L’utilisation des plantes pour guérir les maladies ou la phytothérapie est connue depuis l’antiquité. Utilisées dans tous les pays, elles sont sources de matières premières pour la préparation industrielle de dérivés chimiques purifiés et de spécialités pharmaceutiques (Nétien, 1974). Malgré l’expansion des sciences de la santé, la majorité de la population des pays du Tiers-monde a recours à la phytothérapie. En effet, en Afrique et en Asie, le recours à la médecine et à la pharmacopée traditionnelle sont des pratiques courantes dans les différentes cultures et régions (Delaveau, 1982). D’après Karou et al.(2005), plus de 25% des médicaments prescrits dans les pays développés proviennent directement et indirectement des plantes. Les molécules naturelles utilisées pour remédier au phénomène d’oxydation lié aux radicaux libres et ses conséquences sur la santé ont fait l’objet de plusieurs recherches. Il s’agit d’une réaction d’oxydo-réduction qui transfère des électrons d’une substance vers un agent oxydant. Cette oxydation produit des radicaux libres qui entrainent des réactions en chaines destructrices. Les antioxydants sont capables d’arrêter ces réactions en chaine en réduisant les radicaux libres et en inhibant ainsi leur action (Niang, 2014). D’après Mats et Sanchez-Jimenez(2000) le stress oxydant est la principale cause initiale de plusieurs maladies. Les radicaux libres sont impliqués selon Sergeant (1998) et Diop (2013) dans beaucoup de maladies telles que les rhumatismes, le diabète, la maladie d’Alzheimer et les maladies cardiovasculaires. Ceci explique l’intérêt accordé à la recherche de molécules naturelles ces dernières années. D’après Séne (2016), des effets notables des plantes médicinales contre le stress oxydant qui ont été enregistrés ont participé à leur valorisation et leur utilisation durable. C’est là où réside l’intérêt de notre étude qui porte sur l’évaluation de l’activité antioxydant de l’extrait hydro éthanolique des gousses de Piliostigma reticulatum. C’est une plante dont les feuilles et les écorces sont utilisées en médecine traditionnelle sénégalaise comme antitussif, antiinflammatoire, cicatrisante et antalgique etc.
PRESENTATION DE LA PLANTE
NOMENCLATURE
Noms locaux (Diouf, 2007)
Balante :………………….. pu unké
Bambara :………………..nama ; nama ké ; namaténé ; nameté ; dama
Bassari :…………………..a pés
Diola :……………………..bu rékatod ; biel exaw
Foula :…………………….barké ; barké barké rédé
Malinké :……………….. fara
Mancagne :…………….bu tunkal
Mandingue :………….. fara
Peul :…………………….bakehi ; barkeewi ; mbarkéy ; barki ; barkeejé
Safén :…………………….ngungun
Socé :………………………fara mésing
Sérère :…………………..ngayoh ; lah
Tandanké :………………gapés
Toucouleur :……………. barkeejé
Wolof :…………………….ngigis
SYNONYMES
Piliostigma reticulatum est également connu, d’après Sita (2005), sous les noms de :
➤ Bauhinia reticulata
➤ Elayuna biloba Raf
DESCRIPTION BOTANIQUE ET REPARTITION BOTANIQUE
Description botanique
C’est un petit arbre de 8 à 10 m de haut, rarement droit, avec une cime arrondie et touffue et parfois buissonnant par rejet de souche. Se présentant aussi sous forme d’arbuste, elle mesure 0,5 à 2m de hauteur avec de nombreux rejets partant de la souche et retombant. Les écorces sont sous forme de fragments cylindriques de 3 à 5 cm. Elles ont des rameaux gris et glabres. Profondément fissurées, grises et longitudinalement crevassées, elles sont parfois ferrugineuses avec une tranche fibreuse rose devenant brune. Pour l’identifier, P. reticulatum peut être confondue avec une autres plante de la même famille : Piliostigma thonningii. La première possède de petites feuilles avec des faces inférieures plus lisses tandis que P. thonningii a de larges feuilles pubescentes à leurs faces inférieures (Séne, 2016).
Feuilles
Elles mesurent 6 à 10 cm de long sur 4 à 8 cm et sont glabres et presque orbiculaires. En zones humides ces feuilles sont épaisses, coriaces, persistantes et leurs pétioles sont dilatés aux deux extrémités avec 2 à 3 cm de long. Elles sont lobées donnant ainsi deux lobes obtus provenant d’une échancrure anguleuse plus ou moins profonde au sommet.
Fleurs
Leur floraison précède la feuillaison et se passe pendant la saison sèche. Blanches et striées en rose, elles ont 5 pétales ovales de 2,5 cm de diamètre et sont groupées en panicules ramifiées, courtes axillaires et terminales. Les fleurs mâles ont 10 étamines alors que les femelles ont un seul stigmate.
Fruits
C’est une gousse ligneuse de 15 à 25 cm de long et 5 cm de large plate, glabre parfois tordue et fendillée. De couleur brune foncée, elles persistent longtemps à maturité sur les arbres. Elles sont courtement pubescentes, grisâtres, bosselées.
Répartition géographique (Yahaya, 1996)
Piliostigma reticulatum est retrouvée surtout dans les sols lourds et mal drainé mais également dans les sols latéritiques et sableux. Cette espèce sahélosoudanienne et commune de la savane est présente le long de la vallée du Sénégal. D’après Yahaya (1996), elle est retrouvée dans plusieurs pays : du Sénégal à l’Ethiopie en passant par le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad.
CHIMIE
Selon les études de Ouédraogo (2014), la composition chimique de P. reticulatum se présente comme suit :
➤ les Bourgeons non ouverts contiennent des flavonoïdes, anthocyanosides, acide tartrique, stérols et des minéraux ;
➤ les Feuilles présentent 78,3% d’eau, 4,8% de protéines ; 0,1% de lipides ; 14.4% de glucides et 6,8% de celluloses. Ces études ont également donné des teneurs en cendre de 2,4% ; en Calcium : 435mg/l00 g ; en Potassium : 80mg/100g ; acide L tartrique 5,9% et en Vitamine C : 68mg/100g. Les études de Badajide et al. (2008) ont permis d’isoler à partir de la fraction éther de pétrole de l’extrait héxanique des feuilles un flavonoïde : Piliostigmol (6-C-méthyl-2-p-hydroxyphenyloxchromonol).
PHARMACOLOGIE
D’après Ndiaye, (1985), les cure-dents issus des tiges de P. reticulatum présentaient une activité anti-inflammatoire. Cet effet n’apparaissait qu’à la dose de 3,5 g/kg chez le rat après gavage. L’activité était maximale au bout de la 3e heure. Les travaux de Tavares, (1986) sur les feuilles de P.reticulatum ont permis la mise en évidence de propriétés cicatrisantes, sous forme d’une pommade à base d’extrait des feuilles. L’étude de la propriété antitussive des feuilles de Piliostigma reticulatum par Agada, (1984) montre que l’action de l’extrait lyophilisé des feuilles sur le cobaye avoisine celle de Guiera senegalensis.
Emplois
Utilisations traditionnelles
D’après Yahaya, (1996), P.reticulatum est surtout utilisé dans le traitement de «Borom bopp » désignant en wolof un ensemble de symptômes qui englobe des céphalées, les oreillons et des phlegmons d’origines dentaire avec bouffissure du visage. Il s’emploie aussi dans les cas de kwashiorkor, les troubles hépatobiliaires avec vomissements, anurie et blennorragies, les crises d’épilepsies et la stérilité. (Yahaya, 1996). Les feuilles cicatrisantes et hémostatiques, sont également expectorantes et sont utilisées en boisson et en lotion contre le rhume. L’écorce étant astringente est utilisée contre la colique, la diarrhée, les hémorroïdes et saignement du nez. Les fruits employés dans le traitement des plaies, sont également des laxatifs (Niang, 2014).
Autres usages
Son écorce est utilisée contre la diarrhée des bovins et ovins et ses feuilles et fruits très appréciés par le bétail. Des manches d’outils, des poteaux de même que du bois de chauffes sont produits à partir du « nguiguis». (Niang, 2014)
GENERALITES SUR LES OXYDANTS ET ANTIOXYDANTS
LES OXYDANTS
Définition
Ce sont des molécules ayant dans leur structure un déficit électronique. Ils possèdent sur leur couche externe un électron célibataire leur conférant la capacité d’interagir avec d’autres molécules. Ils sont encore appelés les radicaux libres (Séne, 2016 ; Myara, 2002).
Radicaux libres
Un radical libre se définit comme un atome, groupe d’atomes, ou molécule, porteurs d’un ou de plusieurs électrons non appariés. Ce sont des composés chimiques très instables qui présentent de remarquables propriétés oxydantes (Paye, 1993). Ces radicaux sont produits par un grand nombre de mécanismes tant endogènes qu’exogènes. Les radicaux libres et leurs précurseurs constituent un ensemble appelé Espèces Réactives d’Oxygène(ERO) (Favier, 2003).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE:ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA PLANTE
I- NOMENCLATURE
I.1. Noms locaux
I.2 SYNONYMES
II SYSTEMATIQUE
III. DESCRIPTION BOTANIQUE ET REPARTITION BOTANIQUE 7
III.1.Description botanique
III.1.1-Feuilles
III.1.2- Fleurs
III.1.3- Fruits
III.2 Répartition géographique
IV. CHIMIE
V. PHARMACOLOGIE
VI- Emplois
VI.1 Utilisations traditionnelles
VI-2 Autres usages CHAPITRE 2 : GENERALITES SUR LES OXYDANTS ET ANTIOXYDANTS
I. LES OXYDANTS
I.1. Définition
I.2. Radicaux libres
II. Role physiologique des radicaux libres
III. STRESS OXYDANT
III.1. Définition
III.2 Conséquences
IV. SYSTEMES DE PROTECTIONS CONTRE LES RADICAUX LIBRES
IV.1. Moyens de défense contre les radicaux libres
IV.1.1 Moyens de défenses endogènes
IV.1.2 Moyens de défenses exogenes
V. METHODES D’ETUDE DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
V.1 Test DPPH
V.2 Test l’ABTS [acide 2,2′-azino-bis (3-éthylbenz-thiazoline-6- sulfonique)]
V.3 Test FRAP (Periodic Reducing Antioxidant Power)
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES D’ETUDE
I- Matériel et méthodes
I.1- Matériel végétal
I.2- Matériel de laboratoire
I.3- Réactifs
II- Méthodes d’études
II.1- Extraction
II.2- Etude de l’activité antioxydante
II.3- Etude statistique
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION
I- RESULTATS
I.1- Rendement d’extraction
I.2 Activité antiradicalaire
I.2.1- Test DPPH
I.2.2- Test ABTS
I.2.3- CI50
I.3- Pouvoir reducteur : Test FRAP
II. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES