Le contexte espagnol
Après la guerre civile qui opposa le camp des nationalistes et des républicains de 1936 à 1939, une dictature s’établie avec un régime Franquiste, celui de Franco. L’objectif est une uniformisation de l’Espagne, un effacement des spécificités régionales, une valorisation de la religion catholique, un despotisme visant à abattre toutes catégories de population qui ne correspondent pas à un modèle prédéfini (comme les homosexuels, les communistes, les étrangers…) et le pays vit petit à petit en autarcie. Cette dictature a duré plus de 36 ans et le travail de deuil et de mémoire autour de cette période n’a pas été totalement fait.
Pourtant les conséquences de cette époque sur la société espagnole actuelle sont très nettement observables. Les revendications régionales, la relation à l’église, l’omniprésence des partis de gauche instrumentalisant un discours articulant droite et franquisme en témoignent. C’est à la lumière de cette histoire qu’il devient pertinent d’analyser les revendications régionales, l’impact de la crise boursière, et la place des jeunes dans cette société.
L’Espagne : un Pays en pleine mutation
Un puzzle d’identités régionales
Les conséquences de la guerre civile sur les revendications régionales
Profondément marqué par la guerre civile le travail de mémoire en cours est au centre des débats politique et sociaux. En effet la centralisation, visant à une uniformisation à l’extrême, tentée par Franco il y a trente ans connait aujourd’hui un effet boomerang : l’Espagne est à présent l’Etat le plus décentralisé d’Europe, sur le plan administratif comme sur le plan culturel.
L’exemple du pays Basque et de la Catalogne
En 1977 le président du Conseil Adolfo Suarez reconnait aux autorités catalanes, et au président de la Généralité de Catalogne leurs statuts.
Certaines régions comme la Catalogne, le Pays Basque et la Galice sont appelée « régions autonomes historiques », les différenciant des régions dissemblables dénommées « communautés autonomes » désignant ainsi leurs spécificités territoriales et culturelles. Ce mouvement de décentralisation s’est montré tout à fait bénéfique en termes de politique publique, pourtant il n’a pas réussi à étouffer les mouvements nationalistes. Bien au contraire ces mouvements ont connu un renforcement de leur notoriété, donnant naissance à une multitude de débats et à une émergence de nouveaux partis. A l’échelle nationale ces « petits partis » ont eu une influence conséquente puisqu’ils participent activement à la construction de majorités parlementaires. En 2003 les dynamiques politiques traditionnelles et le bipartisme ont été bouleversés par le mouvement indépendantiste Catalan Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). Le monopole du pouvoir nationaliste aux élections régionales prendra donc fin pour laisser sa place à une coalition entre le parti socialiste catalan ERC, le parti écologiste et le parti communiste (Pellistrandi,2006) Concernant le pays Basque, depuis 1980, la région est gouvernée par le Parti Nationaliste Basque (PNV) d’abord en coalition avec les socialistes puis seul. Le chef du gouvernement basque a proposé un projet de nouveau statut d’autonomie incluant la possibilité d’un vote d’autodétermination. Lequel a été rejeté en utilisant la Constitution de 1978, explicitant le fait que « la souveraineté réside dans tout le peuple espagnol et ne peut être divisé en sous-souverainetés nationales ». La récente annonce d’un cessez-le-feu de l’ETA se fait miroir des mutations sociales ayant eu lieu dans la région depuis les années 1980, et annonce de nouveaux défis pour l’exercice politique au Pays Basque. Les débats politique se sont déplacées vers une reconquête idéologique de l’importance du politique sur la scène sociale, mais surtout une alternative à une société en grande difficultés face à la crise .
Une société particulièrement touchée par la crise
En 1998, malgré une économie instable, l’Espagne est qualifiée pour faire partie de l’Eurogroupe. Progressivement elle rééquilibre ses comptes publics, fait reculer le chômage jusqu’à 11,5% et réduit la dette publique à 40% du PIB. La crise de la zone euro a particulièrement affecté l’Espagne, en effet entre 2007 et 2010, trois millions d’espagnols perdent leur emploi, le PIB connait un déficit de 9%, les taux d’emprunt sont extrêmement haut car une prime de risque relativement élevée est imposée. Cette crise économique a entrainé une crise politique sans précédent, en effet Pedro Solbes, membre du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, été partisan d’un plan de rigueur dès le début de la crise, auquel Zapatero (Parti socialiste espagnol) s’est fermement opposé, ce qui a provoqué la démission du deuxième vice-président du gouvernement. Une des premières réponses à la « décroissance » fut celle de créer une allocation de 426 € mensuels pour les chômeurs en fin de droit pendant six mois. Une partie importante de la population ayant connu une perte d’emploi relativement durable, la durée de l’allocation a été allongée à un an afin de subvenir aux besoins d’individus n’ayant plus aucun moyen de subsistance.
Après 2010 ces mesures « de gauche » ne portent pas leurs fruits et l’Europe entière se préoccupe pour la situation de l’économie espagnole. Zapatero change alors de politique et déploie un vaste plan dit « de rigueur ». Il baisse le salaire des fonctionnaires, supprime l’aide aux chômeurs en fin de droits, réforme les retraites en 2011, il fait également privatiser la loterie nationale ainsi que plusieurs aéroports (dont celui de Madrid). L’effondrement de la bulle immobilière a eu des conséquences sociales dramatiques sur la population et rend compte d’une économie principalement basée sur la construction et la consommation.
|
Table des matières
Introduction
Précarité & Maternité dans l’Espagne contemporaine
I- Le contexte espagnol
1. L’Espagne : pays en pleine mutation
A. Un puzzle d’identités sociales
Les conséquences de la guerre civile sur les revendications régionales
L’exemple du pays Basque et de la Catalogne
B. Une société affectée par la crise
La crise en Espagne
« Los indignados »
La fin du bipartisme
Les conséquences de la crise sur les jeunes
2. L’Héritage chrétien dans les représentations de genre
A. La place des femmes dans la Bible
La femme porte de l’enfer
Une propriété privée
Le sexe
La punition
B. Violences de genres
Protection et droit d’assistance aux victimes
Le rôle des médias
Conséquences de la violence de genre sur les fils et filles exposées
C. Le droit des femmes à disposer de leur corps, un exemple : l’avortement
Un droit constamment menacé
L’interruption volontaire de grossesse aujourd’hui
3. L’Encadrement de la grossesse en Occident
A. La perception de la sexualité
Sexualité et capitalisme
La sexualité féminine assujettie au contrôle scientifique
B. Les femmes et la grossesse
L’éviction progressive des femmes du savoir médical
Les violences obstétriques : un exemple de violence de genre dans le système
biomédical
II-Genre et Précarité
1. Précarité : cadre théorique
A. La précarité, conséquence d’une dégradation des conditions de travail
Les conséquences de la révolution industrielle sur la perception de l’humain
Précarité et identité sociale
B. La précarité économique : fruit d’une série de rupture sociale, affective ou spatiale
Le capital social
La vulnérabilité relationnelle
2. Maternité et condition sociale
A. Parentalité et Education
L’expérience de la parentalité
La pratique de la parentalité
B. Les mères célibataires
Histoire des mères célibataires
La Maternité un facteur accentuant la précarité
Le risque moindre pour les femmes de se trouver sans abri
3. L’Histoire coloniale et son influence dans le contexte migratoire
A. Femmes en migration
Les rapports de genre dans la migration
Une stigmatisation liée à un passé colonial
Quelques effets de la migration sur les migrantes
B. Une inter-influence entre migration et précarité
Une population fragilisée par la migration
Une orientation vers le Care
L’exclusion des travailleuses migrantes des politiques du Care
III-La vie en centre d’hébergement social
1. Une vie sociale complexe
A. Les rapports familiaux
Les parents proches
La relation aux enfants
La place des hommes
B. L’Espace, la notion du privé et du publique
L’intimité
Les rapports entre mères
C. L’éducation comme bien social
Une valorisation du rôle de mère
Education et migration
2. Les professionnels sociaux : des acteurs clés dans la vie en centre d’hébergement social
A. Un cadre normatif exigeant
Le rythme au sein des centres
Les normes pratiques
B. Des relations dissymétriques
L’échange
La décentralisation et ses conséquences sur le social
3. Un objectif unique : L’émancipation par le travail
A. « L’intégration » des femmes au travail
Typologie de l’intégration professionnelle
L’emploi au féminin
B. L’insertion professionnelle
La formation des professionnels sociaux
Les formations proposées aux usagères
Conclusion
Télécharger le rapport complet