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Recueil de données
Le recueil de données a été effectué via un questionnaire en ligne. (cf. annexe 1) Celui-ci a été transmis aux sages-femmes des services par l’intermédiaire de la sage-femme cadre. Il était entièrement anonyme.
Une première ébauche du questionnaire avait été testée au cours d’un stage en Juin 2018 sur 5 sages-femmes de l’hôpital d’Avignon travaillant en salle de naissance, suite à quoi il avait été réajusté.
La version finale a été fractionnée en 4 parties :
• Une partie recueillant les renseignements généraux (tels l’âge, l’année d’obtention du diplôme, le niveau de maternité dans lequel elles exercent actuellement, le type de formation dont elles ont bénéficié lors de leurs études en ce qui concerne la réanimation du nouveau-né…) afin de dresser le profil des sages-femmes interrogées.
• Une partie s’intéressant aux modalités actuelles de prise en charge des réanimations néonatales par les sages-femmes. Il a été étudié plus précisément le type de gestes de réanimation qu’elles pratiquent ainsi que leur fréquence. Il a aussi été relevé leur aisance globale à prendre en charge une réanimation néonatale ainsi que leur niveau d’assurance en fonction de chaque geste de réanimation. Les facteurs qui selon elles pouvaient influer de manière positive ou négative sur leur prise en charge ont également été demandés.
Les sociétés savantes qui établissent les recommandations de réanimation néonatale fondées sur les preuves sont l’International Liaison Committee on Resuscitation (ILCOR) au niveau International et l’European Resuscitation Council (ERC) au niveau Européen. Ces recommandations paraissent tous les 5 ans. La liste des actes de réanimation néonatale repris dans le questionnaire a été construite selon l’algorithme élaboré par la Société Française de Néonatalogie (SFN). (cf. annexe 3 et 4) En effet, suite à la parution des recommandations de 2015, la SFN les a adaptées pour la France et en a édité un support pédagogique. (11)
• Une troisième partie concernant la formation des sages-femmes. Cette partie contient des données sur la formation initiale dont ont bénéficié les sages-femmes en termes de réanimation néonatale (sentiment d’aisance le jour du diplôme en fonction des différents actes de réanimation…). Elle comprend
également des informations sur les éventuelles formations continues auxquelles elles auraient pu participer depuis l’obtention de leur diplôme (type de formation, impact sur leur pratique…).
• Une partie finale qui a permis de cerner les attentes et besoins des sages-femmes vis-à-vis de la formation continue (Utilité des formations continues, type(s) de formation souhaitée(s), fréquence…).
Ce questionnaire comprenait au total 36 questions.
Type de variables étudiées
Dans cette étude il a été traité deux types de variables :
• Quantitatives : l’âge, l’année d’obtention du diplôme…
• Qualitatives : Le niveau d’aisance des sages-femmes selon les différents gestes de réanimation, les critères qui peuvent influencer leur prise en charge, les difficultés rencontrées au cours d’une réanimation néonatale…
Analyse statistique
Les données ont été collectées grâce au logiciel Google Forms puis transformées sous la forme d’un tableur sur Microsoft Excel. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS® version 20.0.
Les variables quantitatives ont été exprimées en moyenne et écart-type, les variables qualitatives en effectif observé ou en pourcentage observé. Les comparaisons des données qualitatives ont été étudiées à l’aide du test de chi2 de Pearson, ou du test exact de Fisher (en cas d’effectif inférieur à 5).
Dans notre étude, le risque d’erreur de première espèce alpha a été fixé à 5 % ; le seuil de significativité correspondait à une valeur de p inférieur ou égal à 0.05.
Caractéristiques de la population
Les caractéristiques générales de la population se réfèrent à la première partie du questionnaire. Cette partie a permis de connaître le sexe, l’âge, l’année d’obtention du diplôme, la durée de la formation initiale, l’école dans laquelle la sage-femme a effectué sa formation, le type de maternité (niveau et secteur privé ou public) dans lequel elle exerce actuellement ainsi que celui ou ceux dans le(s)quel(s) elle a travaillé auparavant. Il a également été demandé le nombre de garde réalisé en salle de naissance par mois ainsi que le type de formation en réanimation néonatale dispensé au moment de leurs études (cours théoriques plus ou moins associés à des cas cliniques, des travaux pratiques ou à de la simulation haute-fidélité).
Fréquence des gestes de réanimation néonatale
Concernant le nombre de gestes de réanimation pratiqués par les sages-femmes interrogées, il a été relevé qu’il était réalisé plus de 25 fois par an, pour 86 (81%) d’entre elles le séchage et la stimulation, pour 52 (49%) d’entre elles l’aspiration/désobstruction des voies aériennes supérieures, pour 34 (32%) d’entre elles la ventilation au masque (Ventilation en Pression Positive) et pour 24 (22%) d’entre elles la ventilation au Néopuff®. Le Néopuff® est un appareil récent de ventilation manuelle permettant de réguler à la fois la pression de pic et la pression de fin d’expiration (PEP).
Pour la quasi-totalité des sages-femmes interrogées, il a été rapporté une faible fréquence d’exécution (inférieure à 10 réalisations par an) de la pose d’une CPAP, du MCE, de l’intubation, de la pose d’un KTVO ou d’une VVP ainsi que de la gestion des drogues.
Niveau d’aisance lors de la prise en charge d’une réanimation
Lorsqu’il a été demandé aux sages-femmes leur sentiment d’aisance global lors d’une réanimation survenant en salle de naissance, 77% d’entre elles déclaraient ne pas se sentir à l’aise contre les 23% restant qui au contraire n’exprimaient pas de difficultés particulières vis-à-vis de la prise en charge du nouveau-né.
Degré d’aisance des sages-femmes en fonction des gestes de réanimation
La majorité des sages-femmes interrogées se sentaient à l’aise et jusqu’à très à l’aise concernant les premières étapes de l’algorithme de réanimation néonatale à savoir le séchage/stimulation, la désobstruction des voies aériennes et la ventilation manuelle (66% pour la ventilation au masque et 42% pour la ventilation au Néopuff®).
En revanche, concernant les étapes plus avancées (CPAP, MCE, intubation, KTVO, VVP, gestion de l’adrénaline) plus de trois quarts des sages-femmes se sentaient peu à l’aise ou ne se sentaient pas à l’aise du tout.
Critique de l’étude
Points forts : Le but de cette étude était de faire un état des lieux concernant à la fois les modalités pratiques actuelles de la prise en charge des réanimations néonatales par les sages-femmes des maternités des Bouches- Du-Rhône ainsi que de pouvoir évaluer leur besoin en formation.
L’effectif total de 106 sages-femmes a permis de donner de la pertinence à l’étude.
Ce travail, déjà réalisé dans d’autres régions françaises a permis d’étudier un large rayon du thème abordé. En effet, il touchait à la fois la fréquence des actes de réanimation réalisés, à l’aisance des praticiennes, aux difficultés rencontrées ainsi qu’au type de formation initiale dispensé, à son efficacité du point de vue des sages-femmes, et même aux formations continues et à leur impact sur la pratique quotidienne.
Points faibles : L’étude portant sur le département des Bouches-du-Rhône ne permet pas une représentativité suffisante pour pouvoir être élargi au niveau national.
L’envoi et la réception des questionnaires étant entièrement informatisés, il est difficile d’établir le taux de réponse total de l’étude. Un biais d’implication a donc pu être induit. Certaines sages-femmes ont peut-être estimé insuffisant leur niveau de participation en réanimation néonatale pour pouvoir répondre au questionnaire.
Un biais de souvenir a également pu être introduit puisque les sages-femmes diplômées ont été interrogées sur leurs années d’études. Elles étaient aussi questionnées sur leur aisance vis-à-vis des gestes de réanimation (gestes qui ne sont pas pratiqués de manière quotidienne).
Limites : Il n’a pas été souhaité dans ce travail de tester les connaissances théoriques des sages-femmes, l’évaluation des pratiques professionnelles n’étant pas le but de l’étude.
Profil de la population étudiée.
La quasi-totalité de la population interrogée était des femmes. Les hommes représentaient 2% de l’effectif total, ce qui est en totale adéquation avec le taux national. (12)
La catégorie d’âge la plus représentée correspondait à celle des 31-40 ans. Cette prédominance est similaire à celle retrouvée au niveau national. (12)
L’âge moyen dans ce travail était de 33 ans, ce qui est légèrement en dessous de l’âge moyen des sages-femmes hospitalières ainsi que de celles exerçant en secteur privé qui s’élève respectivement à 39 et 40 ans au niveau national. (12)
Dans notre étude, 78% des sages-femmes travaillaient dans la fonction hospitalière (contre 44% au niveau national) et 22% en secteur privé (contre 10% à l’échelle nationale).
Le lieu d’exercice actuel des sages-femmes était pour 42% des maternités de niveau 1 pour 39% des maternités de niveau 2 et pour 19% des maternités de niveau 3.
Cette proportionnalité est retrouvée en France, et peut être corrélée avec le nombre d’établissements de chaque niveau (environ 40% de maternité de niveau 1, 40% de niveau 2 et 20% de niveau 3). (13)
De plus, il est à noter que 49% des sages-femmes de l’étude avaient déjà exercé dans d’autres niveaux de maternités au cours de leur carrière. 76% des professionnelles réalisaient entre 5 et 10 gardes par mois en salle de naissance. Elles étaient donc confrontées de manière régulière aux éventuelles urgences néonatales qui peuvent survenir.
Pratique quotidienne de la réanimation néonatale.
Fréquence des actes réalisés :
Environ 10% des nouveau-nés nécessitent une assistance en salle de naissance. (3)
La moitié des praticiennes interrogées (52%) réalisaient entre 5 et 10 réanimations néonatales par an, 24% déclaraient y être confrontées moins de 5 fois par an et 18% entre 10 et 25 fois par an. Ce résultat semble légèrement augmenté par rapport aux études similaires menées dans les autres régions. En effet dans le mémoire de Quentin Lagniel publié en 2016 (16), la majorité des sages-femmes (60%) de Basse Normandie se trouvait confrontée à moins de 5 réanimations par an. De même, dans le mémoire de Lise-Marie Deotto publié en 2011 (17), 55% des sages-femmes de Haute-Normandie réalisaient 1 à 5 réanimations par an.
On peut remarquer que les premières étapes de l’algorithme de réanimation néonatale sont réalisées fréquemment par les sages-femmes. 90% d’entre elles estimaient pratiquer le séchage/stimulation, 80% l’aspiration oro-pharyngée, 46% la ventilation au masque et 23% la ventilation au Néopuff® plus de 10 fois par an.
L’ensemble de ces gestes est apparenté aux étapes A et B de l’algorithme. La pratique des gestes plus poussés correspondant aux étapes C et D de l’algorithme reste extrêmement rare dans le quotidien des sages-femmes.
Il a été mis en évidence un lien significatif entre la fréquence de réanimation et le niveau de maternité où exerçaient les différentes sages-femmes interrogées. Seul 13% des sages-femmes de niveau 1 contre 75% des sages-femmes de niveau 3 réalisaient plus de 10 réanimations par an. Ce résultat est en accord avec les données de la littérature. J. Clavier dans son étude de 2004 avait retrouvé un taux annuel de réanimation néonatale de 2.6% en niveau 1 contre 18% en niveau 3. (3)
Il est facile de comprendre que ce taux est le reflet du respect des recommandations établies à propos du transfert in utéro (TIU). En effet, en 2012 la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié des recommandations de bonne pratique concernant le TIU et l’organisation en réseau de périnatalité. (18)
Ainsi, toutes les grossesses à risque de très grande prématurité (Âge gestationnel < à 28 SA) doivent être prise en charge dans les centres de niveau 3. Il y a donc plus d’accouchements prématurés et par conséquent plus de réanimations néonatales dans ce niveau de maternité. (19)
Formation en réanimation néonatale
73% des sages-femmes de l’étude déclarent ne pas se sentir prête à prendre en charge une réanimation néonatale le jour de leur diplôme.
Les objectifs de la formation initiale des sages-femmes sont fixés par l’arrêté de mars 2013. Celui-ci demande l’acquisition de connaissances théoriques et de compétences au cours d’une formation clinique et par le biais des stages. (6)
Pour ce qui est de la réanimation néonatale, plusieurs types de formations peuvent être dispensés. La majorité des professionnelles dans ce travail ont reçu une formation comprenant des cours théoriques, des travaux pratiques (TP) et des travaux de réflexion portés sur des cas cliniques.
Les TP constituent un premier pas dans la mise en situation et le développement des automatismes. Cependant, la mise en situation par le biais de simulateurs hautefidélité apparaît aujourd’hui comme la méthode pédagogique de choix. Le rapport de 2012 de la HAS énonce que cette approche est encore émergente mais qu’elle tend à se diffuser à l’ensemble du territoire national. (28)
L’intérêt de cette méthode en formation initiale a été démontré dans de nombreux travaux. Dans son mémoire B. Watelet souligne les bénéfices techniques et non techniques des séances de SHF. (9) En effet, si l’apport de cette approche d’un point de vue technique est considérable, il ne faut pas pour autant en oublier les bénéfices humains. Ces derniers sont tout aussi déterminants pour prendre en charge une réanimation de façon optimale. Cet ensemble de compétence doit donc être maitrisé par tous les professionnels de santé exerçant en salle de naissance. (29)
Notre étude a permis de mettre en évidence que les sages-femmes ayant bénéficié de séances de SHF durant leur formation initiale, se sentaient d’avantage prête à prendre en charge une réanimation néonatale que les autres, et ce de manière significative. Ce résultat est en accord avec le travail de C.Karaguinsky publié en 2012 qui rapportait que 85% des étudiantes ayant eu une formation initiale incluant de la SHF se sentaient plutôt capable ou capable de réaliser une réanimation néonatale. (30)
La mise en pratique est donc admise comme primordiale dans le maintien d’une compétence. Et lorsque la pratique est moindre voire inexistante au quotidien, c’est la formation continue qui prend le relais.
Le développement personnel continu (DPC) est une obligation légale. Chaque professionnel de santé doit justifier sur une période de 3 ans, de son engagement dans une démarche de DPC qui passe notamment par la formation continue. (31)
Dans notre étude, 63% des sages-femmes ont participé à une formation en réanimation néonatale depuis l’obtention de leur diplôme. La majorité en avait fait la demande elle-même. Pour une sage-femme sur deux, il s’agissait de formation par le biais de rappels théoriques et/ou de cas cliniques et/ou de travaux pratiques.
La SHF était présente dans seulement 32% des formations effectuées. Ce taux pourrait éventuellement s’expliquer par le fait que la majeure partie des formations sont organisées par les centres hospitaliers eux-mêmes. Ainsi, on peut imaginer qu’ils prévoient préférentiellement des formations au sein de l’hôpital dispensé par les pédiatres de la maternité.
Quel que soit le type de formation reçu, 98% des sages-femmes en ont ressenti l’impact bénéfique sur leur pratique. Parmi les effets cités, se trouvait notamment le gain de confiance en soi et le sentiment de réassurance. Il a également été décrit la maîtrise des gestes, la remise à niveau des compétences ainsi que l’intégration de l’algorithme élaboré.
La formation continue a permis dans 5% des cas de faire découvrir le Néopuff® et d’apprendre à l’utiliser. Cela souligne encore l’émergence de marché de cet appareil et sa tendance à se propager au sein des salles de naissance.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. MATÉRIELS ET MÉTHODE
2.1 Caractéristiques générales de l’étude
2.2 Durée de l’étude
2.3 Population
2.4 Recueil de données
2.5 Type de variables étudiées
2.6 Analyse statistique
3. RÉSULTATS
3.1 Échantillon
3.2 Caractéristiques de la population
3.3 Pratique actuelle de la réanimation néonatale par les sages-femmes
3.4 Formation initiale et continue des sages-femmes des Bouches-du- Rhône
3.5 Attentes et besoin de formation
4. ANALYSE ET DISCUSSION
4.1 Critique de l’étude
4.2 Profil de la population étudiée
4.3 Pratique quotidienne de la réanimation néonatale
4.4 Formation en réanimation néonatale
4.5 Attentes et besoin de formation
5. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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