Pourquoi les rituels
Symbolique / Portée
Nous avons vu dans la définition que nous avons donnée du rituel scolaire les éléments essentiels qui le constituent (règles, répétition et porteur de sens). Cependant, au-delà de ce qui qualifie un rituel, il est essentiel de prêter attention à ce qu’il véhicule. En effet, en nous référant à nouveau à la définition d’Anne-Marie Gioux , nous pouvons constater que bien qu’un rituel en milieu scolaire soit dénué de toute connotation religieuse, il conserve son rapport au sacré de par la symbolique primitive, tel le passage d’un état à un autre (passage de l’état d’enfant à celui d’adulte), qui lui est attachée. Par exemple, l’enfant qui, chaque matin, quitte son parent pour rejoindre cette mini société qu’est l’école passe du statut d’enfant à celui d’élève.
Changement de statut accompagné par une succession d’actions définies, individualisées et répétées quotidiennement. Cette idée de symbolique peut aussi être retrouvée chez Hélène Marquié-Dubié lorsqu’elle évoque l’ambiguïté que présente ce terme de par son origine religieuse « une activité rituelle est quelque chose de plus qu’une simple activité, c’est le lien établi grâce à cette activité entre le profane et le religieux. Le rituel est un pont entre deux mondes ». Cette caractéristique du rituel est une nouvelle fois mise en avant par le sociologue Erwin Goffman lorsqu’il montre de quelle manière le rituel : « organise les rapports sociaux en ouvrant ou fermant un espace-temps aux règles particulières » rapprochant ainsi le rituel de la cérémonie, lui conférant ainsi une valeur symbolique extrêmement forte. Ces éléments nous permettent de comprendre à quel point le rituel peut être important du point de vue de l’élève puisqu’il lui permet de définir un espace-temps mais aussi de créer un lien entre des espaces différents dans lesquels il doit évoluer.
Grâce aux articles que j’ai pu lire afin de mettre à jour les informations exposées ci-dessus, j’ai pris la mesure de la forte valeur symbolique véhiculée par les rituels. Il m’est alors paru pertinent d’orienter mes recherches afin de répertorier les effets que pouvaient avoir les rituels sur les élèves. Le prochain paragraphe fera donc état des réponses que j’ai pu rassembler.
Effets
À la lecture des recherches qui ont été menées sur les rituels, force est de constater que leurs effets sont multiples. En effet, comme l’explique Hélène Marquié-Dubié , les rituels sont rassurants, ils permettent de créer un climat sécurisant et aident les enfants à prendre confiance dans cet environnement nouveau. Mais ils permettent également à l’élève en devenir de se créer des repères dans ce nouvel espace et d’en prendre ainsi possession. Le Docteur en sciences de l’éducation Marie-Thérèse Zernato-Poudou ajoute à ces effets le caractère collectif impliqué par les rituels. Propos soutenus par un autre Docteur en sciences de l’éducation Patrick Baranger lorsqu’il explique que « le rituel crée un sentiment d’appartenance, le sentiment d’être partie du groupe, dans un espace partagé ». Catherine Dumas partage elle aussi cet avis puisqu’elle explique que « le rituel crée du lien social, il relie au collectif ; il est de l’ordre de la rencontre et de l’alliance ». Le lien ainsi décrit entre les rituels et la socialisation entraîne à la fois la création d’un groupe classe, l’intégration de chaque élève dans cet ensemble pour obtenir l’unité de ce groupe ainsi que l’établissement de règles et de comportements permettant le bon fonctionnement de cette tribu/communauté. Il découle du cadre très strict des rituels la création d’un espace-temps propice à l’autonomie. En effet, n’ayant que très peu de marge de manœuvre, les élèves peuvent évoluer dans l’exécution de la tâche sans l’intervention d’un tiers.
De plus, la répétition et la régularité des rituels permettent aussi de garantir aux élèves les plus fragiles une sécurité intellectuelle et affective qui leur permettra au fil du temps de se sentir de plus en plus en confiance et de concentrer ainsi leur attention sur les apprentissages. Cela étant,cette répétitivité peut entrainer au fil du temps une simplification de la tâche à effectuer. L’élève ne voit alors plus les raisons pour lesquelles il réalise ce rituel, s’ennuie du fait de la maîtrise parfaite dans sa réalisation faisant ainsi perdre au rituel son sens. Afin d’éviter cette situation, comme le préconise Catherine Dumas , il convient de varier les rituels mais aussi de ne pas hésiter à les modifier en les complexifiant pour mettre à nouveau les élèves dans une situation d’apprentissage identifiée et faire ainsi réapparaître l’intérêt et le sens de ces rituels. Nous retrouvons la même orientation dans le document intitulé Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions Partie I.2 L’oral disponible sur le site eduscol : « Les activités ritualisées gardent toute leur place à l’école maternelle, à condition qu’elles ne soient pas comprises dans le sens commun d’actions répétées à l’identique mais comme des activités connues qui évoluent dans la forme et dans le sens que lui donne l’école car articulées avec les apprentissages organisés dans l’année et dans le cycle. Une répétition rassurante ne devient pas ennuyeuse lorsque les enfants prennent en charge la tâche et lorsque celle-ci fait régulièrement l’objet de modifications (nouveaux outils ou supports) ou d’une légère complexification. Ceci permet aux enfants de se mobiliser à nouveau dans une tâche connue mais un peu plus complexe. »
Les différentes informations collectées et exposées dans les paragraphes précédents nous permettent de constater que le rituel a sa place dans le cadre scolaire. Il permet de passer d’un environnement à l’autre, de construire le groupe classe, d’intégrer les élèves dans la vie collective, d’instaurer les règles de la vie en groupe, d’installer un climat de sécurité, d’accéder à l’autonomie et de concentrer les élèves sur les apprentissages afin de leur permettre de développer leurs compétences en veillant à ne jamais les amener dans une routine qui éloignerait le professeur des écoles du but qu’il cherchait à atteindre en les instaurant. Le professeur des écoles doit pour cela faire évoluer les rituels qu’il met en place en les inscrivant dans une progression.
Ainsi convaincue que les raisons qui poussent les enseignants à choisir de mettre en place des rituels dans leur classe sont fondées, je me suis alors interrogée sur la place donnée au rituel dans les textes officiels. En effet, bien que la liberté pédagogique offre aux enseignants de nombreuses possibilités, il est cependant essentiel de se référer aux programmes et textes officiels afin de s’assurer que les choix opérés respectent les prérogatives.
Sur quoi s’appuyer pour mesurer leur efficacité
J’ai fait le choix de procéder à des expérimentations sur les rituels en relation avec les mathématiques car, comme indiqué en introduction, c’est en pratiquant un rituel en liaison avec les mathématiques que je me suis interrogée sur la pertinence de certains rituels. Ayant identifié un point de questionnement, il m’est paru pertinent d’axer mes recherches sur cette interrogation dans le but d’y apporter des réponses.
Afin de mesurer l’efficacité des rituels que j’avais l’idée de mettre en place dans ma classe, il était nécessaire d’évaluer mes élèves sur certains critères puis de les évaluer à nouveau quelques semaines plus tard, après avoir mis en place les nouveaux rituels. Il m’a donc fallu déterminer ces critères. Le prochain paragraphe sera consacré aux recherches que j’ai menées sur ce sujet et à la réflexion qui m’a permis d’établir la liste des critères évaluables auprès de mes élèves et suffisamment pertinents pour être analysés.
L’un des documents sur lequel je me suis appuyée pour faire mes choix s’intitule Documents d’accompagnement des programmes et a été rédigé par la Commission mathématique rattachée au Groupe d’experts pour les programmes de l’école primaire. En effet, la partie concernant la maternelle propose une annexe, dont le titre est « Repérage des compétences numériques ». Ce document m’a permis d’établir une liste d’éléments à évaluer. Cependant, les critères d’évaluation étant nombreux, il m’a fallu faire des choix. A cette fin, il m’a semblé utile de déterminer les compétences que je souhaitais travailler avec mes élèves par le biais des rituels. Je me suis pour cela intéressée au livre écrit par le Docteur en psychologie cognitive intitulé « Premiers pas vers le maths ». Les six critères que j’ai alors choisi d’évaluer portaient pour les cinq premiers sur des savoir-faire mathématiques, utilisant le nombre comme un objet, et le sixième relevait plus d’un problème mathématique nécessitant l’utilisation des outils préalablement évoqués :
– connaissance de la comptine numérique
– synchronisation entre les gestes et la récitation de la comptine
– acquisition ou non du principe cardinal
– connaissance de certaines décompositions du nombre
– maitrise de l’itération à l’unité supérieure
– construction d’une collection équipotente à une collection donnée
En effet, ces critères peuvent être évalués, sont analysables et devraient me permettre de juger de l’efficacité des expérimentations. Ma base de critères servant d’outils de mesure d’efficacité ayant ainsi été déterminée, il ne me restait plus qu’à réaliser mes premières évaluations puis mettre en place les scénarios que j’avais imaginés.
Dans la deuxième partie de ce mémoire, j’exposerai les expérimentations menées en classe et analyserai les effets obtenus.
Expérimentations
Dans un premier temps, je présenterai quelques rituels que j’avais imaginés pour la période 1, j’expliciterai ce que je souhaitais travailler grâce à eux. Dans un deuxième temps, je ferai état de ce que j’ai pu constater lors de leur mise en place et mènerai une réflexion sur ces rituels.
Pour finir, j’exposerai les modifications que j’ai souhaité apporter afin d’enrichir ces rituels en intégrant des éléments permettant de différencier selon les compétences des élèves.
Description des rituels en période 1
L’appel
Le premier support que j’avais proposé aux élèves pour le rituel des présents était constitué de deux colonnes, une pour les filles et une pour les garçons et d’une ligne tout en bas pour les absents. Arrivés en classe, les élèves devaient prendre leur étiquette prénom, la placer dans la bonne colonne puis aller sur une activité d’accueil en attendant le début de la classe. Une fois tous les élèves arrivés, la classe rangée et les élèves rassemblés au coin regroupement, le rituel de l’appel pouvait commencer. Tous les élèves de la classe devaient alors compter ensemble le nombre d’élèves présents puis je désignais un premier élève qui devait m’indiquer le nombre de filles présentes, un deuxième qui devait compter le nombre de garçons présents puis un troisième qui devait compter les absents.
Le train et les voyageurs
Ce rituel était alterné avec le rituel de la boîte opaque. Il prenait donc place lui aussi après la pause méridienne. Au cours de ce rituel, je désignais cinq élèves et leur remettais une boîte à œufs. La consigne était la suivante : « va chercher juste ce qu’il faut de Playmobil, pour remplir ton wagon. Attention, j’ai dit juste assez, ni plus, ni moins ». Les élèves devaient alors laisser le wagon au coin regroupement et aller chercher dans la boîte de Playmobil le nombre d’objets qu’il pensait nécessaire pour accomplir sa mission. Les élèves rassemblaient ensuite leur wagons pour constituer un train dont il fallait compter le nombre de voyageurs. Une fois réalisé, le groupe classe validait ou non la réalisation de la tâche. Les compétences visées par cet exercice étaient la procédure de construction d’une collection équipotente à une collection donnée, la connaissance de la décomposition du nombre ainsi que la connaissance de la comptine numérique.
Réflexions sur ces rituels
J’ai pu observer lors de la mise en place de ces rituels au sein de ma classe que ces rituels, qui avaient pour but d’amener les élèves dans des apprentissages, ne prenaient pas suffisamment en compte l’hétérogénéité de la classe. En effet, le rituel de l’appel ne profitait pas à tous les élèves puisque certains ne possédaient pas suffisamment la comptine pour dénombrer les présents alors que d’autres la maitrisaient parfaitement et n’éprouvaient aucune difficulté à réaliser l’exercice. Pour ce qui est du rituel de la boîte, il ressort très clairement que trois quarts des élèves étaient au-delà de leur zone proximale de développement. En effet, cette majorité ne réussissait pas du tout l’exercice, ils dessinaient des ronds sans comprendre qu’il s’agissait de représenter les perles dans la boîte, quand d’autres écrivaient avec une simplicité déconcertante la réponse. En ce qui concerne le rituel du train et des voyageurs, au-delà du fait que ce rituel prenait beaucoup de temps à réaliser, que certains élèves décrochaient et que bien qu’il me fût possible de varier mes demandes selon les compétences des élèves ce rituel lui aussi n’offrait pas assez de complexité pour certains et trop pour d’autres (dénombrement difficile, oubli de la quantité à prendre pendant le déplacement jusqu’à la boîte de Playmobil…).
Suite à ce constat, j’ai souhaité apporter des modifications aux rituels que j’avais imaginés pour essayer d’offrir plus de possibilités de différenciation dans un seul et même rituel pour permettre de mieux adapter le rituel au niveau de capacité des élèves sollicités.
Il m’a donc fallu repenser ces rituels. La partie suivante exposera les nouveaux scénarios que j’ai imaginés.
Description des nouveaux rituels
L’appel
Dans un premier temps, j’ai cherché comment adapter le tableau des présents pour offrir aux élèves la possibilité de travailler sur de plus petits nombres. J’ai alors eu l’idée de passer par un tableau à double entrée. Cela me permettait de plus « segmenter » les étiquettes prénom mais aussi d’introduire une nouvelle notion, regagnant ainsi l’attention des élèves les plus performants tout en offrant mon assistance (pendant la première semaine) puis celle de leurs pairs (développant ainsi l’esprit d’entre-aide) aux élèves les plus en difficulté pour réaliser cette tâche.
Le tableau était ainsi constitué :
-deux colonnes : une pour les filles, une pour les garçons. En effet certains élèves n’ayant toujours intégré comment utiliser les pronoms personnels, il m’a semblé essentiel de ne pas modifier ce point afin de poursuivre cet apprentissage.
-neuf lignes : huit pour les présents et une pour les absents.
Le train et les voyageurs
Pour ce dernier rituel, j’ai souhaité apporter un matériel supplémentaire pour à la fois aider les élèves qui rencontraient des problèmes mais aussi proposer aux élèves à l’aise des situations plus complexes qu’ils pourraient résoudre en s’appuyant sur ce matériel.
J’ai donc ajouté dans chaque train des cartes représentant des constellations (dé, doigts et Herbinière-Lebert). Les élèves sollicités étaient toujours au nombre de cinq mais selon leurs compétences et leurs difficultés la consigne globale était identique mais la manière de parvenir au résultat variait :
Consigne générale : « va chercher juste ce qu’il faut de Playmobil, pour remplir ton/ tes wagon(s). Attention, j’ai dit juste assez, ni plus, ni moins ».
Variables :
– Nombre de places dans le wagon
– Le wagon doit rester au coin regroupement mais une carte constellations peut être emportée pour se rappeler
Données et analyse
Données recueillies
Evaluation diagnostique – période 1 et 2
Le bilan de l’évaluation diagnostique permet de constater une très grande hétérogénéité dans la classe, expliquée par l’environnement social de l’école dans laquelle je réalise mon stage en responsabilité. En effet, sur les compétences évaluées, trois, quatre élèves sont en grande difficulté et trois, quatre sont pour certains items au-delà des objectifs de la fin de moyenne section. Le tableau en annexe 2 synthétise les résultats obtenus pour chaque élève lors de cette évaluation diagnostique. Afin de nous permettre une analyse précise de l’efficacité de ces modifications, j’ai fait le choix de sélectionner quelques élèves pour concentrer notre attention sur leur évolution. Le tableau ci-dessous rassemble les évaluations diagnostiques des élèves sur lesquelles nous porterons notre attention lors de la phase d’analyse :
Analyse des données
La comparaison entre les deux tableaux présentés ci-dessus nous permet de constater que tous les élèves sont en progression. Ils ne sont pas en progression dans tous les items comme nous pouvons le constater lors d’un rapide coup d’œil sur l’ensemble du tableau mais nous pouvons cependant affirmer que chaque élève a progressé sur au moins un des critères observés. Une analyse plus fine du tableau révèle que tous les élèves ont progressé dans la connaissance de la comptine numérique, aussi bien les élèves performants qui savent maintenant réciter la comptine au-delà de 40 (Khadija, Robin), que les élèves s’approchant doucement des attendus de fin de cycle 1 (Anaïs, Sharvin et Soualio), que les élèves en difficulté (Nadine et Mohamed).
Les deux élèves qui ne parvenaient pas à coordonner le geste avec la récitation de la comptine numérique (Sharvin et Soualio), les amenant ainsi à oublier des éléments à compter ou à compter un élément plusieurs fois, sont parvenus à élaborer une procédure personnelle (de haut en bas ou inversement, de gauche à droite ou inversement) afin de parvenir lors du dénombrement au bon résultat. Il reste cependant à leur faire acquérir la procédure experte (procéder au comptage de gauche à droite et de haut en bas, commencer le comptage par l’étiquette en haut à gauche et le finir par l’étiquette en bas à droite). Pour ce qui est des élèves le plus en difficulté, seule Nadine commence à mettre en place la synchronisation. En effet, Mohamed devant produire un tel effort sur la récitation de la comptine, il lui est pour le moment impossible de réaliser les deux actions en même temps. Si nous nous penchons sur le principe cardinal, nous pouvons remarquer,à nouveau, que des élèves de différents niveaux ont là aussi pu progresser (Anaïs, Nadine, Soualio). Le critère de la construction d’une collection équipotente indique lui aussi une progression pour une majorité des élèves sélectionnés pour notre analyse. En effet, si nous mettons à part les deux élèves (Khadija et Robin) qui, dès la période 1, savaient déjà constituer une collection de 10 éléments, les 5 autres élèves ont tous progressé sur cet item. Certes, tous n’ont pas atteint le même niveau de compétence mais tous ont avancé dans leur apprentissage. Les mêmes constations peuvent être faites pour les deux derniers critères d’évaluation. En effet, six élèves sur sept ont amélioré leur connaissance des décompositions du nombre. Bien que le nombre de nombres dont les décompositions soient maîtrisées diffère d’un élève à l’autre, ils ont tous (sauf Mohamed) réussi à tirer parti des situations d’apprentissage pour développer leurs compétences. L’observation des résultats de l’itération à l’unité supérieure montre elle aussi une progression chez certains élèves mais le caractère binaire de l’évaluation rend l’interprétation de cette constatation moins pertinente.
En conclusion de cette analyse, nous pouvons donc affirmer que, le niveau global de la classe s’est amélioré. Et nous pouvons aussi noter que cette progression dans les apprentissages concerne aussi bien les élèves en difficulté que les élèves performants. Il semblerait donc que les élèves aient pu profiter d’une différenciation. En effet, si cela n’avait pas été le cas, les écarts auraient été réduits, mettant de côté les élèves ayant déjà atteint les objectifs fixés par les programmes, ou à l’inverse, les écarts auraient été creusés, faisant progresser les élèves les plus en avance oubliant les élèves le plus en difficulté.
Nous tenterons d’analyser dans le prochain paragraphe la pertinence des modifications que j’ai apportées aux rituels.
Réflexion sur l’efficacité des rituels modifiés
Comme indiqué lors de l’analyse des évaluations faite auprès des élèves, il apparaît clairement que les élèves ont progressé. Les rituels ont sans aucun doute participé à cette évolution. Mais il serait erroné d’écrire qu’ils sont les seuls facteurs de cette progression. En effet, de nombreux ateliers travaillant les mêmes compétences que celles évaluées pour cette analyse ont été menés en parallèle de ces expérimentations. Nous pouvons donc affirmer que les rituels ont contribué à cette évolution mais qu’ils n’en sont pas les seuls responsables. Cela étant, il me semble juste de dire que les modifications apportées aux premières versions des rituels ont très probablement accru leur effet dans la mesure où ils répondaient ainsi mieux aux besoins spécifiques de chaque élève. En effet, ainsi repensés, ils me permettaient de mieux adapter les consignes aux compétences de chacun. La richesse des nouveaux supports associés au matériel fabriqué m’a permis d’adapter les rituels pour aider à la fois les élèves les plus en difficulté à s’approcher des objectifs à atteindre en fin de moyenne section et continuer à faire progresser au-delà de ces objectifs les élèves les ayant déjà atteints. L’autre avantage de ces modifications provient du fait qu’il était ainsi possible de réaliser ce rituel en groupe classe et qu’il soit profitable à tous du fait de son adaptabilité. En effet, si l’écart était trop important, j’avais la possibilité de faire travailler simultanément les élèves sur des exercices dont le but était le même mais solubles par des moyens différents. Le groupe classe est ainsi maintenu uni à la réalisation d’une tâche et attentif à ce qu’il se passait. Toutefois, si les progrès étaient suffisants et que la complexité dans les demandes pour faire évoluer les élèves les plus en avance n’était pas réalisable par certains mais que l‘accomplissement de la tâche par un autre élève, plus à l’aise, pouvait être comprise, je pouvais donner cette tâche plus « difficile » à un élève du groupe le plus avancé sans différencier car tous pouvaient suivre, comprendre et faire évoluer leurs procédures en observant leur camarade à l’œuvre. Utilisant cette nouvelle stratégie d’exploitation des rituels, j’ai pu observer que la participation et l’implication des élèves pendant les rituels étaient nettement plus importantes. En effet, les tâches à réaliser étant plus en adéquation avec leurs capacités, l’investissement des élèves dans l’activité ainsi que leur attention étaient plus importants.
De cette synthèse, nous pouvons émettre l’hypothèse que pour que les rituels soient plus efficaces, au-delà de les penser dans une progression, il conviendrait de les construire en incluant de la différenciation. A cette fin, il faudrait les concevoir plus largement, c’est-à-dire étendre la plage des connaissances qu’ils couvrent, les rendre plus flexibles en proposant plus de variables. Un autre axe à envisager dans leur mise en place serait les modalités du groupe.
En effet, comme indiqué plus haut dans cette partie, afin de garder le groupe classe entier, il est peut-être envisagé de proposer des exercices dont le but est le même mais qui peuvent être traités par des moyens différents. Cela étant, il peut être intéressant de procéder ainsi mais aussi parfois de scinder la classe en plus petits groupes hétérogènes pour travailler plus en profondeur les notions abordées, permettre aux élèves d’échanger entre eux, de s’enrichir des connaissances et procédures de chacun. Alterner ces modalités permettrait donc à la fois de garder l’idée de groupe qui émane du rituel en avançant ensemble mais aussi de savoir parfois se séparer pour travailler plus en profondeur certains points dont l’acquisition présente des difficultés.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. LES RITUELS
A. Définition
1. En général / étymologie
2. A l’école maternelle
B. Pourquoi les rituels
1. Symbolique / Portée
2. Effets
C. Leur présence dans les textes officiels
D. Sur quoi s’appuyer pour mesurer leur efficacité
II. EXPERIMENTATIONS
A. Description des rituels en période 1
1. L’appel
2. La boîte opaque
3. Le train et les voyageurs
B. Réflexions sur ces rituels
C. Description des nouveaux rituels
1. L’appel
2. La boîte opaque
3. Le train et les voyageurs
III. DONNEES ET ANALYSE
A. Données recueillies
1. Evaluation diagnostique – période 1 et 2
2. Evaluation formative – période 3 et 4
B. Analyse des données
C. Réflexion sur l’efficacité des rituels modifiés
CONCLUSION
REMERCIEMENTS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
ANNEXE 1 – LES TERMES RITE ET RITUEL DANS LES TEXTES OFFICIELS
ANNEXE 2 – RESULTATS DE L’EVALUATION DIAGNOSTIQUE
ANNEXE 3 – RESULTATS DE L’EVALUATION POST MODIFICATION DES RITUELS
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