Pratiques d’élevage en aviculture familiale

Importance de l’aviculture familiale 

Importance socioculturelle et religieuse 

Dans beaucoup de pays africains, l’élevage du poulet occupe une place importante dans les sociétés où son élevage est pratiqué par l’ensemble des communautés locales [53]. Il joue un rôle dans la vie sociale et les cérémonies rituelles et traditionnelles [51, 119]. Si la gestion des exploitations est généralement partagée entre les hommes et les femmes [128, 127, 111], la conduite des basses-cours est le plus souvent confiée aux femmes et aux enfants [54]. En effet, 85 % des ménages ruraux élèvent des volailles détenues à 70% par les femmes [36, 52]. Ainsi, l’aviculture est considérée comme un outil de promotion des femmes rurales et d’égalité entre les sexes [53, 128, 111]. Dans beaucoup de régions d’Afrique subsaharienne, la volaille est utilisée dans les pratiques religieuses [110, 50]. Ainsi, dans certaines communautés locales, un mauvais sort qui a comme cible la famille peut être dévié vers les volailles et les petits ruminants [55]. Par ailleurs, le poulet est choisi en fonction de la couleur de plumage et du sexe selon qu’il soit destiné au sacrifice, à l’offrande aux dieux ou à la réception d’un hôte de marque [110]. Au Sénégal par exemple, les coqs multicolores, à plume blanche et rouge utilisés dans les sacrifices et les offrandes, sont les plus recherchés sur les marchés [123]. En Ethiopie, les consommateurs consentent à payer plus cher le poulet à plumage brun alors que celui à plumage noir et/où blanc est moins prisé car ces couleurs sont associées à l’appauvrissement et à la transmission de maladies entre les ménages [11]. Toujours dans ce pays, un coq rouge ou blanc est sacrifié pour demander de bonnes pluies et des rendements ou pour fêter une nouvelle année (chrétienne ou orthodoxe), alors que le coq noir est utilisé pour la protection contre les conflits et les maladies [120]. Les Mossi du Burkina-Faso font des sacrifices de poulets lors d’une cérémonie appelée « TESE », pour avoir de bonnes récoltes agricoles [26]. La volaille est utilisée pour honorer les hôtes, offerte en don aux parents et amis [51, 130, 98]. Le poulet vivant est offert à l’hôte comme marque de respect [70]. Ainsi, dans la société peulh, le coq de couleur blanche symbolise l’amitié, la sincérité et la considération, alors qu’on évite d’immoler des coqs à plumes hirsutes pour ne pas empêcher le retour prochain de l’invité [110, 70]. Chez les mandingues et les Fouladou, le premier repas que la femme prend après l’accouchement est à base de poulet [110]. En outre, la volaille est utilisée lors des baptêmes, circoncisions et mariages [110, 51, 130].

Les dons et le confiage sont considérés comme des opérations non monétaires qui ajoutent au rôle socioculturel que joue la volaille dans le renforcement des relations sociales ou des liens de solidarité dans certaines communautés africaines [73]. Ainsi, 10 à 15 % des agriculteurs enquêtés au Nigéria [10], 8,2 % au Tchad [89] et 26,3 % en Ouganda [73], ont affirmé avoir constitué leur cheptel grâce aux dons. En haute Casamance au Sénégal, Missohou et al. [86] ont montré que 7,9 % de ménages enquêtés ont constitué leur basse-cour grâce au confiage.

Importance nutritionnelle

Dans les pays africains où l’alimentation humaine est un problème préoccupant sur le plan quantitatif et qualitatif, l’aviculture rurale joue un rôle déterminant dans l’accroissement et le renforcement de la sécurité alimentaire des ménages [9, 13, 42, 123]. En effet, les produits issus de l’aviculture rurale sont plus facilement mobilisables que ceux des ruminants ou des porcs qui parfois même, dans certaines contrées, peuvent faire l’objet d’interdits religieux ou coutumiers [51, 123]. La valeur nutritive des poulets, notamment en protéines, assure un équilibre alimentaire des groupes les plus vulnérables à savoir les personnes âgées, les femmes enceintes ou nourrices et les enfants [113, 68]. De ce point de vue, l’aviculture familiale constitue une alternative pour réduire le déficit protéinocalorique, prévenir les maladies d’origine nutritionnelle et améliorer l’état nutritionnel des ménages où le déficit alimentaire quantitatif et qualitatif constitue un problème majeur [31, 16, 11, 56]. L’objectif principal de l’élevage des poulets villageois est la fourniture de viande et d’œufs pour la consommation familiale comme le soulignent les études menées au Mali [74], au Ghana [129], en Tanzanie [63], en Afrique du Sud [33], en Gambie [17], au Niger [1], en Côte d’Ivoire [37], au Tchad [88], en Ouganda [73] et au Zimbabwe [98]. Gittinger et al. [47] ont montré que les ménages ruraux qui n’ont que les productions végétales comme seule source de production alimentaire sont plus précarisés à la nourriture que les ménages qui ont du bétail, y compris la volaille. De plus, la viande et les œufs issus de l’aviculture traditionnelle sont, du fait de leur qualité organoleptique, très appréciés des consommateurs par rapport aux produits issus de l’élevage semi-industriel [51, 11, 124].

Importance économique 

L’aviculture rurale représente en Afrique au Sud du Sahara 60 et 90 % du troupeau de volailles [56] et fournit environ 20 % des protéines consommées par la population [13]. Au Sénégal, l’aviculture familiale représente en moyenne 80 % du cheptel avicole total [78], et près de 90 % du cheptel au Nigeria [120]. Au Burkina Faso [119] et en Centrafrique [76], 70 % de la production totale de volailles est assurée par la production familiale contre 60 % au Cameroun [7]. En Éthiopie, la volaille rurale concourt à plus de 90 % de la production de viande et d’œufs [121]. L’aviculture rurale constitue une des composantes principales de l’économie des ménages en tant que source de revenu [116, 99, 48, 11,73, 56, 40]. Les recettes générées par cette production représentent une part non négligeable du budget familial villageois [128, 111]. Toutefois, elles sont mal connues parce que le système de production basé sur l’aviculture villageoise reste souvent en dehors de la tendance dominante des activités d’économie agricole dans beaucoup de pays africains [56]. L’aviculture familiale se pratique le plus souvent en complément à l’agriculture et/ou à l’élevage caprin, ovin et bovin selon les régions, en procurant un revenu d’appoint non négligeable à l’agriculteur [119]. A ce titre, elle joue un rôle important dans la diversification des systèmes de production agricole en particulier pour les femmes en Afrique Subsaharienne [9] et représente pour les ménages une sorte de caisse d’épargne sur pied rapidement mobilisable en cas de besoin [55]. Cette production représente une activité particulièrement rentable malgré sa faible productivité. En effet, la vente des poulets et des œufs procure aux producteurs un profit net du moment où l’utilisation d’intrants dans cette activité est faible [124]. Les revenus tirés de cette production sont souvent distribués de manière directe ou indirecte pour le bien être de tous les membres du ménage à travers l’acquisition de biens de consommation familiaux [12]. Par exemple, au Zimbabwe, le revenu généré par la vente des poulets villageois est utilisé pour les frais de scolarité des enfants, les frais médicaux et les impôts du village [98]. L’aviculture familiale constitue aussi un moyen d’accumulation de capital ; le poulet est souvent employé dans le système de troc dans les sociétés où il n’y a pas beaucoup de circulation monétaire [54]. Ainsi, certains éleveurs échangent les poulets contre des articles ménagers [89, 86, 48, 56, 40]. De plus, l’aviculture familiale est fréquemmentconsidérée comme le premier pas dans les activités d’élevage, surtout après une réduction drastique ou une perte entière des effectifs de bovins et petits ruminants, à la suite d’une sécheresse et/ou de maladies animales [55]. Les paysans Burkinabè considèrent que la possession de poulets est souvent une étape préalable pour se livrer à l’élevage d’autres espèces telles que les petits ruminants et les bovins, signe ultime de richesse et de prestige [71].

Pratiques d’élevage en aviculture familiale

Races de volailles exploitées 

Originaire d’Asie du Sud-Est, la poule Bankiva est considérée comme l’ancêtre de la poule domestique dont l’espèce commune est Gallus gallus [35]. Les études archéologiques effectuées dans la Vallée de l’Indus et Hebei (province chinoise) suggèrent que la poule domestique dériverait du coq rouge de jungle depuis au moins 5400 ans avant J.C. [132]. Sa diffusion s’est effectuée graduellement et a fini par couvrir le globe. Sa vitesse de diffusion a été estimée à 1,5 à 3 km par an de l’Asie à l’Europe. D’Extrême-Orient, elle a émigré et s’est adaptée à divers écosystèmes dans le reste du monde (Zeuner, 1963 cité par [35]. De nos jours, la poule indigène africaine est un produit de croisements désordonnés et de sélection conduite au hasard à l’intérieur des troupeaux [35]. Il n’existe pas de races autochtones africaines à proprement parler mais des « populations », exception faite de la race Fayoumi développée en Egypte [60, 9]. La poule indigène fréquemment rencontrée en Afrique au Sud du Sahara se présente donc comme étant une poule de petite taille aux plumages ou phénotypes très variés avec quelques traits communs tels qu’un petit gabarit [38, 27, 83]. Sur le plan morphologique, la poule africaine à une tête assez large avec un bec court et solide. La crête (en forme de pois, corne, rose….) est en général souple et très développée, bien dentelée, avec des pointes longues chez le coq, faibles parfoisatrophiées chez la femelle [38]. On rencontre des populations de poules à plumage variable (unicolore, bicolore ou multicolore) qui peut être lisse, frisé ou soyeux selon les régions et les écosystèmes. Le cou est nu ou emplumé avec la présence ou l’absence de plumes au niveau du tarse et du métatarse [85,46, 66, 44]. Cette diversité de plumage leur permettrait une meilleure adaptabilité à l’ambiance environnementale locale [66]. Au Sénégal, la coloration du plumage de la poule Sénégalaise est très variée mais les dominantes sont le fauve (13,82 %) très présent à Dahra (26 %) et le blanc (12,39 %) qui est plus fréquent à Kolda (16,4 %) [85]. Les autres couleurs rencontrées sont le mille-fleurs (8,38 %), le blanc et fauve (8,38 %) et le fauve herminé (7,85 %). Quant à la répartition des plumes, la huppe est présente chez 9,3 % des poules et seulement 0,9 % parmi elles ont le tarse et le métatarse emplumés. Les phénotypes « frisé » et « cou nu » représentent respectivement 0,9 % et 1,94 % de la population. La peau et les pattes sont surtout blanches mais elles peuvent aussi être jaunes, roses ou bleu acier (Tableau III). Au Congo, les populations fauve herminé sont les plus fréquentes (37,25 %), suivies de noir (16,70 %) et de doré (15,16 %) [46]. Au Cameroun, les couleurs de plumage dominantes des poules locales sont le noir (17,2 %), le blanc (15,3 %) et le doré (12,9 %) [66]. Selon ces auteurs, le plumage de type lisse constitue 69,9 % de la population totale et est majoritaire chez les femelles (96,9 %) alors que le type soyeux superficiel (30,1 %) est plutôt prédominant chez les mâles. Le plumage pour 64,2 % de la population est normal, mais on rencontre également les phénotypes huppés (10,7 %) et au tarse et métatarse emplumés (22,4 %). La crête est de type simple (81,1 %) avec une coloration essentiellement rouge (87,8 %), mais aussi pigmenté noire (4,53 %) et rose (7,64 %). La forme du bec est soit courbe (66,1 %) en majorité chez les coqs (88,4 %), soit droite (33,9 %). La peau est blanche (39,4 %), rose (21,9 %), jaune (37,9 %) ou pigmenté noir (0,71 %). La principale coloration des yeux est l’orangée (58,2 %) suivie du jaune (30,8 %). Cependant, d’autres colorations comme le rouge (6,52 %), le pigmenté noir (3,58 %) et le blanc (0,48 %) sont également présentes. La face quant à elle est soit rouge (75,9 %) particulièrement chez les mâles (96,8 %), rose (19,0 %) ou pigmentée (5,01 %).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I: REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I. Importance, pratiques d’élevage, contraintes et performances de production en aviculture familiale au Tchad et en Afrique subsaharienne
Résumé
Abstract
Introduction
I.1 Importance de l’aviculture familiale
I.1.1 Importance socioculturelle et religieuse
I.1.2 Importance nutritionnelle
I.1.3 Importance économique
I.2 Pratiques d’élevage en aviculture familiale
I.2.1 Races de volailles exploitées
I.2.2 Taille et origine du cheptel
I.2.3 Logement et matériel d’élevage
I.2.4 Mode d’alimentation des oiseaux
I.2.5 Interventions sanitaires en aviculture familiale
I.3 Contraintes d’élevage en aviculture familiale
I.3.1 Contraintes zootechniques
I.3.2 Contraintes alimentaires
I.3.3 Contraintes sanitaires et mortalités
I.3.4 Contraintes climatiques ou environnementales
I.3.5 Contraintes socio-économiques
I.4 Performances zootechniques des oiseaux en aviculture familiale
I.4.1 Performances de reproduction
I.4.2 Performances de croissance
I.4.3 Consommation alimentaire et indice de conversion par les oiseaux
Conclusion
Bibliographie
Chapitre II. Commercialisation et consommation de la volaille traditionnelle en Afrique subsaharienne
Résumé
Abstract
Introduction
II.1 Commercialisation de la volaille traditionnelle
II.1.1 Circuits commerciaux
II.1.2 Moyens de transport du poulet
II.1.3 Approvisionnement en poulets villageois
II.1.4 Acteurs de l’approvisionnement
II.2 Consommation de poulets traditionnels
II.2.1 Habitudes alimentaires
II.2.2 Critères organoleptiques
Conclusion
Bibliographie
PARTIE II: ETUDE DE LA FILIERE AVICULTURE FAMILIALE AU TCHAD
Chapitre III. Pratiques de production, contraintes et performances en aviculture familiale
au Tchad
Résumé
Summary
Introduction
III.1 Matériel et méthodes
III.1.1 Choix et présentation des zones d’étude
III.1.2 Echantillonnage et collecte des données
III.1.3 Analyse des données
III.2 Résultats
III.2.1 Caractéristiques des éleveurs
III.2.2 Conduite d’élevage
III.2.3 Performances de reproduction
III.2.4 Commercialisation et consommation
III.3 Discussion
Conclusion
Bibliographie
Chapitre IV. Traditional poultry supply and marketing in the city of N’Djamena in Chad
Abstract
Résumé
Introduction
IV.1 Materials and methods
IV.1.1 Site of study
IV.1.2 Sampling and data-collection methods
IV.1.3 Data analysis
IV.2 Results
IV.2.1 Characteristics of the markets and the operators
IV.2.2 Poultry supply and commercial practices
IV.2.3 Slaughtering and plucking at the market place
IV.2.4 Losses incurred during transportation and difficulties encountered
IV.3 Discussion
Conclusion
References
Chapitre V. Consommation hors-foyer de poulets traditionnels dans la ville de N’Djaména
(Tchad)
Résumé
Abstract
Introduction
V.1 Matériel et Méthodes
V.1.1 Site de l’étude
V.1.2 Echantillonnage et méthodes de collecte de données
V.1.3 Analyse des données
V.2 Résultats
V.2.1 Transformation
V.2.2 Consommation de poulets hors-foyers à N’Djaména
V.2.3 Lieux, formes préférées, rythmes de consommation et fidélisation à un lieu
V.3 Discussion
Conclusion
Bibliographie
Chapitre VI. Consommation de poulets villageois dans les ménages de la ville de N’Djaména (Tchad)
Résumé
Summary
CONCLUSION GENERALE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *