal right, TR ยป et ยซ Variable domain, V ยป, sont conservรฉs et sont caractรฉristiques des Pospiviroidae. La rรฉgion de pathogรฉnicitรฉ ยซ pathogenicity domain, P ยป est impliquรฉe dans la virulence envers lโ€™hรดte. Elle est spรฉcifique dโ€™un viroรฏde ร  lโ€™autre (Flores, 2001a; Roger, 2011) .

Le gรฉnome des Avsunviroidae se dรฉfinit par deux domaines. Un domaine en tรชte de marteau ยซ Hammerhead region, HHR ยป, responsable dโ€™une activitรฉ de type ribozyme-like-auto-clivante. Cette activitรฉ ribozyme auto-clivante est dรฉcrite uniquement chez les Avsunviroidae (Di Serio et al., 2018). Un autre domaine riche en tige-boucles ยซ loop-rich region, LRR ยป prรฉsent chez les Avsunviroidae possรจde un pourcentage de guanine-cytosine supรฉrieur ร  celui retrouvรฉ dans la rรฉgion en tรชte de marteau (Di Serio et al., 2017; Messmer et al., 2017) .

Chez les Avsunviroidae, lโ€™ARN gรฉnomique en tรชte de marteau possรจde des structures communes aux ARN catalytiques de type ribozyme. ร€ partir dโ€™analyses phylogรฉnรฉtiques couplรฉes aux caractรฉristiques biochimiques des viroรฏdes, il a รฉtรฉ proposรฉ par Bussiรจre et al. que le viroรฏde du pรฉcher (PLMVd) disposant dโ€™un ARN auto-rรฉpliquant avec une activitรฉ ribozyme-like pourrait correspondre ร  un fossile molรฉculaire, datant du monde ยซ prรฉ-cellulaire ยป (Bussiรจre et al., 1995; Roger, 2011), preuve encore vivante d’un ยซย monde ARN prรฉ-cellulaireย ยป (Flores, 2001a; Friday, 2017; Lรณpez-Carrasco and Flores, 2017; Moreno et al., 2019). En 1989, T.O. Diener avait dรฉjร  suggรฉrรฉ que les viroรฏdes pourraient รชtre des ยซ fossiles vivants ยป prรฉexistants bien avant l’apparition des ARNs cellulaires (ribosomale, messager et de transfert), de l’ADN et des protรฉines, faisant ainsi des viroรฏdes des ancรชtres archaรฏques ร  lโ€™origine du ยซ monde ARN ยป (Flores, 2001a; Seligmann and Raoult, 2016) et ร  l’origine de la vie (Moreno et al., 2019).

Pathogรฉnicitรฉ

Les viroรฏdes dรฉtournent le processus post-transcriptionnel du gene silencing, mรฉcanisme de dรฉfense bien connu chez les plantesยป (Kurihara et al., 2007; Smith and Dombrovsky, 2019). Ce mode de dรฉfense a รฉgalement รฉtรฉ dรฉcrit chez les champignons et certains invertรฉbrรฉs (Jiang et al., 2012). Tout dโ€™abord, les viroรฏdes se rรฉpliquent en dรฉtournant lโ€™ARN polymรฉrase de la cellule hรดte. La rรฉplication des viroรฏdes gรฉnรจre des ARN double brins intermรฉdiaires, qui sont dรฉcoupรฉs par des exonuclรฉases ยซ Dicer ยป en petits ARN interfรฉrents, ou siRNA, de 21 ร  25 nuclรฉotides de long (Dadami et al., 2017; Dalakouras et al., 2013) (Figure 9). Ces siRNA double brin sont ensuite incorporรฉs au sein dโ€™un complexe RISC (ยซ RNA-induced silencing complex ยป ayant une activitรฉ siRNA ribonuclรฉase). Si les sรฉquences de siRNA correspondent aux ARN messagers de l’hรดte, les RISC peuvent les cibler conduisant ร  une dรฉgradation menant ร  l’apparition de symptรดmes chez la plante hรดte (Figure 9). Les RISC peuvent รฉgalement cibler le viroรฏde, le forรงant ร  รฉvoluer, pour adopter et maintenir une structure rรฉsistante au silencing de l’ARN (Wang et al., 2004).

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Table des matiรจres

Introduction de la thรจse
PLAN DE LA THESE
PREMIERE PARTIE
PRESENTATION DES VIROIDES ET DES TOBAMOVIRUS
Introduction aux viroรฏdes
Classification
Organisation du gรฉnome
Rรฉplication
Symptรดmes
Pathogรฉnicitรฉ
Mode dโ€™infection
Stratรฉgies de management
Introduction aux tobamovirus
Classification
Gamme dโ€™hรดtes
Morphologie
Organisation du gรฉnome
Rรฉplication
Stabilitรฉ et rรฉsistance
Symptรดmes
Pouvoir pathogรจne
Mode dโ€™infection
Stratรฉgies de management
Rรฉfรฉrences
DEUXIEME PARTIE
PROJET I
ร‰tude Bibliographique
Avant-propos de la revue
Revue
Article soumis pour publication dans Annals of the New York Academy of Sciences
Plan de Revue
Abstract
Introduction
Genomic and structural features
Replication and pathogenicity
Putative origin
Hepatitis-causing delta agent: an example of viroid-like entity in humans and other animals
Putative presence and interactions of viroids, viroid-like entities or their short derived RNAs in animals including humans
Conclusion
References
PROJET II
Recherche in silico de sรฉquences viroรฏde-like chez lโ€™homme
Avant-propos
Article bio-informatique
Article publiรฉ dans Intervirology
Discussion
References
PROJET III
Travail de recherche
Avant-propos du Travail de recherche
Introduction
Materials and Methods
Results
Discussion
Figure 16
Figure 17
Figure 18
Figure 19
Figure 20
Figure 21
Figure 22
Table 1
References
PROJET IV
Travail de recherche
Avant-propos du Projet IV
Article de Recherche
Introduction
Materials and Methods
Results and Discussion
Figure 23
Figure 24
Figure 25
Figure 26
Figure 27
Figure 28
Table 2
Table 3
References
PROJET V
Introduction
References
Travail de Recherche 1
Article de Recherche 1
Article acceptรฉ dans Annals of Clinical Medicine
To the Editor
Figure Legend
Figure 1
References
Travail de Recherche 2
Article de Recherche
Article ร  soumettre pour publication
Case report
Figure legends
Figure 1
References
TROISIEME PARTIE
CONCLUSION ET PERSPECTIVES

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