Présentation bibliographique de la Fièvre de la vallée

Lutte Il n’existe pas de traitement spécifique et un traitement symptomatique est instauré dans les formes graves d’atteinte humaine

Un vaccin vétérinaire (souche Smithburn) est employé depuis de nombreuses années, en Afrique orientale et australe. Il s’agit d’un vaccin modifié neuro-adapté, administrable en une injection, très efficace et peu coûteux à produire mais qui possède un pouvoir pathogène résiduel. Celui-ci se traduit par des effets tératogènes, abortifs et des encéphalites sur les agneaux. Ce vaccin n’est utilisable que dans les zones infectées. De plus, le risque de recombinaison avec des virus sauvages est élevé.

Des vaccins inactivés par le formol ont été utilisés en Afrique pour la vaccination animale et humaine mais plusieurs injections sont nécessaires en raison de leur faible pouvoir immunogène, ce qui rend leur coût prohibitif en vaccination vétérinaire.

Enfin, une souche atténuée par mutations (souche MP-12) s’est avéré immunogène avec une injection et sans effet pathogène ou tératogène, le seul symptôme observé étant une hyperthermie sans conséquence sur la survie embryonnaire. Cette souche serait utilisable chez le bétail et présenterait le double avantage d’un faible risque de transfert vectoriel (virémie faible et de courte durée) et de recombinaison avec les virus sauvages, les trois segments génomiques ayant subi des mutations. Les résultats préliminaires d’une expérimentation en Afrique de l’Ouest (Sénégal et Mauritanie) sont encourageants : les animaux présentent une montée d’anticorps et aucun avortement n’a été constaté dans les espèces bovine, ovine, caprine et cameline [Morril, 08/1997; Morril, 08/1997].

La prophylaxie sanitaire est limitée, la lutte anti-vectorielle étant coûteuse et difficile à réaliser. La méthode la plus efficace est de déplacer les troupeaux hors des zones infestées par les vecteurs, mais elle est difficile à mettre en oeuvre et l’identification de périodes et de zones à risque est fondamentale pour le contrôle de la maladie.

Epidémiologie descriptive

La FVR se présente sous forme de poussées épidémiques entrecoupées de longues périodes inter-épidémiques silencieuses. On peut n’en trouver aucune trace ou détecter seulement une circulation à bas bruit, révélée par des études sérologiques sur des troupeaux sentinelles. Lors de flambées épizootiques, elle provoque avortements et mortinatalité dans les troupeaux de ruminants ce qui entraîne de graves pertes économiques. Ceci se déroule en cours ou en fin de saison des pluies, suite à une pullulation des vecteurs.

Dans certains cas, après à un premier cycle d’amplification animale, elle peut atteindre la population humaine et peut se révéler mortelle [Lefevre, 1997]. Au Sénégal, le virus FVR a été isolé pour la première fois en 1974 à partir de lots d’Aedes dalzieli capturés dans la région de Kédougou [Digoutte, Cordellier et al., 1974]. Les études sérologiques réalisées entre 1981 et 1986 ont mis en évidence une importante circulation du virus FVR dans le Sud de la Mauritanie : 17,8 % des petits ruminants (83 sérums positifs / 466 testés) présentaient des anticorps pour le virus FVR [Saluzzo, Digoutte et al., 1987]. En outre dans cette région, 13,3% des éleveurs (32 sérums positifs / 240 testés) se sont révélés séropositifs. Une épidémie se déclara à l’automne 1987 au sud de la Mauritanie dans la région de Trarza [Saluzzo, Digoutte et al., 1987].

Le premier cas a été diagnostiqué en octobre 1987 à Rosso, et 284 cas se sont déclarés les jours suivants (confirmés au laboratoire). On a dénombré parmi ces 284 cas 28 décès (9,9%). L’épidémie s’est propagée vers le Nord, jusqu’à 102 km de Rosso, sur la route menant à Nouakchott ; à l’Ouest, elle a été limitée par Keur Massène (65 km à l’ouest) et à l’Est par Tosso (65 km à l’est). Le nombre de cas humains a été estimé à 1009. Une enquête menée en période post-épidémique (Février-Mai 1989) dans le Centre- Nord du Sénégal chez des Peuls semi-nomades a montré que 22,7% de 273 personnes testées avaient des anticorps anti-FVR, avec un effet positif de l’âge (1/3 des sujets de plus de 60 ans) [Jouan, 1989]. Une enquête rétrospective a permis d’estimer à une douzaine les cas de mortalité humaine due à la FVR dans les deux années précédentes. En parallèle, un programme de sérosurveillance animale a été mis en place dans les vallées du Sénégal et du Ferlo [Thiongane, Gonzalez et al., 1991]. Sur les 173 sérums (moutons et chèvres) examinés, 65% possédaient des anticorps spécifiques dont la moitié de type IgM.

La séroprévalence moyenne chez les petits ruminants du Sénégal a été estimée entre 7 et 15%. Ces données ont confirmé l’existence d’une épizootie associée de FVR parmi les populations animales dans lesquelles on avait constaté des avortements. Entre 1989 et 1993, aucun cas clinique de FVR n’a été observé au niveau des troupeaux sentinelles de la vallée du Sénégal (300 à 400 sérologies annuelles dans 10 troupeaux) [Thiongane, Zeller et al., 1994].

L’absence d’anticorps de classe M dans les prélèvements effectués entre 1989 et 1992 confirme l’absence de circulation virale dans les troupeaux suivis dans cette zone. Par ailleurs, la séroprévalence des anticorps neutralisant le virus de la FVR a décru régulièrement : de 24,4% (1988) à 1% (1993). Dans la figure suivante, il apparaît que la prévalence générale la plus forte était localisée dans le delta (Dagana) et qu’elle décroissait en remontant le fleuve jusqu’à Matam.

Cas de l’Afrique de l’Est

La corrélation entre précipitations locales et activité du virus FVR au Kenya n’est pas évidente, avec des années à fortes pluies sans épidémie et des épidémies lors d’années à pluviométrie modérée.

En calculant un indice basé sur le surplus des moyennes mensuelles par rapport aux moyennes calculées sur une période de 33 ans, pondéré du nombre de jours pluvieux par mois, une corrélation a été observée avec l’occurrence des foyers de FVR [Davies, Linthicum et al., 1985]. Si cette étude met en évidence l’influence des pluies abondantes et répétées à grande échelle et sur une longue période, l’absence de corrélation entre prévisions locales et épidémies montre l’intervention d’autres facteurs.

Dans la région étudiée, les pluies sont induites par la remontée de la zone de convergence intertropicale (ICTZ) qui correspond à une zone de confluence de courants provenant du Nord et du Sud et qui détermine l’importance et la durée des pluies et du couvert nuageux. Les pluies abondantes entraînent une remontée de la nappe phréatique qui inonde les bas-fonds des herbages, gîtes larvaires de certaines espèces vectrices de FVR (notamment du genre Aedes), ce qui entraîne l’émergence de fortes populations d’adultes.

Le couvert nuageux favorise la survie des moustiques adultes, facteur clef dans la propagation des épizooties. Les vents induits par les lignes de grain et les effets de convection ont peut-être un rôle dans le transport passif des vecteurs. L’effet mesuré par l’ICTZ est semblable sur l’Est et le Sud-Est du continent Africain et les épidémies de FVR ont souvent lieu en même temps au Kenya, Tanzanie, Zambie et Afrique du sud. La corrélation de cet indice à des données satellitaires permet de surveiller de grandes régions et d’optimiser le travail au sol. Le phénomène ENSO (El Niño Southern Oscillation) est une cause principale de variabilité climatique inter-annuelle. Il est quantifié par l’index d’oscillation SOI (Southern Ocillation Index), utilisé depuis le 19ème siècle. Cet index compare la pression atmosphérique de Tahiti avec celle de Darwin, en Australie et il est exprimé comme une déviation standard par rapport à la norme. Des déviations négatives importantes sont associées aux évènements El Niño provoquant des anomalies climatiques, comme des précipitations anormalement élevées. Ces phénomènes ont été mis en rapport avec plusieurs maladies humaines et animales dans de nombreux pays.

Le niveau des précipitations est associé au développement de la végétation, détectable par des satellites équipés de radiomètres à haute résolution. Ces informations sont traduites en différents indices mesurant l’activité photosynthétique, proportionnelle au développement de la végétation. Le plus connu est le NDVI (Normalized difference vegetation index). Ces données sont relatives à une situation et à une période données et doivent être étalonnées par des mesures au sol [Linthicum, A. et al., 06/99]. Un autre index (Températures de Surface de la mer : SST) mesurant la différence de températures de surface de l’eau entre 2 point fixes situés dans des régions équatoriales de l’Océan Pacifique et l’Océan Indien s’est révélé utile dans la prévision d’anomalies climatiques au niveau du continent africain. Ces 3 indices (SST, SOI et NDVI) sont corrélés aux précipitations de l’Est africain et plus particulièrement du Kenya.

Sur une période de 48 ans (1950-1998), leur utilisation isolée ne permet pas de prévoir les épizooties de FVR, mais différentes combinaisons ont été testées et c’est l’utilisation simultanée des SST et des NDVI qui permet la meilleure prévision du risque, avec une prédiction de 100% des épidémies et aucune fausse alerte. L’utilisation de ce modèle aurait pu éviter ou limiter des épizooties, par des moyens de lutte ciblés comme la vaccination des troupeaux ou la désinsectisation des sites de ponte des vecteurs. Les figures suivantes montrent l’activité du virus de la FVR au cours du temps, en fonction de l’évolution de ces différents indices.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Présentation bibliographique de la Fièvre de la vallée du Rift au Sénégal
Chapitre I Généralités : le virus et la maladie
I.1 Définition
I.2 Historique et Répartition géographique
I.3 Virologie
I.3.1 Description et classification de l’agent pathogène
I.3.2 Structure physico-chimique
I.3.3 Pouvoir antigénique et immunogène
I.3.4 Pouvoir pathogène
I.3.5 Résistance
I.4 Manifestations
I.4.1 Espèces affectées
I.4.2 Pathogénie
I.4.3 Symptômes
I.4.4 Lésions
I.5 Diagnostic
I.5.1 Diagnostic clinique et épidémiologique
I.5.2 Diagnostic expérimental
I.6 Lutte
Chapitre II Epidémiologie
II.1 Epidémiologie moléculaire
II.2 Epidémiologie descriptive
II.3 Epidémiologie analytique
II.3.1 Modes de transmission
II.3.2 Vecteurs
II.3.3 Réservoirs
II.4 Conséquences pour la modélisation
II.4.1 Cas de l’Afrique de l’Est
II.4.2 Cas de l’Afrique de l’Ouest
Deuxième partie : Partie expérimentale : Modélisation de la FVR au Sénégal
Chapitre I Objectifs
Chapitre II Description des modèles développés
II.1 Modèle intra-troupeau
II.1.1 Modèle CEA
II.1.2 Modèle INRA-ENVL
II.2 Spatialisation
Chapitre III Enquêtes de terrain
III.1 Besoins en informations
III.1.1 Informations zootechniques et sanitaires
III.1.2 Informations entomologiques
III.1.3 Données environnementales
III.2 Protocoles d’enquêtes
III.2.1 Entomologie
III.2.2 Choix des mares étudiées
III.2.3 Cartographie
III.2.4 Enquêtes démographiques et zootechniques
III.2.5 Epidémiosurveillance
III.2.6 Relevés climatiques et hydrologiques
Chapitre IV Gestion des données
IV.1 Modèle conceptuel des données
IV.2 Structure de la base de données
IV.2.1 Table T_RecEch : recensement des troupeaux dans les unités spatiales échantillonnées
IV.2.2 Table T_ProvTroup : localisation du parc de nuit et provenance des troupeaux enquêtés
IV.2.3 Table T_Mare : description de la localisation des mares
IV.2.4 Table T_DescriMare : description physique des mares
IV.2.5 Table T_PhytoMare : description phytosociologique des mares
IV.2.6 Table T_PatuDate : description physique des pâturages
IV.2.7 Table T_PhytoPatu : description phytosociologique des pâturages
IV.2.8 Table T_Piege : description des séance de piégeage de moustiques
IV.2.9 Table T_Moustique : description des moustiques capturés lors des séance de piégeage
Chapitre V Résultats préliminaires
V.1 Cartographie
V.2 Hydrologie et climatologie
V.3 Données phyto-sociologiques
V.4 Enquêtes « troupeaux »
V.4.1 Enquête préliminaire (10 juin 2001)
V.4.2 Enquête du 20 au 30 juillet 2001
V.5 Entomologie
Chapitre VI Discussion : Perspectives et conclusions
VI.1 Cartographie
VI.2 Enquêtes troupeaux
VI.3 Entomologie
VI.4 Hydrologie et climatologie
VI.5 Données phyto-sociologiques
VI.6 Intérêts et contraintes de la modélisation
Conclusion
Bibliographie
Annexes : fiches d’enquêtes
_ Fiche Lieu de Résidence
_ Fiche Troupeau
_ Fiche Pâturages
_ Fiche Mares
_ Fiche Entomologie

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