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Présentation des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action(MILDA)
Trois types de MILDA ont été distribués aux populations : DawaPlus®2.0, Netprotect® et PermaNet® 2.0.
• Dawa Plus®2.0 (Tana Netting, Thailand) : Les moustiquaires DawaPlus®2.0 sont de couleur blanche, rectangulaire (200L, 160l et 180h cm), constituées d’un tulle multi filaments de polyester de 100 deniers et de maille 156 trous/pouce2. Elles sont imprégnées de deltaméthrine à la dose de 40 mg/m2.
• Netprotect® (Intelligent Insect Control, France) : Les moustiquaires Netprotect®sont de couleur blanche, rectangulaire (190L, 180l et 150h cm) constituées de filaments (mono filaments) en polyéthylène de 110 deniers et de maille 136 ou 200 trous/pouces2. Elles sont imprégnées de deltaméthrine, à la dose de 65 mg/m2.
• PermaNet® 2.0 (Vestergaard Frandsen, Suisse): Les moustiquaires PermaNet® 2.0 sont de couleur blanche, rectangulaire (190L, 180l et 200h cm) confectionnée avec un tulle en fil de polyester de 75 deniers et de maille 156 trous/pouce2. Elles sont imprégnées de deltaméthrine, à la dose de 55 mg/m2.
Identification des points/lieux de couchage et estimation du nombre de MILDA à distribuer par ménage
Avant la distribution des moustiquaires, le recensement et l’identification des points/lieux de couchage a été effectué par les relais communautaires recrutés dans chaque village d’étude. Après une orientation, la fiche de recensement a été testée sur le terrain avant le travail de recensement proprement dit.
Pour chaque ménage, le nombre de points/lieux de couchage à couvrir en MILDA (c’est-à -dire qui n’en disposent pas), a été établi sur une fiche de recensement. Selon la taille des villages, le recensement des points/lieux de couchage ne disposant pas de moustiquaires a été effectué en un (1) ou deux (2) jour (s) sous la supervision d’un contrôleur qui vérifiait le remplissage correct des fiches.
Avant la distribution des moustiquaires, une journée de sensibilisation au cours de laquelle les coupons ont été remis aux futurs récipiendaires a été effectuée dans chaque village. Ces coupons ont été confectionnés par carnet de cinquante (50) et distribués aux ménages à raison d’un coupon par MILDA à distribuer.
Les MILDA ont été transportées du Laboratoire au dépôt de la pharmacie du poste de santé de Hanène d’où elles ont été distribuées dans les différents villages.
Distribution des moustiquaires
Sur la base des résultats du recensement, la liste complète des ménages par village d’étude ainsi que le codage des moustiquaires de chaque ménage ont été effectués. Il a été distribué autant de moustiquaires de chaque type par ménage.
Pendant la distribution, un système de double marquage a été appliqué. Le code d’identification ainsi que le type de MILDA distribué correspondant a été marqué de façon indélébile (encre qui résiste à l’eau) tandis qu’un second marquage (cercle ou toute autre figure géométrique) non permanent permettra de savoir si oui ou non la moustiquaire a été lavée dans l’intervalle des enquêtes.
La distribution a été effectuée par une équipe composée de trois personnes : un récupérateur de coupons, une personne qui dicte le code à inscrire sur chaque moustiquaire remise et une autre personne chargée du marquage. Le code à inscrire comporte les initiales du village d’étude, le numéro de concession, du ménage ainsi que le numéro et les initiales du type de moustiquaire reçue. A la fin de la distribution, la liste des différents types de moustiquaires distribuées par village et par ménage a été saisie.
Enquêtes socio-économiques et démographiques
Avant la distribution des moustiquaires, une enquête de détermination des caractéristiques socio-économiques et démographiques des ménages participant à l’étude a été effectuée par village.
Suivi des moustiquaires
Après distribution, un suivi individuel de chaque moustiquaire est effectué tous les six mois. A cet effet, il a été établi une fiche d’utilisation pour chaque moustiquaire. Au cours de chaque enquête semestrielle de suivi, la présence physique de chaque moustiquaire distribuée est contrôlée. Sur le terrain, la durabilité des moustiquaires est déterminée par l’intégrité physique de celles trouvées étendues au dessus des lieux de couchage. Au laboratoire, outre le contrôle de l’intégrité physique, l’efficacité biologique résiduelle de chaque type de MILDA a également été déterminé sur un échantillon de 30 unités tirées au sort et dont la liste a été préalablement dressée et remise aux enquêteurs chargés de leur retrait. Ces trente (30) moustiquaires ainsi retirées ont été remplacées par de nouvelles moustiquaires de même nature (marque et dimensions) mais non incluses dans le suivi.
Intégrité physique des moustiquaires
Elle est déterminée par la résistance aux dommages liés à l’utilisation, à savoir les déchirures et/ou les trous. Pour ce faire, il a été procédé à une recherche de trous/déchirures par i) une inspection sommaire de terrain de toutes les moustiquaires trouvées accrochées au niveau des points/lieux de couchage et ii) une plus approfondie au laboratoire sur les 30 unités retirées pour chaque type de MILDA.
Inspection de terrain
Sur le terrain, l’enquêteur doit identifier chaque moustiquaire et juger de son utilisation et de son état général par : i) accrochée ou non, ii) saleté (propre, légèrement sale, sale ou très sale), iii) lavage dans l’intervalle des enquêtes (fréquence), iv) méthodes de lavage et de séchage et vi) intégrité physique (nombre, dimension et emplacement des trous).
Trois catégories de trous ont été définis : trous de taille1 (diamètre < 2cm ou trous de la taille d’un doigt), trous de taille 2 (2 cm<d<10 cm ou trous de la taille d’une main) et trous de taille 3 (diamètre > 10 cm ou trous de la taille d’une tête). Les pertes de moustiquaire sont également rapportées.
Inspection au laboratoire
A chaque enquête semestrielle, l’inspection au laboratoire a porté sur l’échantillon de 30 moustiquaires retirées pour chaque type de MILDA pour les besoins d’une évaluation plus approfondie de la résistance physique.
L’intégrité physique des moustiquaires retirées a été déterminée par la recherche et le décompte des trous et déchirures. Pour ce faire, trois cages correspondantes aux dimensions des moustiquaires de chacune des 3 marques (Netprotect®, PermaNet®2.0et Dawa Plus®2.0), ont été fabriquées et recouvertes de toile cirée noire (figure 1) afin de rendre plus visibles les trous de chaque moustiquaire. L’inspection a porté sur chaque côté de la moustiquaire ainsi que sur le toit. Les trous ont été catégorisés par taille : taille1 (largeur des trous plus grande que celle d’une pièce de monnaie) (figure 2), taille2 (largeur des trous comprise entre celle d’une pièce de monnaie et celle de la main) (figure 3) et taille3 (largeur des trous supérieure à celle d’une main) (figure 4). Les trous ont été ainsi dénombrés et leur emplacement déterminé.
Bio essais
Pour l’efficacité biologique résiduelle, des tests biologiques (bio essais) avec une souche d’An. gambiae M sensible à la deltaméthrine (l’insecticide d’imprégnation des différents types de MILDA distribués) ont été effectués. Pour chaque moustiquaire, les bio essais ont été effectués avec cinq morceaux de tulle de 30cmx30cm chacun (prélevés sur les quatre cotés et sur le toit) et conservés dans du papier aluminium à 4°C.
Les échantillons de tulle à tester sont insérés entre deux plexiglas transparents rectangulaires de 45 cm de longueur et 25 cm de largeur superposés et dont l’un présente quatre trous de diamètre égale au diamètre interne des cônes OMS (P.V.C) utilisés pour les tests (figure 5 et 6). Dans chaque trou, un cône a été inséré.
Grâce à un aspirateur à bouche, cinq femelles âgées de 2 à 5 jours sont introduites dans le premier cône immédiatement bouché avec du coton hydrophile. Le temps d’exposition des femelles est de 3 minutes par cône. Afin de respecter cette durée d’exposition, l’introduction des femelles dans les deuxième, troisième et quatrième cône a été effectué respectivement une, deux et un peu moins de trois minutes après le début de l’exposition pour le premier cône. Un chronomètre indépendant mesure la durée d’exposition par cône. L’expérience est effectuée pour chacun des cinq morceaux de tulle de chaque moustiquaire, à raison de deux cônes par morceaux (10 femelles testées) soit au total 50 femelles testées par moustiquaire.
Un effectif de 50 moustiques exposés à un tulle de moustiquaire non traité a servi de contrôle négatif par jour de test. Pour le contrôle positif, trois unités neuves de chaque type de MILDA ont été testées selon la même modalité, à savoir 50 femelles par moustiquaire, à raison de 10 femelles par morceau (2 cônes). Il faut signaler que deux plexiglas ont été réservés uniquement au témoin pour éviter des contaminations.
A la fin de l’exposition, les moustiques sont transférés dans un gobelet en papier recouvert de tulle de moustiquaire non imprégné d’insecticide et alimentés par un tampon de jus sucré. Ils sont ainsi mis en observation dans l’obscurité pendant 60 minutes puis 24 heures dans des glacières maintenues entre 26°C et 28°C et 80 à 100% d’humidité relative.
Saisie et analyse des données.
Les données ont été saisies sur EPI data Entry 3.0 et analysées par EPI data Analysis de la même version (logiciel de saisie du questionnaire d’enquête et d’analyse).
L’efficacité biologique résiduelle d’une moustiquaire peut être jugée maximale ou minimale. L’efficacité a été jugée maximale lorsque la moustiquaire testée procure un KD 60 (proportion de moustiques exposés knocked down après 60 min)95% ou bien un taux de mortalité 24 h post exposition80%.Elle a été jugée minimale lorsque la moustiquaire testée procure un KD 60 ≤75% ou bien un taux de mortalité 24 h post exposition ≤50% (Guiline WHO, 2011).
A chaque enquête, la proportion de moustiquaires perdues a été calculée par rapport au nombre préalablement en usage lors de l’enquête précédente et le cumul des pertes a permis de calculer le taux moyen de perte par rapport au nombre de moustiquaires distribuées pour chaque type de MILDA.
L’étude a reçu l’approbation du comité national d’éthique.
RESULTATS ET DICUSSION
Recensement des ménages
Le tableau 1 donne les résultats du recensement. Au total, 683 ménages ont été recensés dans les 5 villages d’étude :
– Hanène : dans ce village composé de 6 quartiers (Thissé, Keuri Kao, Keur Goumack, Nguéyène, Mbèye, Darou), un total de 277 ménages a été recensé.
– Ndirène : Dans ce village voisin de Hanène, 90 ménages ont été recensés.
– Keur Mamour : dans ce village situé entre Hanène et Nafar, 50 ménages ont été recensés.
– Nafar : dans ce village qui est composé en réalité de 8 hameaux (Nafar, Keur Sanghoné, Keur Kidar, Keur Djiby Sène, Ndioufène, Ndourène, Ngombel et Ngomène), 143 ménages ont été recensés.
– Ndioukhane : un total de 123 ménages a été recensé dans ce village composé de deux hameaux (Ndioukhane Sérère et Ndioukhane Peul). La présence de céanes utilisés pour le maraîchage est une caractéristique de ce village.
Recensement et distribution des moustiquaire
Couverture en moustiquaires avant distribution
Au total, 598 moustiquaires ont été notées dans 283 des 683 ménages recensés, soit 41,4% de ménages disposant d’au moins une moustiquaire avant la distribution (ménages avec 1 moustiquaire : 144 ; ménages avec 2 moustiquaires: 66 ; ménages avec >2: 77).
Le taux moyen de couverture des point/lieux de couchage en moustiquaires avant distribution a été respectivement de 18,0%, 22,4%, 13,9% 19,7% et 48,2% à Hanène, Ndiréne, Keur Mamour, Nafar et Ndioukhane (Tableau 7). Il est donc significativement plus élevé à Ndioukhane (P˂ 2,2.10-16) comparativement aux autres villages.
Utilisation et entretien des MILDA dans les ménages
Des 1486 moustiquaires retrouvées après les six premiers mois, 68,0% (1011) ont été utilisées soit chaque nuit,(61,4%) soit de manière irrégulière (6,6%) contre 32,0% de non utilisées (tableau 9). Avec en moyenne 71,3% (utilisation régulière : 64,3%% ; utilisation irrégulière : 7,0%) pour les Dawa Plus®2.0, 58,6% (utilisation régulière : 51,9% ; utilisation irrégulière : 6,7%) pour les Netprotect®et 73,7% (utilisation régulière : 67,6% ; utilisation irrégulière : 6,0%) pour les moustiquaires PermaNet® 2.0, le taux d’utilisation a été significativement plus faible avec les moustiquaires Netprotect® (P = 3,71.10-7).
Des 913 moustiquaires qui ont été régulièrement utilisées, 35,16%, 27,16% et 37,68% étaient respectivement de marque Dawa Plus®2.0, Netprotect®et PermaNet® 2.0. (P = 4,19.10-6). La proportion de Netprotect® est donc significativement plus faible parmi les moustiquaires régulièrement utilisées. Par ailleurs, le taux de non utilisation a été respectivement de 28,66%, 41,4% et 26,3% pour les moustiquaires de marque Dawa Plus®2.0, Netprotect® et PermaNet® 2.0. (1,15.10-5)
Les moustiquaires Dawa Plus®2.0 et PermaNet® 2.0 sont donc plus utilisées que les Netprotect® avec un taux d’utilisation relativement plus élevé pour les PermaNet® 2.0 (P = 0,28).
lavage des moustiquaires
• Nombre de lavages
En moyenne 1,48% (22/1486) des moustiquaires retrouvées ont été déclarées avoir été lavées au moins une fois au cours des 6 mois d’utilisation. La proportion de moustiquaires sales, lavées ainsi que le nombre de lavages par moustiquaire et par type de MILDA sont indiqués dans le tableau 10.
La proportion moyenne de moustiquaires sales ou très sales a été significativement plus importante dans les villages de Hanène et de Ndioukhane comparativement aux autres villages d’étude (P = 0,001). Cependant, il n’a pas été noté de différence significative entre les différentes marques de MILDA distribués (P = 0,6).
Des 22 moustiquaires déclarées avoir été lavées au moins une fois, 14 (63,63%) étaient de type Dawa Plus®2.0. La marque non indélébile a persisté après lavage dans 13 cas. A noter qu’à Keur Mamour, aucune moustiquaire n’a été lavée au cours des six premiers mois d’utilisation. Dans deux cas (Dawa Plus®2.0: 1 ; PermaNet® 2.0 : 1), le nombre de lavages a été ˃3 au cours du suivi. Avec 5,9% (87/1486), le pourcentage moyen de moustiquaires jugées sales ou très sales a été significativement (P = 4,2.10-10) plus élevé que celui des moustiquaires lavées pour tous les types de MILDA distribués (Dawa Plus®2.0 : P = 0,007 ; Netprotect® : P = 1.2.10-5 ;PermaNet® 2.0 :(P = 0,0003).
Inspection au laboratoire
Au laboratoire, l’inspection relative à l’intégrité physique des moustiquaires a été effectuée sur un échantillon de 30 unités de chaque marque. Sur les quatre vingt dix (90) moustiquaires échantillonnées et inspectées au laboratoire, soixante dix (70) d’entre elles présentaient des trous, soit 77,7% de MILDA(s) trouées.
Le tableau 14 présente le nombre de moustiquaires trouées ainsi que la typologie des trous par type de MILDA. La proportion moyenne de moustiquaires trouées a été respectivement de 80%, 70% et 83% pour les Dawa Plus®2.0, Netprotect® et PermaNet® 2.0. (P = 0, 43). Elle a été plus de 10 fois supérieure à celle rapportée au cours de l’inspection directe sur le terrain.
Efficacité résiduelle et durabilité comparées de 3 types de moustiquaires imprégnées d’Insecticide à Longue Durée d’Action (MILDA) au Sénégal.
Avec une moyenne respective de 9, 5 et 11 pour les Dawa Plus®2.0, Netprotect® et PermaNet® 2.0, le nombre moyen de trous détectés a été également plus important au laboratoire. Une large prédominance des trous de taille 1 a été notée pour tous les types de MILDA, avec cependant une proportion (66,7%) significativement (P = 1.2.10-7) plus faible avec les moustiquaires de marque Dawa Plus®2.0. qui par contre, ont présenté une proportion de trous de type 2 significativement plus élevée (1.86.10-6).
Il faut signaler que les moustiquaires échantillonnées n’étaient pas toutes utilisées par les ménages. Le nombre de moustiquaires réellement utilisées par les ménages était de 26, 28 et 29 respectivement parmi les Dawa Plus®2.0, Netprotect ® et PermaNet® 2.0, soit un nombre moyen de trous/moustiquaire trouée deux fois moins important pour les Netprotect® qui apparaissent ainsi comme étant physiquement relativement plus résistantes.
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Table des matières
I SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
II MATERIELS ET METHODE
II-1 Types et Zone d’étude
II-2 Présentation des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA)
II -3 Identification des points/lieux de couchage et estimation du nombre de MILDA à distribuer par ménage
II -3 -1 Distribution des moustiquaires
II-3- 2 Enquêtes socio-économiques et démographiques
II-4 Suivi des moustiquaires
II-4-1 Intégrité physique des moustiquaires
II-4 -1-1 Inspection de terrain
II-4-1-2 Inspection au laboratoire
II-5 Bio essais
II-6 Saisie et analyse des données.
III RESULTATS ET DICUSSION
III-1 Recensement des ménages
III-2 Composition des ménages
III-3 Caractéristiques des maisons
III – 5 Biens possédés par les ménages
III-6-2 Distribution et couverture en MILDA
III-7 Rétention après les six premiers mois d’utilisation
III-8 Déperdition après 6 mois d’utilisation
III- 9 Utilisation et entretien des MILDA dans les ménages
III- 10 Lavage des moustiquaires
III- 11 Intégrité physique des MILDA(s)
III -11-1 Inspection de terrain
III -11-2 Inspection au laboratoire
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUES
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