PRATIQUES D’ASSAINISSEMENT ACTUELLES DES DECHETS SOLIDES ET LIQUIDES A GOXUMBACC ET LEURS CONSEQUENCES

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Histoire de la création de Goxumbacc

Goxumbacc est un quartier de la Langue de Barbarie dont la création est liée à la volonté d’extension de la ville qui, au cours de l’histoire, est marquée par une exiguïté sans précèdent dans un contexte post esclavage où les afflux démographiques venaient de partout surtout de l’hinterland, le plus souvent ravagé par des guerres entre communautés rivales.
Situé à la frontière sénégalo-mauritanienne, Goxumbacc a la particularité d’avoir deux arrêtés notifiant sa création au XIXème siècle :
Le premier arrêté du 21 novembre 1861 faisait état de la création du village de Gokhoumbaye et le second du 31 mars 1884 du gouverneur du Sénégal et Dépendances. Ce dernier stipule qu’ « il est créé un nouveau village Gokhoumbaye, sur la côte de Barbarie, au nord du village de Ndar -Toute […] »2. L’existence de ces deux arrêtés témoigne de manière claire de la volonté réelle de l’autorité coloniale de créer Goxumbacc. Ainsi, toute tentative d’explication relative à ces deux arrêtés doit être placée dans le contexte de leur notification. Ces deux arrêtés s’inscrivent dans deux contextes majeurs qui ont dicté l’histoire de Saint-Louis au XIXème siècle à savoir la période post esclavage et celle de l’érection de Saint-Louis en commune de plein exercice. L’abolition de l’esclavage en 1848 et l’érection de Saint-Louis en commune de plein exercice en 1872 sont à l’origine de profondes mutations socio-économiques. C’est une fourchette temporelle majeure qui correspond, ainsi, à l’âge d’or de Saint-Louis. La ville devient du coup le lieu de convergence d’importants flux migratoires qui viennent se greffer à une population déjà nombreuse depuis l’abolition de l’esclavage. Cette forte dynamique démographique combinée à l’étroitesse de l’île cause de nombreux problèmes à l’autorité coloniale. Cette situation encombrante pousse l’autorité coloniale à prendre des mesures d’extension et d’aménagement de la ville. C’est dans cette logique qu’elle a décidé de créer de nouveaux quartiers. Ainsi, après les quartiers de Ndar-Toute, Guet-Ndar, Goxumbacc est ainsi créé. D’ailleurs, l’arrêté complémentaire du 31 mars 1884 nous donne plus de détails sur la création de Goxumbacc. Cet arrêté stipule que : « Le but essentiel de la création du Gokhoumbaye est de donner à la ville de Saint-Louis et à ses faubourgs les moyens de dégager du trop-plein de population indigène qui l’encombre, et qu’il ne serait fait des expulsions à l’égard de quelque catégorie que ce soit d’habitants […] »3
La première création de Goxumbacc était tout simplement un échec, car les principaux bénéficiaires n’adhéraient pas au projet. D’ailleurs, la même chose s’est produite lors de sa seconde création. En effet, les bénéficiaires sont allés jusqu’à revendre leur parcelle aux résidents de l’île notamment les mulâtres et les métis qui en firent des résidences secondaires. Cette absence d’engouement a, sans aucun doute, découragé l’autorité coloniale quant à la poursuite du projet qui avait comme annexe un ambitieux plan de lotissement dûment élaboré. Malheureusement, ce projet de lotissement, qui figurait en annexe des deux arrêtés notifiant la création de Goxumbacc, n’a jamais vu le jour, du moins jusqu’au départ des colons. Cependant, cette absence de lotissement n’a pas empêché pour autant l’installation humaine sur ce site, surtout après l’érection de Goxumbacc en quartier de la ville de Saint-Louis le 7 avril 1885. Cette installation humaine était faite de manière spontanée, sans tenir compte des règles urbanistiques. D’ailleurs, en 1970, Jean Claude Bruneau donne une description assez nette du quartier du moins de ce qu’il était avant son lotissement de 1974. Il déclare que « Gokhoumbaye est un village africain récemment surgi aux portes de la ville, de forme rectangulaire et ne bénéficiant d’aucun tracé de rue, voué au hasard des installations. Les voies de communications se réduisent à des sentiers tortueux et discontinues »4. Cette description assez détaillée de Bruneau nous montre que Goxumbacc ne présentait pas un cadre de vie attrayant car le site offrait des contraintes majeures auxquelles il fallait, obligatoirement, y faire face. C’est pourquoi, dans les années soixante-dix, l’arrêté ministériel numéro 008640 du 4 août 1972 autorise le lotissement de Goxumbacc. Contrairement aux deux précédents projets de lotissement, ce nouveau projet a démarré en 1974.

Le lotissement de 1972

En 1972, la commune de Saint-Louis soumet et obtient l’autorisation de procéder au lotissement complémentaire de Goxumbacc par l’arrêté ministériel 9640 du 4 aout 1972. Il visait en partie la restructuration du quartier qui était fréquemment sous les eaux (inondations fluviales, «raz de marée») et le désengorgement des quartiers de Ndar-Toute et surtout de Guet-Ndar, devenus très exigus et cette exiguïté était matérialisée par l’occupation illégale des espaces publics.

Objectifs du projet de lotissement

Cet ambitieux projet conçu par le service régional de l’urbanisme avait pour objectifs :
 Exproprier les 1,60 hectares occupés et indemniser les propriétaires ;
 Aménager 50 hectares dans le site Goxumbacc pour recevoir le trop-plein des autres quartiers ;
 Eriger un mur de protection du côté de la mer et une digue de protection du côté du fleuve pour sécuriser le site ;
 Procéder à des opérations de nivellement, de terrassement et d’assainissement des terrains ;
 Procéder à l’adduction d’eau avec la mise en place de bornes fontaines et de la pose de conduites d’eau pour alimenter les édicules publics ;
 Installer un réseau d’alimentation électrique équipé de transformateur électrique ;
 Mettre en place des équipements collectifs tels que : un marché, un dispensaire, une maternité, une mosquée, un cinéma, un terrain de sport, un cimetière musulman, un poste de police, un poste de douane et un parc à bestiaux.

Bilan de la réalisation du projet

La réalisation de ce projet n’a pas été effective car elle s’est heurtée à des problèmes d’ordre financiers liés à l’impossibilité de la municipalité de trouver des ressources extérieures nécessaires pour sa réalisation intégrale. C’est pour cette raison, sur la totalité de l’enveloppe prévue qui était estimée à 370 millions de francs, les 22,15% seulement ont été collectés. Cette situation s’est largement répercutée sur la réalisation des objectifs de départ qui étaient, dès l’entame hypothéqués. C’est pourquoi, de nombreux objectifs n’ont pas été réalisés.
Objectifs réalisés Objectifs non réalisés
– Adduction d’eau et multiplication des – Mur et digue de protection ; bornes fontaines; – Infrastructures d’assainissement ;
– La diminution des phénomènes de – Equipements collectifs : le marché (1983), le stagnations des eaux grâce aux dispensaire (1983), la maternité, la mosquée, opérations de nivellement et de le cinéma, le terrain de sport, le cimetière terrassement ; musulman, le poste de police, le poste de
– 35 hectares aménagés. douane et le parc à bestiaux, poste électrique (1985), l’école (1978).
– 25 hectares non aménagés.
Malgré l’inachèvement des travaux du projet de lotissement, la distribution des lots de parcelles de 15m sur 15 a été organisée et de nombreuses familles de Goxumbacc, de Guet-Ndar et de Ndar-Toute en sont des bénéficiaires.
L’échec de ce projet de lotissement, la distribution des parcelles et l’installation des bénéficiaires dans ce site dépourvu d’infrastructures (surtout celles liées à l’assainissement), sont, en partie, à l’origine des problèmes d’assainissement actuels. En effet, depuis le lotissement de 1972, le quartier ne dispose, toujours, pas d’infrastructures d’assainissement capables de garantir le minimum de bien-être aux habitants. Cette absence d’infrastructures est aujourd’hui à l’origine de pratiques d’assainissement, souvent, facteurs d’insalubrité dans le quartier de Goxumbacc.

le cadre physique de Goxumbacc

La connaissance des caractéristiques physiques du milieu reste importante dans toute recherche scientifique. Elle vise à insérer la zone spécifique de recherche dans un contexte géologique, géomorphologique, pédologique, climatique et hydrologique pour mieux comprendre les différents paramètres qui expliquent sa genèse et son évolution.
L’étude physique de Goxumbacc passe par celle de la Langue de Barbarie.

Géologie et Géomorphologie

Saint-Louis est édifiée dans le delta du fleuve Sénégal qui appartient à la partie inférieure du bassin dudit fleuve. Ce delta et la presque totalité du bassin du fleuve Sénégal appartiennent à un vaste ensemble géologique d’une superficie avoisinant les 340 000 Km ² appelé le bassin sénégalo-mauritanien. Ce dernier est daté du Secondaire, mais la construction du delta a commencé au Quaternaire ancien. Avec environ « 1400 Km de long du nord du Cap Blanc en Mauritanie, au sud de la Guinée Bissau »5, ce bassin est marqué au cours de son évolution par une succession de phases transgressives et régressives sans oublier les différentes phases volcaniques notées plus précisément au Secondaire et au Tertiaire. Ces différentes phases combinées à d’autres facteurs très complexes ont modelé ou participé au façonnement du paysage géologique et géomorphologique du bassin notamment au niveau de la mise en place des formes, ainsi que la nature des différents matériaux que nous observons sur l’ensemble du bassin.
Cependant, le delta du fleuve Sénégal est caractérisé sur le plan géologique par l’absence d’affleurements des formations secondaire et tertiaire.
Le delta du fleuve Sénégal est une forme géomorphologique particulière caractérisée, selon Kane (2003), par trois entités :
 la plaine deltaïque correspond à la zone située en aval de Rosso. Elle est caractérisée par la prédominance de la sédimentation fluviatile ;
 Le front deltaïque correspond à la zone comprise entre Keur Marsal jusqu’au littoral ;
 Le prodelta correspond à la partie sous-marine du delta.
La ville de Saint-Louis est construite sur une partie du front deltaïque notamment dans sa partie occidentale qui est une zone basse marquée par la présence quasi permanente d’eau.
Les principales unités géomorphologiques de la ville de Saint-Louis sont constituées :
 De cuvettes à PIKINE et une partie des HLM ;
 De vasières à Khor principalement ;
 Et du cordon littoral de la Langue de Barbarie.
« La flèche de la Langue de Barbarie est une mince et fragile bande de sable, de direction nord- sud, qui s’étendait avant octobre 2003 sur près de 40 Km »6. Depuis sa racine (à Ndiago en Mauritanie) jusqu’à son embouchure (à taré avant 2004), la flèche est divisée selon Sall (1982) en trois segments :
 Un segment proximal, qui est compris entre la racine de la flèche jusqu’à l’Hydrobase. Il correspond à la partie la plus large de la flèche avec une valeur comprise entre 300 et 400m.
 Un segment médian, qui va de l’Hydrobase à la hauteur du village de Tassinère. Dans ce segment, l’estran de la flèche mesure en moyenne 50m de large.
 Un segment distal, qui est situé de Tassinère à l’extrémité sud de la flèche. Dans cette fourchette, la flèche fait 200 m de large.
Depuis sa mise en place, différents facteurs naturels et anthropiques se conjuguent et participent à son évolution.
Parmi les facteurs anthropiques qui participent à l’évolution de la Langue de Barbarie, nous avons :
 L’occupation du site à titre d’habitation d’où l’individualisation des différents quartiers tels que Guet-Ndar, Ndar Toute, Hydrobase, Goxumbacc (voir Figure2);
 L’extraction de sables pour des remblais et constructions ;
 Des aménagements tels que la construction des routes, l’aménagement du canal de délestage (en 2003).
Nous ne pouvons pas faire une simple esquisse sur le canal de délestage. Sa mise en place témoigne de manière claire de la capacité de l’homme à pouvoir bouleverser l’évolution des formes géomorphologiques. Ouvert en 2003, le canal avait comme objectif premier de sauver la ville de Saint-Louis des inondations. Cette décision prise à la hâte a certes évité à la ville le spectre des inondations (fluviales), mais elle n’a pas permis pour autant de mettre la ville et plus particulièrement la Langue de Barbarie à l’abri des catastrophes. En effet, « la langue de Barbarie subit les assauts d’une dynamique extrêmement active depuis l’ouverture de la brèche. En fonction des facteurs hydrodynamiques (houles, dérive littorale, vagues…) devenus plus intensifs en raison du rapprochement de l’embouchure, les phases d’érosion et d’accumulation sont devenues très marquées »7 . Ce canal a, donc, accéléré ou renforcé la vulnérabilité de la ville de Saint-Louis, de la Langue de Barbarie et plus particulièrement du quartier de Goxumbacc situé sur la partie proximale de cette flèche sableuse. En effet, le quartier est, périodiquement envahi par les eaux marines à l’origine de profonds problèmes d’assainissement. Ces problèmes d’assainissement poussent les habitants à développer des stratégies ou des pratiques d’assainissement pour éviter de vivre avec les eaux, même si, le chaos et le désarroi sont les sentiments les mieux partagés. Les types de pratiques d’assainissement mis en place par les habitants et les conséquences de cette catastrophe sont analysés dans la partie suivante.

L’hydrologie

Le delta du fleuve s’est construit grâce au Fleuve Sénégal. Il prend sa source dans les contreforts du Fouta Djialon en Guinée à 750m d’altitude. Avec une longueur d’environ 1800 km et sous le contrôle de la pente et les apports de ses deux principaux affluents notamment le Bafing et le Bakoye, il finit son parcours à Saint-Louis à l’embouchure. De plus, le volume d’eau qu’il charrie dépend de plusieurs paramètres parmi lesquels nous avons :
 Les types de saison ;
 La pente ;
 La rugosité de son lit ;
 La quantité de sédiments charriés …
Par la conjugaison de plusieurs de ces paramètres, notamment par un apport de pluies important, il peut arriver que le fleuve quitte son lit en débordant de part et d’autre des zones qu’il traverse. Même si ses effets géomorphologiques (qui dépendent de l’intensité et du volume d’eau), comparés à ceux dévastateurs de la mer, restent moindres, il n’en demeure pas moins qu’il participe à l’évolution des surfaces où il déborde.
Cependant, depuis la construction et la mise en service des barrages (Diama et Manantali), le système fluvial du fleuve Sénégal s’est complètement artificialisé. Ainsi « dans le régime régularisé du fleuve Sénégal, le fonctionnement du système est désormais tributaire de la pluviométrie dans le haut bassin, mais aussi des options de gestion des barrages »8. Ces options sont liées aux différents lâchers des deux barrages qui conditionnent le niveau du fleuve à Saint-Louis. En effet, les lâchers du barrage de Diama sont calculés en fonction des lâchers du barrage de Manantali et lorsque les quantités d’eau qui arrivent au barrage de Diama sont importantes et dépassent les seuils normaux du barrage, l’ouverture des vannes du barrage devient imminente. Et cette ouverture des vannes rehausse le niveau du fleuve à Saint-Louis et « … quand le débit évacué par Diama avoisine ou est supérieur à 2000m3, il y a risque d’inondation dans la ville de Saint-Louis et ses alentours »9. D’ailleurs, cette situation s’était, déjà, produite en 1994 où une bonne partie du périmètre communal y compris le quartier de Goxumbacc était sous les eaux du fleuve. Et cette psychose de 1994 est le facteur qui a précipité, en 2003, l’ouverture de la brèche sur la Langue de Barbarie au moment où le niveau des eaux à Saint-Louis avait dépassé la côte d’alerte qui est de 1,75m.
En revanche, depuis l’ouverture de cette brèche sur la Langue de Barbarie, les inondations fluviales ne sont plus notées et les débits maxima enregistrés à Diama n’atteignent plus les 2000m3.
Aujourd’hui, à Saint-Louis et plus précisément à Goxumbacc les risques d’inondations fluviales ne sont plus apparus depuis 2003. C’est pourquoi, les habitants du quartier ne se sentent plus menacer par ce phénomène. D’ailleurs, lors de nos enquêtes sur terrain, aucun ménage n’a fait mention des problèmes d’assainissement liés aux inondations fluviales. Cependant, des mesures anticipatives doivent être prises pour parer à d’éventuelles mauvaises surprises.

Les précipitations

L’analyse des éléments climatiques particulièrement les précipitations permet d’avoir des éléments d’explication relatifs aux problèmes d’assainissement liés aux inondations pluviales à Saint-Louis et plus précisément à Goxumbacc, cadre de notre étude.
8Kane A., 1997 – L’après barrage dans la vallée du fleuve Sénégal. Modifications hydrologiques, morphologiques, géochimiques et sédimentologies. Conséquences sur le milieu naturel et les aménagements hydro agricoles. Thèse de Doctorat d’Etat de Géographie, UCAD, P.155.
L’analyse des précipitations moyennes de 1984 à 2013 a pour objectif de faire ressortir sur cette fourchette temporelle de 30 ans les mois pluvieux. En d’autres termes, cette analyse permet de déterminer les mois où les problèmes d’assainissement liés aux inondations pluviales peuvent se manifester à Saint-Louis et plus particulièrement à Goxumbacc.
L’étude des moyennes mensuelles de 1984 à 2013 montre une nette variation de janvier à décembre.
De plus, cette analyse dégage deux périodes : une période sèche où les quantités de pluies sont faibles et une période humide avec des précipitations qui commencent au mois de juin-juillet et se prolonge jusqu’au mois d’octobre. Par ailleurs, le mois le plus pluvieux correspond au mois de septembre avec une valeur moyenne de 104mm. Par contre, les mois de mars, avril, mai, novembre et décembre n’ont enregistré aucun millimètre de pluie. Cependant, les mois de janvier et février ont enregistré respectivement 2 et 1 mm de pluie en moyenne. Ces pluies occasionnelles sont communément appelées pluies de « heug ». Ces pluies de « heug » sont favorisées par des invasions épisodiques d’air polaire issu de la zone tempérée (Planchon, 1996)10.
Les problèmes d’assainissement liés aux inondations pluviales peuvent, donc, se manifester à Saint-Louis et plus particulièrement à Goxumbacc entre les mois de juin-juillet jusqu’au mois d’octobre. En outre, le mois de septembre reçoit, en général, les quantités d’eau les plus importantes et reste, donc, le mois où les problèmes d’assainissement liés aux inondations pluviales peuvent s’accentuer.
Cependant, les années se suivent mais peuvent ne pas se ressembler en termes de cumul pluviométrique. C’est pourquoi, l’analyse de la pluviométrie moyenne annuelle entre 1984 à 2013 est une démarche qui vise à montrer la variabilité interannuelle des précipitations moyennes en 30 ans, afin de montrer qu’une saison des pluies n’est pas, forcément, synonyme de quantités de pluies importantes.

le cadre humain de Goxumbacc

Histoire du peuplement de Goxumbacc

Même si l’histoire de sa création est, relativement, connue, retracer la population qui occupait le site de Goxumbacc s’avère être une entreprise plus ou moins difficile. Les premiers documents recueillis sur la base desquels nous pouvons nous appuyer pour retracer l’histoire de l’occupation du site ne date que de 1918 et correspondent à des échanges de correspondance entre le premier adjoint au Maire de la commune de Saint-Louis et le Lieutenant-Gouverneur.
Ces échanges avaient comme motif le déplacement des habitants de Guet-Ndar vers Goxumbacc suite à la propagation rapide de l’épidémie de la peste à Guet-Ndar. Cette affirmation est confirmée par la correspondance du Lieutenant-gouverneur qui est une réponse de l’adjoint au Maire. Il y mentionne « j’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 17 courant, en vous remerciant des renseignements que vous me donnez sur la situation des terrains de Gokhoumbaye. D’accord avec Monsieur le Chef du service de santé, nous pourrions disposer, pour loger provisoirement les habitants pêcheurs évacués de Guet-Ndar […]». Donc, l’occupation connue et traçable de Goxumbacc était d’ordre sanitaire et était liée à une volonté de l’autorité coloniale d’assainir la ville de Saint-Louis en désengorgeant le quartier de Guet-Ndar pour freiner la propagation de l’épidémie de la peste. Ce qui est paradoxal est le fait que le site de Goxumbacc qui présente, aujourd’hui, des difficultés en matière d’assainissement a été, au cours de l’histoire, une solution pour assurer un bon niveau d’assainissement de la ville de Saint-Louis.

L’évolution de la population :

L’étude de l’évolution de la population constitue une étape importe qui va déboucher sur une représentation graphique qui a pour but de faciliter notre analyse. L’évolution de la population de Goxumbacc impacte directement sur les pratiques d’assainissement dans cette zone où la configuration du milieu ne présente aucune possibilité d’extension. Donc, plus la population augmente, plus le site devient exigu et cette exiguïté a des corollaires sur les problèmes d’assainissement qui risquent d’apparaitre ou de s’accentuer.
Même si la création de Goxumbacc n’est pas récente, les premières données chiffrées de sa population ne sont obtenues que dans les années 50, plus précisément à partir de 1954 grâce aux travaux de J.C Bruneau et de C. Camara. Dans de pareilles situations, il faut faire un choix c’est pourquoi, nous avons choisi l’estimation de C. Camara11 comme point de départ de notre analyse. Le tableau suivant répertorie le nombre d’habitants de Goxumbacc en fonction des années sans oublier la colonne réservée aux sources des données.
L’analyse de l’évolution de la population de Goxumbacc de 1954 à 2012, montre une tendance à la hausse. Cette augmentation continue de la population de ce quartier durant cette fourchette temporelle reste, parfois, très significative. Entre 1954 et 1960, la population de Goxumbacc passe respectivement de 160 à 1171 habitants, soit une augmentation de 1011 habitants en l’espace de 6 ans. Cette rapide croissance de la population durant cette période est en rapport « au croît naturel et à l’arrivée de déguerpis qui occupaient illégalement la berge du petit bras du fleuve dans le quartier nord à la fin des années cinquante »15. A partir de cette période, la population de Goxumbacc continue d’augmenter. Ainsi, entre 1960 et 1970, la population a doublé passant respectivement de 1171 à 2320 habitants. Cependant, cette augmentation connait un petit ralentissement entre 1970 et 1976 avec une population passant, respectivement de 2320 à 2367 habitants, soit 47 habitants de plus en 6 ans. Ce petit ralenti n’a pas eu un impact majeur sur la dynamique évolutive de la population. D’ailleurs, la population de Goxumbacc a quadruplé entre 1976 et 1988. Cette nouvelle augmentation est en partie liée au lotissement de 1972 qui a vu l’installation de nouveaux arrivants à Goxumbacc suite à la distribution des lots de parcelles aux principaux bénéficiaires (en 1976).
Par ailleurs, cette tendance évolutive de la population se poursuit en 2002 jusqu’en 2012 avec des valeurs respectives de 16212 et 22368 habitants.
L’analyse de l’évolution de la population de Goxumbacc dégage une évolution croissante de cette population depuis plusieurs décennies. Et cette tendance ne risque pas de fléchir dans la mesure où cette population est entretenue par une tranche d’âge relativement jeune et très féconde. En revanche, cette population qui est en évolution continuelle est aujourd’hui confrontée à des défis majeurs, notamment celui d’un espace exigu qui ne présente aucune possibilité d’extension spatiale. Cet état de fait renforce, ainsi, la vulnérabilité du quartier par rapport aux problèmes d’assainissement et conditionne, en partie, certaines pratiques d’assainissement qui portent préjudice à l’environnement et à la santé des habitants.

Les activités socio-économiques

Les activités économiques sont des paramètres importants à prendre en compte dans une recherche scientifique. Dans ce travail d’étude et de recherche, deux secteurs attirent particulièrement notre attention dans la mesure où ils ont des impacts directs ou indirects dans le domaine de l’assainissement. Il s’agit notamment:
 Du secteur de la pêche ;
 Du secteur de l’artisanat.

La pêche

Activité charnière dans l’économie du Sénégal, la pêche est l’un des secteurs qui absorbent le plus d’actifs dans la ville de Saint-Louis. En 2013, le nombre de pêcheurs enregistré par le service des pêches de Saint-Louis était de l’ordre de 14705. Dans la Langue de Barbarie, c’est un secteur qui emploie des milliers de personnes et est pratiqué par des noyaux dont il conditionne leur mode de vie. C’est le cas notamment à Guet-Ndar et à Goxumbacc. A Saint-Louis voire dans l’estuaire du fleuve Sénégal deux types de pêche sont pratiqués:
 La pêche maritime ;
 Et la pêche continentale.

La pêche maritime

Réputée poissonneuse, la côte sénégalaise, plus particulièrement la grande côte bénéficie des remontées d’eaux froides des hautes latitudes, riches en nutriments et en sels minéraux qui viennent enrichir les eaux superficielles. Ce phénomène plus connu sous le nom d’upwelling, offre à la côte sénégalaise des conditions propices à la présence et au développement des espèces halieutiques tout en impactant, positivement, sur les prises chiffrées en milliers de tonnes annuellement. Cependant, ce phénomène suit un rythme saisonnier. C’est pourquoi son absence est très durement ressentie par les pêcheurs de la Langue de Barbarie, notamment ceux de Guet-Ndar et de Goxumbacc ; ce qui est à l’origine des campagnes qui les amènent dans les eaux mauritaniennes. Cette aventure en territoire mauritanien est source de problèmes entre les pêcheurs et les autorités mauritaniennes et, le plus souvent à l’origine des relations diplomatiques très tendues entre les deux Etats.
Ces problèmes n’impactent pas pour autant sur l’importance des mises à terre qui sont de l’ordre de 70 707 tonnes pour une valeur estimée à 11 milliards 700 millions en 201316.
A Goxumbacc, les débarquements se font au quotidien et sont destinés à la vente, à la transformation et à la consommation locale. L’obtention de données liées aux mises à terre annuelles spécifiques à Goxumbacc reste très difficile voire impossible. Cependant, d’après Abdoulaye Mbodji du service des pêches de Saint-Louis, les mises à terre annuelles correspondraient au tiers (1/3) de celles de Saint-Louis. Donc, les mises à terre à Goxumbacc seraient d’une estimation de l’ordre de 23569 tonnes pour une valeur qui avoisinerait les 4 milliards de FCFA.
Le secteur de la pêche maritime a la particularité de regrouper des milliers d’actifs à Goxumbacc.

La pêche continentale

Le fleuve est par essence un lieu de pêche par excellence. Jadis très développée, la pêche fluviale est en décadence et n’attire plus. Cette situation alarmante due à en partie à la diminution drastique du stock des ressources halieutiques du fleuve. Selon Camara M.M.B « la mise en service des barrages de Diama et Manantali et les pressions induites sur l’écosystème ont entraîné une diminution du stock des ressources halieutiques et par conséquent un abandon de la pêche par les populations de l’estuaire »17. Malgré sa décadence, le fleuve est devenu à Saint-Louis une sorte de palliatif dans le cas où la mer ne fournit plus assez de ressources qui répondent à la demande de consommation locale pour maintenir l’activité de la pêche surtout en période hivernale où les ressources maritimes deviennent rares. Les prises sont le plus souvent destinées à la vente et à la consommation locale. Même si elle a perdu du terrain, la pêche continentale reste un maillon important dans la production des ressources halieutiques à Saint-Louis. A Goxumbacc, rares sont ceux qui s’adonnent à ce type de pêche. Certains pêcheurs interrogés affirment que ce type de pêche est plus pratiqué par les pêcheurs des localités périphériques de la ville de Saint-Louis, notamment ceux de Gandiol.

L’artisanat :

L’artisanat à Goxumbacc tourne autour de la pêche. Les activités artisanales concernent principalement :
 La fabrication de pirogues ;
 Et la confection de filets de pêche.

La fabrication de pirogues

Principal outil du pêcheur, la pirogue est l’œuvre d’artisans qui ont acquis le savoir-faire de leurs ancêtres dont le legs se perpétue de génération en génération.
Même si aujourd’hui les moteurs ont remplacé les pagaies ou les voiles, la pirogue a toujours été et est jusqu’à présent un outil indispensable auquel le pêcheur est très attaché et confère respect et statut social au propriétaire.
L’importance des mises à terre donne une idée sur le nombre de pirogues qui prennent quotidiennement le large. D’après le service des pêches, le nombre de pirogues à Saint-Louis en 2013 était de l’ordre 2155 unités. Ce nombre démontre sans équivoque le rôle et le travail titanesque des artisans, notamment de Saint-Louis dans le secteur de la pêche. Ces travailleurs sont chargés de la fabrication et de l’entretien des pirogues. D’après les entretiens que nous avons eus avec ces acteurs importants de la filière, ce métier est très rentable en termes de revenu. D’ailleurs, selon Abdou Karim Fall, qui est un artisan de Goxumbacc, le prix unitaire d’une pirogue, fonction de la taille et de la nature du bois utilisée, est compris en 800.000 et 10.000.000FCFA. Goxumbacc qui enregistrerait, selon le service des pêches, des estimations de l’ordre du tiers des données officielles de la pêche à Saint-Louis, devrait avoir une part importante par rapport au nombre de pirogues enregistrées. En outre, une simple observation nous donne la confirmation que c’est un quartier où la pêche est la principale activité comme le montre la photo 1. Elle a été prise deux jours après la fête de la Korité (2015). Cette forte concentration de pirogues le long du fleuve durant ces périodes de festivités rend l’accès au fleuve très difficile obligeant les habitants à verser leurs déchets liquides sur la berge du fleuve. De plus, le mélange des déchets liquides aux déchets solides durant ces périodes de fête donne un mélange nauséabond causant de réels problèmes d’assainissement dans des contextes où la concentration est maximale.
A Goxumbacc, la fabrication et la réparation des pirogues est un rôle dévolu aux artisans qui sont estimés, d’après notre propre enquête sur le terrain, entre 250 et 300 personnes. D’ailleurs tout observateur averti remarquerait la présence de morceaux de bois, de tailles différentes, à l’entrée de Goxumbacc (Photo 2).
De plus, les sites destinés à la fabrication ou à la réparation des pirogues situés à Goxumbacc sont au moins au nombre de 6 et ont tous la particularité de se trouver le long du fleuve. Comme nous le verrons dans la partie suivante, consacrée aux pratiques d’assainissement, la fabrication ou la réparation des pirogues peuvent générer des déchets solides qui participent à l’insalubrité du quartier de Goxumbacc.

La confection de filets de pêche

A l’image des pirogues, les filets de pêche jouent, également, un rôle important sur la quantité des prises et des mises à terre annuelles à Saint-Louis et plus particulièrement à Goxumbacc. Leur confection est d’origine artisanale et est réalisée par des hommes rompus à la tâche. Aujourd’hui, ces filets de pêche sont soumis à une réglementation incluse dans le code de la pêche du Sénégal. C’est pourquoi, leur confection fait appel à une maîtrise parfaite du dimensionnement des mailles pour ne pas être à contrecourant avec la règlementation sénégalaise en matière de filets de pêche. Cette réglementation vise à préserver les ressources halieutiques menacées par une surexploitation et permet de protéger les poissons de taille très petite pour assurer la pérennité des ressources.
A Goxumbacc, les artisans qui s’activent dans la confection ou la réparation des filets de pêche sont assez nombreux. D’après notre enquête sur le terrain, ils seraient une dizaine à exercer ce métier. Cependant, certains pêcheurs peuvent assurer leur propre réparation lors de leur période de repos après des campagnes de plusieurs mois en mer.
La pêche et l’artisanat sont deux secteurs très importants à Goxumbacc. Ils font vivre des milliers de personnes et entretiennent l’économie du quartier. Donc, leur étude revêt une importance capitale dans la mesure où ils peuvent être des facteurs d’insalubrité qui portent préjudice aux efforts consentis pour corriger les dysfonctionnements liés aux mauvaises pratiques d’assainissement.

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Table des matières

METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU QUARTIER DE GOXUMBACC DE SAINT-LOUIS,
(SENEGAL)
Chapitre 1 : le cadre physique de Goxumbacc
I. Géologie et Géomorphologie
II. L’hydrologie
III. Les précipitations
Chapitre 2 : le cadre humain de Goxumbacc
I- Histoire du peuplement de Goxumbacc
II- L’évolution de la population :
Chapitre 3 : Les activités socio-économiques
I- La pêche
II- L’artisanat
DEUXIEME PARTIE : PRATIQUES D’ASSAINISSEMENT ACTUELLES DES DECHETS SOLIDES ET LIQUIDES A GOXUMBACC ET LEURS CONSEQUENCES
Chapitre 1 : les pratiques d’assainissement solide actuelles à Goxumbacc
I- Les différentes pratiques d’évacuation des déchets solides
II- Essai de catégorisation des déchets solides
Chapitre 2 : Les pratiques d’assainissement liquide à Goxumbacc
I- Les eaux pluviales
II- Les eaux usées domestiques
III- Les eaux vannes et les excréta
IV- Les inondations marines
Chapitre 3 : Conséquences des mauvaises pratiques d’assainissement à Goxumbacc
I- Les conséquences sur la santé des populations
II- Les conséquences sur l’environnement
III- Les conséquences sur les activités économiques
TROISIEME PARTIE : ROLES ET MESURES PRISES PAR LES PRINCIPAUX ACTEURS
Chapitre 1 : Rôles et mesures prises par l’Etat
I- Rôles et mesures prises par l’Etat dans l’assainissement solide
II- Rôles et mesures prises par l’Etat dans l’assainissement liquide
Chapitre 2 : Rôles et mesures prises par la Municipalité
I- Rôles et mesures de la municipalité dans l’assainissement solide
II- Rôles et mesures de la Municipalité dans l’assainissement liquide
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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