Préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique

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Matériel et méthodes

Étude

Il s’agissait d’une étude observationnelle multicentrique transversale.

Population

La population qui nous intéressait était une population semi-rurale du Sud Manche, correspondant à la patientèle de 9 médecins généralistes dont 4 à Ducey et 5 à Saint-James.

Questionnaire et modalités de diffusion

Élaboration du questionnaire

Le questionnaire comportait 9 questions à choix multiples ou réponse unique, divisées en 3 parties. Les 5 premières questions concernaient les caractéristiques des participantes (âge, nombre d’enfants, niveau socioculturel, genre du médecin généraliste, et professionnel effectuant le suivi gynécologique). Les 3 questions suivantes étudiaient la préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique et les actes qu’elles confieraient en fonction du genre du médecin. Enfin, la dernière question étudiait la préférence des femmes pour le genre du gynécologue.

Diffusion du questionnaire

Une lettre explicative a été envoyée à chacun des cabinets médicaux, puis un rendez-vous a été proposé avec l’ensemble des médecins. Les 4 médecins généralistes de Ducey ont été rencontrés et ont accepté de participer à l’étude. À Saint-James, 2 des 5 médecins ont participé au rendez-vous, ont accepté de participer à l’étude et de transmettre les questionnaires à leurs confrères. Les questionnaires ont été donnés en main propre en novembre 2020, au nombre de 30 par praticien pour un total de 270 questionnaires sur format papier. La consigne était de proposer aux patientes de participer à l’étude de façon anonyme, leur sélection impliquait un âge entre 18 et 65 ans et l’absence de pathologie gynécologique connue. Les médecins ayant auparavant jugé que leurs patientes risquaient de ne pas comprendre parfaitement les consignes, ils interrogeaient systématiquement eux-mêmes les patientes. Les remplaçants pouvaient participer, afin de poursuivre le recrutement basé sur la patientèle de chaque médecin.

Traitement des réponses

Les questionnaires étaient anonymes et recueillis sur format papier. L’ensemble des questionnaires ont ensuite été reportés sur Google Forms pour en extraire un tableau croisé dynamique.

Critère de jugement principal

L’objectif principal de notre étude était de répondre à la question suivante : les patientes préfèrent-elles un médecin généraliste de sexe féminin pour leur suivi gynécologique par rapport au gynécologue ?

Critère de jugement secondaire

L’objectif secondaire était de répondre à la question suivante : les patientes ont-elles une préférence de genre pour le médecin généraliste qui effectue le suivi gynécologique, en fonction des actes ?

Analyse statistique

Le critère de jugement principal est étudié avec les questions 6 et 9, après réduction des dimensions des données “préférence” et “souhait absolu” pour le genre d’un médecin. L’hypothèse nulle est qu’il n’y pas de différence significative entre la préférence pour un médecin généraliste de sexe féminin et celle pour un gynécologue de sexe féminin, parmi les femmes confiant leur suivi à chacun des 2 spécialistes.
Le critère de jugement secondaire est étudié avec les questions 7 et 8. L’hypothèse nulle est qu’il n’y pas de différence statistiquement significative de la proportion de patientes confiant un acte à un médecin généraliste en fonction de son genre.
Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide d’un test de McNemar car les échantillons sont appariés. Le niveau de significativité est fixé à 5%. Les analyses ont également été effectuées dans des sous-populations que nous détaillerons.

Éthique

Pour définir les modalités éthiques et réglementaires nécessaires à notre travail, nous avons utilisé, avec l’aide des enseignants de médecine générale de Caen, l’outil de qualification de recherche hébergé par l’Université de Rennes 1 et issu de la collaboration des Départements de médecine générale de l’Université de Rennes 1 et de l’Université de Strasbourg. Il en ressort que :
• L’étude est hors champ de la loi Jardé.
• Il n’est pas nécessaire dans notre cas de demander l’avis d’un comité d’éthique.
• Notre travail ne relève pas de la loi « Informatique et libertés » et ne nécessite pas de déclaration auprès de la CNIL.
• L’étude est en conformité avec le règlement général de protection des données (RGPD).

Résultats

Questionnaires

Les médecins ont été sollicités au mois de février 2021, afin de recueillir les questionnaires complétés, soit 3 mois après leur distribution. Les 4 médecins de Ducey ont remis leurs questionnaires ainsi que les 2 médecins rencontrés à Saint-James, les 3 autres médecins ne les ayant pas remplis.
Il nous a été remis au total 172 questionnaires au lieu de 180, 8 questionnaires sont donc considérés perdus. Parmi les 172 questionnaires, nous en avons exclu 1 de l’étude, car il n’était pas complet et présentait une aberration avec des réponses opposées à la question 6. On compte donc au total 171 questionnaires à analyser.

Préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique en fonction des actes

Dans notre population

Les questions 7 et 8 ont permis de calculer la proportion de femmes confiant chaque acte à un médecin généraliste en fonction de son genre. Les réponses étant binaires, les 171 patientes de notre étude ont pu être incluses.
L’hypothèse nulle est qu’il n’y pas de différence statistiquement significative entre la fréquence observée quant aux actes confiés à un médecin généraliste de sexe masculin et celle observée pour un médecin généraliste de sexe féminin.

En sous-population

Les conditions d’application du test de McNemar pour chacun des actes n’ont pu être obtenues dans aucune des sous-populations.

Discussion

Nous nous intéressions à une population semi-rurale du Sud Manche. L’intérêt de l’étude sur les 2 cabinets médicaux était d’avoir une parité dans le genre des médecins généralistes (3 hommes et 1 femme à Ducey ; 1 homme et 4 femmes à Saint-James), et ayant un éloignement similaire des spécialistes et centres hospitaliers les plus proches, ces villes étant situées entre Avranches et Fougères. La parité homme – femme n’a pas été obtenue, en raison de la non-participation de plusieurs médecins de sexe féminin dans un des cabinets médicaux. Le nombre de patientes participantes à l’étude a été plus faible que prévu pour la même raison. On observe une part importante de patientes dans les catégories d’âge jeune, s’expliquant par le fait que les médecins avaient la possibilité d’inclure des femmes venant consulter pour leurs enfants. La limite d’âge supérieure à 65 ans a été fixée en rapport avec les recommandations pour le frottis cervico-utérin.
Enfin, nous n’avons pas voulu fournir de questionnaires aux spécialistes en gynécologie, afin d’éviter un biais de sélection, mais bien d’avoir un échantillon représentatif de la patientèle des médecins généralistes.
Concernant l’objectif principal de l’étude, les analyses ont été effectuées sur 153 patientes, considérant que les 18 femmes ne souhaitant pas confier leur suivi à un médecin généraliste n’exprimaient pas de préférence et ne pouvaient donc pas être appariées aux réponses concernant le suivi confié au gynécologue.
Nous avons constaté une préférence statistiquement significative pour confier son suivi gynécologique à un médecin de sexe féminin, quand celui-ci est un généraliste, par rapport au gynécologue.
En sous-population, cette préférence reste significative, quel que soit le genre du médecin traitant et le praticien effectuant habituellement le suivi gynécologique. On constate que cette préférence est plus forte pour les patientes ayant un médecin traitant de sexe féminin. Les autres critères de stratification n’ont pas permis d’analyse statistique, en raison d’un nombre de paires discordantes trop faible ne réunissant pas les conditions d’application du test de Mc Nemar. Il semble toutefois que la préférence pour un médecin généraliste de sexe féminin décroit progressivement avec l’âge et le nombre d’enfants, et qu’elle est relativement stable quel que soit le niveau d’étude. Cependant, les femmes n’ayant aucun enfant et celles ayant un niveau d’étude équivalent à un bac+3 ou supérieur semblent avoir une préférence similaire pour un médecin de sexe féminin, quelle que soit sa spécialité.
Concernant l’objectif secondaire, les 171 patientes ont cette fois-ci été prises en compte pour l’analyse statistique, étant donné que les réponses étaient binaires et que l’on pouvait donc toutes les apparier. De plus, parmi les 18 patientes déclarant ne pas souhaiter confier leur suivi gynécologique à un médecin généraliste à la question 6, 10 patientes confiaient finalement certains actes à un médecin généraliste homme et 12 à une femme, ce qui démontre l’importance de préciser ce que comprend le suivi gynécologique.
L’analyse montre qu’il existe pour tous les actes une différence de préférence significative pour le genre du médecin généraliste, à qui les patientes souhaitent confier leur suivi gynécologique, en faveur des femmes, et ce d’autant plus que les actes dévoilent l’intimité physique des patientes.
En sous-population, les conditions d’application du test de McNemar n’étaient pas obtenues pour chaque acte et ne permettaient pas l’analyse statistique.
Nous pouvons raisonnablement penser qu’un plus grand échantillon aurait permis les analyses en sous-population, mais certaines sous-catégories auraient nécessité une augmentation massive tant le nombre de paires discordantes est faible.
Nous aurions également pu comparer 2 échantillons indépendants avec un test de Chi2, mais cela aurait donné des groupes moitié moins nombreux, à participation équivalente des médecins. Dans notre population, on observe que le médecin traitant effectue le suivi gynécologique pour 18% des patientes seulement, or elles ne sont que 10,5 % à déclarer ne pas vouloir confier leur suivi gynécologique au médecin traitant. Cela signifie qu’une part importante des suivis est effectuée par les gynécologues (53,8%) et, dans une moindre mesure, par les sages-femmes (24,6%), tandis que 4,7% des patientes n’ont pas de suivi. Si les études qualitatives montrent des causes multiples à une faible activité gynécologique des médecins traitants hommes, il est mis en évidence dans notre étude une préférence de genre des patientes, expliquant en partie la “genrisation” de cette activité avec une fuite de la patientèle, faisant craindre une perte de compétence, voire une insuffisance de formation pratique dans l’avenir.
Dans ce contexte, il semble intéressant d’étudier les mesures qui pourraient permettre d’une part aux étudiants et médecins hommes d’acquérir et entretenir les compétences de cette spécialité, et d’autre part aux patientes d’avoir un suivi régulier et de qualité, a fortiori en raison des prévisions démographiques des gynécologues. Cela pourrait faire l’objet d’études qualitatives.
Il s’agit d’une étude originale puisqu’il n’existe pas à notre connaissance d’études en France portant exclusivement sur la préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique, en tant qu’objectif principal de l’étude.

Conclusion

En conclusion, il existe une préférence statistiquement significative pour confier son suivi gynécologique à un médecin de sexe féminin quand celui-ci est un généraliste, par rapport au gynécologue, et ce quel que soit le genre du médecin traitant ou le praticien effectuant habituellement le suivi gynécologique.
Il semble que la préférence pour un médecin généraliste de sexe féminin décroit progressivement avec l’âge et le nombre d’enfants, et qu’elle est relativement stable quel que soit le niveau d’étude, mais cela n’a pas pu être testé statistiquement.
L’étude montre également une préférence significative pour un médecin généraliste femme par rapport à un homme, quel que soit l’acte confié. Elle est d’autant plus forte quand les actes dévoilent l’intimité des patientes.
Afin de favoriser le transfert de l’activité des gynécologues en décroissance démographique, vers les médecins généralistes, en plus des sages-femmes, mais aussi pour éviter une genrisation de cette spécialité, il pourrait être bénéfique de mener des études qualitatives cherchant à expliquer les comportements, afin de préserver la compétence des praticiens et assurer ainsi un bon suivi des patientes.

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Table des matières

1. Introduction
2. Matériel et méthodes
2.1. Étude
2.2. Population
2.3. Questionnaire et modalités de diffusion
2.3.1. Élaboration du questionnaire
2.3.2. Diffusion du questionnaire
2.4. Traitement des réponses
2.5. Critère de jugement principal
2.6. Critère de jugement secondaire
2.7. Analyse statistique
3. Résultats
3.1. Questionnaires
3.2. Caractéristiques des patientes
3.3. Préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique
3.3.1. Dans notre population
3.3.2. En fonction du genre du médecin traitant
3.3.3. En fonction du praticien effectuant le suivi gynécologique
3.3.4. En fonction de l’âge des patientes
3.3.5. En fonction du nombre d’enfants
3.3.6. En fonction du niveau d’étude
3.4. Préférence du genre du médecin généraliste pour le suivi gynécologique en fonction des actes
3.4.1. Dans notre population
3.4.2. En sous-population
4. Discussion
5. Conclusion
6. Annexes
7. Bibliographie

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