Présentation des pôles territoriaux et leur inscription dans les politiques communautaires du logement social

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Problématisation de la recherche

Problématique du stage

Le point de départ du stage est le suivant : comment mettre en œuvre la réforme des attributions et de la gestion de la demande des logements sociaux dans un territoire nouveau ? Quelles sont les orientations à suivre pour répondre aux exigences de la loi et aux besoins du territoire ? Ces questions de départ constituent le fil conducteur de la période de stage. C’est à ces problématiques que la communauté d’agglomération souhaitait répondre. Les enjeux autour de ces questionnements sont divers. Il s’agit à la fois de s’informer sur son territoire et sur la répartition du parc locatif social mais il y a également une dimension politique forte avec des enjeux entre partenaires importants. La redéfinition de la mission de stage a conduit à affiner la réflexion et à offrir une problématique plus ciblée.
Pour ne pas tomber dans une analyse purement formelle avec un état des lieux et des préconisations se rapportant à la loi, il a été nécessaire d’aborder la réforme des attributions et de la gestion de la demande des logements sociaux via un autre angle. Le but de ces réformes étant de favoriser la mixité sociale et de lutter contre la ségrégation territoriale, c’est donc la sociologie qui va constituer le fil conducteur de cette réflexion. L’objectif est de saisir les différents enjeux sociaux qui se dessinent derrière le volet juridique et de mettre en avant les différents points qui doivent être modifiés pour une meilleure cohésion sociale.
Les objectifs du stage sont donc à la fois de permettre à la CAMSMN de mieux connaître son territoire afin de définir des orientations pour répondre aux compétences qui lui sont attribuées en matière d’équilibre social de l’habitat, mais également d’avoir une approche sociologique sur son territoire et sur la répartition des logements sociaux. Les objectifs des différentes lois étant de favoriser la mixité sociale sur le territoire, c’est dans cette direction que va s’inscrire la réflexion sociologique. L’enjeu du stage est double. La CAMSMN se voit attribuer de nouvelles compétences dues à la fusion, et les lois autour du logement social se transforment et donnent lieu à de nouvelles obligations. Par ailleurs, la question plus globale des enjeux de ces dispositifs sur un territoire rural seront questionnés.

Problématique du mémoire

L’analyse qui va suivre découle du stage réalisé et part de plusieurs questions de départs : Le logement social peut-il être caractérisé par un mode d’habiter qui lui est propre ? Y-a-t-il une dimension communautaire associée au logement social ? Quelles sont les perceptions liées au logement social ? A la fois de la part des habitants mais également des personnes extérieures au logement social. L’étude du logement social et de son inscription dans le territoire fait l’objet d’une approche sociologique. L’analyse porte à la fois sur la perception des habitants mais également sur l’inscription des logements sociaux dans un territoire rural.
Comment, sur un territoire avec différentes dynamiques (rural, littoral, touristique, etc.) la mixité sociale est-elle appréhendée via le logement social ? Quels sont les modes d’habiter des habitants de logements sociaux ? Ces questions constituent des questions de départ qui lient à la fois les attentes juridiques de la réforme, et l’approche sociologique d’un phénomène de mixité sociale recherché par la loi. Il s’agit de s’intéresser à la mixité dans un territoire rural et d’interroger, au travers des différentes réformes, l’impact de celle-ci sur la société. A travers la répartition des logements sociaux et l’insertion de ses habitants dans le territoire, la mixité sociale et la ségrégation territoriale peuvent être abordées. L’étude de cas d’un territoire rural permet de questionner de façon sociologique un fait social, au sens d’Emile Durkheim : celui de la ségrégation ou de la mixité. Selon Emile Durkheim, un fait social concerne « toutes les manières de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ». La conceptualisation qui sera effectuée par la suite mettra en avant le fait que la mixité sociale et la ségrégation peuvent être appréhendées comme tel, du moins les conséquences de ces phénomènes.
Ce stage offre un point de départ essentiel pour développer une approche sociologique du logement social dans un territoire rural. Comment mettre en place des dispositifs législatifs pour favoriser la mixité sociale sur ce type de territoire ? La question qui se pose dans un premier temps doit être analysée de manière sociologique en interrogeant les modes d’habiter des habitants de logements sociaux. L’analyse statistique éclairera les attentes sur le territoire, mais il s’agit également de comprendre les rapports de pouvoir qui se jouent entre les différents acteurs du logement social.
La recherche qui va suivre part des questions suivantes : Comment mettre en place des dispositifs liés à la loi pour favoriser la mixité sociale sur un territoire rural ? Les dispositifs pour favoriser la mixité sont-ils possibles sur un territoire rural ? Les enjeux sont-ils les mêmes que sur un territoire urbain ? C’est ces différentes problématiques qui se posent.
Il s’agira donc, en partant des analyses liées au stage et des résultats obtenus, d’étudier les dispositifs sur un territoire rural et de comprendre les dynamiques qui s’y jouent. Cette problématique est issue d’une réflexion autour des lois et des jeux d’acteurs liés au logement social. Après une approche institutionnelle forte et un cadre politique important, il s’agit à présent de s’éloigner de ce cadre et de questionner de manière plus globale le phénomène de mixité sociale. L’enquête de Sylvie Tissot5 permet de mettre en avant une dimension de la notion de mixité sociale. C’est dans les années 90 que cette notion prend forme. Sylvie Tissot met en avant le fait que ce terme permet de dissimuler certaines pratiques discriminatoires notamment à travers des critères ethniques et économiques. La mixité sociale est l’arme pour lutter contre les ghettos. Cette notion est ambigüe, elle implique des négociations informelles. La mixité sociale fait l’objet d’une gestion par un groupe d’acteurs seuls autorisés à l’organiser, dont la sélection est préétablie par une norme juridique. Ces acteurs sont notamment les bailleurs sociaux et les municipalités. Cette problématique est issue de diverses réflexions. Tout d’abord, la phase de recherche bibliographique a été très riche concernant le logement social, et plus particulièrement les logements, en milieu urbain. Qu’il s’agisse de la géographie urbaine, de la sociologie ou de l’histoire, toutes les disciplines sont investies dans cet objet de recherche. Elles sont également investies dans des phénomènes plus larges concernant les modes d’appropriation de l’espace, en analysant par exemple les processus de gentrification, les espaces périurbains6, les « gateds communities », etc. Ces enquêtes, dans des grandes agglomérations, mettent en avant les différents enjeux qui se dessinent dans ces quartiers d’habitat social. Cependant j’ai pu constater un manque important de littérature sur les milieux ruraux. Certaines enquêtes existent, notamment pour évoquer l’exode rural, ou, plus récemment, le phénomène de retour au rural. Des enquêtes sociologiques portent également sur les milieux agricoles, mais très peu d’enquêtes évoquent le logement social en milieu rural. Ce thème de recherche n’est pas suffisamment investi par la littérature. De ce fait, l’analyse qui va suivre tente d’éclairer les différents enjeux que pose le logement social sur un territoire rural. Les modes de vie, ou plus encore, les modes d’habiter, ne sont que peu étudiés dans les territoires ruraux. La Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie constitue un terrain d’enquête pour offrir ce type d’analyse et la mettre en relation avec l’urbain. Un travail comparatif peut donc être réalisé entre l’urbain et le rural. Les constructions de logements sociaux sont généralement rassemblées dans un même quartier, même si différents quartiers ont du logement social. Ce constat a été fait à l’échelle de la CAMSMN, bien qu’il s’agisse d’un territoire rural. Ce phénomène de concentration est bien moins important que dans les grandes villes mais il est tout de même présent dans les communes rurales. De ce fait, les modes d’habiter peuvent être étudiés dans ces quartiers, mais également en rapport au reste des logements dits privés. Le territoire rural est toutefois également caractérisé par certaines communes qui ne disposent que de petits lots de logements sociaux (une petite dizaine de logements sociaux par exemple). Les interrogations ne sont pas les mêmes entre le rural et l’urbain. De nombreuses études ont eu lieu dans les grandes villes, mais les études dans un territoire rural restent minimes. C’est pour cette raison que cette approche sociologique est intéressante. L’étude d’un territoire rural ne repose pas sur les mêmes éléments qu’un territoire urbain bien qu’il y ait des similitudes et des points de convergences. De nombreuses enquêtes sur le logement social en zone urbaine ont été réalisées, mais également des enquêtes européennes et même mondiales. Les analyses comparatives ont pris forme concernant le logement social.
Différentes hypothèses se dégagent. Elles se sont construites au cours de nombreuses lectures mettant en avant l’urbain et le manque de mixité sociale dans le logement social. La première hypothèse concerne les enjeux autour du logement social. Ceci ne sont pas les mêmes sur un territoire rural ou sur un territoire urbain. Une des sous hypothèses qui se dégage de cette première hypothèse concerne les lois. Ces lois qui ont pour but de lutter contre la ségrégation territoriale ne sont pas adaptées à un territoire rural. Une deuxième hypothèse peut être définie : les dispositifs pour lutter contre la mixité sociale sont inefficaces et les processus de ségrégation sont toujours présents dans les quartiers d’habitat social.

Annonce de plan

Afin de répondre à la problématique de la manière la plus organisée possible, de dérouler l’étude de façon logique et d’aborder au mieux tous les éléments, cette étude va s’articuler autour des points suivants. Le plan qui va suivre a pour but de donner une vision globale de l’enquête.
Dans un premier temps il s’agira de présenter le logement social en offrant une définition de celui-ci, de présenter les différents acteurs et leurs missions. Un détour historique sera réalisé afin de comprendre les origines et les enjeux historiques et sociaux propres au logement social. Ce détour permettra de voir comment le logement social est devenu un problème public au cœur des différentes politiques. Pour présenter le logement social, des chiffres clés seront mis en évidence afin de prendre conscience de la place du logement social dans le logement en France. Puis le développement du logement social sera étudié à travers le processus de mise sur agenda et des politiques publiques.
La seconde partie aura pour but de décrire le territoire de la CAMSMN en le situant dans le département de la Manche. Ceci permettra d’inscrire la CAMSMN dans son département et de le situer tant au niveau géographique, qu’au niveau statistique. Une description du territoire sera réalisée. L’analyse statistique de la Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie, étape essentielle pour la suite du développement, permettra de saisir la présentation du parc social et l’occupation de celui-ci mais aussi les différents enjeux qui se posent au vues des statistiques établis. Un parallèle sera fait à d’autres types résidentiels afin de comprendre les enjeux du logement social.
La troisième partie tentera d’expliquer le fonctionnement actuel du logement social de la CAMSMN, tant au niveau de la gestion de la demande que des attributions. Puis une phase législative sera réalisée. L’objectif sera de présenter la réforme de la gestion de la demande et des attributions des logements sociaux en lien avec la loi ALUR et particulièrement avec la loi « Egalité et Citoyenneté ». Cette partie mettra en perspective le fonctionnement actuel du logement social avec les nouvelles obligations dues à cette réforme. Les nouveaux dispositifs que la Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie doit mettre en place seront évoqués. Puis les différents dispositifs mis en place dans les logements sociaux pour un « impératif participatif »7 seront abordés, lié à une forme de nouveau management du logement social.
La quatrième partie de ce rapport découlera de la quatrième partie, après avoir vu ce que la CAMSMN doit mettre en place, il s’agira de définir des pistes d’orientation pour mettre en œuvre ces réformes. Des préconisations seront apportées en dévoilant des pistes de mise en œuvre de la réforme. Il s’agira ici de montrer les différents points qui peuvent être améliorés au niveau du fonctionnement actuel du logement social sur le territoire, mais aussi de mettre en évidence les points qui fonctionnent plutôt bien et qu’il serait préférable de conserver puisqu’ils conviennent aux communes, aux demandeurs et aux bailleurs sociaux. Ce sont les entretiens et les documents législatifs qui serviront ici de base. Les enjeux sociologiques de ces réformes seront également les fils conducteurs de cette analyse.
Enfin, la cinquième, et dernière partie, aura pour objectif de questionner plus profondément le processus de mixité sociale qui aura été développé tout au long de l’étude : la mixité sociale sur un territoire rural et les modes d’habiter des locataires de logements sociaux. Le sentiment des demandeurs, le phénomène de ghettoïsation, l’entre soi, ou encore les logiques résidentielles seront abordés. Cette approche sociologique aura pour but final de mesurer le phénomène de mixité sociale ou, à l’inverse, de ségrégation sociale, dans un territoire rural, en lien avec les observations qualitatives et quantitatives faites durant le stage, et de donner des éléments de réponse à la question suivante. La mixité sociale est-elle possible ?

Un terrain rural, hétérogène dans son développement

Le territoire de la Communauté d’Agglomération est un nouveau territoire issu d’une fusion de cinq communautés de communes comme évoqué précédemment. C’est un territoire rural qui est caractérisé par une baisse démographique dans l’est du territoire et une augmentation dans la partie ouest. Ce territoire rural est spécifique et particulier : l’ouest et l’est ne sont pas caractérisés par les mêmes dynamiques. L’ouest du territoire est un littoral qui bénéficie de l’attractivité touristique de la baie du Mont-Saint-Michel, à l’inverse l’est du territoire connaît une désertification de la population et un vieillissement de la population. Le territoire est donc hétérogène avec des caractéristiques différentes. Les bassins d’emploi sont également répartis de façon inégale avec une plus forte concentration des emplois dans l’aire urbaine d’Avranches. Ces différences doivent être prises en compte dans l’analyse du logement social. C’est ce qui explique en partie ces différences dans la répartition des logements sociaux.
Le siège de la CAMSMN est à Avranches, ancien siège de l’ancien territoire communautaire d’Avranches Mont-Saint-Michel. Le territoire de la CAMSMN a la particularité d’être limitrophe avec trois départements : l’Ille-et-Vilaine, l’Orne, la Mayenne. De ce fait certains demandeurs de logements sociaux viennent de ces autres départements. Les demandes venant d’autres départements doivent donc être prises en compte dans l’analyse. C’est également un territoire qui est traversé par quelques axes routiers importants.
La CAMSMN est composé d’un « grand pôle urbain », Avranches, selon la typologie de l’INSEE. Ce « grand pôle urbain » est un des quatre du département de la Manche avec Cherbourg Octeville, Saint-Lô et Granville. La CAMSMN est également constituée de quatre « petits pôles urbains » qui sont les suivants : Pontorson, Saint-James, Mortain Bocage et Saint-Hilaire-Du-Harcouët.
La Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie représente 18% de la population de la Manche. En ce qui concerne le logement social, 10,7% des logements du parc locatif des bailleurs sociaux de la Manche. Le logement social dans la Communauté d’Agglomération est réparti sur 44 communes sur un total de 97 communes dans la Communauté d’Agglomération. Ces 44 communes représentent 3993 logements sociaux dont 46,20% de logements individuels et 53.80% de logements collectifs.
Ce terrain d’enquête a été abordé de différentes façons : tout d’abord une approche institutionnelle à été réalisée avec des rencontres avec certains élus et agents en charge de l’attribution des logements sociaux, mais également une approche vers « le bas » en réalisant des entretiens avec des habitants de logements sociaux et des observations.

Méthodologie utilisée

La méthodologie utilisée dans le cadre de cette étude est multiple. L’analyse quantitative a été doublée d’une analyse qualitative. Ces deux méthodes ont été utilisées, non pas parallèlement, mais de manière croisée. Les deux phases ont été menées en même temps afin de comprendre plus en profondeur les données statistiques. Cette double approche permet de mieux saisir le sujet et d’appréhender au mieux les différents éléments. Les données statistiques ont permis d’éclairer les propos recueillis par les différents acteurs et de comprendre la typologie du territoire. Le fait de disposer de données statistiques en menant les entretiens a permis de mieux comprendre les différents enjeux en fonction du nombre de logements sociaux et des caractéristiques du territoire étudié. L’enquête qualitative a, elle, permis de donner des éléments sur les données statistiques qui ne sont pas visibles à travers les chiffres, comme par exemple les ressentis des locataires de logements sociaux ou des demandeurs. L’intérêt de mener une double approche, quantitative et qualitative, est donc multiple puisque ceci permet à la fois de croiser les résultats obtenus et d’avancer plus rapidement dans l’étude.

Analyse quantitative

L’analyse quantitative de cette étude repose sur plusieurs bases de données. La première étape du travail a été de recueillir les données statistiques de l’Occupation du Parc Social (OPS) et les données du Répertoire du Parc Locatif Social (RPLS) des différentes communes auprès de l’Association Régionale pour l’Habitat Social. Certaines données étaient tout de même disponibles sur le site « Observation et statistiques » comme les données RPLS au 1er janvier 2015 par communes, régions et départements.
L’analyse quantitative va donc s’appuyer sur l’analyse des données RPLS et OPS transmises par l’Association Régionale pour l’Habitat Social. L’enquête Occupation du Parc Social (OPS) a été instaurée par la loi du 4 mars 1996 relative au supplément de loyer de solidarité et modifiée par la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002. Cette loi impose aux organismes bailleurs de transmettre à chaque préfet de département des renseignements statistiques après réalisation d’une enquête auprès de leurs ménages locataires. Cette enquête, auparavant avait une périodicité de trois ans, elle est aujourd’hui réalisée tous les deux ans. Le rapport OPS constitue un des volets du rapport national sur la situation du logement en France. Un arrêté, publié dans le Journal Officiel, définit les modalités de réalisation de l’enquête et le contenu des renseignements que les bailleurs doivent transmettre au préfet. Des données à l’échelle communale sont communiquées pour tout le territoire français. Cette obligation est toujours d’actualité et elle est étendue par la loi « Egalité et Citoyenneté ». L’article L.411-10 et L.442-5 du code de construction et d’habitation étend le contenu du répertoire de logements locatifs sociaux (RPLS) aux données relatives aux locataires, renforce les sanctions applicables en cas de non-respect de transmission par les bailleurs sociaux des données concernant leurs locataires et précise les modalités de traitements des données de l’enquête sur l’occupation du parc social. Le répertoire des logements locatifs des bailleurs sociaux (RPLS) a été créé au 1er janvier 2011 afin de remplacer l’enquête sur le parc locatif social (EPLS) réalisée par le Service de l’observation et des statistiques (SOeS) auprès des bailleurs sociaux. Les informations statistiques sont transmises logements par logements, les bailleurs ont l’obligation de fournir chaque année les renseignements nécessaires à l’alimentation du répertoire et les informations font l’objet d’une diffusion plus large que l’EPLS. C’est le SOeS qui est chargé de la tenue de ce répertoire. Ce répertoire a pour objectif de dresser l’état global du parc de logements locatifs des bailleurs sociaux au 1er janvier d’une année. Il s’agit d’indiquer le nombre de logements, les modifications intervenues au cours de l’année écoulée, la localisation, le taux d’occupation, la mobilité, le niveau des loyers, le financement et le conventionnement.
De plus, un des matériaux essentiels à l’étude est la base de données « statistiques d’occupation CAMSMN 2017» fournie par Manche Habitat. Ces statistiques concernent les logements Manche Habitat. Cette base de données est une des ressources principales. Bien qu’il s’agisse des données pour les logements Manche Habitat, celui-ci est le principal bailleur avec 97% des logements sociaux de la CAMSMN, les données seront donc mobilisées fortement.
Les résultats d’une analyse des besoins sociaux sur le territoire d’Avranches commanditée par le CCAS et le contrat de ville d’Avranches concernant le quartier prioritaire de la politique de la ville La Turfaudière – Mermoz, sont également à ma disposition. L’étude va également s’appuyer sur différentes enquêtes de niveau national qui vont servir de données de cadrage. Au niveau national, des enquêtes concernant le logement sont mises en place depuis plusieurs années. L’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) réalise une enquête récurrente « Enquête Nationale Logement » (ENL) depuis 1955, la dernière a été réalisée en 2013. Elle a pour objectif de recueillir les données concernant le logement au niveau national. La vocation de cette enquête est d’éclairer le débat public en décrivant les caractéristiques sociodémographiques et économiques des ménages et les modalités d’occupation de leur résidence principale. De nombreuses thématiques sont abordées à travers cette enquête : le statut d’occupation et d’hébergement, la qualité du logement, la qualité de l’environnement du logement, les revenus du ménage et le patrimoine immobilier, ou encore les dépenses du logement. Ces différentes thématiques permettent d’offrir des regards croisés essentiels. Cette enquête nationale du logement va permettre, dans le cadre de cette étude sur le logement social, de donner des éléments de compréhension et des données de cadrage. Les données sont disponibles en ligne sur le site internet de l’INSEE.
Ces données vont donc être essentielles pour mener à bien un état des lieux. Elles constitueront la base de données sur laquelle l’analyse va se construire. La loi prévoit que les EPCI compétents en matière de programme local d’habitat reçoivent, à leur demande, toutes les informations relatives aux logements de leur territoire. De ce fait, la CAMSMSN est dans le droit d’avoir à sa disposition ces données.
Les données disponibles sont donc les suivantes : les données statistiques d’occupation du parc social de Manche Habitat, les données RPLS 2016 et les données OPS 2014. Pour cette dernière base, seulement 17 communes seront exploitables du fait du trop faible nombre de réponses pour les autres communes.

Analyse qualitative

Concernant l’analyse qualitative, différents entretiens ont été réalisés et également des observations directes. Ces observations permettent de s’imprégner du terrain et de visualiser les différents dispositifs mis en place dont les acteurs parlent dans les entretiens. Elle a pour avantage d’offrir une vision concrète. Les observations directes, notamment dans le quartier de la Turfaudière – Mermoz, ont permis d’observer les différents éléments du quartier et de voir la disposition des logements sociaux et leurs caractéristiques. Les éléments retirés de ces observations seront décrits plus tard. Dans ce quartier une journée a été consacrée à l’échange avec les habitants. Différents entretiens ont été réalisés avec des personnes en charge du logement social dans différentes communes de la Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie et avec des élus (Sourdeval, Saint-James, Saint-Hilaire-du-Harcouët, Avranches, Brécey, Ducey Les Chéris, Pontorson). Mais aussi avec un bailleur social : Manche Habitat, et un questionnaire a été rempli par La Rance. Les différents acteurs du logement social ont été approchés afin de recueillir les différents points de vue et de comprendre au mieux le fonctionnement du logement social dans le territoire. Un entretien avec une autre Communauté d’Agglomération (Flers Agglo) a également été réalisé afin de voir comment celle-ci avait mis en place la réforme puisqu’elle était plus avancée dans son élaboration des dispositifs liés à la réforme que la CAMSMN. Un rendez-vous avec la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) a permis de comprendre le point de vue du gouvernement au niveau départemental. Les prises de rendez-vous se sont faites par mail et par téléphone. Une grille d’entretien et un compte rendu a été réalisé pour chaque entretien. Un rendez-vous a également eu lieu avec Manche Habitat lors d’une sortie d’un locataire d’un logement afin de saisir les raisons d’un départ et une demi-journée avec le médiateur de Manche Habitat a été réalisée.
Des entretiens ont été réalisés avec des habitants de logements sociaux. Des observations du quartier ont pu être faites, ainsi qu’une participation au conseil citoyen et à une réunion pour l’aménagement d’un square. Une visite de logement social (état des lieux) a été réalisée avec un agent employé par le bailleur social Manche Habitat. La participation à des rendez-vous avec des demandeurs de logements sociaux a également pu être réalisée avec l’aide du service logement du CCAS d’Avranches. Une journée avec la médiatrice du quartier prioritaire de la politique de la ville a été organisée pour saisir les différents enjeux du territoire et échanger avec des habitants, également avec le médiateur de Manche Habitat nouvellement formé. Ces différents échanges ont permis de saisir au mieux les particularités du territoire et de comprendre la perception des habitants de logement social vis-à-vis de leur mode d’habiter.

Conceptualisation

Avant toute chose, il est essentiel, pour bien comprendre dans quelles perspectives cette étude est menée, de conceptualiser les termes. Le terme de logement social va faire l’objet d’une définition plus importante dans la suite de l’analyse en revenant sur une définition mais également sur l’histoire, et les chiffres clés. Cependant pour le moment il doit être entendu comme « des logements construits avec des aides (avantages fiscaux, subventions publiques et prêts à taux privilégiés), pour pouvoir loger des personnes aux revenus modestes » selon le ministère du logement et de l’habitat durable.
La mixité sociale désigne la présence simultanée ou la cohabitation, en un même lieu, de personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles, à des cultures, à des nationalités, à des tranches d’âge différentes. La mixité sociale est à la fois un état : cette cohabitation sur un même territoire de groupes sociaux aux caractéristiques diverses, et un processus : le fait de faciliter cette cohabitation afin d’avoir une répartition plus équilibrée des populations. La mixité sociale peut justifier d’importantes dispositions des politiques du logement et dans le même temps être accusée d’accentuer la ségrégation sociale et ethnique. Cette notion est utilisée notamment dans les politiques du logement en réaction à la concentration de populations défavorisées dans un espace, et particulièrement dans des quartiers d’habitat social. La loi d’orientation pour la ville du 13 juillet 1991 instaure les premiers articles concernant la mixité sociale. L’article 1 de la loi n°91-662 du 13 juillet 1991 est le suivant « Afin de mettre en œuvre le droit à la ville, les communes, les autres collectivités territoriales et leurs groupements, l’Etat et leurs établissements publics assurent
à tous les habitants des villes des conditions de vie et d’habitat favorisant la cohésion sociale et de nature à éviter ou à faire disparaître les phénomènes de ségrégation. Cette politique doit permettre d’insérer chaque quartier dans la ville et d’assurer dans chaque agglomération la coexistence des diverses catégories sociales. A ces fins, l’Etat et les autres collectivités publiques doivent, en fonction de leurs compétences, prendre toutes mesures tendant à diversifier dans chaque agglomération, commune ou quartier les types de logement, d’équipements et de services nécessaires : – au maintien et au développement du commerce et des autres activités économiques de proximité; – à la vie collective dans les domaines scolaire, social, sanitaire, sportif, culturel et récréatif; – aux transports; – à la sécurité des biens et des personnes. » L’article 3 met en place l’obligation pour les communes de permettre la réalisation de logements sociaux « La réalisation de logements sociaux est d’intérêt national. Les communes ou leurs groupements doivent, par leur intervention en matière d’action foncière, permettre la réalisation de logements sociaux. Les collectivités publiques doivent veiller à ce que les restaurations nécessaires des quartiers anciens des villes ne méconnaissent pas les objectifs mentionnés à l’article 1er. Elles apportent un soin particulier, avec le concours des organismes gestionnaires des logements et de l’Etat, à la réhabilitation et à la valorisation des quartiers récents dégradés, ainsi qu’à la création ou au développement des relations entre ces quartiers et le reste de la ville. » Ces deux articles de la loi n°91-662 donnent les fondements de la mixité sociale au niveau des territoires. Dans le cadre de l’étude qui va suivre il faut entendre la mixité sociale comme la volonté de faire habiter des personnes avec des caractéristiques différentes dans un même quartier. Les lois, et notamment l’article 55 de la loi SRU, favorisent cette cohabitation.
Revenons sur les termes de territoire rural et territoire urbain. Le territoire est un espace délimité, approprié par un individu, une communauté, sur lequel peut s’exercer l’autorité d’un État, d’une collectivité. Les territoires s’étudient donc en fonction des mailles de gestion de l’espace mais ils peuvent être emboîtés. Selon l’INSEE, un espace rural regroupe l’ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées). L’espace rural représente 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France. Ces deux notions, rural et urbain, désignent toutefois un milieu de vie mais avec des caractéristiques différentes. Aujourd’hui, l’INSEE ne parle plus de territoire urbain ou de territoire rural mais d’espace à dominante rurale ou à dominante urbaine. Ces concepts permettent de nuancer les propos et de mieux prendre en compte les diversités des territoires et des contextes. Un territoire urbain est, selon l’INSEE, un ensemble continu formé par des aires urbaines et par les communes dont au moins 40% de la population active résidente travaille dans l’une ou l’autre des ces aires urbaines. Le DATAR (Délégation Interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) à construit une typologie qui met en avant « trois France rurale » : les territoires à dominante résidentielle en périphérie des villes, les campagnes à dominante agricole et enfin les espaces multifonctionnels, avec des ressources patrimoniales importantes et attractives. Il s’agit donc d’espaces, certes ruraux, mais avec des caractéristiques différentes : les « campagnes des villes » qui sont des nouvelles formes du rural, les campagnes les plus fragiles marquées par le recul économique et démographique et les nouvelles campagnes qui sont en recherche d’équilibre.
La notion de « mode d’habiter » doit être entendue à mi-chemin entre le « genre de vie » géographique et les « modes de vie » sociologiques. Selon Nicole Mathieu, ces deux termes sont obsolètes, elle a donc conceptualisé la notion de « mode d’habiter » qu’elle définie comme une notion qui « permet d’interroger les rapports qu’entretiennent les individus ou les groupes sociaux avec leurs lieux et milieux de vie, leur habitat au sens large »8. Pour elle le mode d’habiter est une relation aux lieux et à la communauté locale. Les individus s’identifient à travers leur logement. A travers les modes d’habiter des traits significatifs de leur mode de vie et de penser ressortent. Les espaces périurbains par exemple sont caractérisés par une diversité des modes d’habiter. Différents facteurs permettent la diversification des modes d’habiter. Des différenciations dans les modes de vie selon l’itinéraire résidentiel, l’appartenance sociale et les différenciations socio-démographiques, conduisent à des modes d’habiter diversifiés. L’article de L. Cailly et R. Dodier, La diversité des modes d’habiter des espaces périurbains dans les villes intermédiaires : différenciations sociales, démographiques et de genre9, permet de saisir cette question des modes d’habiter. Ce concept est récent et il s’agit de saisir comment les individus habitent les espaces géographiques. Ce concept est donc à la fois sociologique et géographique. Beaucoup de travaux sur les modes d’habiter concernent en particulier les espaces périurbains. C’est également le cas de l’ouvrage d’Anne Lambert10.

Cadres théoriques

Le cadre théorique dans lequel cette étude s’inscrit n’est pas unique. Elle va s’appuyer à la fois sur des auteurs classiques en sociologie mais aussi sur des sociologues plus contemporains qui étudient la ségrégation spatiale. Le courant de la ségrégation urbaine sera mis en avant et servira de références bibliographiques fondamentales. La sociologie urbaine
tend à comprendre les rapports d’interaction et de transformation qui existent entre les formes d’organisation de la société et les formes d’aménagement des villes. C’est-à-dire que l’organisation de la société est reflétée dans l’aménagement des villes. A travers les villes et l’organisation de l’espace, les relations et les interactions sont différentes. Le logement social doit être abordé dans ce cadre conceptuel puisque la répartition du logement social et son effet sur les interactions seront étudiés.
L’analyse qui va suivre est au croisement de la sociologie et de la politique, de ce fait une inscription conceptuelle doit être faite pour savoir dans quel courant sociologique cette approche s’inscrit. Tout d’abord, un apport important sera fait par la sociologie urbaine et notamment par l’Ecole de Chicago. L’Ecole de Chicago est un courant de pensée sociologique apparu au début du XXème siècle à l’université de Chicago. La sociologie urbaine s’est développée dans cette ville qui a connu une urbanisation rapide et une hétérogénéité importante, tant au niveau social qu’au niveau culturel. De ce fait la ville est devenue un objet d’étude privilégié pour étudier les phénomènes sociaux qui se jouent. Selon Robert E. Park, Chicago est devenu un « laboratoire social ». La sociologie urbaine tente de comprendre les rapports d’interactions et de transformations qui existent entre les formes d’organisation de la société et les formes d’aménagement de la ville, c’est donc un croisement entre la morphologie urbaine et sociale. Selon l’Ecole de Chicago, la ville est un observatoire du changement, elle permet de voir l’agrandissement des processus sociaux. Selon Robert Ezra Park, la ville « est un état d’esprit, un ensemble de coutumes et de traditions, d’attitudes et de sentiments organisées, inhérents à ces coutumes et transmis avec ces traditions »11. L’approche à travers l’école de Chicago va permettre de saisir les différents processus, notamment autour de la ségrégation socio-spatiale.
La sociologie de l’habitat contemporain est également une branche de la discipline qui sera mobilisée puisqu’elle met en avant que l’habitat est un chez-soi identitaire, qu’il incorpore des traits culturels et sociaux majeurs des groupes pour transmettre des références collectives. Le logement est un témoignage de l’intégration et de l’exclusion. Les logements enracinent une mémoire individuelle et collective. Le support d’un ancrage territorial des pratiques sociales et culturelles. Le logement peut également être vu comme le reflet des inégalités, le rapport de domination à travers le territoire sera donc évoqué.

Les différentes limites de l’analyse du logement social sur un territoire rural

Certaines limites doivent être évoquées avant de rentrer dans une analyse plus précise de ce territoire et de mettre en avant les différents enjeux liés au logement social. Tout d’abord, l’inscription de ce stage dans une collectivité territoriale place le chercheur en lien avec l’institution. Aux yeux des différents acteurs j’étais donc rattachée à la communauté d’agglomération. Celle-ci va avoir un rôle central dans les politiques de gestion et d’attribution de logements sociaux. De ce fait, une certaine réticence pouvait parfois avoir lieu
à mon égard, même si globalement tous les entretiens se sont bien déroulés. Le cadre institutionnel est donc également un cadre politique. Les différentes réformes et lois qui se succèdent concernant le logement social encadrent les actions des différents partenaires.
D’autre part, une des limites qui m’a parue essentiel est le fait que certains points ne doivent pas être dits ou de manières contournées afin de préserver les relations entre les différents acteurs. Les comptes rendus d’entretien en sont un bon exemple. La validation de la part des personnes interrogées devait avoir lieu avant l’utilisation de ces comptes-rendus. De nombreux acteurs, notamment ceux ayant une forme de pouvoir ou une position importante dans les logements sociaux ont renvoyé leur compte rendu avec des modifications soit au niveau uniquement des tournures de phrases, mais aussi également en allant plus loin en modifiant voir supprimant des passages pourtant dit en entretien. Cette limitation de la parole n’est pas habituelle dans une discipline telle que la sociologie où les entretiens sont généralement retranscrits aux mots pour mots puisque c’est dans les mots les plus basiques et les expressions que se cachent parfois des outils de compréhension d’un phénomène social. Pour cette approche sociologique, ces entretiens ont toutefois été utilisés l’état brut.
L’analyse statistique a débuté assez tardivement. L’étape de collecte des données aurait due constituer la première étape de l’étude, mais il en a été autrement. En effet, une difficulté est survenue. Avec la fusion des anciens territoires communautaires, la Communauté d’Agglomération, dont le siège a été installé dans l’ancienne Communauté de communes Avranches – Mont-Saint-Michel, la CAMSMN disposait uniquement des données concernant le territoire d’Avranches – Mont-Saint-Michel. L’élaboration d’une base de données rassemblant les différentes communes disposant des logements sociaux dans le nouveau territoire de la CAMSMN a été relativement longue, puisque sur trois mois de stage, je n’ai pu avoir celles-ci qu’au bout d’un mois. Cette difficulté a retardé l’analyse de ces données et l’étude statistique a pris du retard. Ce blocage aurait pu être évité en commençant la préparation de la base de données avant le début du stage. Cependant il était intéressant que je sois moi-même confrontée à ce problème puisqu’il m’a appris à gérer mon temps autrement et à faire face à une situation imprévue. Le contexte de fusion a également mis en avant une autre difficulté : l’organigramme des services et des directions thématiques étant en construction, les changements internes ont été nombreux pendant la période de stage. Cette réorganisation des services n’a pas permis d’avoir une vision claire des jeux de pouvoir et de domination qui se jouent entre les agents de la communauté d’agglomération puisqu’il s’agissait d’une période de reconstruction.
Le fait d’effectuer le stage dans une communauté d’agglomération est certes un avantage puisque ceci permet de comprendre le fonctionnement de cette institution et d’être au plus proche de certains acteurs, de comprendre les enjeux qui se jouent autour des diverses questions, notamment en matière d’habitat. Cependant un des points qui peut relever, dans une certaine mesure, d’une difficulté est le suivant : une très grande partie du travail a été réalisée dans un bureau. De ce fait le contact au terrain était limité. Bien que certains rendez – vous m’aient permis de rencontrer différents acteurs et d’échanger avec des habitants de logements sociaux, ces temps de rencontre n’étaient pas majoritaires et étaient planifiés. Or il me semble qu’une analyse sociologique doit être basée sur de nombreuses observations et rencontres au sein du terrain étudié, ceci de manière planifiée comme c’était le cas, mais aussi de manière informelle afin de laisser les phénomènes sociaux se produire et les analyser. La posture institutionnelle n’a pas permis de développer beaucoup d’échanges informels avec les acteurs du logement social, bien que certaines observations aient pu être menées.
Enfin, une des dernières difficultés rencontrées, qui semble pour moi la plus essentielle, est la difficulté à lier le rapport de stage, comportant plutôt une dimension politique et institutionnelle, au mémoire, qui lui se veut plus sociologique et tente d’avoir un point de vue plus global sur le stage réalisé tout en articulant les résultats pour en dégager des idées et des analyses. La recherche de la problématique a connu de nombreux changements afin de concilier à la fois les résultats du stage et les lectures sociologiques faites en parallèles.

Le logement social

Définition du logement social : « le logement social, une réponse à la précarité »

L’image du logement social a aujourd’hui changé. Selon Xavier Leloup, urbaniste, l’image d’un logement, signe d’un patrimoine familial transmis d’une génération à l’autre avec une valeur d’usage, s’est aujourd’hui transformée en un bien de consommation avec une marchandisation croissante. Les ménages en difficultés ont de plus en plus de difficultés à accéder à un logement à un prix acceptable. La question de l’accession des ménages à un toit apparaît comme une question centrale de la politique du logement. Les logements sociaux sont construits afin de permettre aux ménages les plus modestes de se loger. Ceci est la principale mission de ce type de logement. Par logement social, J-P. Flamand et B.Boubli entendent, dans leur ouvrage Le logement publié en 1994, « le logement qui a bénéficié pour sa réalisation de l’aide directe ou indirecte des pouvoirs publics, Etat, collectivités territoriales, et qui vise explicitement à loger les personnes à revenus modestes moyennant un loyer compatible avec leurs ressources »13.
Les loyers et la désignation du locataire sont soumis à des règles strictes définies par l’Etat. Les critères d’attribution d’un logement sont fixes. La commission d’attribution est chargée de vérifier si les demandeurs répondent bien à ces critères. Les ménages ne doivent pas dépasser un certain seuil de ressources pour accéder à un logement. L’objectif du logement locatif social est de permettre à des ménages modestes de se loger à des loyers moins élevés que ceux du parc privé. Pour qu’un logement soit considéré comme un logement social, il faut qu’une convention APL (aide personnelle au logement) soit signée entre le bailleur social et l’Etat. Des aides seront par la suite attribuées aux locataires mais aussi aux bailleurs pour construire le logement. Le montant du loyer au m² va être déterminé par cette convention et par la nature du prêt octroyé par l’Etat pour financer la construction de l’immeuble. Ceci est une des particularités des logements sociaux. C’est-à-dire que plus les prêts et subventions sont importants, plus le bailleur propose des loyers faibles. De ce fait il existe différentes catégories de logements sociaux : le PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration) réservé aux personnes en grande précarité, le PLUS (Prêt Locatif à Usage Social) qui correspond aux HLM traditionnelles, et le PLS (Prêt Locatif Social) qui finance des logements situés en priorité dans les zones dont le marché immobilier est le plus tendu. Les plafonds de revenus pris en compte sont différents selon la nature du prêt.
La construction de logements sociaux peut être décidée par une commune ou une EPCI qui en fait la demande à un organisme bailleur, ou par un bailleur qui le fait avec l’accord de la collectivité. Le financement de la construction d’un logement social peut se faire par différents acteurs : l’Etat, les collectivités territoriales, la caisse des dépôts et consignation, le bailleur lui-même sur ses fonds propres, Action Logement. En fonction du financement qu’ils ont apporté, les financeurs disposent, après la réalisation des logements, de quotas d’appartements réservés pour lesquels ils proposent des candidats locataires qui leur en font la demande. Ce sont donc des « réservataires ».
Les acteurs autour du logement social sont multiples et leurs intérêts sont divers. Les organismes sociaux, publics (Office Public de l’Habitat) ou privés (Entreprises Sociales pour l’Habitat), sont en charge de la construction des logements sociaux, ce sont les propriétaires de ces logements. Ils produisent et gèrent le parc locatif social. L’Etat joue un rôle majeur dans les logements sociaux puisqu’il est chargé d’attribuer des aides, aides à la pierre, pour la construction, l’acquisition ou la réhabilitation de logement. Les communes ont elles un rôle essentiel puisqu’elles prennent part dans l’attribution des logements sociaux, pour le cas de la CAMSMN avec un fonctionnement particulier, et participent au financement des logements sociaux. Les Communautés d’Agglomérations gèrent les aides de l’Etat sur leur territoire et impulsent la politique locale de l’habitat via leur compétence en matière d’équilibre social de l’habitat.
Les principales missions du logement social sont d’accueillir des familles n’ayant pas accès à un logement convenable aux conditions du marché. Les organismes produisent des logements sociaux avec différents financements. Le logement social est là pour permettre aux personnes avec des revenus modestes de se loger à des loyers moins élevés que ceux pratiqués dans le parc privé. Les demandeurs doivent respecter certains critères de revenus, ils doivent être majeurs et être de nationalité française ou avoir un titre de séjour valable en France.
La mission des organismes HLM est de protéger les personnes aux revenus modestes de la précarité en leur offrant un logement à des loyers moins élevés que dans le parc privé. La construction de logements sociaux a été un progrès social important.

Histoire du logement social : d’une politique d’aide à l’hébergement à une politique pour les personnes défavorisées

Il y a déjà 2 000 ans, les patriciens construisaient des logements pour loger les citoyens romains issus du bas peuple et distincts des esclaves. La volonté de loger les personnes les plus modestes est déjà ancienne. Au XVIIIème siècle des pensées utopistes se développent, les villes rationnelles sont pensées pour régler les maux de la société14. Le logement est au cœur de ces pensées. C’est l’exemple de ces utopistes, parfois socialistes : R. Owen, C. Fourier et le Phalanstère, etc. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les cités ouvrières se sont développées. Ces cités étaient construites par les patrons qui voulaient développer leur entreprise tout en gardant leur main d’œuvre à proximité. Les cités ouvrières peuvent être considérées comme les précurseurs des logements sociaux. Dans les campagnes ce processus se retrouvait aussi avec les ouvriers logés à la ferme. Cependant ces constructions sont des initiatives privées et indépendantes de l’Etat (Le familistère de Godin, la Cité Menier, la Cité Napoléon). Elles ont tout de même permis de montrer l’importance de l’habitat comme facteur de progrès et d’intégration et de faire avancer l’idée d’une nécessaire intervention de la puissance publique dans le problème du logement.
En 1894 pour la première fois l’idée apparaît de construire des « Habitations à Bon Marché » afin de répondre aux problèmes de santé dus au mal-logement et à l’insalubrité. Les logements sont exigus et les maladies se propagent plus rapidement. Les logements sont insalubres, rudimentaires, la promiscuité est importante, les personnes sont entassées et les familles vivent dans une seule pièce. De ce fait les maladies se propagent rapidement et les crises sanitaires se développent. Dans ce cadre il est essentiel d’intervenir et en en 1850 une loi contre l’insalubrité est votée. C’est le début de l’interventionnisme étatique. En 1910 la notion de « droit au logement » va émerger et des questions autour du logement vont être abordées. Le logement social va devenir petit à petit l’objet de politiques publiques avec des objectifs fixés de construction. Les organismes HBM deviennent des acteurs incontournables de la production des logements aidés. Avant la première guerre mondiale quelques lois ont commencé à être instaurées. Les conséquences de la guerre sont multiples : baisse démographique, hausse de l’immigration, exode rural et destruction importante de logement. Une loi qui bloque les loyers est appliquée. De ce fait les investisseurs et l’Etat se tourne de cette question et pendant 10 ans aucune intervention majeure concernant l’habitat ne sera faite. Quelques initiatives seront prises pour résoudre ces problèmes mais ce sera de nombreux échecs. Les constructions rationnelles, standardisées et mécaniques sont de mises. Après la seconde guerre mondiale, la pénurie de logements se fait ressentir. Les logements sont insalubres et détruits par les bombardements. Cette période est caractérisée par une volonté de reconstruire le pays rapidement et de loger la population qui est dans le besoin. Cependant, le contexte économique et social fait que l’Etat n’intervient pas aussitôt dans cette crise du logement. La production de grands ensembles va être la réponse apportée à la croissance démographique nourrie par l’immigration et la pénurie de logements. Les HBM deviennent, en 1949, les Habitations à Loyer Modéré (HLM) et la construction de logement est accélérée. Les entreprises vont également participer à l’effort de constructions via le versement d’1% de la masse salariale. En 1954, l’appel de l’Abbé Pierre pour aider les sans-abris va impulser d’autant plus cette dynamique et des cités d’urgence vont être construites sous la pression de l’opinion publique. Cet appel place la question du logement en problème public et de nombreuses mobilisations auront lieu. De nombreuses enquêtes et articles vont paraître dans les mois qui suivent. Les premières réglementations sur les attributions de logement social apparaissent. Le but est de construire plus vite et moins cher. Des ZUP (Zones à Urbaniser en Priorité), remplacées par la suite par les ZAC (Zone d’Aménagement Concerté), sont mises en place et se développent très rapidement. C’est d’ailleurs à cette période qu’une conception ségrégative du logement se développe avec d’un côté un parc social ordinaire et « un parc de transition » qui accueille les travailleurs immigrés. Durant les 30 glorieuses la volonté est de construire et les logements sociaux vont prendre place pour résorber les bidonvilles. C’est en 1971, qu’une politique de résorption des bidonvilles et de relogement des immigrés est lancée.

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Table des matières

I. Introduction
1.1. Contexte
1.2. La Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie : présentation d’une institution nouvellement créée
1.3. Définition de la mission de stage
1.4. Problématisation de la recherche
1.4.1. Problématique du stage
1.4.2. Problématique du mémoire
1.5. Annonce de plan
1.6. Un terrain rural, hétérogène dans son développement
1.7. Méthodologie utilisée
1.7.1. Analyse quantitative
1.7.2. Analyse qualitative
1.8. Conceptualisation
1.9. Cadres théoriques
1.10. Les différentes limites de l’analyse du logement social sur un territoire rural
II. Le logement social
2.1. Définition du logement social : « le logement social, une réponse à la précarité »
2.2. Histoire du logement social : d’une politique d’aide à l’hébergement à une politique pour les personnes défavorisées
2.3. Chiffre clés du logement social en France
2.4. Mise sur agenda, politiques publiques et rénovation urbaine : le logement social au cœur des débats entre divers acteurs
2.4.1. Mise sur agenda et des questions publiques en évolution
2.4.2. Politiques de peuplement et rénovation urbaine
2.4.3. Logiques de pouvoir et de domination : les jeux entre acteurs
III. Données statistiques et enjeux d’un territoire rural
3.1. La CAMSMN : inscription dans le département et présentation du logement social
3.1.1. La Manche : un territoire hétérogène au niveau de son développement et du logement social
3.1.2. La CAMSMN face au logement social
3.1.3. Présentation des pôles territoriaux et leur inscription dans les politiques communautaires du logement social
3.2. Le logement social comme objet sociologique
3.3. Les enjeux liés à l’habitat social sur un territoire rural
3.3.2. Un des enjeux centraux sur un territoire rural : la vacance
3.4. Les enjeux liés à l’occupation du parc social
3.5. Analyse des données : quelles problématiques pose ce territoire rural ?
3.5.1. Les constats et enjeux du logement social sur un territoire rural
3.5.2. Comparaison avec des territoires urbains et d’autres types résidentiels
IV. Les lois et le fonctionnement actuel
4.1. Fonctionnement actuel de la gestion de la demande et des attributions sur le territoire de la CAMSMN
4.1.1. Volet gestion de la demande
4.1.2. Volet sur l’attribution des logements sociaux
4.2. Réforme de la gestion de la demande et des attributions de logement social : les différents dispositifs
4.2.1. Cadre de la réforme
4.2.2. Les différents dispositifs à mettre en place pour la CAMSMN
4.2.3. Limites des différentes réformes pour le territoire de la CAMSMN
4.3. L’impératif participatif : une nouvelle gestion du logement social
V. Préconisation et définition d’orientations en lien avec la réforme
5.1. Les constats sur les dispositifs actuels
5.1.1. Les points à conserver
5.1.2. Les points de divergences
5.1.3. Les points à améliorer
5.2. Les orientations possibles pour la CAMSMN
VI. Une mixité sociale est-elle possible ?
6.1. Ségrégation ou mixité sociale ?
6.2. Des dispositifs vers l’aide à la mixité sociale
6.3. Des trajectoires résidentielles différentes comme conséquences de logiques résidentielles différentes
6.4. Le logement social : les perceptions de cet habitat
Conclusion
Bibliographie

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