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Les protรฉines liant les dinuclรฉotides (ou ยซ Rossman fold ยป):
Cette famille comprend les protรฉines liant le ยซ Nicotinamide Adenine Dinuclรฉotide ยป (NAD), et est caractรฉrisรฉe par la sรฉquence consensuG-X-G-X2-G. Le cลur structural de ces protรฉines est gรฉnรฉralement composรฉ de six brinsฮฒparallรจles connectรฉs par des hรฉlicesฮฑ, des brins ฮฒ, ou des boucles irrรฉguliรจres.
Les protรฉine kinases
Elles constituent la plus large classe des protรฉines liant les nuclรฉotides et jouent un rรดle dรฉcisif dans la rรฉgulation de nombreux processus biologiques, tels que la diffรฉrenciation ou la transduction de signaux.
Une partie des protรฉine kinases catalysent le transfert du phosphate ฮณ de lโATP sur le groupement hydroxyle des chaรฎnes latรฉrales des acides aminรฉs hydrophiles ou aromatiques. La plupart contiennent douze sรฉquences consensus, dont un motif riche en glycines de sรฉquenceG-X-G-X2-G, formant une boucle flexible, et leur classification est donc basรฉe sur leur spรฉcificitรฉ (Vetter and Wittinghofer, 1999) :
– Les kinases ร sรฉrine et thrรฉonine.
– Les kinases ร tyrosine.
– Les kinases doubles qui catalysent le transfert du phosphate sur les deux types dโhydroxyles des chaรฎnes latรฉrales (sรฉrine/thrรฉoninou tyrosine).
De nombreuses structures de protรฉine kinases ร sรฉrine, thrรฉonine ou tyrosine ont รฉtรฉ rรฉsolues montrant que toutes possรจdent un repliement commun caractรฉrisรฉ par deux lobes. Le premier lobe, principalement constituรฉ de brins ฮฒ, contient les รฉlรฉments de sรฉquences impliquรฉs dans la fixation de lโATP, avec la boucle riche en glycines. Le second lobe, plus large, est composรฉ dโhรฉlicesฮฑ, et contient une boucle catalytique importante pour le transfert du phosphate et une boucle rรฉgulatrice impliquรฉe dans la rรฉgulation de lโactivitรฉ catalytique.
Curieusement, certaines protรฉine kinases bactรฉriennes, dont le repliement tertiaire est diffรฉrent des protรฉine kinases eucaryotes, appartiennent ร la famille des NTPases ร P-loop car elles possรจdent, entre autres, la sรฉquence consensu G/A-X4-G-K-T/S. Cโest le cas, par exemple, de lโHPr kinase/phosphatase qui partage des homologies structurales avec une kinase de petite molรฉcule, la phosphoรฉnolpyruvate arboxykinasec (Fieulaine et al., 2001; Galinier et al., 2002), ou encore de tyrosine kinases capables dโautophosphorylation dรฉtectรฉes chez plusieurs bactรฉries et notamment celle de Staphylococcus aureus qui serait apparentรฉe ร une protรฉine du groupe SIMIBI (voir chapitre I-B-2a) (Grangeasse et al., 1997; Soulat et al., 2006), mais aussi de PrkA, une kinase ร sรฉrine/thrรฉonine de B. subtilis (Fischer et al., 1996).
Les Histidine kinases/HSP90/Topoisomรฉrase II
Elles sont caractรฉrisรฉes par un feuilletฮฒ contenant huit brins le plus souvent antiparallรจles et par une rรฉgion en hรฉlicesฮฑ. Cette famille regroupe une autre catรฉgorie de protรฉine kinases, diffรฉrentes dโun point de vue structural et fonctionnel de celles dรฉcrites ci-dessus. Ces kinases phosphorylent des histidines, et leur cลur structur al possรจde des similaritรฉs avec la protรฉine Hsp90 ou avec des topoisomรฉrases II (Vetter and Witinghofer, 1999).
La famille des Actines/HSP70/RNAse H
Elles sont caractรฉrisรฉes par un feuilletฮฒ contenant cinq brins, le brin 2 รฉtant antiparallรจle au reste du feuillet, et par deux rรฉgions en hรฉlices ฮฑ.
Evolution et hypothรจse dโun ancรชtre commun
Les protรฉines sont construites ร partir dโun nombre limitรฉ dโรฉlรฉments architecturaux, et la plupart dโentre eux sont impliquรฉs dans le repliement gรฉnรฉral de la protรฉine. Dโautres motifs ont une activitรฉ catalytique ou un rรดle dans la liaison dโun ligand. La prรฉsence de ce type de motif dans les protรฉines nouvellement dรฉcouvertes et de fonction inconnue, peut indiquer une fonction putative. Dans ce contexte, les sรฉquences prรฉsentes chez les protรฉines liant les nuclรฉotides ont attirรฉ lโattention des chercheurs.
De tels motifs fonctionnels peuvent รชtre caractรฉristiques de superfamilles de protรฉines qui ont divergรฉes ร partir dโun ancรชtre commun, puis qui ont perdu leur ressemblance ร lโexception des rรฉgions fonctionnelles les plus importantes. Onparle alors dโรฉvolution divergente. Dโun autre cotรฉ, ces motifs peuvent reflรฉter une รฉvolution convergente, c’est-ร -dire quโils sont apparus dans des protรฉines non apparentรฉes parce quโils reprรฉsentaient une solution unique ร un problรจme.
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Rappels bibliographiques
Il est difficile de faire la distinction entre divergence et convergence et de nombreux dรฉbats et dรฉsaccords sur lโรฉvolution des NTPases ร P-loop existent. A lโexception de la P-loop, le reste de la structure des protรฉines est assez variable. Leur seul trait commun est la prรฉsence dโun corps structural ฮฑ/ฮฒ contenant plusieurs brins ฮฒ qui alternent avec des hรฉlicesฮฑ. Des auteurs ont prouvรฉ que ce cลur ฮฑ/ฮฒ reprรฉsentait un รฉlรฉment structural conservรฉ au cours de lโรฉvolution pour la liaison des nuclรฉotides, mais qui a subit de nombreux changements. Ce motif fut appelรฉ ยซ coeur structural ancestral ยป (Milner-White et al., 1991) ou encore ยซ repliement classique des protรฉines liant les mononuclรฉotides ยป (Schulz, 1992), et renforce lโhypothรจse que les protรฉines ร P-loop descendent dโun ancรชtre commun.
Non seulement les topologies observรฉes chez les protรฉines ร P-loop sont diffรฉrentes, mais le mรฉcanisme de transfert du phosphate et la nature de la rรฉaction catalysรฉe varient considรฉrablement entre les diffรฉrentes familles.
Les nuclรฉosides monophosphate kinases, comme lโadenylate ou lโuridylate kinase catalysent le transfert direct du phosphate de lโATP ร lโAMP o u ร lโUMP, respectivement. Elles possรจdent un grand nombre de rรฉsidus arginine qui,avec la lysine conservรฉe de la P-loop, vont stabiliser les charges nรฉgatives du phosphate .Il a รฉtรฉ montrรฉ que ces arginines jouent un rรดle trรจs important dans la catalyse (Tsai and Yan, 1991; Yan et al., 1990).
Les ATPases et GTPases catalysent lโhydrolyse de la liaison ester entre les phosphates ฮฒ et ฮณ du nuclรฉotide. Chez les ATPases, un rรฉsidu glutamate active une molรฉcule dโeau proche du phosphate ฮณ, ce qui entraรฎne lโattaque nuclรฉophile du phosphate ฮณ. Mais certaines ATPases, comme la nitrogรฉnase, utilisent un aspartate comme base catalytique et dโautres, comme la myosine, ne possรจdent pas de rรฉsidus acides. Dans ec cas prรฉcis, le mรฉcanisme dโhydrolyse reste flou. Aucun rรฉsidu, agissant comme base catalytique en activant une molรฉcule dโeau, nโa รฉtรฉ trouvรฉ chez les GTPases TRAFAC, et il a รฉtรฉ posรฉro que le phosphateฮณ agit lui-mรชme en temps que base (Schweins et al., 1996; Schweins et al., 1995). La plupart de ces protรฉines montrent une activitรฉ catalytique trรจs faible car un second composant (GAP), fournissant un rรฉsidu arginine dans le site actif, doit รชtre ajoutรฉ en trans pour complรฉter le site actif et accรฉlรฉrer la rรฉaction. Ces exemples dรฉmontrent quโun mode similaire de liaison du nuclรฉotide nโimplique pas forcรฉment un mode similaire de mรฉcanisme de rรฉaction.
Pour conclure, il nโexiste pas de modรจle qui identifie toutes les NTPases ร P-loop. Le modรจle diffรจre lรฉgรจrement dโune famille ร une autre, mais รฉgalement au sein dโune mรชme famille. On suppose que ces protรฉines ont รฉvoluรฉesindรฉpendamment et plus dโune fois, et mรชme lorsquโelles semblent provenir dโun ancรชtre commun, des changements significatifs ont pu apparaรฎtre avec le temps.
OLIGOMERISATION
Les interactions entre protรฉines sont la base de lastructure quaternaire des complexes protรฉiques et reprรฉsentent lโun des niveaux les plus subtils de lโorganisation structurale des molรฉcules biologiques. Leur importance est reflรฉtรฉepar lโabondance de la littรฉrature produite dans le domaine de lโassociation des protรฉines (Jaenicke and Lilie, 2000; Jones and Thornton, 1995; Park et al., 2001).
Les protรฉines multimรฉriques constituent seulement nu systรจme parmi tous les complexes protรฉiques existants tels que lโinteraction dโune protรฉine avec un inhibiteur, dโune protรฉine et son ligand, ou encore dโune protรฉine avec un autre partenaire cellulaire protรฉique (voies de signalisation). Ces diffรฉrents systรจmes reprรฉsentendiffรฉrents niveaux dโinteractions, et les interactions entre les sous-unitรฉs dโun multimรจre sont parmi les plus fortes.
La surface extรฉrieure dโun monomรจre affiche des dรฉtails structuraux qui permettent une disposition dans un ordre spรฉcifique, formant ainsi un oligomรจre. Ces derniers ont รฉvoluรฉ pour acquรฉrir des bรฉnรฉfices tels que la rรฉductione dla rรฉgion en surface, lโaugmentation de la stabilitรฉ, et de nouvelles fonctions ร travers la communication entre sous-unitรฉs. Ainsi ils exercent une pression de sรฉlection forte pour lโรฉvolution des protรฉines monomรฉriques en complexes oligomรฉriques.
Les interactions mises en place aux interfaces entraรฎnent, d’un protomรจre ร un autre, un effet de contrainte qui modifie la structure et donc les propriรฉtรฉs fonctionnelles de l’autre protomรจre : c’est le fondement de nombreux phรฉnomรจnes cellulaires tels que la transduction du signal, ou la coopรฉrativitรฉ enzymatique. Toutesces interactions ne reposent pas sur de solides liaisons covalentes, mais sur lโensemble des liaisons faibles qui peuvent unir deux chaรฎnes polypeptidiques. Ces liaisons, bien quโรฉnergรฉtiquement plus faibles que les liaisons covalentes, sont dโune importance capitale pour les processus biologiques : leur effet cumulatif maintient lโรฉtat oligomรฉrique des macromolรฉcules, et inversement, la facilitรฉ quโont ces forces ร se rompre confรจre toute la souplesse et la dynamique conformationnelle nรฉcessaire aux protรฉines. Tout ceci est compatibleavec la chimie de la cellule oรน les propriรฉtรฉs de la vie dรฉcoulent des interactions molรฉculaires : les biomolรฉcules sโassemblent, puis se dissocient.
En approfondissant nos connaissances sur les interfaces dimรฉriques, on peut ainsi espรฉrer dรฉcouvrir des molรฉcules qui perturbent la imรฉrisationd de protรฉines dont la fonction est essentielle ร la viabilitรฉ des cellules. Ainsi, la caractรฉrisation et la comprรฉhension des interactions entre protรฉines sont une รฉtape prรฉliminaire ร la conception de nouvelles drogues antibactรฉriennes (Jones and Thornton, 1995).
Les interactions mises en jeu ร lโinterface d imรฉrique
Ces liaisons, illustrรฉes par la figure 7, sont de diffรฉrentes natures. La force du type de liaison ร รฉtablir va conditionner la distance ร laq uelle les atomes concernรฉs vont devoir รชtre positionnรฉs (quelques angstrรถms).
Interactions de type van der Waals
Ces forces apparaissent entre tous les atomes neutres ร lโoccasion dโinteractions รฉlectrostatiques transitoires. Elles sont en gรฉnรฉral de trรจs faible intensitรฉ, et diminuent rapidement avec la distance. Elles proviennent de dipรดles produits dans les atomes par mouvements des รฉlectrons autour de leur noyau chargรฉ positivement, et reprรฉsentent donc lโattraction รฉlectrostatique entre le noyau dโun atome et les รฉlectrons dโun autre. Il est intรฉressant de noter que ce sont ces dipรดles transitoires qui constituent lโessence de lโeffet hydrophobe.
Liaisons hydrogรจne
La liaison hydrogรจne est une liaison faible ร caractรจre essentiellement รฉlectrostatique, liant un atome รฉlectronรฉgatif dotรฉ dโun doublet libre ร nu atome dโhydrogรจne, lui-mรชme covalemment liรฉ ร un autre atome. Les atomes reliรฉs par les liaisons hydrogรจne sont essentiellement lโoxygรจne et lโazote. L’รฉnergie de la liaison hydrogรจne est en moyenne dโenviron 5 kcal/mol, suffisamment faible pour รชtrefacilement rรฉversible mais suffisamment รฉlevรฉe pour avoir des consรฉquences importantes.
Interactions ioniques
Les liaisons รฉlectrostatiques, interactions les plus fortes parmi les liaisons non covalentes, sont dues aux charges รฉlectriques des radicaux desacides aminรฉs. Dans les protรฉines, il existe diffรฉrents groupes chargรฉs positivement (amide enN-terminal, chaรฎne latรฉrale de la lysine, de lโarginine et de lโhistidine) et nรฉgativement (carboxyl C-terminal, chaรฎne latรฉrale de lโaspartate et du glutamate). Il se forme alors des forces dโattractions entre deux atomes proches dans lโespace et de charges opposรฉes, qui vont leur permettre de former un pont salin.
Les ponts disulfures
A la diffรฉrence des autres liaisons, un pont disulfure (lien S-S) est un lien covalent fort qui, par oxydation, rรฉunit les fonctions thiols de deux cystรฉines. La molรฉcule rรฉsultante de la liaison de deux cystรฉines est la cystine. Ces interactions sont plus rares chez les protรฉines bactรฉriennes compte tenu, dโune part, de la faible abondance des cystรฉines au sein des protรฉines et, dโautre part, du milieu bactรฉrien rรฉducteur dรฉfavorable ร leur formation.
1- Interaction รฉlectrostatique.
2- Liaison hydrogรจne.
3- Pont disulfure.
4, 5- Liaison de van der Waals.
Dรฉfinition dโune interface dโinteraction
Une interface dโinteraction possรจde des caractรฉristiques structurales et chimiques particuliรจres, qui diffรจrent dโune protรฉine ร lโautre. Pour dรฉterminer une interface, les premiรจres approches consistent ร rรฉpertorier et comparer les nombreuses interactions ร partir des bases de donnรฉes, puisque la prรฉdiction des interactions nโest pas encore mise au point. En effet, il existe des mรฉthodes informatiques qui consistent ร dรฉterminer le meilleur appariement possible entre deux molรฉcules, oรน lโajustement gรฉomรฉtrique et la prise en compte des รฉnergies doivent รชtre utilisรฉs pour lโobtentiondโun positionnement correct des deux molรฉcules. Cependant, les auteurs montrent que les modรจles les plus proches des structures cristallographiques ne correspondent pas toujours aux solutions dont le score est le plus important. Par consรฉquent, ces mรฉthodes, bien que rometteuses,p devront encore subir de nombreux dรฉveloppements afin dโaccroรฎtre leur efficacitรฉ. Le dรฉpรดt des structures tridimensionnelles dans les banques de donnรฉes de protรฉines a permis lโanalyse dโun large nombre de protรฉines multimรฉriques. Une รฉtude rรฉalisรฉe sur 23 protรฉines oligomรฉriques montre une gamme de tailledes interfaces trรจs รฉtendue (Janin et al., 1988). Elle constitue en moyenne 20 % de la surface accessible totale, et augmente ร la fois en fonction de la taille des sous-unitรฉs et du degrรฉ โoligomรฉrisationd. Un des aspects principaux dans la stabilisation de lโassociation des protรฉines est la prรฉsence des interactions de van der Waals entre les rรฉsidus hydrophobes (Chothia and Janin, 1975). En effet, la plupart des interfaces sont composรฉes de 70 % de rรฉsidus non polaires. Lโautre aspect fondamental des interactions entre protรฉines est la complรฉmentaritรฉ: complรฉmentaritรฉ de formes mais aussi complรฉmentaritรฉ รฉlectrostatique, les ponts salins t eles liaisons hydrogรจnes constituant une caractรฉristique importante des interfaces. Dโailleurs, certains atomes polaires appartenant ร lโinterface interagissent mรชme grรขce ร des molรฉcules dโeau intermรฉdiaires situรฉes gรฉnรฉralement ร la pรฉriphรฉrie de lโinterface.
La rรฉpartition des zones hydrophobes ร lโinterface a tout dโabord รฉtรฉ considรฉrรฉe comme ressemblant fortement ร la coupe transversale dโune protรฉine, avec une rรฉgion pรฉriphรฉrique hydrophile et une rรฉgion centrale hydrophobe (Miller, 1989). Mais cette observation nโest pas gรฉnรฉrale puisque une analyseplus rรฉcente a montrรฉ que la majeure partie des interfaces รฉtudiรฉes montre une dispersion de petites zones hydrophobes entourรฉes de rรฉgions polaires (Larsen et al., 1998). Par ailleurs, lโhydrophobicitรฉ avait รฉtรฉ dรฉfini comme รฉtant le facteur majeur de stabilisation de lโassociation protรฉine/protรฉine, alors que les liaisons hydrogรจnes et les ponts salins jouaient un rรดle sรฉlectif en sรฉlectionnant les protรฉines qui allaient sโassembler (Chothia and Janin, 1975). Mais lโรฉtude de plusieurs complexes hรฉtรฉrologues (Xu et al., 1997) a montrรฉ lโimportance non seulement des liaisons de type hydrophobe mais aussi des liaisons รฉlectrostatiques dans la stabilitรฉ du complexe. Cette observation pourrait donc sโappliquer aux interfaces homodimรฉriques oรน une large interface hydrophobe confรจrerait la mรชme stabilitรฉ ร un oligomรจre que la collection de petits patchs hydrophobes rรฉpartis sur toute lโinterface.
En rรฉsumรฉ, lโinteraction entre deux protรฉines, diffรฉrentes ou identiques, est complexe et de nombreux facteurs contribuent ร une associati on stable.
Les NTPases qui sโoligomรฉrisent
Les protรฉines du groupe ASCE
Les ATPases ร P-loop actives sous forme ย ยป dโanneau hexamรฉriqueย ยป
La plupart des ATPases du groupe ASCE sont capables de former des structures hexamรฉriques en forme dโanneau. Cette structure quaternaire, observรฉe chez les protรฉines de la famille RecA/F0-F1, les protรฉines AAA, et certaines hรฉlicases, suggรจre que cโest un trait ancestral des protรฉines de ce groupe.
Cette ATPase, active sous forme oligomรฉrique, est capable de former des anneaux hexamรฉriques avec un diamรจtre optimal de faรงon ร encercler lโADN (Leipe et al., 2000). Le brin ฮฒ0 et lโhรฉlice ฮฑ situรฉs en N-terminal dโun monomรจre sont empaquetรฉs de faรงon antiparallรจle entre le brin ฮฒ3 et lโhรฉlice ฮฑ suivante du domaine ฮฑ/ฮฒ de lโautre monomรจre (Story et al., 1992). Un tel arrangement ajoute une nouvelle unitรฉ ฮฑ/ฮฒ dans le domaine central de la molรฉcule adjacente, รฉlargissant ainsi le feuilletฮฒ ร neuf brins. Ainsi, le signal peut รชtre transmis dโune sous-unitรฉ ร lโautre lors de la liaison et lโhydrolyse du nuclรฉotide via des changements conformationnels, ce qui affecte lโaffinitรฉ de la protรฉine pour lโacide nuclรฉique.
Les protรฉines AAA
Comme RecA, la majoritรฉ des ATPases AAA fonctionnen sous forme de structure en anneau oligomรฉrique, ce qui fournit des surfaces symรฉtriques ou quasi symรฉtriques pour lโinteraction avec dโautres molรฉcules ou un pore central ร travers lequel peuvent passer lโADN, lโARN ou encore des polypeptides (figure 8).
Une arginine conservรฉe, localisรฉe enC-terminal de lโhรฉlice qui suit le brin ฮฒ5, est dirigรฉe vers le site actif du monomรจre adjacent dans lโanneau (Iyer et al., 2004; Lupas and Martin, 2002). Elle interagit avec le phosphate ฮณ du nuclรฉotide fixรฉ et peut ainsi transmettre un signal ร la sous-unitรฉ prรฉcรฉdente lors de lโhydrolyse de lโATP via un mouvement de lโhรฉlice (figure 9). Ce mรฉcanisme pourrait expliquer la nette amรฉlioration de lโactivitรฉ ATPase dans la forme oligomรฉrique. Ceci a รฉtรฉ nommรฉ ยซ arginine finger ยป par analogie avec le rรฉsidu รฉquivalent trouvรฉ dans les complexes [Protรฉine G GAP]โ oรน lโarginine est apportรฉe en trans par la protรฉine GAP et joue un rรดle critique dans lโhydrolyse. Ce phรฉnomรจne a dโabord รฉtรฉ dรฉcrit chez les protรฉines AAA mais est caractรฉristique de toutes les ATPases de type ยซ RecA like ยป qui forment des anneaux hexamรฉriques.
La localisation du site de liaison des nuclรฉotides situรฉs ร lโinterface des sous-unitรฉs a permis ร certaines protรฉines AAA de rendre leur oligomรฉrisation dรฉpendante des nuclรฉotides (Lupas and Martin, 2002).
LโHPr kinase/phosphatase (HprK/P)
Les bactรฉries sont des organismes hautement adaptatifs, capables de croรฎtre dans des conditions environnementales variรฉes. Une des clefs de leur adaptation est la multitude de gรจnes cataboliques permettant ร la bactรฉrie de pousser en prรฉsence de diffรฉrentes sources de carbones. LโHprK/P est une enzyme de rรฉgulation qui contrรดle le mรฉtabolisme du carbone chez les bactรฉries ร Gram positif. Elle catalyse la phosphorylation ATP-dรฉpendante de la sรฉrine 46 de lโHPr, une protรฉine du systรจme phosphotransfรฉrase, mais aussi sa dรฉphosphorylation.
Comme nous lโavons รฉnoncรฉ dans le chapitre I-A, lโHprK/P ne ressemble pas aux protรฉine kinases eucaryotes puisquโelle ne possรจdepas les signatures typiques trouvรฉes dans cette famille. En revanche, elle possรจde un motif A de Walker. LโHprK/P de diffรฉrents organismes a รฉtรฉ รฉtudiรฉe. Les domaines putatifs deliaison au nuclรฉotide et ร lโHPr sont trรจs conservรฉs dans les diffรฉrents organismes, et leur tructures tertiaire devrait รชtre la mรชme. En revanche, la structure quaternaire semble beaucoup moins conservรฉe. En effet, les donnรฉes disponibles suggรจrent la prรฉsence de dimรจre chezEnterococcus faecalis (Kravanja et al., 1999), dโhexamรจre chez Lactobacillus casei (Fieulaine et al., 2001), Staphylococcus xylosus (Marquez et al., 2002), et Mycoplasma pneumoniae (Steinhauer et al., 2002), dโoctamรจre ou dโhexamรจres chez B. subtilis selon les auteurs (Jault et al., 2000; Ramstrom et al., 2003), ou encore de dรฉcamรจre chez Streptococcus salivarius (Brochu and Vadeboncoeur, 1999). La structure hexamerique est cependant la plus retrouvรฉe. Un รฉquilibre entre dimรจres et hexamรจres en fonction du pH a รฉgalement รฉtรฉ dรฉcritpour la protรฉine deB. subtilis (Ramstrom et al., 2003), et la caractรฉrisation de ses propriรฉtรฉs enzymatiques a รฉtรฉ exploitรฉe, montrant une forte coopรฉrativitรฉ positive pour la liaison du nuclรฉotide et du Fructose 1, 6-bisphosphate (Jault et al., 2000).
Les facteurs agissant sur lโoligomรฉrisation :
La composition saline
Lโรฉtat oligomรฉrique dโune protรฉine dรฉpend souvente dla force ionique du tampon dans lequel elle se trouve. Cependant, lโeffet des sels sur sa structure quaternaire est diffรฉrent selon la nature des interactions impliquรฉes ร lโinterface du multimรจre. Les interactions รฉlectrostatiques sont rompues ร des concentrations salines รฉlevรฉes alors que les liaisons de type hydrophobe sont renforcรฉes (Lebowitz et al., 1994). En effet, les rรฉsidus chargรฉs dโun monomรจre vont interagir avec les contre ions des sels (Cl-, Na+, K+ โฆ) et ne vont plus interagir avec les rรฉsidus chargรฉs de lโautre monomรจre alors que les rรฉsidus apolaires vont se regrouper entre eux pour รฉviter toute interactions avec les contre ions chargรฉs. Lโaddition de sels provoque donc une dissociation du dimรจre lorsque des interactions รฉlectrostatiques sont mises en jeu (Lebowitz et al., 1994) ou, au contraire, une association lorsque des interactions de type hydrophobe sont impliquรฉes (Khayat et al.,2004).
Le pH
Les changements de pH ont une incidence sur les liaisons รฉlectrostatiques. Lโรฉtat dโionisation de la chaรฎne latรฉrale des acides aminรฉs acides et basiques dรฉpend de leur pKa et du pH de la solution dans laquelle la protรฉine se trouve. Le pKa dโun rรฉsidu aspartate ou glutamate se situe autour de 4 ou 5, et ceux de lโarginine et la lysine sont dโenviron 12,5, et 10,5 respectivement. A pH neutre, la chaรฎne latรฉrale dโun rรฉsidu acide, chargรฉ nรฉgativement, pourra alors interagir avec celle dโun rรฉsidu basique chargรฉ positivement.
Lorsque le pH de la solution augmente il y a une dรฉprotonation ou ร lโinverse une protonation lorsquโil diminue. Ceci occasionne un changement de charges, qui a une consรฉquence sur les interactions รฉlectrostatiques impliquรฉes dans la dimรฉrisation (Chou et al., 2004; Ramstrom et al., 2003).
La tempรฉrature
Comme pour lโeffet de la force ionique, les consรฉquences de la tempรฉrature sur lโoligomรฉrisation dโune protรฉine dรฉpendent de la nature des interactions ร lโinterface du multimรจre. Ainsi, les interactions de type hydrophobe sont renforcรฉes ร tempรฉratures รฉlevรฉes alors que les interactions รฉlectrostatiques sont rompues (Lebowitz et al., 1994).
Lโaugmentation de tempรฉrature provoque donc une association lorsque des interactions de type hydrophobe sont impliquรฉes ou, au contraire, une dissociation du dimรจre lorsque des interactions รฉlectrostatiques sont mises en jeu.
La concentration protรฉique
Dans la plupart des cas, il existe une corrรฉlation directe entre la distribution des espรจces monomรฉriques et dimรฉriques et la concentration en protรฉine. Une augmentation de la concentration protรฉique entraรฎne un rapprochement des molรฉcules dans lโespace et par consรฉquent, facilite la multimรฉrisation.
Les substrats
Dans certains cas, la fixation dโun substrat ou dโu n partenaire protรฉique entraรฎne ou favorise la multimรฉrisation de la protรฉine. Cโest el cas des protรฉines SIMIBI dont la dimรฉrisation est mรฉdiรฉe par la fixation du nuclรฉoside triphosphate (voir chapitre II-C-2-a), ou encore de lโhรฉlicase Rep dont la dimรฉrisation est รฉpendante de lโADN.
Les agents rรฉducteurs
Le pont disulfure est une liaison covalente mais qui est facilement rompue en milieu rรฉducteur. Ainsi, des rรฉducteurs doux, tel leฮฒ-mercaptoรฉthanol (ฮฒME) ou le dithiothreitol (DTT), permettent la dissociation dโun oligomรจre lorsque des ponts disulfures sont impliquรฉs dans lโoligomรฉrisation (Sato et al., 2005).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. LES PROTEINES LIANT LES NUCLEOTIDES
I-A. Introduction
I-B. Les NTPases ร P-loop
I-B-1. Gรฉnรฉralitรฉs
I-B-2. Classification
I-B-2-a. Les diffรฉrentes familles
I-B-2-b. Les groupes KG et ASCE
I-B-3. Evolution et hypothรจse dโun ancรชtre commun
II-OLIGOMERISATION
II-A. Les interactions mises en jeu ร lโinterface dimรฉrique
II-B. Dรฉfinition dโune interface dโinteraction
II-C. Les NTPases qui sโoligomรฉrisent
II-C-1. Les protรฉines du groupe ASCE
II-C-1-a. Les ATPases ร P-loop actives sous forme ยซย dโanneau hexamรฉriqueย ยป
II-C-1.b. Les transporteurs ABC
II-C-2. Les protรฉines du groupe KG
II-C-2-a. Les GTPases du groupe SIMIBI
II-C-2-b. LโHPr kinase/phosphatase (HprK/P)
II-D. Les facteurs agissant sur lโoligomรฉrisation :
II-D-1. La composition saline
II-D-2. Le pH
II-D-3. La tempรฉrature
II-D-4. La concentration protรฉique
II-D-5. Les substrats
II-D-6. Les agents rรฉducteurs
III. VERS DE NOUVELLES CIBLES POUR LA RECHERCHE DโANTIBIOTIQUES
III-A. La rรฉsistance aux antibiotiques, un problรจme de santรฉ publique
III-A-1. Prรฉsentation du problรจme
III-A-2. Caractรฉristiques des antibiotiques prรฉexistants
III-A-3. Comment lutter contre lโรฉmergence des souches multirรฉsistantes
III-A-4. Dรฉfinition de la cible idรฉale dโun nouvel inhibiteur
III-B. Choix de la cible
III-B-1. Pourquoi une protรฉine de B. subtilis ?
III-B-2. La protรฉine YdiB est-elle une cible idรฉale ?
III-C. Caractรฉristiques et classification de YdiB
III-C-1. Caractรฉristiques
III-C-1-a. Au niveau de la structure
III-C-1-b. Au niveau de la sรฉquence
III-C-1-c. Au niveau du gรฉnome
III-C-2. Classification et points communs avec les autres NTPases ร P-loop
MATERIELS ET METHODES
I. BIOLOGIE MOLECULAIRE
I-A. Conditions de culture
I-A-1. Souches bactรฉriennes
I-A-2. Vecteurs plasmidiques
I-A-3. Milieux de culture
I-B. Techniques de biologie molรฉculaire
I-B-1. Prรฉparation de lโADN gรฉnomique bactรฉrien
I-B-2. Amplification par PCR
I-B-3. Electrophorรจse des fragments dโADN
I-B-4. Extraction de fragments dโADN ร partir dโun gel dโagarose
I-B-5. Prรฉparation des ADN plasmidiques
I-B-6. Restriction de fragments dโADN
I-B-7. Ligature des fragments dโADN
I-B-8. Transformation de bactรฉries compรฉtentes
I-B-8-a. Permรฉabilisation de la membrane chez E. coli
I-B-8-b. Electroporation chez E. coli
I-B-8-c. Transformation de B. subtilis
I-B-9. Mutagenรจse dirigรฉe
II. PREPARATION DE PROTEINES RECOMBINANTES
II-A. Surproduction des protรฉines
II-A-1. Surproduction analytique
II-A-2. Solubilisation des protรฉines
II-A-3. Surproduction prรฉparative de YdiB-(his)6 et des mutants
II-A-3-a. YdiB-(his)6
II-A-3-b. Les mutants
II-B. Purification de YdiB-(his)6 et des mutants
II-B-1. Chromatographie รฉchangeuse dโanions
II-B-2. Chromatographie sur gel de nickel agarose
II-B-3. Prรฉcipitation de la protรฉine par le sulfate dโammonium
II-C. Dosage des protรฉines par la mรฉthode de Bradford
II-D. Concentration des protรฉines
II-E. Clivage des protรฉines ร la thrombine
II-F. Electrophorรจse des protรฉines en conditions dรฉnaturantes
II-G. Dรฉtection des protรฉines par immuno-rรฉvรฉlation
II-G-1. Transfert
II-G-2. Immuno-rรฉvรฉlation des protรฉines
II-G-2-a. Anticorps anti-6-histidines
II-G-2-b. Anticorps polyclonaux de lapin anti-YdiB ou anti-YjeE
III. MESURE DE LโACTIVITE ATPASE
IV. ETUDE DE LA MULTIMERISATION
IV-A. Etude de la multimรฉrisation in vitro
IV-A-1. Ultracentrifugation analytique
IV-A-2. Chromatographie dโexclusion
IV-A-3. Electrophorรจse des protรฉines en conditions natives
IV-B. Etude de la multimรฉrisation in vivo
V. MISE EN EVIDENCE DE LโEXPRESSION ENDOGENE DE YDIB
VI. RECHERCHE DES PARTENAIRES PROTEIQUES DE YDIB PAR LA TECHNIQ DE ยซ PULL-DOWN ยป
RESULTATSย
I- YDIB EST-ELLE ESSENTIELLE ?
II- CLONAGE ET PURIFICATION
III- YDIB FORME DES MULTIMERES IN VITRO
III-A. Equilibre dynamique entre les diffรฉrentes formes
III-B. Effet dโagents rรฉducteurs
III-C. Effet des sels sur lโoligomรฉrisation de YdiB
IV- YJEE, LโHOMOLOGUE DE YDIB CHEZ E. COLI, FORME EGALEMENT DES MULTIMERES IN VITRO
V- MULTIMERISATION IN VIVO
VI- ACTIVITES ATPASE DE LA SOUCHE SAUVAGE
VI-A. Caractรฉrisation de lโactivitรฉ ATPase des espรจces monomรฉriques et multimรฉriques
VI-B. Effet des sels sur lโactivitรฉ enzymatique
VI-C. Dรฉpendance de la concentration en protรฉine
VI-D. Dรฉpendance de la concentration en ATP
VII- ETUDES DES MUTANTS
VII-A. Le choix des mutations
VII-B. Clonage, expression et purification des mutants
VII-C. Oligomรฉrisation des mutants
VII-D. Activitรฉ enzymatique des mutants
VII-E. Complรฉmentation
VII-E-1. Description des souches
VII-E-2. Construction des souches
VII-E-3. Croissance des souches sauvage et mutantes
VIII. RECHERCHE DES PARTENAIRES PROTEIQUES DE YDIB PAR LA TECHNIQUE DE ยซ PULL-DOWN ยป
DISCUSSION
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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