Processus de réhabilitation de secteurs informels
En Asie, très peu de processus de réhabilitation de secteurs informels ont été menés à bout avec succès. Les politiques et les schémas proposés jusqu‟à maintenant mettant en exergue l‟amélioration des logements et de l‟infrastructure qui sont de type fonctionnel, sans qu‟il n‟y ait de véritable approche locale, de perception sensible. Les propositions se sont centrées sur la démolition des secteurs informels et leur relocalisation dans des grandes tours d‟appartements comme alternative d‟habitation pour cette population. Ces solutions de logement ont engendré de nouveaux ghettos et de nouvelles zones, qui au lieu de créer des politiques d‟inclusion qui profitent aux communautés, ont réduit leurs moyens de production et leur capacité de subsistance. (Davis, 2007) Il semble alors que les solutions relatives au logement reposent sur la dynamique du marché immobilier. Ces solutions sont alors basées sur des critères purement économiques et les conditions pour accéder à un logement restent inatteignables pour la majorité des habitants urbains. Ces solutions ont provoqué le rejet de la part des habitants, qui soutenus par des ONG, ont exigé leur droit à la participation dans la création de projets futurs et à l‟amélioration des conditions in situ dans le but de garantir, désormais, des solutions de logement dignes. Certes, il existe beaucoup de bidonvilles dans des zones à risque ou dans des conditions déplorables, où la seule option est la relocalisation, pourtant, les efforts ont été maigres dans la compréhension des conditions existantes dans le but de proposer des schémas et des politiques de réhabilitation flexibles qui s‟adaptent aux besoins des habitants, de leurs différents contextes et conditions de vie.
Bidonvilles – Slums – Zopadpatti
Le premier sens du mot « slum» apparait à Londres au début du XIX siècle et initialement désigne un logement de basse réputation. Le mouvement social génère de nouveaux mots comme Barrios ou communautés pour qualifier les quartiers désignés, dans le but de changer le nom des quartiers socialement stigmatisés. Dans un document de position rédige par UN HABITAT titule ”Cities Without Slums”, le terme utilisé pour décrire taudis est: « Le terme taudis cependant, est arrivé à inclure de grands établissements informels qui sont en train de se convertir rapidement dans l’expression visuelle de la pauvreté urbaine. La qualité des logements dans les dits établissements varie de la simplicité d’une hutte à des structures permanentes, tandis que l’accès à l’eau, à l’électricité, a l’assainissement et autres services basiques et d’infrastructures tendent à être limités. ” (UnHabitat, 2003) On a aussi défini un foyer de quartier marginal comme étant un groupe d’individus qui vivent sous le même toit et qui manquent de l’une ou de plusieurs de ces conditions(UnHabitat, 2003) :
– L‟accès à l‟eau potable.
– L‟accès à des installations améliorées d‟assainissement
– Suffisamment d‟espace pour éviter l’entassement
– Qualité structurelle / Durabilité des logements
– Sécurité dans la possession
Les dits établissements font référence à une large gamme de noms et incluent une variété de systèmes de propriétés. Tout ce qui englobe le mot « taudis » est encore plus complexe si on considère la variété de mots qui ont été générés dans d’autres langues dans lesquelles s’incorporent d’autres réalités spécifiques et qui dépendent du contexte géographique et des conditions socio-économiques du lieu. Le mot français « bidonville » a été employé pour la première fois par R. Gauthier dans un article du journal Le Monde du 9 septembre 1953, à propos d‟habitats précaires à Casablanca au Maroc pour désigner littéralement des « maisons en bidons », ensemble d‟habitations construites avec des matériaux de récupération par des travailleurs nouvellement installés dans la ville. Ce mot a progressivement pris une signification plus large pour rejoindre le terme anglais « slum ». (Projection/ Reseau de Professionels Juniors, 2012) En Inde : En Inde, il existe des types distincts de définitions et de classifications quand nous faisons référence aux demeures pauvres à Mumbai (Risbud, 2001): Zopadpattis : C’est la définition locale de slum et ce sont les installations informels les plus prédominantes, caractérisés par l’invasion ou l’achat illégal de terrains dans des zones privés ou publiques de la ville. Chawls : Ce sont principalement des structures semi permanentes légales ou illégales. C’était des solutions de demeure construites à Mumbai par des propriétaires des usines pour de pauvres travailleurs entre 1920 et 1956. Ensuite, quelques autorités et organismes publiques construisent des unités similaires de demeure pour ses travailleurs. Ces solutions de demeure sont composées d’une chambre, avec zones de cuisine et de toilettes communes, désignés spécialement pour des travailleurs célibataires. Des habitants sur les trottoirs : Ils sont principalement des hommes migrants, qui vivent dans des huttes construites sur les trottoirs des voies à Mumbai, proche du lieu de travail. La plupart d’entre eux sont migrants de pauvres régions du pays. Plusieurs de ces habitants doivent payer un revenu aux personnes qui ont le contrôle de ces demeures informelles.
Réhabilitation de logements informels
Ces dernières années l’apparition de professionnels dans la conception architecturale, comme Urban Think Tank de Caracas, MMBB Architecte de São Paulo et l’architecte chilien Alejandro Aravena, sur une scène qui avait traditionnellement été le domaine des scientifiques sociaux dans beaucoup d’aspects, a fait que la dimension physique de l‟informalité soit en plein essor. Au Brésil, par exemple, le financement récent pour la réhabilitation des favelas, avec l’appui du Programme « Aceleração hacer Crescimento » do Gouverne Fédéral, fait que les projets de ré-urbanisation de l’État sont vus comme des projets potentiels pour les architectes. Les programmes d’amélioration de quartiers constituent l’une des stratégies principales du gouvernement pour aborder les problèmes complexes de la pauvreté urbaine (Tovar, 2000). L’intégration physique, sociale et économique des quartiers informels dans la ville a montré une amélioration des conditions de vie de ses habitants, majoritairement pauvres et de meilleures chances de sortir de leurs conditions. Le discours à propos des réhabilitations physiques des logements informels, de la re-urbanisation ou de l‟amélioration de quartiers marginaux, est important pour trois raisons : En premier lieu, parce que les structures de plus de 30 ans dans les communautés doivent être améliorées physiquement et techniquement, autant le logement que le quartier. Par exemple, les écoles CIEP préfabriquées en béton, construites en masse à Río de Janeiro dans la décennie de 1980 pour donner de la place à l’urbanisation massive de la décennie de 1960 et 70 commencent à souffrir des réformes nécessaires, puisque ce sont les communautés des favelas qui les utilisent. Le logement Pedregulho et le projet de l’École de 1946 sont des projets significatifs de l’époque moderne du Brésil, qui ont été grandement rénovés. En deuxième lieu, les réseaux sociaux et les relations dans les quartiers informels pourraient être considérés relativement stables. Le travail de Peter Ward au Mexique et Janice Perlman au Brésil démontrent qu’il y a une continuité entre les quartiers étudiés en 1970 et revisités 20 à 30 ans plus tard. (Chen et al., 2011) Finalement, l’une des formes les plus durables pour la construction est la réutilisation d’édifices existants, il est alors assez juste de suggérer qu‟un système aussi similaire puisse être analysé selon ses caractéristiques de résistance et sa facilité de construction pour marquer ses défauts et pour rectifier ses avantages de fonctionnement tels que l’incorporation d’énergies vertes et durables. En d’autres mots, du fait que la capacité structurelle du logement informel soit relativement simple et résistante, et que ceci est vérifié, les initiatives de réhabilitation pourraient partir de cette base solide. En prenant en compte que 90 % de l‟habitation informelle est construite aujourd’hui avec ce système, contre 10 % en 1960 (Chen et al., 2011), il faudrait utiliser ces connaissances pour générer de nouvelles propositions concernant la réhabilitation et qui soient adaptées au contexte.
L’approvisionnement en eau à Mumbai
Mumbai comme beaucoup d’autres villes n’a pas eu une structure hydrologique créée rationnellement avec la conception de l’espace urbain, plusieurs projets d’amélioration ont été ambigus et ont été partiellement réalisés. Le premier projet d’approvisionnement d’eau Vehar a été complété en 1860 en Inde Britannique, mais l’accès a été inégal avec seulement quelques propriétaires riches, qui ont pu être connectés aux circuits de distribution à l’intérieur de leur maison. Ce système a rapidement été insuffisant et en 1872 il a été agrandi, il a pratiquement doublé. Vers 1885, la municipalité décide de réaliser le projet ambitieux Tanse. Ce projet pourvoirait la ville d’une inépuisable source d‟eau. Le projet a commencé à fonctionner en 1892 et il fournissait 77 millions de litres par jour à la ville, il a continué son développement dans les années 1915, 1925 et 1948 en ajoutant une capacité quotidienne de 331 millions de litres par jour.(Gandy, 2008) Au début, le projet Tanse a amené à une catastrophe de santé publique vu que l’amélioration d’approvisionnement d’eau dans une absence d’un adéquat drainage, a provoqué dans de bas secteurs de la ville des inondations d‟eaux sales en provoquant des épidémies. Vers l’époque de l’indépendance de l’Inde en 1948, l‟approvisionnement total de l’eau était de 494 millions de litres par jour pour une population de 2 millions d’habitants. Pour cette époque, il existait déjà des déficits et des inégalités à l’accès à l’eau, en partie à cause de l’explosion démographique de la ville. Le premier grand projet d‟approvisionnement d’eau après l’indépendance a été construit entre 1949 et 1957, et il enveloppait le transfert de l’eau depuis la partie la plus distante de la rivière Vaitrana et la construction d’un grand étang appelé Modak Sagar. C’était le premier grand projet d’ingénierie construit en utilisant les derniers progrès d’ingénierie et complété uniquement par des experts et techniciens Indiens. Reconnaissant l’échelle de croissance et de complexité du système d‟approvisionnement de l’eau de la ville, un nouveau département municipal est créé en 1971 – The Water Supply and Sewerage Department – qui a introduit pour la première fois une organisation dans le planification et fonctions opérationnelles mais qui n‟a pas inclue le drainage des eaux de pluies ou la gérance des ressources régionales d’eau. L’usage d’un système intégral de traitement a été adopté par les grands projets Bombay I – III, des projets construits entre 1980 et 1991, qui incluait la terminaison du plus grand complexe traitement de l’eau de l’Asie du sud, la Bhandup au nord de la ville. A fin des années 90s, ces trois projets combinés avaient ajouté plus de 1300 millions de litres par jour à l‟approvisionnement d’eau de la ville, mais les pressions au niveau démographique ont laissé la ville avec une inhabilité continue pour suppléer à la demande. Ainsi 70 % de la population a l’accès à l’eau, et le reste de la ville dépend des approvisionnements partagées, des puits, des tanks et des connexions illégales.(Graham, Desai, & Mcfarlane, 2013) L’actuel système d‟approvisionnement d’eau dans la ville inclut : Tansa, Modak, Sagar, uaitarna, Bhatsa, Vehar et Tulsi. Malgré ce énorme transfert de près de 3000 millions de litres d’eau par jour depuis les forêts, les lacs et les montagnes de l’état de Mahārāshtra, cela n’est pas suffisant pour satisfaire la demande : beaucoup d’entreprises et communautés locales sont liées à des milliers de puits et de perforations dispersés à travers de la région métropolitaine, à des centaines de tanks privés et à d‟innombrables connexions illégales Développement historique du system d‟approvisionnement d‟eau a Mumbai. Ces moyens modernes de stockage et distribution d’eau dans la ville sont juxtaposés avec des patrons complexes d’usage de l’eau dans l’ère précoloniale. Un nombre de tanks – des puits entourés d’échelons faits de pierre – existent toujours dans la ville mais actuellement ils sont utilisés pour la récréation ou des bains cérémonieux. Le système municipal d’eau souffre aussi d’une contamination périodique, non pas pour le long et compliqué système d‟approvisionnement, mais par la corrosion et la détérioration du système de distribution, qui promeut la formation de bactéries entre les tubes et qui permet l’entrée d’eau sale dans le réseau d‟approvisionnement à travers des fissures. Les statistiques officielles de la ville suggèrent qu’un quart de l’eau de la ville est actuellement perdu à travers les fuites et les vols de l‟eau (principalement à cause des connexions illégales), et qui dans des chiffres réels d’eau non comptées pourraient être entre 40% et 60%. (Graham et al., 2013) L’infrastructure de la ville est dominée par des matériaux vieux et abîmés comme du fer galvanisé. Des parties du réseau dans le centre-ville ont plus de cent ans. Pendant les temps d’interruption de l‟approvisionnement, les conditions intermittentes humides et sèches avec la combinaison des effets de salinité, des vibrations des routes, des excavations réalisées par d’autres compagnies, ont accéléré la désintégration de vieux tubes et ont provoqué la contamination de l’eau souterraine en affectant le système de distribution. La ville ne peut même pas affronter des réparations à grande échelle des principaux approvisionnements puisqu’il n’y a pas de système de tunnels d‟approvisionnement alternatif pour couper temporairement l‟approvisionnement et effectuer le maintien et les réparations. N’importe quel moindre inconvénient peut facilement se convertir en faute catastrophique dans les réseaux. La complexité extraordinaire de la ville, en termes de morphologie et de propriété, présente une chaotique implantation technique, fiscale et légale qui met un obstacle aux améliorations dans l‟approvisionnement d’eau, cela va depuis la reconstruction à grande échelle du système souterrain de la ville jusqu’à la tuyauterie dans les demeures.
L‟approvisionnement en eau grâce á un robinet partagé
Dans ce cas, un groupe de familles se réunit pour obtenir une connexion partagée légale ou illégale. Une autre forme de distribution se fait par le biais des robinets communs, mis à disposition de la population par la municipalité dans différents endroits de Dharavi. Le temps de l‟approvisionnement est de 3 heures pendant lesquelles chaque famille fait usage du robinet, ce temps de distribution est divisé par le nombre de familles. “À BMC Chawl, nous partageons un robinet entre 15 familles, ça a été ainsi depuis la construction de ce Chawl par les autorités de la BMC dans le but d’héberger les employés de cette corporation. En plus de l’eau, les toilettes sont aussi partagées. L’approvisionnement se fait le matin et le soir, mais les premières minutes de distribution doivent être jetées puisque l’eau est rouge et s’éclaircit progressivement.” Meena Habitante de Dharavi
Inégalités dans l’approvisionnement
À Mumbai, les nouveaux projets immobiliers proposent des dispositifs avec des douches à pression, des baignoires et des cabinets de toilette avec une double capacité de décharge, en augmentant la quantité de l‟eau utilisée dans la ville. Certes, le nombre de logements qui disposent aujourd‟hui de ce luxe n‟est que de 1% du nombre total de logements présents dans la ville, mais désormais tous les nouveaux projets immobiliers qui se développent proposent des appareils d‟eau de forte consommation (Dhaval D. Desai). Néanmoins, tandis que dans ces secteurs l‟eau est utilisée pour des activités inutiles, dans d‟autres zones comme Dharavi, la population est confrontée à des problèmes tels que la basse pression et la rareté de l‟eau. Au cours de ce travail de terrain, il a été possible de comparer trois secteurs différents à Mumbai. Le premier, Cumbala Hill, est un secteur de constructions en hauteur où vit une population de privilégiés. Le deuxième, Chembur, est une zone où la population appartient majoritairement à la classe moyenne. Le troisième est donc Dharavi, un secteur classifié de bidonville où la population est très pauvre. L‟expérience dans ces trois secteurs a mis en évidence l‟inégalité profonde quant à l‟accès, l‟approvisionnement et les types de consommation de l‟eau.
|
Table des matières
1 Résume
2 Encadrement de la recherche
2.1 Problématique
2.2 Objectifs du Travail
2.3 Hypothèse
3 Etat de l‟art
3.1 Bidonvilles – Slums – Zopadpatti
3.2 La problématique de l‟eau dans les bidonvilles
3.3 Réhabilitation de logements informels
4 Méthodologie
4.1 Le Cadre Théorique
4.2 Méthodologie
5 Définition du cas d‟étude
5.1 Mumbai
5.2 Dharavi
6 Résultats
6.1 Infrastructure et approvisionnement en eau
6.2 Activités autour de l‟approvisionnement
6.3 Sanitaire
6.4 Politique
7 Discussion
7.1 Infrastructure et espace publique
7.2 Le cas de la réhabilitation
7.3 Transect Urbain
8 Stratégies
9 Conclusions
Bibliographie
Télécharger le rapport complet