La Géographie qui ne cesse de se progresser a pour objet la description et l’explication des paysages terrestres. Elle se divise en deux branches : la Géographie physique et la Géographie humaine. La première traite tous les phénomènes physiques de la Terre, tandis que la seconde, qui est en perpétuel changement, analyse les manières de vivre, les modes d’activité et l’évolution des hommes. Notre étude est conforme à ces deux divisions de la Géographie et a pour objet le village de Behompy-Mahasoa, chef lieu de la Commune rurale portant le même nom. Behompy-Mahasoa est inclus dans la moyenne vallée de Fiheregna et se trouve à environ 28 km au nord-est de la Commune Urbaine de Toliara vers l’amont du fleuve Fiheregna, et se trouve à 14km au nord-ouest du village de Befoly et à 20km au nord-est du village de Miary. Nous avons choisi le village de Behompy Mahasoa comme objet de notre recherche pour plusieurs raisons. Il fait partie du Sud-Ouest malgache où nous vivons et est représentatif des autres villages de la région. Puisque personne n’a guère étudié ce village, surtout dans le cadre d’une recherche universitaire, il est de notre devoir de combler cette lacune.
APERCU HISTORIQUE DE BEHOMPY-MAHASOA
L’époque royale Andrevola
Il s’agit de la fin du XIXème siècle. La dynastie des Andrevola administrait la province du Fihereña, limitée au nord par le fleuve mangoky, au sud par le fleuve Onilahy, à l’est par la chaîne de l’Analavelona, et à l’ouest par le canal de Mozambique. Selon les traditions, Behompy-Mahasoa fut appelé autrefois Andramaray . « Dongolahy » et « Dongovavy », frère et sœur, originaires de Midongy-sud, à la suite d’un « rejet social », quittent leur village d’origine pour se réfugier chez les Zafindravola d’Ankazoabo. Dongolahy et Dongovavy s’y sont mariés, Dongolahy avec l’une des filles et Dongovavy avec l’un des fils de ce souverain. Quelques années plus tard, des conflits latents menaçaient de semer la discorde entre les descendants du frère et de la sœur. Dongolahy prit la décision de s’installer plus au nord, dans le Menabe avec ses cinq fils. Considérés « fanalolahy » (chefs de guerre), Dongolahy et ses fils participaient à toutes les guerres de razzia dirigées par les souverains du Menabe. Cette situation a agrandi leur prestige et amélioré leur situation dans ce territoire. Les cinq fils de Dongolahy se sont mariés et ont eu de nombreux enfants. Rasahoany, le fondateur d’Andramaray, n’était autre que l’un des petits-fils de Dongolahy. Il était puissant et courageux. Rasahoany et sa famille « ñy vaveane » ont quitté clandestinement la région de Menabe et se sont dirigés vers le sud, dans la région de Benetsy, l’une des résidences du roi andrevola Tompoimana. La raison de ce déplacement était qu’ils ne supportaient plus le comportement belliqueux du roi du Menabe qui entraînait la mort des partisans de Rasahoany. Arrivé à Benetsy, Rasahoany s’intégrait peu à peu à la population masikoro. Durant leur séjour à Benetsy, Rasahoany et ses gens participaient aux différentes conquêtes réalisées. Leur présence dans l’armée de Tompoimana était un atout.
De Benetsy, Rasahoany s’est déplacé vers le sud dans la région de Maromiandra Selon le témoignage de Mananjake, ex-Président du quartier de Vorondreo, lorsque Rasahoany épousa Ravolabetrano, une veuve issue du clan Andrevola de Maromiandra., Tompoemana leur octroya une parcelle de terre à mettre en valeur. Mais, résider à Maromiandra auprès de sa belle famille n’arrangeait pas Rasahoany qui demanda l’autorisation au roi de résider à Andramaray. Lors de leur installation dans la région d’Andramaray, au XIXe siècle, Rasahoany et Ravolabetrano ont mis au monde quatre garçons. Et désormais, leur famille prit le nom de « Marolahy ». Ils vivaient en paix avec les autres groupes qui les ont rejoints. Aujourd’hui, trois clans majeurs sont considérés fondateurs de Behompy-Mahasoa, les « Vazahamainty » et les « Maroampela » ; ces deux derniers clans sont originaires de Manombo-sud : Le centre du village appartenait au clan « Marolahy », la partie sud-est est occupée par le clan « Maroampela » et la partie nord est le domaine du groupe « Vazahamainty ». Plusieurs années après, une grande inondation nommée « Beroka » a ravagé la région tout entière. Cette situation catastrophique a provoqué un gigantesque dégât matériel comme la destruction de la plupart des champs de cultures et des maisons, la perte des animaux domestiques et une perte humaine. Cela a poussé les habitants d’Andramaray à déménager vers la montagne. Cette montagne était couverte d’arbres appelés « hompy » que les habitants ont défrichés. A partir de ce moment-là, le nom de la région est devenu « Behompy ». L’appellation « Behompy Mahasoa », selon Jean Jacques, le Chef de Fokontany de Behompy-Mahasoa, a été créée plus tard parce que les habitants, qui ne craignaient plus les caprices du fleuve Fiherena, vivaient aisément. L’ancienne place d’habitation est alors devenue des champs de cultures. Après la période royale, Behompy-Mahasoa connut la domination coloniale française, comme l’ensemble du pays.
La période coloniale :
Le début de la période coloniale à Madagascar coïncide avec la fin de la Grande Traite qui a eu lieu vers 1850. Cela a été marqué par l’installation progressive des comptoirs étrangers dans presque toutes les régions côtières de la Grande Ile. Les étrangers ont adopté cette stratégie pour mieux exploiter les ressources économiques de ces régions.
En 1891, selon M. Gaston Junot, tous les comptoirs de la baie de Saint Augustin ont été pillés par les habitants locaux et que M. Estèbe, le Résidant français, a failli être assassiné au lac Tsimanampetsotsa en 1892. Cet événement de violence envers les comptoirs étrangers d’une part, et l’hésitation sur le choix du site d’autre part ont obligé en 1897 le Général Galliéni de transférer à Toliara tous les services administratifs de la Vice-Résidence et des entrepôts de marchandises de Nosy-Vé. Ainsi, à partir de 1897, Toliara est devenu un grand port colonial avant la capitulation de Tompoemana, roi de Fiheregna. A partir de cette date, l’évolution de la ville de Toliara était remarquable car on pouvait y faire l’importation et surtout l’exportation des différents produits provenant de la région.
Des constructions de routes :
Pour faciliter l’écoulement des produits venant de divers endroits de production vers le port de Toliara et aussi pour assurer l’amélioration des rendements et la continuité de la production agricole, les administrateurs coloniaux ont adopté une stratégie qui consistait dans la mise en place d’infrastructures (routes, chemin de fer, port, …). Behompy-Mahasoa avait été touchée par la stratégie des colons puisqu’il y a eu la construction de route, celle des canaux d’irrigation et celle d’un hangar pour servir de magasin de stockage des produits agricoles.
Les administrateurs coloniaux ont mis en oeuvre des programmes de construction d’axes routiers. Hoerner parle de « pistes accessibles en voiture Lefèvre vers le nord (Manombo, Befandriana-Sud, Bas Mangoky), vers l’est (Manera par la vallée de Fiheregna, Ankazoabo, Sakamare sur l’Onilahy), vers le sud (Tongobory, Ejeda à partir de Manera) » .
Selon le témoignage du maire de la commune rurale de Behompy-Mahasoa, l’ouverture de l’axe routier vers l’est et qui passe dans la région de Behompy pour parvenir jusqu’à Manera, s’est effectuée à partir de 1920. La main-d’œuvre qui assurait le travail était formée par des habitants du Sud-Ouest malgache composés à l’époque de Tandroy, de Mahafale, de Bara, de Vezo et de Tanosy. Selon D. Desjeux dans « La question agraire à Madagascar », « la main d’œuvre était composée d’une partie de l’ensemble des contingents malgaches non incorporés dans l’armée française et de ceux qui n’avaient pas la possibilité de payer l’impôt par capitation ». Selon l’information que nous avons reçue à Behompy-Mahasoa, une partie de cette main-d’œuvre était constituée de prisonniers. Cette route, même si elle n’était pas goudronnée, a joué des rôles importants au niveau des circuits des produits venant de l’intérieur qui étaient transportés vers le port de Toliara. Mais, son emploi n’a pas duré très longtemps à cause de sa fragilité. A cause de la détérioration des voies de circulation dans les vallées quand vient la saison des pluies, on a modifié le tracé de la RN7 qui ne suit plus la basse vallée de Fiheregna à partir de Toliara.
La mise en place du réseau d’irrigation du bas-Fiheregna :
Historiquement, la première prise du canal d’irrigation a été placée à Miary dès le début de la colonisation. Sa construction était réalisée en 1900 par le Commandant Lucciardi. Cette prise a été déplacée à Bemia en 1921. A partir des années 50, elle a été implantée à BehompyMahasoa. D’après M. Randrianaivo Gilbert, responsable à la Circonscription du Génie Rural, l’ancienne prise a été conçue comme voie de décharge. A partir de 1978, elle est devenue une vraie prise. La raison du déplacement progressif de cette prise vers l’amont a une relation directe avec le régime du fleuve Fiheregna. L’irrégularité de son régime entraîne la non-alimentation permanente des canaux d’irrigation. De plus, au moment de ses crues, ce fleuve charrie avec lui des amas de sables engendrant le remblai et même la destruction de la prise et des canaux d’irrigation. H. Besairie a remarqué cela en 1953 lorsqu’il a réuni depuis 35 ans des observations significatives d’un dessèchement progressif de la région littorale comprise entre l’Onilahy et le Fiheregna, relatif à la diminution du débit du Fiheregna et à celui de diverses résurgences. Il a écrit : « En 1922, à Bemia, à 14Km de Toliara, l’écoulement superficiel du Fiheregna était permanent avec une hauteur d’eau moyenne de l’ordre du mètre. Depuis 1948, le fleuve ne coule plus qu’environ cent jours par an. Le premier canal d’irrigation avait sa prise à Miary, à 4 km en aval. Par suite d’une diminution du débit, la prise a été reportée à Bemia, puis à Behompy à 10 km en amont […] » . La prise et le canal d’irrigation de Behompy-Mahasoa se trouvent à l’ouest du village. Le canal suit la rive du fleuve direction vers le sud. Malgré la destruction actuelle du canal d’irrigation de Behompy Mahasoa et la rupture totale de son alimentation en eau vers le bas Fiheregna, on voit qu’il a beaucoup contribué au développement de la filière agricole de la zone .
La construction du hangar :
Les travaux dans le village de Behompy-Mahasoa n’étaient pas seulement consacrés à l’ouverture de route et à la construction de canal d’irrigation, il y avait aussi un autre ouvrage ancien constitué par un hangar. Ce hangar de Behompy-Mahasoa, ayant une dimension de 10 mètres de long et 4 mètres de large a été construit, selon le maire de la commune rurale de Behompy-Mahasoa, durant les années 50 pour la collecte de produits agricoles comme le haricot et le pois du cap. Une fois amassés et achetés par les collecteurs, des Indopakistanais, ces produits sont transportés vers Toliara pour être exportés. Durant cette époque, pour faciliter la collecte de leurs produits, les paysans ont été organisés en un syndicat. Celui-ci a connu un grand progrès, mais il a fait une tentative maladroite qui a entraîné son abolition. Malgré cela, le nom ne s’effaçait pas pour autant car les habitants ont toujours l’habitude d’appeler « syndicat » le grand hangar qui est devenu actuellement un lieu de réunion des villageois.
La construction d’école :
Un des bâtiments de l’école primaire de Behompy-Mahasoa est actuellement appelée « Bâtiment 56 » car cette année 1956 était la date de sa construction.
Depuis l’époque de l’indépendance de Madagascar
A l’indépendance de Madagascar, le village de Behompy-Mahasoa continue d’utiliser et d’entretenir les infrastructures laissées par la colonisation tout en recevant d’autres de la part de l’Etat malgache. L’organisation du village a connu un certain changement dans certains domaines.
Le Génie Rural :
La construction des bâtiments du Génie Rural qui se localisent à 120 m à l’ouest de l’Ecole Primaire Publique a eu lieu en 1977. Ils sont bâtis pour servir de dépôt de matériels et aussi de logement aux personnels du service du Génie Rural. Après le passage du cyclone Angèle en 1978 qui a provoqué l’inondation « Mandazoala » , le désengagement de l’Etat en 1980 a arrêté les activités du Génie Rural à Behompy-Mahasoa .
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Table des matières
I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME