Pratiques des femmes à travers les réseaux sociaux

Définitions de l’automédication

        L’automédication peut d’abord s’envisager comme le recours, dans une intention de soin, { un ou plusieurs médicaments sans l’aide d’un médecin [12,13]. Au-delà de cette simple définition, plusieurs autres ont été proposées. Pour Giroud [14], il s’agit de « l’acte de se soigner, sans l’intermédiaire d’un médecin, avec des médicaments délivrés sans ordonnance ». Il s’agit d’une « pratique qui permet de réduire le nombre de consultations chez le médecin, parfois inutiles (et coûteuses), mais qui n’est ni sans limite ni sans danger » [14]. Pour Fainzang [15,16], l’automédication peut être envisagée comme « l’acte, pour le sujet, de consommer de sa propre initiative un médicament sans consulter un médecin pour le cas concerné, que le médicament soit déj{ en sa possession ou qu’il se le procure { cet effet (dans une officine ou auprès d’une autre personne) ». Cette définition, plus large que la précédente, inclut donc l’usage de médicaments déj{ prescrits pour une autre pathologie ou pour une autre personne. Il s’agit dans ce cas de la réutilisation de médicaments souvent trouvés { l’intérieur de la pharmacie familiale ou désormais achetés sur Internet. Venulet et Schulz [17] parlent de « traiter une situation pathologique réelle ou imaginaire par des médicaments choisis sans avis médical ». Cette définition a l’intérêt d’exclure de ce champ les pharmacodépendances et toxicomanies. Pour le conseil de l’ordre des médecins de France, « L’automédication est l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché (AMM), avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens. . . Ce n’est peut-être que le traitement d’un symptôme dont il faut souligner le caractère pour le moins ambigu et qui suppose que ce traitement soit de courte durée et mono-symptomatique » [18]. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les médicaments d’automédication sont « des médicaments ne nécessitant pas de prescription médicale. Ils sont produits, distribués et vendus prioritairement aux consommateurs en vue d’un usage de leur propre initiative et sous leur propre responsabilité, lorsqu’ils considèrent cet usage approprié » [19]. D’une façon générale, toutes ces définitions de l’automédication impliquent aussi la notion d’ « automédicalisation », avec ses corollaires d’« autoinformation », « autodiagnostic », « autoexamen » et les difficultés inhérentes à ces conduites [16].

Facteurs sociaux culturels

 Perceptions sociales de la maladie et de sa gravité : Une importante proportion de la population n’a pas recours aux services de santé formels en cas de maladie. L’enquête QUID conduite en 2001 a collecté un ensemble d’informations, auprès des ménages et des individus qui renseignent sur la perception qu’ont les populations de leur état de santé, sur la fréquentation des services de santé et sur les préférences des populations entre les différentes structures offrant des services de santé dans le pays. Selon les résultats de cette enquête, la perception sociale de la maladie et de sa gravité pourrait constituer une des principales raisons de la non utilisation des services de santé en cas de maladie. En effet 39% des personnes souffrant de fièvre ou de paludisme et 37% des personnes souffrant de maladie diarrhéique pendant les quatre semaines précédant l’enquête n’ont pas eu recours aux services de santé parce qu’elles n’en voyaient pas le besoin [36, 37].
 Connaissances : La connaissance de tout un chacun, basée sur la transmission des savoirs et des comportements et sur des expériences personnelles, peut être suffisante pour soigner certains maux fréquents. Par exemple, une cuillérée de miel dans une boisson chaude pourrait soulager des maux de gorge [38]. L’avènement de la médecine moderne a certes, dans beaucoup de cas, rencontré l’adhésion des populations du fait de sa relative efficacité. Mais, elle ne s’est pas traduite par l’abandon total des pratiques thérapeutiques traditionnelles. D’une part parce que les populations africaines restent majoritairement rurales et attachées aux croyances ancestrales associant, de façon implicite ou explicite selon le cas, la maladie aux causes surnaturelles. D’autre part, même urbanisées, les croyances traditionnelles demeurent encore vivaces [39]. Au Nigéria, la proportion de mères qui avaient appris à préparer la thérapie de réhydratation orale est passée de 6% à 47% ; néanmoins, seulement 9,5% de ces femmes traitaient les épisodes diarrhéiques selon cette technique [33]. La question, importante, est ainsi posée de savoir si l’acquisition d’une nouvelle connaissance conduit obligatoirement à un nouveau comportement [34].

Santé sur le web

         Depuis la création d’internet, les sites traitant des questions de santé pullulent apportant un flot d’informations considérable et libre d’accès aux patients. Cela a donc fortement modifié les comportements vis-à-vis de la recherche d’informations sur les questions de santé. Selon une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en 2007 [57], 93,2 % des personnes interrogées ont utilisé Internet pour rechercher des informations concernant un sujet de santé. Dans le domaine de la santé, un grand nombre de sites Internet professionnels ou « grand public » et de forums de discussion ont été créé au cours des dernières années. Bien que difficilement quantifiable, il semble qu’une part importante des recherches d’informations faites sur Internet concerne des questions de santé, en France comme dans la plupart des pays industrialisés. Aux Etats-Unis, 80% des internautes ont déjà recherché des informations en santé sur Internet (ce qui représente 50% des Américains). De forts contrastes persistent en Europe : entre 54% et 77% des internautes ont déjà fait ce type de recherches (70% en moyenne). En France, la part d‘internautes ayant déja fait des recherches d’informations concernant la santé sur Internet a été estimée à 30% par une enquête de l’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2005 [52]. Pourquoi sont-ils si captivés par les informations santé et pathologie ? Il s’agirait du manque d’information santé des patients. D’après l’étude WHIST (de Inserm Internet santé) dans le « Quotidien du Médecin », il a été estimé que dans 70% des cas, les patients surfent sur le web pour mieux comprendre les informations données par le médecin et à 60% pour trouver des informations complémentaires à celles que le médecin a données. Le patient souhaite en savoir plus sur sa santé et recherche des informations pour mieux se soigner et pourquoi pas pour s’automédiquer? Les chiffres montrent qu’il y a une évolution dans le comportement de ces malades, les patients ont une soif incessante de toujours en vouloir plus sur les informations santé qui sont en abondance sur le web. Un autre facteur a permis au patient de s’intéresser davantage à la santé. Ce sont les médias. D’après les études de À+A (cabinet d’étude) sur le suivi médiatique des Français dans le domaine de la santé en 2003, on estime que 7 français sur 10 suivent l’information santé dans les médias, principalement des femmes, des mères qui prennent en charge les membres de son foyer. L’actualité santé a pris de plus en plus d’importance au fil du temps, notamment à cause de scandales comme celui de la vache folle : La maladie de Creutzfeld-Jakob qu’on appelle plus communément « la vache folle » [58]. Le patient dispose d’un nouveau savoir et recherche des données qui peuvent l’aider davantage. Par exemple : Ils recherchent des informations où ils s’identifient à un cas de maladie ayant les mêmes symptômes et tentent de trouver une  approche thérapeutique qui a eu le plus de succès à son sujet. Étant la plus grande source d’information des patients, on peut supposer que cet outil a permis une évolution dans la mentalité des patients et des professionnels de santé. Comment Internet a-t-il pu participer à l’évolution du patient vis-à-vis de l’automédication [58] ? Shim en 2008, relève quant { lui plusieurs types d’usagers de l’information santé sur Internet, chacun étant dicté par la perception de son état de santé et par le recours à l’information santé. Ils sont au nombre de trois : motivé, vigilant/critique et abonné à des serveurs de listes de sites (list server) [59].

Risque de désinformation

       Les réseaux sociaux peuvent représenter parfois un grand risque de désinformation. La viralité de l’information peut faire grossir très rapidement des revendications, ou des mouvements dangereux pour la santé publique. Cela touche notamment un problème très sérieux en santé publique. Un autre phénomène de désinformation apparut sur les réseaux sociaux est celui sur la vaccination. Les causes de cette défiance sont le manque de clarté entre vaccins obligatoires et recommandés, gestion maladroite de certaines campagnes de vaccination, pénuries et surtout multiplication des polémiques concernant les risques pour la santé. De nombreux buzz7 ont émergé à ce sujet, créant un climat de peur générale. On notera notamment celui de la vidéo “HPV vaccine has done this to my child” [64] visionnée plus de 1 million de fois mettant en scène une jeune fille qui a visiblement mal aux jambes et dont la mère attribue les douleurs au vaccin qui lui a été administré. Puis une page Facebook : “Briar’s journey after HPV vaccine injury” fut créée par la suite, suivie par prêt de 10000 personnes dont bon nombre de français. L’impact de ces buzzs est fort sur les esprits et représente un réel risque de santé publique. En 2010, l’OMS, le fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) et la banque mondiale mettaient déjà en garde sur la puissance de ce vecteur : « Avec l’augmentation de l’accès { l’information sur internet, une rumeur sans fondement { propos des vaccins pourrait rapidement faire le tour du globe et ébranler tous les services de vaccinations, provoquant le déclenchement de nombreuses maladies et d’innombrables décès » [65].

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Revue de la littérature
I. GENERALITES
I.1. Définition des concepts
I.1.1. Définitions de l’automédication
I.1.2. Connaissances
I.1.3. Attitudes
I.1.4. Pratiques
I.2. Rappel
II. AUTOMEDICATION
II.1. Types d’automédication
II.1.1. Automédication ‘’primaire’’
II.1.2. Automédication ‘’secondaire’’
II.1.3. Automédication « tertiaire »
II.2. Intérêts de l’automédication
II.3. Epidémiologie de l’automédication
II.3.1. Epidémiologie descriptive
II.3.2. Epidémiologie analytique
II.4. Risques de l’automédication
II.4.1. Risques théoriques
II.4.2. Risques cliniques
III. Réseaux sociaux et automédication
III.1. Définitions de réseau social
III.2. Historique et la diversification des réseaux sociaux
III.3. L’émergence de l’utilisation des réseaux sociaux
III.4. Santé sur le web
III.4.1. Caractéristiques des utilisateurs d’internet pour la recherche d’informations en santé
III.4.2. E-patient : De l’« empowerment » du patient au patient expert
III.4.3. Forums de santé
III.4.4. Sites internet médicales
III.5. Risques de l’utilisation des réseaux sociaux pour les patients
III.5.1. Circulation d’informations erronées
III.5.2. Risque de désinformation
III.5.3. Devenir cybercondriaque
DEUXIEME PARTIE : travail personnel
I. But et objectifs
I.1. But
I.2. Objectifs
II. CADRE D’ETUDE
II.1. Présentation générale du Sénégal
II.2. Présentation de la femme sénégalaise
II.3. Présentation des groupes Facebook « Femme Chic », « Ladies Club », « Entre Yaays » et « Femme Leaders »
III. METHODOLOGIE
III.1. Type d’étude
III.2. Population d’étude
III.3. Calcul de la taille de l’échantillon
III.4. Critères de sélection
III.5. Protocole de sondage
III.6. Collecte des données
III.7. Procédure de collecte
III.8. Traitement des données
III.9. Considérations éthiques
III.10. Sécurité des données
III.11. Risques et indemnisation
IV. Résultats
IV.1. Résultats descriptifs
IV.1.3. CAP sur l’automédication
IV.2. Résultats analytiques
IV.2.1. Automédication sur Facebook ou internet en fonction des caractéristiques socioéconomiques
IV.2.2. Automédication sur Facebook ou internet en fonction de l’utilisation des réseaux sociaux
IV.2.3. Automédication sur Facebook ou internet en fonction des problèmes de santé pris en charge
IV.2.4. Automédication sur Facebook ou internet en fonction des médicaments utilisés
IV.2.5. Automédication sur Facebook ou internet en fonction de la forme galénique du médicament utilisé
IV.2.6. Automédication sur Facebook ou internet en fonction des conseils médicaux donnés à travers Facebook
V. Discussion
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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