Les caractéristiques de l’accompagnement
Dans cette partie nous avons distingué quatre caractéristiques clé de ce processus :
La temporalité
Une des caractéristiques principales de l’accompagnement est sa temporalité. Comme le précise Paul « l’accompagnement doit être pensé en terme de parcours, c’est-à-dire de processus » (2004, p.98) et non comme une action ponctuelle permettant d’agir sur un problème ponctuel. L’accompagnement se fait à long terme. Charlier & Bienar ajoutent que l’accompagnement est un processus limité dans le temps, avec un début et une fin « qui vise l’autonomisation des personnes accompagnées. » (2012, p.155) « l’accompagnement s’effectue dans le temps et dans l’espace » ( Ardoino, 2000, p.3). Biénar rajoute à cette idée que « tout accompagnement est transitoire puisqu’il a pour finalité de rendre la personne accompagnée autonome. » ( Charlier & Bienar, 2012, p.41) L’accompagnement est vu par cet auteur comme un passage, un pont vers le futur, un tremplin dans un but de changement.
L’autonomisation
Dans le processus d’ accompagnement, l’accompagné est l’acteur principal. Accompagner c’est le « positionnement du professionnel qui n’agit pas sur ou à la place de mais avec. » (Paul, 2004, p.100) Pour Paul cette posture professionnelle est impérative pour parler d’accompagnement. « Moins que de guider, conduire, il s’agit alors essentiellement, de se mettre à l’écoute de celui qu’on accompagne »( Ardoino, 2000, p.4) en effet pour Ardoino l’accompagné est le seul capable de définir, de choisir où il veut aller et comment il entend s’y prendre. L’accompagné est donc acteur et porteur de son projet. Pour cet auteur « Le sujet est compris comme seul à même de se déterminer. » ( Ardoino, 2000, p.5). L’accompagnateur doit donc veiller « à rester en marge de la situation de sorte que l’accompagné puisse éprouver le sentiment d’un pouvoir agir. » ( Charlier &Bienar, 2012, p.5) Il est là comme un repère pour pouvoir agir. Beillerot adhère à cette idée puisqu’il nous dit que l’accompagnement permet de voir autrui « en tant que sujet capable de faire preuve d’autonomie en exerçant sa capacité à évoluer au sens de situation problématique : le projet est l’outil de cette autonomisation. » (Beillerot, 2009, p.18)
L’accompagnement permet donc de donner à l’accompagné « un espace pour qu’il prenne conscience de ce qu’il est et de ses potentialités.» ( Charlier &Bienar, 2012, p.41)
L’implication
L’implication est un autre des points importants de ce processus. Elle doit être présente autant du côté de l’accompagnateur que de l’accompagné.
Tout d’abord du point de vue de l’accompagnateur puisque comme le fait remarquer Paul dans l’accompagnement il y a forcément implication du professionnel, c’est « une processus complexe, chargé affectivement, imposant (…) réflexion et distanciation sur sa pratique, implication et engagement … »(Paul, 2004, p.99) «L’accompagnateur doit se considérer comme co-agent de changement qui contribue à la co-construction d’une solution. » (Lamarche, p.7). En employant le terme de co-construction Lamarche introduit également l’idée de l’implication de l’accompagné. Cet auteur nous montre que « la réussite d’une relation d’aide repose à 45% sur l’établissement d’un climat de confiance dans la relation. » (Lamarche, p.6). Beillerot va confirmer cette idée en écrivant que « la personne accompagnée est elle-même partie prenante de la relation au sein de laquelle se jouent son projet et les conditions de son insertion sociale et économique. » (Beillerot, 2009, p.18) Ici l’auteur nous montre bien la rupture avec l’idée de prise en charge.
L’accompagnement va donc se différencier du service, de la supervision ou encore de la formation.
Une posture professionnelle
Un des points qu’il nous paraissait important de soulever est le fait que l’accompagnement est vu comme une posture professionnelle.
En effet dans ce processus « L’accompagnateur, a dès lors, à se positionner dans un jeu relationnel délicat, entre distance et proximité, entre présence et absence. » (Charlier & Bienar, 2012, p.22)
L’accompagnateur peut endosser des rôles/postures différents : celui de conseiller, de guide lorsqu’il oriente un choix, de médiateur lorsqu’il gère un conflit, de mentor ou encore de coach. Comme nous le disent Charlier et Bienar à lapage 42 de leur ouvrage. Cette posture consiste aussi à accueillir «la personne là où elle en est et à faire avec elle le chemin qui consistera à créer les conditions d’émergence possible d’un désir de changement de là où elle se trouve. » (Beillerot, 2009, p.29)
Une définition générale de ce terme
Le terme d’accompagnement est utilisé dans tellement de contextes qu’il est difficile d’en donner une définition précise. Après avoir réalisé des recherches sur la lexicologie du mot et sur sa sémantique Paul en conclut que accompagner est aller avec/ vers.
On peut identifier trois concepts clés qui fondent et traversent l’idée d’accompagnement et qui justifient son émergence dans un contexte social : « socialisation, autonomisation et individualisation. » (Paul, 2004, p.107).
En résumé dans la démarche d’accompagnement le sujet est auteur, acteur; c’est un processus ouvert, un parcours non linéaire sans but final puisqu’on ne sait pas où et quand ni comment cela adviendra, ce n’est plus une action centrée sur l’attente de résultats et le professionnel est vu comme ressource. L’accompagnant est une notion protéiforme puisqu’elle fait face à une diversité des demandes, à une pluralité des rôles, elle fait appel à différentes logiques… « Accompagnement n’est ni diriger, ni conseiller, ni protéger mais il passe de l’un à l’autre, dans une arrangement temporel toujours singulier. » (Paul, 2004, p.305). Comme l’écrit Lamarche « L’accompagnement est une relation que l’on peut qualifier de gratuite et de mutuelle. »(p.3)
Effectuant notre stage en relation avec des conseillers en insertion et étant mis nous même dans une posture de conseiller nous espérons pouvoir observer cette démarche d’accompagnement.
Après avoir étudié les caractéristiques de ce processus nous pouvons affirmer qu’il y a accompagnement seulement s’il y a relation impliquante, dissymétrie, intersubjectivité, transition, processus et démarche.
Charlier et Bienar rajoutent à cette définition l’idée qu’« Accompagner c’est aussi modeler une pratique en fonction des contextes et des acteurs impliqués ; c’est agir dans l’incertitude constante, laisser la place aux possibles, à l’émergent, aux changements et à l’innovation. » ( 2012, p.159.)
La compétence : un processus complexe
Tout d’abord il me semble important de préciser pourquoi nous parlerons de la compétence comme d’un processus. Plusieurs auteurs utilisent ce terme, notamment Le Boterf pour qui la compétence est différente de « l’application de savoirs théoriques ou pratiques » (Le Boterf, 2013, p.57) ce n’est pas une somme mais une combinatoire qui ne doit pas être trop décomposée pour garder son sens. Pour lui « être compétent signifie savoir agir et réagir. » (Le Boterf, 2013, p.65). On demande à un professionnel de mettre en œuvre une démarche mais aussi de construire une méthode de travail appropriée à la situation en sélectionnant les éléments pertinents dans un répertoire de ressources et en les organisant. Les listes comme les référentiels de compétences ne rendent pas compte de ce processus. Sorel et Wittoski écrivent aussi dans leur ouvrage de 2005 que la compétence «s’apparente à un processus et à une dynamique et non à une configuration de la personne» (p.188).
La compétence est donc un processus complexe à définir et qui est parfois assimilé à d’autres notions.
Un concept aux limites floues
Le concept de compétence est souvent confondu avec celui de capacité, cependant nous allons voir que ces termes recouvrent deux notions distinctes.
La différence entre compétence et capacité
Barbier définit la notion de capacité dans l’ouvrage de Sorel & Wittorski comme « le produit d’une construction, par décontextualisation à partir d’un ensemble de pratiques, de caractéristiques individuelles et/ou collectives susceptibles d’être produites dans une situation spécifique, en vue d’être transférées ensuite par recontextualisation, dans d’autres situations ». ( 2005, p.125). Dans ce même ouvrage il est montré que la capacité est une organisation invariante pour une classe de situation par exemple les propriétés d’une multiplication sont invariantes.
Les capacités « sont des potentialités d’actions acquises,non investies dans l’action mais disponibles pour agir. » (Sorel & Wittorski, 2005, p.189), elles sont donc «utilisables par le sujet dans des situations très variées ». Pour qu’elles puissent être employées dans une compétence elles doivent être « stabilisées et opératoires » (Jonnaert, 2009, p.47) « Une capacité ne découvre sa pleine significationque lorsqu’elle est utilisée pour la mise en œuvre d’une compétence. » (Jonnaert, 2009, p.53).
A contrario, les compétences sont situées et contextualisées. En effet, « il est habituellement reconnu qu’on ne peut pas parler de compétence en dehors d’un contexte de « mobilisation » de cette compétence. » (Sorel & Wittorski, 2005, p.125), les compétences « s’inscrivent dans des situations qui ont des dimensions contextuelles importantes et des dimensions affectives et sociales tout aussi fondamentales » (Jonnaert, 2009, p.44). Ces dimensions permettent au sujet de mobiliser les ressources pertinentes « et de gérer les contraintes pour être performant en situation. » (Jonnaert, 2009, p.44). La compétence est « la construction de réponses ajustées aux données situationnelles » (Sorel & Wittorski, 2005, p.195). Une autre différence avec la notion de capacité est qu’ « elle se manifeste dans l’agir » (Sorel & Wittorski, 2005, p.187). Pour apprécier les compétences on va s’intéresser à ce que la personne fait en situation et comment elle se montre efficiente. Nous allons donc observer « sa capacité à faire face aux inattendus qui exige l’actualisation des stratégies apprises » la compétence permet donc « le renouvellement des savoir-faire appris. » (Sorel & Wittorski, 2005, p.187).
Elle fait appel à une série de ressources très variées, a donc un caractère global mais aussi spécifique pour la particularité de la situation dans laquelle elle est mise en œuvre.
Pour Barbier « il n’existe pas de compétence qui nesoit dite, représentée ou communiquée. » (Sorel & Wittorski, 2005, p .125).
En définitive nous pouvons retenir qu’« une compétence convoque une ou plusieurs capacités qu’elle coordonne entre elles afin de traiter efficacement une situation donnée. » (Jonnaert, 2009, p.52). Dans son ouvrage Jonnaert nous indiqueque Cardinet (1988), Meirieu (1988) et Gillet (1991) précisent « qu’une capacité a une visée de formation générale, commune à plusieurs situations,alors qu’une compétence à une visée de formation plus spécifique » (2009, p.46).
De plus, une capacité est reproductible dans différents champs alors qu’une compétence met en jeu une ou plusieurs capacités mais dans une situation donnée.
En d’autres termes « La capacité est un potentiel de compétences et réciproquement la compétence est l’exercice de la capacité. » (Sorel & Wittorski, 2005, p.189).
La communication
« Les compétences ne sont pas réductibles à des savoir-faire individuels » (Le Boterf, 2000, p.62) puisque comme nous le dit Le Boterf « la situation communicationnelle crée la compétence (…) il ne saurait y avoir compétence là où il n’y a pas transaction » (2000, p.62).
Les échanges avec les collaborateurs sont très importants pour la construction d’une compétence. Le Boterf dit d’une compétence qu’elle est à la fois individuelle et sociale et même sociale avant d’être individuelle. Les actionsdes professionnels sont guidées par des systèmes de valeurs, par des modèles (opinions, croyances, comportements) qui sont socialement partagés.Nous réagissons à un problème en fonction de notre culture d’appartenance (ex : organisation de travail).
Le rôle des représentations
Pour répondre à une situation complexe le professionnel doit se construire une représentation opératoire c’est-à-dire « élaborer une représentation fonctionnelle de la situation et des pratiques professionnelles qui doivent y intervenir» (Le Boterf, 2000, p.161). Les ressources sont mobilisées en fonction de cette représentation opératoire et en fonction de la représentation que le professionnel a de lui même. « une image de soi positive et évolutive constitue un prérequis à la production de compétence. » (Le Boterf, 2000, p.178) Jonnaert rajoute qu’une compétence « est contextualisé dans une situation et est tributaire de la représentation que le sujet se fait de cette situation. » (Jonnaert, 2009, p.52). Pour être compétent il faut donc comprendre la situation, pour cela le professionnel va « construire une représentation conceptuelle qui permette d’agir sur elle avec efficacité. » (Le Boterf, 2013, p.131) c’est grâce à cette représentation que le professionnel va pouvoir passer d’un situation indéterminée à une situation problématique afin de pouvoir envisager des stratégies de résolution de problèmes.
L’importance de la réflexivité
C’est la distanciation. C’est un « retour réflexif du sujet à la fois sur ses pratiques et sur les ressources qu’il possède et utilise. » (Le Boterf, 2013, p.148). Elle permet de pouvoir réinvestir ces schémas de compréhension dans des contextes variés.
Les représentations professionnelles
Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, interroger les compétences des professionnels c’est aussi interroger leurs représentations aussi bien sociales que professionnelles.Les représentations professionnelles sont des configurations particulières des représentations sociales, il nous a donc parut pertinent de faire un point dans cette partie sur ce que sont les représentations sociales pour dans un deuxième temps pouvoir aborder les représentations professionnelles.
Un point sur les représentations sociales
Un terme difficile à définir
La définition de représentation sociale varie selon les chercheurs, cependant malgré leurs différences elles se rejoignent sur certains points.
Nous allons prendre comme base la définition que fait Moscovici de ces représentations sociales.
Pour Abric « les représentations sont des guides pour l’action. »( Abric, 1994 , p.7) Elles « sont destinées à l’interprétation et au façonnement du réel. Elles déterminent le champ des communications possibles, des valeurs, ou des idées présentes dans les visions partagées par les groupes. »(Seca, 2010 p.40). Il va décrire cette notion « comme une passerelle entre l’individuel et le collectif. La représentation estalors sociale parce que son élaboration repose sur des processus d’échanges et d’interactions qui aboutissent à la construction d’un savoir commun, propre à une collectivité, à un groupe social ou à la société toute entière. » (Moliner, 2001, p.8).
Dans l’ouvrage de Doise & Palmonari on trouve des éléments qui vont compléter cette définition. Pour eux « Les représentations sociales se présentent toujours avec deux faces : celle de l’image et celle de la signification qui se correspondent réciproquement. »(1986, p.16). Ce sont aussi des « Caractères collectifs » « Transmise d’une génération à la suivante. » (Doise & Palmonari, 1986, p.53) Ces chercheurs vont donc rajouter l’idée de représentation sociale comme héritage.
La représentation peut être définie comme « une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références. »( Abric, 1994 , p.13) Abric rejoint donc l’idée de Moscovici que les représentations sociales permettent de mieux comprendre le réel. « Les représentations sociales se construisent à partir de processus conjoints, d’élaboration et d’échange de connaissances. »(Moliner, 2001, p.16)
Sur la base des travaux de Moscovici, Fischer va définir les représentations sociales comme « des constructions sociales de savoirs ordinaires élaborés à partir de valeurs et de croyances partagées par un groupe social sur la réalité et donnant lieu à une vision des choses qui se manifeste au cours des interactions sociales. » (Fischer, 1997, p.186) Dans cette définition on ne considère pas l’individu comme isolé mais comme inséré dans un ou plusieurs groupes sociaux.
Enfin, pour Séca ce qu’il est important de retenir dans cette notion c’est « que des informations, des images, des attitudes et des croyances sont partagées par des groupes de personnes qui, quelque fois, ne se connaissent pas personnellement et ont hérité de ce savoir collectif… »(Seca, 2010, p.16) Il rejoint l’idée que les représentations sociales ne sont pas seulement individuelles mais partagées par un groupe. Elles résultent donc d’interactions entre les individus dans des conversations qui à la suite de celles-ci vont évoluer et qui à la suite d’une autre discutions va changer. Les représentations sociales ne cessent d’évoluer comme le souligne aussi Moscovici.
Ce recueil de définitions nous permet de constater que toutes les définitions de ce concept se rejoignent sur certains aspects. On peut notamment conclure que dans les représentations sociales existent l’idée de compréhension du réel, d’échanges, d’interactions et de savoir commun dans un groupe ainsi que l’idée de guide.
Deux approches existantes
Deux approches des représentations sociales existent :
– La théorie du noyau central d’Abric pour qui la représentation sociale est constituée d’un noyau central et d’éléments périphérique. Le noyau central va permettre aux individus de « mettre de l’ordre et de comprendre la réalité vécue par les individus ou les groupes. »( Abric, 1994 , p.20).
Les éléments périphériques constituent l’essentiel du contenu de la représentation. « Ils comprennent des informations retenues, sélectionnées et interprétées, des jugements formulés à propos de l’objet et de son environnement, des stéréotypes et des croyances. »( Abric, 1994 , p.25)
– La théorie des principes générateur des prises de position de Doise. Pour lui les représentations sociales « sont des principes générateurs de prises de position liées à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenants dans ces rapports. »(Doise & Palmonari, 1986, p.85). Les représentations sociales entraînent des prises de position et sans prises de position il ne peut y avoir de représentations sociales.
Des représentations sociales aux représentations professionnelles
Pour cette partie nous allons uniquement nous basersur la thèse de Piaser de 1999.
Définition du terme
Les représentations professionnelles sont une configuration particulière des représentations sociales.
Piaser définit les représentations professionnelles comme « des représentations sociales portant sur des objets appartenant à un milieu professionnel spécifique et partagées par les membre de la profession. En se situant conjointement sur le versant du produit et sur celui du processus, elles constituent un élément de référence permanent grâce auquel les individus évoluent en situation professionnelle : opinions, attitudes, prises de position… » . Elles évoluent à l’intérieur de la sphère professionnelle d’un groupe professionnel précis et ne peuvent être véhiculées par les personnes ne faisant pas partie de cette sphère.
L’idée de groupe est très importante dans la définition des représentations sociales, elle l’est également dans les représentations professionnelles puisque les personnes ayant une profession se situent dans une sphère spécifique et donc dans le groupe que forme cette sphère. De plus ce groupe va avoir des connaissances communes leur permettant de nombreuses interactions.
Éléments de problématisation
Après avoir étudié la théorie de l’accompagnement, suivie des concepts de compétence et de représentations professionnelles, et après avoir analysé le contexte de notre mémoire dans lequel nous avons réalisé notre stage l’idée de compétence nous a paru intéressante à creuser.
Lors de notre immersion dans le milieu professionnel de l’insertion nous avons pu remarquer que les entretiens individuels étaient l’activité principale des conseillers en insertion professionnelle, et comme nous l’avons précisé précédemment n’ayant pas eu de commande de notre tuteur de stage en ce qui concerne la recherche que nous devions faire il nous a paru judicieux de consacrer notre mémoire à cette activité. De plus nous avons appris par des discussions informelles avec les conseillers de cette structure que Cépière Formation était à l’origine une petite association qui s’est développée très rapidement, avec une diversification des publics et des prestations. Les conseillers ont dû faire face à cette diversification en adaptant leur activité.
Il nous a donc semblé intéressant de voir quelles sont les compétences que les conseillers en insertion professionnelle mettent en œuvre durant l’accompagnement des bénéficiaires et plus particulièrement lors d’un entretien individuel avec les usagers ?
Cela nous permettra peut-être de constater la diversité de ces compétences, de plus nous avons remarqué que lorsque nous faisions une recherche sur un moteur de recherche concernant les compétences des CIP les fiches métier et notamment la fiche ROME de pôle emploi sont les premières à apparaître. Nous nous sommes donc posé la question est ce que ces fiches métier sont une bonne représentation de cette profession?
La méthode Alceste
Le logiciel Iramuteq va nous permettre d’utiliser la méthode Alceste afin d’analyser nos entretiens « l’objectif de cette méthode n’est pas le calcul du sens mais l’organisation topique du discours à travers la mise en évidence des « mondes lexicaux » ».(Abric, 2003 p.151) Pour cela le logiciel analysera la redondance des classes lexicales et les regroupera sous différentes thématiques, ce classement nous permettra de déterminer les mondes lexicaux les plus utilisés selon le groupe interrogé, en fonction des autres variables qui nous intéressent (formation, lieu d’exercice…) « La méthode Alceste permet de mettre en lumière les traces lexicales les plus prégnantes de ces espaces de référence. » et « permet de cartographier les lieux communs d’un discours. » (Abric, 2003, p.151). Cependant cette méthode ne se suffit pas à elle-même puisque une fois le traitement des données effectué par le logiciel le chercheur va devoir interpréter les résultats les plus représentatifs. Comme nous le dit Abric « Elle ne peut aucunement substituer l’intuition du chercheur, ni la finesse herméneutique issue de l’analyse de contenu classique, ni le travail d’interprétation nécessaire à toute réflexion dans le travail social. » (2003, p.151). L’interprétation est donc la deuxième phase de cette analyse, cette phase est très importante mais aussi délicate car le chercheur va devoir faire appel à sa subjectivité, à son intuition sans pour autant laisser ses idées préconçues prendre le dessus.
Ce logiciel permet aussi d’effectuer de nombreux calculs statistiques, dans notre cas celui qui nous intéresse est le calcul du Khi-deux.
Le test du Khi-deux
« Le principe de ce logiciel repose sur le degré deco-occurrence (évalué par le khi2) entre des mots du texte. »(Blanchet & Gotman, 1992 p.96). Cette co-occurence va donc pouvoir être calculée grâce au test du Khi-deux qui nous permettra de savoir si deux variables sont dépendantes l’une de l’autre, et pour cela il est important que notre échantillon soit non apparié. Dans notre cas on va peut être pouvoir observer les l’expérience ou le statut à un impact sur les compétences que mobilise un CIP lors d’un entretien indiciduel « Il est alors possible de rendre compte de l’association d’un certain nombre de variables aux différentes classes de discours. Le degré d’appartenance à une classe de discours d’une variable donnée est là encore précisé par la valeur du Khi2 d’association à la classe »(Blanchet & Gotman, 1992 p.96). Comme nous l’avons appris lors de nos cours de statistiques, la relation de dépendance entre les deux variables dépend du fait que le Khi-deux calculé est inférieur ou supérieur au Khi-deux de référence. Si la valeur calculée est supérieure à la valeur théorique alors l’hypothèse H0 est rejetée, et inversement sila valeur calculée est inférieure à la valeur théorique l’hypothèse H0 est acceptée. La valeur théorique va dépendre du seuil qui est de .05 en sciences humaines et sociales ainsi que du nombre de degré de liberté.
Analyse des données
Analyse par la méthode Alceste
A la suite de la première analyse nous obtenons cinq classes de discours différentes. Le logiciel a, lors de la première CHD, divisé le corpus en deux, rassemblant d’un côté les classes 1 et 4 et de l’autre les classes 2, 3 et 5. Nous allons d’abord analyser les composants de chaque classe en respectant la classification du logiciel, en premier lieu les classes 1et 4 puis les classes 2, 3 et 5, ensuite nous allons essayer de comprendre pourquoi le logiciel a divisé ces cinq classes en deux parties.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Contexte de la situation professionnelle
1 Un point sur le bassin de l’emploi
2. Cépière formation
2.1 présentation des actions de Cépière
2.2 Le pôle ressource emploi (PRE)
3. Les missions de stage
Partie 2 : Théorie et problématique professionnelle
1. L’accompagnement
1.1 Comprendre ce qu’est l’accompagnement
1.1.1 L’émergence de ce terme
1.1.2 Les caractéristiques de l’accompagnement
1.1.3 Une définition générale de ceterme
1.2 Les différents types d’accompagnement
2. la compétence : un processus complexe
2.1 Un concept aux limites floues
2.1.2 La différence entre compétence et capacité
2.1.3 Le concept de compétence collective
2.2 Les composantes de la compétence
3. Les représentations professionnelles
3.1 Un point sur les représentations sociales
3.1.1 Un terme difficile à définir
3.1.2 Deux approches existantes
3.2 Des représentations sociales aux représentations professionnelles
3.2.1 Définition du terme
3.2.2 Les caractéristiques des représentations professionnelles
3.2.3 Les fonctions des représentations professionnelles
4. Éléments de problématisation
Partie 3 : La phase empirique de la recherche
1. Méthodologie de recherche
1.1 La population concernée
1.2 Le recueil de données
1.2.1 L’observation
1.2.1.1 L’observation par le chercheur
1.2.1.2 l’observation par le film
1.2.2 Les entretiens d’auto-confrontation
1.3 Traitement et analyse des données
1.3.1 L’analyse de contenu manuelle
1.3.2 La méthode Alceste
1.3.3 Le test du Khi-deux
2. Analyse des données
2.1 Analyse par la méthode Alceste
2.2 Analyse manuelle
2.2.1 Analyse globale : les points convergents
2.2.2 Analyse par entretien : les points divergents
3. Discussion générale
3.1 Les résultats de l’analyse
3.2 La mise en parallèle avec les fiches métiers
3.3 Les limites de la recherche
3.3.1 l’échantillon
3.3.2 Les limites de la méthodologie de recherche
Partie 4 : Mon développement professionnel
Conclusion
Bibliographie
Tables des annexes
Table des matières
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