Poursuivre la lutte contre l’obésité
La population
Les données statistiques suivantes concernent les 1026 dossiers exploitables des personnes respectant les critères d’inclusion. La population se composait de 95% de français, dont 71% originaires du nord-ouest de la France. Ils vivaient en ville pour 65% et 79% étaient des consultants. Il y avait 76% de femmes. La moyenne d’âge était de 46,7 ans, avec un minimum de 18, un maximum de 92 et une médiane de 45 ans. 60% de la population avait entre 26 et 55 ans, les 26-35 ans étaient les plus nombreux soit 23%. Les catégories socioprofessionnelles étaient par ordre de fréquence décroissante les employés 24%, les retraités 23,6 % et les sans-emplois 15%. Ils déclaraient avoir un problème de santé pour 42%, dont 15% une HTA, 11% une hypercholestérolémie, 5% un diabète, 2% un AVC, 1% un infarctus du myocarde et 12% des rhumatismes.
Statut « pondéral » de la population
L’IMC moyen de la population étudiée était de 24,67. Les participants avaient un IMC en maigreur pour 1%, normal pour 54 %, et une surcharge pondérale pour 45% dont 33% en surpoids et 12% en situation d’obésité (tableau 1).
Les femmes (n=780) étaient globalement plus minces que les hommes (n=246), 57% des femmes ayant un IMC normal contre 45% des hommes. En outre, les personnes maigres (n=9) étaient toutes des femmes. L’IMC moyen des femmes étaient de 24,46 versus 25,36 pour les hommes. 44% des hommes étaient en surpoids et 11% obèses. Les femmes étaient moins souvent en surpoids, à 30%, mais plus souvent obèses, à 12% (p=0,0002) (tableau 1).
L’IMC augmentait régulièrement avec l’âge : 32% des 18-35 ans (n=324) étaient en surpoids ou obèses contre 51% des plus de 35 ans (n=702). Surpoids et obésité confondus touchaient 60% des plus de 74 ans (n=63) (p= 10-4).
Il n’a pas été objectivé de relation statistiquement significative entre le lieu d’habitat et l’IMC.
Les professions les plus concernées par le surpoids et l’obésité confondus étaient par ordre décroissant les retraités, les ouvriers et les sans-emplois (52% d’entre eux). Les professions les moins concernées étaient par ordre décroissant les professions intermédiaires, les cadres et les artisans (pour 30% d’entre eux). Les sans-emplois (n=153) avaient le plus fort taux d’obésité : 22% (p= 10-4).
La prévalence du diabète, de l’HTA, de l’hypercholestérolémie et des rhumatismes augmentait avec l’IMC. 14% des obèses (n=120) étaient diabétiques versus 7% des surpoids (n=341) et 1% des poids normaux (n=556) (p= 10-4). 32% des obèses étaient hypertendus versus 20% des surpoids et 9% des poids normaux (p= 10-4). 22% des obèses avaient une hypercholestérolémie versus 14% des surpoids et 6% des poids normaux (p= 10-4). 18% des obèses souffraient de rhumatismes versus 15% des surpoids et 10% des poids normaux (p= 0,0032). Il n’a pas été mis en évidence de relation statistiquement significative entre l’IMC et les prévalences de l’infarctus du myocarde et de l’AVC.
Vécu du statut pondéral de la population
Une perception pondérale erronée concernait 67% des sujets maigres se considérant de poids normal et 35% des sujets de poids normal se considérant en surcharge, ces personnes étant en majorité des femmes. A l’inverse, une sous-estimation du poids concernait 18% des individus en surpoids se considérant de poids normal et 70% des obèses se considérant seulement en surpoids (p= 10-4), ces personnes étant majoritairement des hommes. 61% des femmes se considéraient trop grosses versus 47% des hommes (p=0,0002) (tableau 2).
61% des plus de 35 ans se percevaient en surpoids ou obèses contre 51% des 18-35 ans, indépendamment du genre. A âge égal, les femmes se considéraient toujours plus grosses que les hommes (à 18-35 ans : 55,6% des femmes vs 29% des hommes; plus de 35 ans : 64% des femmes vs 53% des hommes).Les « malades » étaient plus insatisfaits de leur poids : 66% de ceux ayant déclaré un problème de santé chronique (n=431) se considéraient en surpoids ou obèses versus 52% des « non malades » (n=595) (p= 10-4).70% de la population étudiée visait un IMC idéal dans « la normale » définie selon les critères de l’OMS. L’IMC idéal moyen de la population était de 22,63. 74% des femmes visaient un IMC normal versus 56% des hommes. L’IMC idéal moyen était de 22,18 pour les femmes et 24,08 pour les hommes. 34% des hommes visaient un IMC au-dessus de la normale, y compris en valeurs d’obésité (p= 10-4). 81% des 26-35 ans visaient un IMC normal tandis que 30% des plus de 74 ans visaient un IMC en surpoids (p= 10-4) (tableau 1).Il n’a pas été retrouvé de lien statistiquement significatif entre l’IMC, la perception du poids, l’IMC idéal visé et l’origine géographique des individus.
Les tentatives de modification pondérale
54% des répondants ont essayé de perdre du poids ces dernières années, 4% d’en prendre et 43% n’ont pas cherché à modifier leur poids.59% des femmes ont tenté de perdre du poids versus 37% des hommes (p= 10-4) (tableau 1).Plus l’IMC était élevé, plus les sujets ont tenté de perdre du poids. 41% des sujets d’IMC<25 (n=565), maigres compris, ont tenté de perdre du poids versus 69% des sujets d’IMC≥25 (n=461), dont 83% des obèses (p= 10-4).Les essais de perte de poids étaient corrélés à la perception du poids. 31% des 412 sujets se considérant de poids normal ont cherché à perdre versus 70% des 554 se considérant en surpoids et 90% des 40 se considérant obèses (p= 10-4). A l’inverse : 37% de ceux qui se trouvaient gros n’ont pas cherché à modifier leur poids, notamment les plus âgés (49% des 46-55 ans versus 26% des 18-25 ans).A IMC égal, les femmes se percevaient plus grosses, essayant plus de perdre du poids que les hommes (tableau 2). Parmi les 446 femmes de poids normal, 40% se considéraient en surpoids et 47% ont cherché à maigrir. Parmi les 110 hommes de poids normal, 14% se considéraient en surpoids et 18% ont cherché à maigrir. Sur les 325 femmes en surpoids ou obèses, 92% se considéraient en surpoids ou obèses, 76% ont cherché à maigrir. Sur les 136 hommes en surpoids ou obèses, 75% se considéraient en surpoids ou obèses, 53% ont cherché à maigrir (tableau 3).Parmi les hommes, 13% de ceux en surpoids se considéraient dans les normes. Aucun homme n’était de poids insuffisant, cependant 6% d’entre eux ont cherché à prendre du poids (tableau 3).63 % des 552 personnes souhaitant perdre du poids ont fait un régime dans ce but (p= 10-4). 36%des répondants ont fait un régime ces 2 dernières années.
Plus l’IMC était élevé, plus les sujets faisaient de régimes, soit 23% des sujets d’IMC<25 versus 52% des sujets d’IMC≥25 (p = 10-4). La perception d’un surpoids influait sur la pratique de régimes. 16% de ceux considérant leur IMC normal ont fait un régime versus 50% de ceux le considérant trop élevé. 75% de ceux se percevant obèses ont fait un régime ces dernières années (p= 10-4). 40% des femmes ont fait un régime versus 23% des hommes (p= 10-4).
A IMC égal, les femmes faisaient plus de régimes que les hommes (p incalculable). IMC normal : 25% des femmes vs 14% des hommes; IMC en surpoids : 56% vs 25%; IMC obèse : 72% vs 50%. A perception de poids égale, les femmes faisaient plus de régimes que les hommes (p= 0,005) : perception de poids normal : 58% vs 13%; perception de surcharge pondérale : 52 vs 32% ; perception d’obésité : 79 vs 50%. Exception faite des sujets maigres : 33% des hommes vs 7,7% des femmes ont suivi des régimes. Presque autant de femmes se percevant de poids normal que de femmes se percevant en surpoids/obèses font des régimes : 58% vs 54%. Les hommes se percevant maigres font autant de régimes que les hommes se percevant en surpoids/obèses : 33 vs 33%.
La pratique de régime était inversement corrélée à l’âge : 36% des 18-25 ans vs 16% des plus de 74 ans (p=0,001). Ceux qui étaient les plus nombreux à faire des régimes étaient les 26-45 ans, pour 42,8% d’entre eux, dont une majorité de femmes.
Les employés, ouvriers et sans-emplois faisaient plus de régimes que les artisans, cadres, professions intermédiaires et retraités : 41% vs 31% (p=0,0012).
Les principales raisons évoquées pour faire un régime quel que soit le sexe, étaient la forme physique (67%), la santé (56%), trouver des vêtements à sa taille (35%) et l’esthétique (28%). 9 % des patients ont indiqué de façon spontanée l’avoir fait pour « l’estime de soi ».
Il n’a pas été trouvé de relation significative entre l’IMC et la raison forme. La motivation première des répondants à faire un régime était la santé quel que soit l’IMC (p=0,041). Les répondants de poids normal citaient en deuxième et troisième motivation à un régime : « l’esthétique » et « trouver des vêtements à ma taille » (p= 10-4). Les répondants en surpoids citaient en deuxième et troisième motivation : « trouver des vêtements à ma taille » et « l’esthétique» (p= 10-4). Pour les obèses, les deuxième et troisième motifs étaient respectivement : « trouver des vêtements à ma taille » (p=10-4) et « la stigmatisation des gros dans notre société » (p= 0,042).
Ceux qui se percevaient gros faisaient des régimes pour la santé: 29% des IMC ≥25 vs 7% des IMC <25 (p=0,044), « trouver des vêtements à ma taille »: 20 vs 2% (p=10-4) et enfin, « la stigmatisation des gros dans notre société »: 8 vs 1% (p=0,040).
8% des 367 personnes ayant fait un régime ces dernières années l’ont fait à la demande d’un tiers : le conjoint pour 35%, le médecin traitant pour 30% ou un spécialiste pour 25% d’entre elles (p=0,015). 5% des hommes l’ont fait sur demande versus 1% des femmes (p=10-4). 3% des sujets d’IMC normal ayant fait un régime l’ont fait sur demande, versus 8% des sujets en surcharge ayant fait un régime et 16% des obèses ayant fait un régime (p=0,0089).
Les « régimes » : représentations et utilisations
Les régimes considérés comme les plus efficaces chez les répondants étaient le régime « fruits-légumes » pour 25%, le régime hyperprotéiné pour 19%, le régime hypocalorique pour 12%. 11% des répondants ont spontanément proposé « l’équilibre alimentaire ».
Ces 2 dernières années, 27% des répondants ont suivi un régime. 24% ont utilisé un régime hyperprotéiné, 23 % la méthode Weight Watchers, 20 % un régime hypocalorique, 13 % un régime Détox. Les hommes avaient tendance à suivre les régimes hyperprotéinés (p =0,0002) et les femmes privilégiaient autant le régime Weight Watchers que les régimes hyperprotéinés (p=10-4). Les répondants ayant un IMC normal (p=0,0003) ou se percevant de poids normal (p=0,004) optaient plus pour le régime Détox que pour les régimes hypocalorique, hyperprotéiné et Weight Watchers.
Les principales sources d’information pour suivre un régime étaient les proches (48%), la diététicienne (12%), la télévision (7%) et le médecin traitant (6,5%). Il n’a pas été mis en évidence de relation significative entre genre et source d’information.
79 % des personnes qui ont fait un régime ces 2 dernières années l’ont débuté sans demander l’avis de leur médecin ; 9% d’entre elles en ont parlé à leur médecin une fois le régime commencé. Il n’a pas été mis en évidence de relation statistiquement significative entre le sexe et la sollicitation du médecin traitant avant ou pendant le régime.
71% de ceux qui ont fait un régime l’ont fait seul. 14% étaient suivis par une diététicienne, 5% par un nutritionniste et 4% par le médecin traitant. Il a été constaté une relation significative entre avoir des soucis de santé et être suivi par une diététicienne (p=0,01) ou un nutritionniste (p=0,04). Il a été constaté une relation significative entre un IMC supérieur à 25 et le recours à une aide médicale, nutritionniste (p=0,01) ou médecin généraliste (p=0,026). Les statistiques n’ont pas trouvé de lien entre le sexe, l’âge, le lieu de vie, la profession et le choix du professionnel pour le suivi des régimes.
Les personnes ayant fait un régime ont été soutenues par le conjoint 35%, la famille 13%, les amis ou collègues 12%, la diététicienne 10%, un nutritionniste 3%, leur médecin traitant 2%.
Pratique de l’activité physique
78% des répondants déclaraient faire une activité physique dans le but de modifier leur poids dont 35% de la marche et 43% un autre sport. 22% ne suivaient aucune activité physique dans cet objectif. Il n’a pas été trouvé de corrélation significative entre la pratique d’une activité physique et le sexe ou l’IMC.
Les autres moyens utilisés pour maigrir
Les produits pharmaceutiques
10% des participants ont consommé des brûle-graisses, 7% des substituts de repas, 6% des coupe-faim, 2% des diurétiques, 1,6% des laxatifs et 0,4% des médicaments achetés sur le net. Il n’a pas été trouvé de relation significative entre la consommation de laxatifs, diurétiques, médicaments achetés sur le net et les variables suivantes : sexe, âge, profession, IMC et perception du poids.
Les femmes étaient plus consommatrices que les hommes. Comparativement aux hommes, elles utilisaient des coupe-faim : 7,9% vs 1,6 % (p=0,0004), des substituts de repas : 8,8 % vs 2,8 % (p=0,0017), des brûle-graisses : 11,8 % vs 2,8 % (p=10-4).
Les moins de 55 ans utilisaient plus souvent ces moyens que ceux de plus de 55 ans. Les coupe-faim étaient utilisés par 8% des moins de 55ans versus 2,5% des plus de 55 ans (p=0,0006). Pour les substituts de repas, c’était 10% avant 55 ans, 2% après (p=10-4); pour les brûle- graisses, on trouvait 12 % versus 4 % (p=10-4).
Plus leur IMC était élevé, plus les sujets consommaient des brûle-graisses (p=0,03) et des substituts repas (p=0,02). Brûle-graisses consommés par 13,5 % des IMC ≥25 versus 7,8 % des IMC <25, substituts repas par 10,5 % des IMC≥25 vs 5,6 % des IMC<25.
Plus les individus se percevaient « gros », plus ils consommaient de produits amaigrissants. La comparaison de la consommation entre « surpoids » et « normal » était pour les coupe-faim 9 % vs 2 % (p=10-4), pour les substituts repas 10 % vs 4 % (p=10-4), pour les brûle-graisses 14 % vs 4 % (p=10-4). A noter : 5% des individus qui se percevaient « maigres » consommaient des coupe-faim.
Les artisans et moins souvent les employés déclaraient avoir consommé des produits amaigrissants. Les moins nombreux à en avoir consommé étaient les retraités et les ouvriers. 10% des artisans et professions intermédiaires réunis consommaient des coupe-faim versus 2% des ouvriers et retraités (p=0,0007). 15% des artisans consommaient des substituts repas contre 3% des retraités (p=0,0001). 14% des artisans et employés réunis consommaient des brûle-graisses contre 3% des retraités (p=10-4).
Les pratiques comportementales pour perdre
15% des répondants déclaraient avoir jeuné, 3% vomi et 6% fumé dans le but de maigrir. Il n’a pas été objectivé de relation significative entre ces pratiques purgatives et l’IMC.
Les femmes étaient plus enclin à vomir que les hommes (3,2% vs 0,4% ; p= 0,027). Ces pratiques étaient moins utilisées par les plus âgés. La comparaison entre moins et plus de 55 ans montrait pour le jeûne : 18% vs 8 % (p=0,001), pour les vomissements : 4 % vs 0 % (p=0,0009), pour le tabagisme : 8% vs 3%(p=0,0017).Ceux qui fumaient le plus pour maigrir se trouvaient dans la tranche d’âge des 46-55ans (10%).
Plus les répondants se percevaient « gros », plus ils jeunaient et fumaient. 18 % de ceux se percevant d’IMC ≥25 jeunaient vs 11 % de ceux se percevant d’IMC <25 (p=0,0015), alors que pour le tabac ils étaient 8 % vs 4 % (p=0,02). Il n’a pas été mis en évidence de relation significative entre la pratique d’auto-vomissements et la perception du poids.
Parmi les 256 personnes utilisant ces pratiques purgatives, 6% d’entre elles en ont parlé à leur médecin traitant. Les 3 principales raisons citées pour ne pas en parler à leur médecin étaient par ordre décroissant le caractère « occasionnel » de ces pratiques, leur caractère « anodin », et enfin « la peur d’être jugé ».
A qui recourir pour maigrir ?
Les répondants considéraient comme recours idéal à consulter pour le suivi du poids, par ordre décroissant la diététicienne, le nutritionniste, le médecin traitant et enfin le conjoint.
Les femmes identifiaient la diététicienne comme la personne idéale pour ce suivi pour 39% versus 17% pour le médecin traitant (p=10-4). Les hommes privilégiaient le médecin traitant pour 26 % versus 21 % la diététicienne (p=0,0034). Il n’a pas été trouvé de relation significative selon le genre pour le recours au nutritionniste. Le conjoint arrivait en 3ème position après la diététicienne et le médecin traitant : 4% des femmes et 15% des hommes (p=10-4).
Les moins de 55 ans considéraient la diététicienne (39%) et à un moindre degré, le nutritionniste (32%) comme les personnes référentes pour le suivi pondéral. Les plus de 55 ans considéraient le médecin traitant (28%) et dans une moindre mesure, la diététicienne (24%) comme la personne idéale à consulter pour ce suivi (p=10-4).
Place du médecin généraliste
59% des répondants pensaient que le médecin traitant pouvait les aider à gérer leur poids, notamment les hommes (pour 68% vs 56% des femmes ; p=0.07). Il n’a pas été trouvé de relation significative entre l’IMC et l’aide du médecin traitant dans la gestion du poids.
74% des répondants estimaient que la gestion du poids faisait partie des fonctions des médecins généralistes.
62 % ne parlaient pas de leur poids à leur médecin, sans lien avec le genre.
Les personnes parlant de leur poids à leur médecin traitant étaient les plus de 45 ans (39%), notamment les 65-74 ans (45%). Ceux qui en parlaient le moins étaient les moins de 35 ans (28%), notamment les 18-25 ans (7%) (p=0,0001).
Ceux dont l’IMC était élevé parlaient de leur poids à leur médecin : 63% des obèses versus 23% des sujets de poids normal (p=10-4). Exception faite des maigres : 56% d’entre eux parlaient de leur poids à leur médecin soit autant que les personnes en surcharge pondérale (p=10-4).
Plus la perception pondérale était élevée, plus ils parlaient de leur poids à leur médecin. La différence était significative entre IMC perçu supérieur ou inférieur à 25 : 41% vs 23% (p=10-4).
Selon le métier, ceux qui en parlaient le plus étaient par ordre décroissant les retraités (44%), les employés (38%) et les sans-emplois (32%). Ceux qui en parlaient le moins étaient les ouvriers (23%) et les professions intermédiaires (21%) (p=10-4).
Les freins vis-à-vis du médecin
Les principaux freins cités pour parler de leurs problèmes pondéraux à leur médecin étaient : le sentiment de bonne santé malgré la surcharge pondérale (32%), la difficulté d’un suivi régulier au cabinet (22%), des consultations trop courtes (18%), le manque de motivation (14%) et ce, quel que soit le sexe ou l’âge.
D’autres citaient le manque de formation en nutrition du médecin (8%), le manque d’argent (7%), la peur de ne pas être écoutés (5% dont 93% de femmes), la peur d’être jugés (4,5%).
Parmi ceux souffrant de surpoids ou d’obésité, les principaux freins étaient par ordre décroissant le fait d’être en bonne santé : 32% (p=10-4), le manque de motivation : 19,5% (p=0,0003), le manque d’argent : 11% (p=10-4), la peur de ne pas être écouté : 6,5% (p=0,036) ou d’être jugé : 6% (p=0,01).
Les retraités étaient les moins motivés à perdre du poids : 20% (p=0,003). 27% des cadres disaient manquer de temps contre 2% des retraités (p=10-4). 15% des ouvriers et sans-emplois confondus ont invoqué un manque d’argent versus 2% des cadres (p=0,0002). 12% des artisans, cadres et professions intermédiaires confondus considéraient que le médecin généraliste manquait de formation en nutrition versus 4,5% des ouvriers, retraités et sans-emploi réunis (p=0,0002).
Les attentes vis-à-vis du médecin
Les principales attentes des répondants étaient des conseils d’hygiène de vie (43%), l’abord spontané par le médecin de la question du poids (39%), l’orientation vers un nutritionniste (25%), la pesée régulière (18%).
Plus leur IMC était élevé, plus les sujets étaient demandeurs de pesées régulières. 1/3 des obèses espéraient des pesées régulières (p=0,0004). De façon moins fréquente était demandée la création de groupes de parole animés par le médecin traitant : 5% des patients en surcharge et 8% des obèses se disaient intéressés par cette idée (p=0,0032).
Les retraités étaient les moins demandeurs de suivi pondéral. Etaient désireux de parler de leur poids 30% des retraités versus 41% des actifs (p=0,0007), d’obtenir des renseignements sur les régimes: 4% versus 13% (p=0,0001), d’être adressés au nutritionniste: 15% versus 28% (p=10-4).
DISCUSSION
Cette étude permet d’établir un état des lieux des pratiques de contrôle du poids suivies par un échantillon conséquent de personnes vivant en Pays de la Loire. Plus de la moitié des participants (54%) cherchent à perdre du poids dont une proportion importante de femmes (59% de celles-ci) et de sujets de poids normal (42% de ceux-ci). Cependant cette étude présente quelques biais.
Il existe tout d’abord un biais de sélection étant donné que les questionnaires ont été distribués dans des cabinets médicaux et non envoyés. Cependant en comparant avec les enquêtes nationales françaises ObEpi (tableau 4), la population incluse reflète la population générale, avec les particularités liées à la région (moins touchée par l’obésité).
Le timing serré en salle d’attente et les refus de participation expliquent que seuls 2/3 des 1500 questionnaires étaient, au final, exploitables.
Mener cette étude de façon qualitative par entretiens individuels (de visu ou par téléphone) aurait permis certes, une meilleure compréhension des questions (par ex. définir la nature des régimes suivis) et donc des réponses plus pertinentes mais la limite aurait été un échantillon plus petit et donc une difficulté d’extrapoler les résultats au reste de la population.
Enfin, concernant les résultats, en dépit de l’anonymat des questionnaires, il a été reconnu dans les rapports ObEpi le biais de désirabilité sociale qui amène les participants à sous-déclarer leur poids et sur-déclarer leur taille d’où une sous-estimation de leur IMC. Ce biais peut aussi expliquer qu’ils déclarent tenter de perdre du poids même si ce n’est pas le cas en réalité, qu’ils puissent nier suivre des pratiques purgatives, voire les régimes « populaires » ou sur-déclarer la pratique d’une activité physique.
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Table des matières
INTRODUCTION
METHODOLOGIE
RESULTATS
La population
Statut « pondéral » de la population
Vécu du statut pondéral de la population
Les tentatives de modification pondérale
Les « régimes » : représentations et utilisations
Les autres moyens utilisés pour maigrir
Pratique de l’activité physique
Les produits pharmaceutiques .…….
Les pratiques comportementales
A qui recourir pour maigrir ?
Place du médecin généraliste
Les freins vis-à-vis du médecin
Les attentes vis-à-vis du médecin
DISCUSSION
Lutter contre le culte de la minceur pour prévenir la « préoccupation excessive à l’égard du poids »
Dénoncer les pratiques à risque
Poursuivre la lutte contre l’obésité
ABREVIATIONS ET DEFINITIONS
BIBLIOGRAPHIE
AUTO-QUESTIONNAIRE
TABLEAUX
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