Présentation des agents de service hospitalier

Présentation des agents de service hospitalier

Des parcours atypiques mais comparables

Des parcours scolaires et professionnels variés

Tel qu’évoqué en introduction, le métier d’agent de service hospitalier ne nécessite aucun prérequis. Si des formations existent, elles ne sont pas obligatoires car non reconnues par l’Etat et dispensées par des centres de formation privés . Les ASH sont donc principalement formés à l’interne par le biais d’accompagnement par leurs homologues du même service et de formations internes fortement conseillées (bionettoyage, hygiène, gestes de premiers secours). Il n’existe donc pas de parcours « type » pour devenir ASH.

« J’ai arrêté les études à l’âge de 18 ans… en première euh F3, électromécanique. Du fait j’suis rentré dans la restauration, comme ça par hasard. Et euh… donc j’ai évolué très longtemps là-dedans. J’ai appris et euh j’étais en tant que barman, de barman j’suis passé pizzaïolo. Pizzaïolo, salle, responsable de salle… Après donc j’ai travaillé pour des traiteurs : faire des mariages et tout ça et euh donc j’ai fait ça assez longtemps. A peu près 15 ans, 16 ans. Et donc j’ai eu marre de cette vie de nuit… de ça… Et du jour au lendemain, j’ai changé euh pour aller dans l’milieu hospitalier. » .

Ahmed, 54 ans, ASH brancardier aux urgences.

Ce parcours, celui de Ahmed, illustre assez bien la diversité des études et expériences professionnelles que connaissent les ASH avant de le devenir. Les parcours des ASH que nous avons rencontrés sont tous très différents et peuvent, à première vue, paraître inassimilables du fait de leurs trop grande singularité. Cependant, ils restent comparables de par leur niveau d’étude, la multiplication des expériences professionnelles ou encore les niveaux hiérarchiques occupés à travers celles-ci. Ainsi, sur quatorze ASH rencontrés seul un a réalisé des études supérieures. La majorité de nos enquêtés ont arrêté l’école suite à la validation d’un CAP ou d’un baccalauréat professionnel, ou alors sans obtention d’un diplôme.

« Alors bah maternelle, CP, CE1… bah après collège, brevet, ensuite j’ai eu mon CAP, CAP commerce, c’est complètement différent… CAP commerce multispécialité et ensuite j’ai passé le bac, malheureusement je l’ai pas eu donc j’ai été jusqu’en terminale et j’ai… bah j’étais pas très loin de la moyenne mais il fallait que je refasse une année pour l’avoir et du coup bah j’ai… j’ai pas continué. […] Alors j’ai fait plein de stages, j’ai fait à Leclerc, j’ai fait dans des magasins, ensuite j’ai fait aussi à Fly, monteur de meubles et vendeur […] et comme je t’ai dit avant j’étais agent immobilier aussi, je faisais de la prospection téléphonique et de terrain. » .

Jason, 29 ans, ASH bionettoyage en réanimation.

Les raisons de ces choix d’orientation sont assez variées : attirance pour des métiers particuliers impliquant des études courtes (secrétariat, vente, coiffure, électrotechnique), difficultés scolaires, besoin de travailler pour avoir un revenu. Par ailleurs, aucun des ASH avec lesquels nous avons discuté n’avait d’attirance pour le domaine médical ou hospitalier pendant son parcours scolaire. Aucun n’avait de vocation ou de réelle volonté de travailler un jour dans un hôpital. Suite à ces parcours scolaires hétérogènes, nous relevons que la majorité des enquêtés traversent de nombreuses expériences professionnelles. Celles-ci ont plusieurs points communs. Elles sont souvent relativement courtes, ne nécessitent pas ou peu de formations et diplômes, sont à une position hiérarchique basse dans l’organisation, rémunérées au salaire minimum ou encore peu reconnues. Cette instabilité professionnelle a pu engendrer des périodes de précarité. Ces situations au « bas de l’échelle » (Cours-Salies, 2006) concentrent un certain nombre de points communs de même que les individus qui les occupent.

« Il est vérifié que ces positions « d’en bas » ne sont pas occupées au hasard. On a affaire ici à un cas de discrimination particulièrement frappant pour qui sait porter un regard sociologique sur ces « variables soi-disant naturelles » que sont le genre (sexe), l’âge (social) et la couleur de peau (ethnie) qui segmentent à la fois le travail et le social. Car il ne s’agit plus seulement de reproduction sociale et de capital social et culturel déterminant les inégalités scolaires puis professionnelles. Il s’agit de l’imposition d’une norme, celle du travailleur masculin et adulte, en bonne santé (sans handicap) et blanc de préférence. […] parmi les « précaires » (sur cdd, en intérim ou en emplois aidés), les travailleurs pauvres (« workingpoors »), les chômeurs ou ceux qu’on appelle (à tort) les « exclus », il y a une proportion supérieure de femmes (80 % des emplois à temps partiels), de jeunes (18-35 ans) ou de vieux (50-65 ans), d’adultes handicapés et de personnes « issues de l’immigration » (africaine et antillaise notamment). ». (Dubar, 2006).

En effet, si nous ne disposons pas d’étude à grande échelle concernant les agents de service hospitalier, parmi ceux que nous avons rencontrés, nombreux sont ceux qui remplissent au moins un des critères explicités par Claude Dubar dans cet extrait. Ces individus, discriminés, marginalisés, déclassés sont donc à la recherche d’un métier durable dans lequel ils trouveront stabilité et reconnaissance.

Des portes d’entrée diverses

Suite aux parcours scolaires et professionnels atypiques que nous avons évoqués, comment ces individus deviennent-ils ASH ? Nadège, cadre supérieure de santé que nous avons rencontrée, nous a expliqué que les candidatures sont souvent spontanées, arrivant suite à du « bouche à oreille ». Ces dernières sont conservées puis consultées lorsqu’un service de l’hôpital nécessite un nouvel ASH. Selon elle, il y a, chez les postulants, rarement voire jamais de vocation à devenir agent de service hospitalier ou même à travailler en hôpital. C’est principalement le secteur public qui attire ces individus à la recherche de stabilité comme de garanties horaires et salariales. Tel que Mehdi nous l’explique, si les formations comme l’AFGSU (attestation de formation aux gestes et soins d’urgence) qu’il avait obtenue avant de postuler peuvent aider à décrocher un poste, les critères de sélection restent larges.

« Alors moi euh j’ai effectué une formation quand même, une formation de deux semaines, une formation dans laquelle euh on passe l’AFGSU, j’sais pas si ça te parle… Donc attestation de formation aux gestes et soins d’urgence et y’a plusieurs niveaux, j’crois que y’en a deux ou trois. Moi je sais plus trop j’ai passé laquelle mais en gros euh ça t’apprend en gros à gérer une situation quand un patient présente un mal être, ça peut être de tout, une chute et il s’cogne la tête, il fait un malaise, etcetera. Donc là euh je sais qu’j’ai des collègues qui l’ont pas, la plupart des brancardiers sur l’hôpital, ASH brancardiers, ne l’ont pas cette formation. Les prérequis pour devenir brancardier c’est très large en fait, je sais que y’a des personnes qui ont été recrutées parce qu’ils avaient une certaine condition physique par exemple donc sur leur CV je sais pas y’avait écrit boxeur… »

Mehdi, 24 ans, ASH brancardier aux consultations de médecine.

En effet, toute personne s’exprimant correctement et volontaire peut potentiellement obtenir un poste en vacation qui servira d’essai avant l’obtention d’un CDD de trois mois, renouvelable sur une période d’un an. C’est de cette manière que nous avons pu, en 2018, effectuer un CDD d’un mois comme ASH brancardier sans formation ou connaissance du métier. Si les savoirs-être sont primordiaux à l’exercice de la profession, la condition physique est souvent le premier critère cité et c’est notamment ce que l’on vérifie à travers les fiches de postes des ASH brancardiers. Les aptitudes physiques y sont placées en premier rang.

Le métier est accessible à de nombreux et différents profils d’individus. Cette possibilité d’entrée sans multiples prérequis encourage donc un certain nombre de candidats en recherche d’emploi à postuler.

« Romain : Comment tu es devenu ASH ? Stéphanie : Alors moi c’est vraiment une coïncidence parce que c’est pas du tout mon orientation, moi à la base je travaille dans le secrétariat, bon après j’ai eu un parcours euh j’ai touché un peu à tout et euh je suis partie de la région parisienne pour être à Marseille et bon euh j’ai fait ma vie à Marseille, j’suis revenue ici et j’avais pas d’travail. J’suis revenue au point de départ, papa, maman, un enfant, voilà. Et c’est mon cousin qui travaille… un de mes cousins qui travaille aux urgences, qui m’a dit « tiens y’a Nadège », donc la cadre sup, « qui cherche quelqu’un en vacation pour euh pour un lapse de temps », j’ai dit à mon cousin « écoute euh moi j’ai besoin d’travailler peu importe si c’est un mois, trois semaines, deux jours euh je prends ».

Stéphanie, 39 ans, ASH bionettoyage au bloc opératoire.

Le « hasard », une « coïncidence », voici les mots qui sont ressortis plusieurs fois suite à la question « Comment êtes-vous devenu ASH ? » lors de nos entretiens. Si certaines avaient déjà une expérience professionnelle similaire (ASH dans un autre hôpital ou un EHPAD, brancardier dans une clinique, ambulancier), il est vrai que seule une minorité des personnes interrogées avaient connaissance du métier d’agent de service hospitalier avant de postuler et de l’exercer, et seules quelques unes avaient une véritable envie de travailler à l’hôpital au moment de leur candidature. La totalité de nos enquêtés sont devenus ASH car ils avaient un besoin imminent de trouver ou retrouver un travail.

« Et bien… c’est que moi en fait je suis Portugaise et j’ai pas fait beaucoup d’études. Je suis venue il y a 25 ans en France mais je n’ai pas beaucoup fait d’études. J’avais besoin de travail et donc vous savez, je pense que le plus facile pour moi c’est de faire le ménage. Avant de venir ici j’ai travaillé chez les particuliers, vous savez les Portugais c’est comme ça, c’est le ménage à gauche à droite. Et voilà après j’ai commencé en maison de retraite comme ASH et après j’ai trouvé ici. ».

Eliza, 56 ans, ASH bionettoyage au laboratoire.

La situation d’Eliza résume bien la réalité que nous exposons ici. L’objectif principal des individus étudiés est de trouver un travail rapidement sans besoin de diplôme. Les portes d’entrée sont ensuite diverses : bouche à oreille, amis ou famille travaillant à l’hôpital, candidature spontanée, intérêt suite à une expérience comme patient, pôle emploi, etc.

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE
Chapitre 1 : Présentation des agents de service hospitalier
1.1 Des parcours atypiques mais comparables
1.1.1 Des parcours scolaires et professionnels variés
1.1.2 Des portes d’entrée diverses
1.2 Des sous-catégories distinctes et genrées
1.2.1 Des tâches différentes
1.2.2 La dimension genrée
1.3 Des individus « invisibles » en quête de reconnaissance
1.3.1 Une invisibilité à grande échelle
1.3.2 Le manque de reconnaissance à l’hôpital
Chapitre 2 : Problématiques d’une profession « au bas de l’échelle »
2.1 Division morale du travail et crainte de l’erreur
2.1.1 Le « sale boulot » à l’hôpital
2.1.2 Des responsabilités importantes
2.2 Entre usure physique et fatigue morale
2.2.1 Des efforts physiques et gestes répétés
2.2.2 Une fatigue morale refoulée
2.3 Multi-activité et perte de sens au travail
2.3.1 Une multitude de tâches
2.3.2 …rendant les missions peu lisibles
Chapitre 3 : Stratégies individuelles et collectives face aux difficultés
3.1 Importance des « micro-collectifs » de travail
3.1.1 Le travail en équipe
3.1.2 Le bloc opératoire et ses spécificités
3.2 Création de noblesse et glissement de tâches
3.2.1 Le contact avec les patients
3.2.2 Des glissements de tâches valorisants
3.3 Attachement au métier et investissement au travail
3.3.1 Le travail en hôpital comme une révélation
3.3.2 L’importance d’une implication au quotidien
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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