Pratiques enseignantes et impacts chez l’élève de la scolarisation en milieu rural

Le milieu rural est pour beaucoup perçu comme un paysage agraire, sans dynamisme ni attractivité. Ainsi la représentation de l’école rurale suit celle de ce milieu. Toutefois cette représentation s’avère être faussée par une méconnaissance de fonctionnement. Afin de pérenniser la présence d’école et donc d’une certaine attractivité dans les zones rurales, les établissements scolaires doivent s’adapter à la population résidante. Cette représentation négative de l’école rurale peut être couplée avec celle d’un échec scolaire plus important dans ces zones ayant pendant très longtemps eu un accès limité à la culture. Dans le cadre de mes études supérieures, j’ai eu l’occasion de travailler avec toutes sortes d’écoles : un établissement situé en ZUS (Zone Urbaine Sensible), un établissement situé dans une zone reculée de l’Ouest Afrique (village Togolais) où l’effectif de ma classe s’élevait à cinquante deux élèves, ainsi qu’une école rurale fonctionnant en Regroupement Pédagogique Intercommunal. C’est lors d’un stage dans cet établissement situé dans le département du Maine-et-Loire que je me suis intéressé à l’impact de la scolarisation dans ce type d’établissement sur les élèves. A cet instant de ma formation, je pense qu’enseigner en école rurale me passionnerait davantage que d’enseigner en milieu urbain. Une scolarisation en école urbaine aurait-elle le même impact qu’une scolarisation en école rurale incluant un nombre de classes inférieur? De plus, une scolarisation en école à très faible effectif entraînerait-elle, comme je le pense, une intégration sociale et scolaire plus complexe? Les relations entre enseignants et élèves dans une école de type classe unique et les relations entre professeurs et élèves dans le degré secondaire étant très différentes. Pour répondre à toutes ces questions et ainsi étudier l’impact de la scolarisation en milieu rural, il me paraît primordial de travailler sur la notion de ruralité ainsi que sur les différents types de fonctionnement de structures scolaires existant au sein de ces zones. Nous étudierons ensuite les études existantes sur ce sujet dans le but de répondre aux hypothèses évoquées antérieurement et de pouvoir ainsi compléter ces travaux existants par des entretiens réalisés auprès de deux professeurs des écoles exerçant en milieu rural ainsi que des observations effectuées lors d’une journée de classe. Nous verrons ainsi les éventuelles différences d’attitudes et de résultats scolaires des élèves d’écoles rurales comparés à ceux des élèves d’école situées en milieu urbain.

L’école en milieu rural

La notion de rural

Avant de définir les différents types d’organisation d’école rurale, il me paraît primordial de définir la notion de ruralité. Dans l’article Mais qu’est-ce donc que le « rural » ? paru dans la revue Cahiers Pédagogiques n°365 et datant de juin 1998, Marie-Hélène Chauvat-Pouget se réfère à l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) ainsi qu’à une enquête de la DEP (Direction de l’Évaluation et de la Prospective). Elle explique que la notion de rural et donc par opposition celle d’urbain, se définissent en adéquation avec le classement des communes réalisé par l’INSEE à partir des recensements de population. Jusqu’au milieu du XX ème siècle, une commune était considérée comme rurale si la population agglomérée ne dépassait pas les deux mille habitants. Dans les années 60′ / 70′ une réflexion sur cette notion de ruralité est alors menée. La notion de « péri-urbain » voit le jour. En effet de par un solde migratoire négatif en milieu urbain : la population urbaine migre des communes urbaines vers les communes aux alentours, créant ainsi des communes péri urbaines. On parle alors d’un continuum spatial entre l’urbain et le rural, ce qui signifie que l’on peut passer d’une zone à dominante urbaine à une zone à dominante rurale, sans cassure du territoire.

Effectivement, depuis les années 50 le milieu rural a nettement évolué. L’étalement des villes et la décentralisation a provoqué une juxtaposition d’espaces résidentiels et d’espaces industrialisés, complétant les paysages agraires alors dominants. Le lien ruralité-agriculture n’est par conséquent plus si évident. Pour reprendre la définition de l’INSEE, une « grande aire urbaine » représente un regroupement de communes sans enclave, constitué par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois et par des communes rurales ou des unités urbaines également appelées couronnes périurbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille au sein du pôle urbain ou dans des communes avoisinantes. On distingue de ces grandes aires urbaines, les moyennes et petites aires. La principale distinction est le fait que le pôle soit constitué d’un nombre d’emplois compris entre 5000 et 10000 pour les moyennes aires et entre 1500 et 5000 pour les petites aires. Ce zonage se base sur le recensement effectué en 2008.

L’enquête de recensement effectué par l’INSEE en 2004 et 2005 montre une forte croissance démographique des régions situées à l’Ouest et au Sud du pays de par leur attractivité. Ainsi, les régions Bretagne, Provence-Alpes-Côtes d’Azur, Pays de la Loire, Rhône-Alpes et Alsace (bien que ces deux dernières ne soient pas situées au Sud ou à l’Ouest de la métropole) connaissent un excédent migratoire et un excédent naturel. Dans ces régions plus de 50% des communes de l’espace à dominante rurale ont connu une croissance démographique lors de la dernière décennie du XXème siècle . Certaines régions à dominante rurale voient leur décroissance atténuée comme cela peut-être le cas en région Champagne Ardennes, alors que des régions comme le Limousin ou l’Auvergne observent une reprise de leur croissance. La croissance rurale profite donc davantage aux zones rurales proches des grandes agglomérations ainsi qu’à celles situées à proximité des littoraux.

La population urbaine ne cesse d’augmenter. Dans l’essai Géographies de l’école rurale, acteurs, réseaux, territoires placé sous la direction d’Yves Jean, ce dernier cite Bernard Morel, Professeur des universités et Patrick Redor, directeur de l’Insee régional de Champagne Ardennes qui expliquent que « en définitive, la périurbanisation continue de représenter la contribution la plus forte à la croissance de la population… mais c’est au sein de l’espace rural, dans les zones attractives les moins denses et de plus en plus loin des zones d’influence des villes que l’accélération de la croissance démographique est la plus sensible» . Comme nous pouvons le voir dans l’annexe 1, la population présente au sein de ces espaces ruraux s’est également diversifiée : en 1960, la population agricole, qu’elle soit active ou retraitée dépassait les 62% avec près de 34% d’actifs. En 1990, les retraités de l’agriculture sont représentés au sein de ce territoire à hauteur de 43 %, mais la population agricole active équivaut alors à 7% seulement. Or les 43% de retraités correspondent à la population active de 1960, qui reste sédentaire. La plus grande évolution est la proportion de cadres moyens et supérieurs : à hauteur de 4% en 1960, elle est en 1999 de 20%. La proportion d’ouvriers, d’employés et d’artisans reste sensiblement équivalente. Cette mutation sociale entraîne également une réflexion sur l’école. Les enfants d’agriculteurs ne deviennent plus forcément agriculteurs. Les parents s’investissent davantage dans la scolarité de leur enfant. Une réflexion sur l’école rurale est donc menée. Comment, dans des zones géographiques où la densité peine à dépasser les dix habitants au kilomètre carré, assurer la pérennité du système scolaire?

L’attachement de la population à l’école rurale 

La population des milieux ruraux est profondément attachée à l’école. En effet l’école est source de dynamisme. L’absence d’école dans une zone géographique lui nuirait durablement. En effet, l’école en tant que service, attire la population, la présence d’école peut donc être un facteur important pour les jeunes parents souhaitant s’installer. Effectivement si la population souhaite s’installer en milieu rural, la présence d’une structure scolaire jouera en faveur du territoire, vis-à-vis d’un autre dénué d’établissements scolaires. De plus, les nouveaux habitants des espaces ruraux sont généralement bien accueillis par la population résidente des dits « espaces ». L’installation de ces nouveaux habitants, souvent parents, engendre de nouveaux besoins sur le territoire notamment dans les domaines scolaire ou péri-scolaire mais pas seulement. Ainsi les domaines culturels et sportifs se développent dans les zones rurales grâce à cette migration de population.

Les maires des communes rurales, représentants de la population de ces communes, demeurent très attachés aux écoles au sein de leur village. Effectivement, Michèle Chevalier-Coyot précise qu’en Bourgogne, « l’école reste encore et très souvent avant tout l’affaire du maire. Bien plus qu’un équipement, elle est un lieu de vie sans lequel la commune perdrait toute attractivité visà-vis des nouveaux arrivants potentiels. Il se dégage de certains entretiens avec les élus, un sentiment très fort d’appropriation de l’école. L’école est un petit bout d’État au sein de la commune, à préserver » . Dans la même optique, elle nous précise qu’en Auvergne « l’école reste encore très largement et culturellement l’affaire de la commune » . Cet engouement que suscite la présence d’écoles primaires au sein d’un village peut se justifier par différents éléments : d’une part comme cela a été expliqué antérieurement, la présence d’une structure scolaire est un attrait certain pour d’éventuels résidents et d’autre part l’histoire joue un rôle en faveur de cet engouement.

Ainsi, ce n’est pas un hasard si les écoles primaires sont le service le plus présent au sein des communes rurales : nous trouvons une école primaire dans 75% des communes interrogées tandis que nous trouvons un bar dans 65% de ces mêmes communes, un gîte pour 57%, un commerce pour 54% et une bibliothèque pour 50%. Toutefois, au regard des services publics menacés, les maires demeurent inquiets vis-à-vis de la poste au premier plan puis de l’école primaire. Ces inquiétudes correspondent aux services publics les plus cités par les ruraux lorsqu’on leur demande avec quels services publics ils ont le plus de contacts fréquents . Afin d’illustrer ces propos, nous pouvons citer les habitants d’espaces ruraux qui, toujours d’après cette enquête, citent « l’école comme service qu’il faut à tout prix maintenir dans la commune, tant elle est perçue comme l’âme d’une collectivité et le symbole de son dynamisme ». Cette enquête nous dévoile également que 82% des personnes interrogées, parents ou non, sont attachées au maintien de l’école élémentaire dans les communes.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I.Cadre théorique
1) Introduction
2)L’école en milieu rural
a)La notion de rural
b)L’attachement de la population à l’école rurale
c)L’école rurale
3)Les différentes organisations d’écoles rurales
a)Généralités
b)La classe unique
(1)Présentation
(2)L’ exemple d’ Être et Avoir
c)Les Regroupements Pédagogiques Intercommunaux
4)Études
5) Méthodologie de recherche
II.Analyse des données recueillies
1)Introduction
2)Le métier de professeur des écoles en école rurale
a) Des relations différentes
(1)Des relations différentes avec les parents d’élèves
(2) Des relations différentes avec les élèves
3)Une organisation différente
a) L’organisation de la salle de classe
b) Une polyvalence certaine
c) Des méthodes pédagogiques différentes
d) Une avancée plus personnalisée
e) Contraintes de ce type de fonctionnement
4)L’impact de ce type de fonctionnement chez l’élève
a)Des élèves faisant preuve davantage d’autonomie
b)Un sentiment de « non appartenance »
c) Des résultats scolaires supérieurs
III.Conclusion
IV.Bibliographie et sitographie
1)Bibliographie
2)Sitographie
V.ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *